Par : Roberto de Mattei, vaticaniste
Le 17 janvier 2018
SOURCE : Rorate Caeli
Traduction de l'Italien vers l'Anglais :
Contributrice : Francesca Romana
En Italie, récemment, deux vidéos ont circulé en ligne qui ont donné lieu à réflexion. Le premier reproduit les paroles de Don Fredo Olivero, Recteur de l'église de San Rocco à Turin, prononcées pendant la Messe de Minuit :
« Savez-vous pourquoi je ne vais pas dire le Credo ? Parce que je n’y crois pas ! » Au milieu des rires des fidèles, le prêtre a poursuivi : « Comme si quelqu'un le comprenait — mais pour moi—même, après de nombreuses années, j'ai réalisé que c'était quelque chose que je ne comprenais pas et que je n’accepterais pas » . Chantons quelque chose d'autre qui présente les choses essentielles de la Foi ».
Le prêtre a ensuite substitué le Credo avec la chanson « Dolce Sentire » du film« Brother Sun, Sister Moon ».
Le Credo résume les articles de la Foi Catholique. Nier simplement l'un de ces articles constitue une hérésie. Nier le Credo, en bloc, constitue un acte d'apostasie publique. De plus, le nier pendant la Sainte Messe constitue un scandale intolérable. Le renvoi, la suspension a divinis et l'excommunication du prêtre auraient dû être immédiate. Pourtant, rien de tout cela ne s'est produit.
Alors que les médias diffusaient cette incroyable nouvelle, la seule voix de réaction ecclésiastique vint de l'autre bout de l'Italie, en Sicile, où Don Salvatore Priola, curé de la paroisse et Recteur du Sanctuaire Marial d'Altavilla Milicia, a exprimé son indignation dans une homélie contre le prêtre du Piedmont, exhortant ses fidèles et tous les Baptisés à réagir publiquement face à un tel scandale. Une vidéo raconte ses paroles passionnées : « Frères et sœurs — a-t-il dit — quand vous entendez un prêtre dire des choses contre la Foi Catholique, vous devez avoir le courage de vous lever et de le dire au prêtre — même pendant la Messe : « ce n'est pas permis ! » Il est temps de vous lever quand vous entendez des choses qui vont à l'encontre de notre Credo. Même si un Évêque les dit, même si un prêtre les dit. Levez-vous et dites : « Père, Votre Grâce, ceci n'est pas permis. Parce que nous avons l'Évangile. Parce que nous sommes tous sous l'Évangile, du Pape jusqu’en bas. Nous sommes tous sous l'Évangile ».
Les deux homélies opposées appellent des réflexions. Si un prêtre va jusqu'à repousser le Credo Catholique, sans encourir de sanctions de la part des autorités ecclésiastiques, nous nous trouvons en effet devant une situation de crise dans l'Église d'une gravité sans pareil. D'autant plus que le cas de Don Frido Olivero n'est pas isolé. Des milliers de prêtres dans le monde pensent de la même manière et agissent en conséquence.
Ce qui semble être quelque chose hors de l'ordinaire cependant et qui mérite par conséquent la reconnaissance entière des vrais Catholiques, c'est l'invitation du prêtre Sicilien à se lever dans l'Église et à admonester publiquement un prêtre, même un Évêque qui fait scandale. Cette correction publique est non seulement légitime, mais parfois un devoir.
C'est un point qui devrait être souligné. La vraie cause de la crise actuelle n'est pas tant l'arrogance de ceux qui ont perdu la Foi, mais la faiblesse de ceux qui, la conservant, choisissent de se taire plutôt que de la défendre publiquement. Ce minimalisme constitue notre maladie spirituelle et morale actuelle. Pour de nombreux Catholiques, nous ne devrions pas nous opposer aux erreurs, car il suffit de « bien se comporter », ou bien la résistance devrait se limiter à la défense des absolus moraux négatifs, c'est-à-dire des normes qui interdisent toujours et dans tous les cas, des comportements spécifiques contre la Loi Divine et morale. C'est sacrosaint, mais nous devons nous rappeler qu'il n'y a pas que des préceptes négatifs qui nous disent ce que nous ne pouvons jamais faire, il y a aussi des préceptes positifs qui nous disent ce que nous devons faire ; ce sont les œuvres et les attitudes qui plaisent à Dieu et à travers lequel nous sommes capables d'aimer notre prochain.
Alors que les préceptes négatifs ( tu ne tueras pas, ne voleras pas ou ne commettras pas d'actes impurs ) sont formulés en termes concrets puisqu'ils interdisent une action spécifique toujours et partout, sans exception, les préceptes positifs ( la prière, le sacrifice, l’amour de la Croix ) ne sont pas spécifiques, car ils ne peuvent pas établir ce que nous devons faire dans chaque circonstance, mais ils sont également obligatoires selon la situation. Les Modernistes répandent incorrectement l’« éthique de situation » partant des préceptes positifs aux négatifs, au nom de l'amour de Dieu, oubliant que l'amour signifie observer la loi morale comme Jésus l'a dit : « Celui qui retient Mes Commandements et leur obéit, voilà celui qui M'aime ». ( Jean 14, 21 )
Les Conservateurs quant à eux, attestent souvent des positions de morale minimaliste, oubliant qu'un Catholique doit aimer Dieu de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toute sa force ( Marc 12, 28-30 ). Pour cela, Saint Thomas d'Aquin explique que nous sommes tous liés non seulement au bien, mais au plus grand bien, non au niveau de l'action, mais dans celui de l'amour ( Matthieu 19, 12 ). La première vérité morale est l'amour. L'homme doit aimer Dieu au-dessus de toutes les créatures et aimer les créatures selon l'ordre établi par Dieu. Il y a des actes négatifs qui ne peuvent jamais être effectués, en aucune circonstance. Pourtant, il existe des actes positifs qui, dans des circonstances déterminées, sont obligatoires. Ce devoir moral n'a pas son fondement dans un précepte négatif, mais dans l'amour de Dieu.
Les préceptes ont alors une limite inférieure : ce que l'on ne peut pas faire, mais ils n'ont pas de limite supérieure puisque l'amour de Dieu et du prochain n'a pas de frontières et nous sommes parfaits selon la mesure de notre amour. Jean-Paul II l'explique dans le no. 52 de Veritatis Splendor :
« Le fait que seuls les commandements négatifs obligent toujours le fait que seuls les commandements négatifs obligent toujours et en toutes circonstances ne veut pas dire que les prohibitions soient plus importantes dans la vie morale que le devoir de faire le bien, exprimé par les comportements positifs. La raison en est plutôt la suivante : le commandement de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain ne comporte dans sa dynamique positive aucune limite supérieure, mais il a une limite inférieure en dessous de laquelle il est violé. En outre, ce que l'on doit faire dans une situation déterminée dépend des circonstances, qui ne sont pas toutes prévisibles à l'avance ».
Nous devons opposer la théorie du « moindre mal » à celle du « plus grand bien ». Au niveau de l'action, le bien ne peut être déterminé a priori puisque les actions que nous pourrions mener sont nombreuses, incertaines et indéterminées. Cependant, si le plus grand bien se présente comme clair dans notre conscience, bien défini et tel que nous pouvons agir sur lui hic et nunc [ ici et maintenant ], la négligence est coupable : nous avons l'obligation morale d'agir sur lui.
Le précepte de la correction fraternelle fait partie des préceptes moraux positifs. On n'est pas toujours obligé de le faire et on ne peut pas demander ce devoir des autres, mais chacun d'entre nous doit se sentir obligé de réagir, face aux négations publiques de la Vérité Catholique. Ceux qui aiment vraiment Dieu doivent suivre l'exemple d'Eusèbe, le laïc, qui a ensuite été fait Évêque et qui, en 423, s'est levé en public contre Nestorius qui avait nié la Maternité Divine.
L'exhortation de Don Salvatore Priola à se lever lorsque nous entendons des choses dites contre la Foi Catholique est une invitation à manifester notre maximalisme en aimant Dieu et à ne pas cacher notre lumière sous le boisseau, mais en la mettant sur un lampadaire, qui [de cette manière] éclairera les ténèbres de notre temps par notre exemple.
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