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Par : Edward Pentin
Le 17 janvier 2018
SOURCE : National Catholic Register
CITÉ DU VATICAN — Mgr Athanasius Schneider était un « enfant modèle » qui a développé un profond amour et une profonde révérence pour l'Eucharistie, grâce à ses parents profondément dévots et ayant été affamé du Saint-Sacrement sous le régime Communiste soviétique.
C'est l'image obtenue de la famille et des amis de l'Évêque auxiliaire d'Astana au Kazakhstan qui devient l'une des voix principales de la fidélité, de la continuité et de la Tradition dans l'Église aujourd'hui.
Plus récemment, Mgr Schneider a pris l'initiative de publier une « Profession des Vérités Immuables sur le Mariage Sacramentel » dans le but de résoudre la confusion sur les interprétations de l'Exhortation apostolique post-synodale de 2016 du Pape François, Amoris Laetitia, ( La Joie de l'amour ) que certains Évêques ont lu comme ouvrant la porte à la Sainte Communion pour certains Catholiques divorcés et remariés. Ce document, publié le 31 décembre, déclare que de telles interprétations sont « étrangères » à la Foi toute entière et affaiblissent l'enseignement de l'Église sur l'indissolubilité du mariage.
Né en 1961, les premières années de l'Évêque Schneider ont été passées au Kirghizistan, une petite République proche de la frontière Chinoise qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Ses parents étaient des Allemands ethniques vivant dans les colonies Allemandes à Odessa et dans la région de la mer Noire et que le dictateur Josef Staline a envoyés dans des goulags ( camps de travail ) dans les montagnes de l'Oural après la Seconde Guerre mondiale.
« Ils ont été forcés de travailler là-bas et c'est un miracle qu'ils aient survécu » a déclaré Mgr Schneider dans une interview accordée à l'organisation caritative Aid to the Church in Need [ Église en détresse ] en 2010.
Par la suite, le couple a déménagé au Kirghizistan. Avec ses parents et ses trois frères et soeurs, les Schneider ont ensuite été transférés à la fin des années 1960 en Estonie, également à l'époque une partie de l'Union soviétique, où ils ont vécu pendant quatre ans.
Une famille de Foi
C'est là que commença la dévotion à l'Eucharistie chez le jeune Anton Schneider, qui prit le nom d'Athanase lorsqu'il rejoignit l'Ordre religieux des Chanoines Réguliers de la Sainte Croix de Coïmbre.
« La Foi Catholique ne pouvait être transmise que dans les familles par les parents et grands-parents » a déclaré Mgr Schneider le 11 janvier, ajoutant que ses aînés « nous ont imprégnés de la Foi cristalline, concrète et belle de tous les âges laquelle, eux-mêmes avaient reçu de leurs parents et grands-parents ». Et comme la Foi faisait face à l'hostilité à cette époque, les familles Catholiques étaient aussi « une sorte de catacombe avec une Foi vivante » a-t-il dit.
Le culte clandestin et le manque de prêtres pour célébrer les Sacrements fut une « expérience inoubliable » pour le jeune Schneider.
« Nous désirions tous les jours la Communion et nous faisions souvent des actes de contrition » se souvient l'Évêque ; et quand un prêtre arrivait secrètement et de façon inattendue pour célébrer la Messe, « c'était une vraie fête qui nous donnait beaucoup de force et de joie ».
Il se souvient que ses parents l'ont emmené, lui, ses frères et ses soeurs, aux seules Messes autorisées, qui étaient à 60 miles ( 100 km ) de là. C'était pour les adultes seulement, mais ses parents voulaient emmener les enfants, alors ils devaient prendre le premier train le matin sous la couverture de l'obscurité et revenir avec le dernier train la nuit. Comme c'était si loin, ils ne pouvaient se permettre de le faire qu'une fois par mois.
Mais la formation et l'exemple qu'il a reçus de ses parents l'ont profondément affecté, lui et ses frères et soeurs.
« Maman avait une croyance si forte et elle nous disait : « Les enfants, aller à l'Eucharistie est le plus grand pèlerinage qui soit » a déclaré la Sœur Clarétaine Teresa Schneider, sœur aînée de l'Évêque, au National Catholic Register. « Je ne l'ai jamais oublié » a-t-elle dit, ajoutant que sa mère appelait aussi l'Eucharistie « la plus grande prière ».
C'était une « catéchèse très simple » continua-t-elle, « et nous, enfants, en avons pleinement saisi la réalité ». Sœur Teresa a rappelé que sa mère, qui vit maintenant en Allemagne, et son père, décédé il y a quelques années, avaient une Foi très profonde. « Nous avons ressenti en tant qu'enfants que le cœur de nos parents était là, dans l'Eucharistie ».
Les années de formation
En 1973, peu de temps après avoir fait sa Première Communion en secret, le gouvernement Estonien a permis aux Schneider de s'installer dans la région du Bade-Wurtemberg en Allemagne de l'Ouest.
Ils étaient pénétrés d'une telle révérence pour l'Eucharistie que lorsqu'ils arrivèrent en Allemagne, ils furent consternés de voir la Sainte Communion reçue dans la main et debout. En famille, ils se sont agenouillés unilatéralement pour recevoir l'Eucharistie et d'autres familles ont rapidement emboîté le pas.
Mgr Schneider a déclaré au National Catholic Register qu'il voit la Communion dans la main, qui, selon lui, a été inventée par les communautés Calvinistes, comme une « banalisation qui frise la profanation ». Ils n'ont jamais imaginé que le « Seigneur Eucharistique, le Saint des Saints, puisse être traité une manière si banale ».
Depuis l'âge de 12 ans, il dit avoir « porté cette douleur dans mon âme » et cela l'a incité à écrire son livre de 2009 sur l'Eucharistie : « Dominus Est » (C'est le Seigneur).
Anton Schneider a fait sa profession dans l'Ordre de la Sainte Croix en 1982, à l'âge de 20 ans. Il a d'abord été séminariste à Rome puis au Brésil, où son Ordre était à fonder un séminaire là-bas. Il a été ordonné prêtre au Brésil le 25 mars 1990 et y a passé les premières années de son sacerdoce.
Il a ensuite passé 10 ans à Rome pour un doctorat en patristique et a été conseiller général de l'Ordre. Mgr Jan Paul Lenga, Archevêque de Karaganda, au Kazakhstan, a choisi le Père Schneider pour l'aider à construire le Séminaire de Marie, Mère de l'Église, parce qu'il parlait le Russe. À partir de 1999, le Père Schneider a enseigné la patristique, ce qui est son expertise, au séminaire.
Il a fait de nombreux voyages entre le Kazakhstan et Rome pendant la période qui a suivi l'effondrement du Communisme Soviétique en 1990, un événement qui a conduit à l'expansion de la liberté religieuse et du Christianisme en Russie et dans les anciens États Soviétiques.
Le Pape Benoît XVI l'a nommé Évêque auxiliaire du Diocèse de Karaganda en 2006 et, cinq ans plus tard, il a été transféré à Astana comme auxiliaire. Il est actuellement Secrétaire Général de la Conférence des Évêques du Kazakhstan.
Ce pays à prédominance Musulmane compte environ 250 000 Catholiques sur une population de 15 millions d'habitants. La majorité des Catholiques sont des Polonais, des Allemands et des Lituaniens.
Les perspectives de la famille et des amis
Que Mgr Schneider ait choisi de devenir prêtre ne fut pas une surprise pour ceux qui le connaissaient. Étant le plus jeune de la famille, Anton savait qu'il avait une vocation à la prêtrise à partir de l'âge de 12 ans, a déclaré sœur Teresa. « Nous avons beaucoup prié ensemble, nous sommes allés ensemble à la Messe et à l'adoration » a-t-elle dit.
« Il était très intelligent quand il était enfant, a bien étudié, a joué du piano et a commencé à apprendre le violon » a-t-elle dit. « Il est très musical, l’a toujours été, et il joue très bien du piano. Et dès l'enfance, il avait un sens religieux profond. Ma mère dirait qu'il était un « enfant modèle », toujours bon, depuis qu'il était petit jusqu'à aujourd'hui ».
D'autres qui l'ont connu témoignent de sa force de caractère, de son intégrité et de sa vertu ainsi que de son engagement inébranlable à proclamer la Vérité de la Foi Catholique.
Le Père Rahimberlinov Ruslan, un ancien élève du Diocèse de Karaganda, a déclaré qu'il était « toujours attentif et prêt à écouter ». Il est un homme « d'humilité et de fidélité » qui « connaît et accepte la vérité sur lui-même ». Il est fidèle à la Foi et à l'Église « malgré tous les vents du changement » a déclaré le Père Ruslan au National Catholic Register.
Sœur Teresa a dit que les gens venaient vers elle et disaient : « Dieu merci, Mgr Athanasius Schneider, qui a le courage de s'exprimer et de ne pas dire « c'est mauvais » mais plutôt « c'est la Foi » toujours avec amour et respect. Elle a dit que les gens s'émerveillent du fait qu'il est quelqu'un de si pieux et de si humain. Pour lui, « la Vérité est toujours la meilleure voie » a-t-elle dit, « pas la moitié de la vérité, mais la vérité authentique ».
« Il a toujours dit que la vérité n'est pas relative » a-t-elle dit. « C'est tout ou rien ; les demi-vérités sont des hérésies ». Mais elle a ajouté que cela ne signifie pas ne pas être compatissant et miséricordieux, car « être compatissant et miséricordieux, c'est dire la vérité » — quelque chose qu'il a lui-même expliqué lors d'une conférence à Rome en 2015 à l'époque du Deuxième Synode sur la Famille.
Le Père Ruslan a déclaré que l'Évêque Schneider avait un zèle intellectuel qui permettait à ses étudiants de « comprendre la vérité, non pas superficiellement mais graduellement dans toutes ses profondeurs ». Mais il avait aussi un zèle pastoral et sa « profonde révérence » pour l'Eucharistie a été démontrée par sa détermination à l'amener dans les endroits les plus reculés du Kazakhstan et dans les conditions climatiques les plus rudes.
L’approche pastorale
Le Kazakh Alexey Gotovsky, qui connaissait l'Évêque depuis 17 ans et qui était son servant d'autel, aimait comment l'Évêque « communiquait avec les gens ; il traite chaque personne comme son égal ». Dans sa paroisse, il se souvient que l'Évêque « n'a jamais repoussé les gens, mais a plutôt essayé de les inviter à l'Église et à les aider. Il avait l'habitude d'organiser des groupes paroissiaux auxquels il a lui-même participé ».
Il a également rappelé comment, après avoir accompagné l'Évêque lors d'une visite aux malades, les gens étaient particulièrement reconnaissants de leur apporter Jésus dans l'Eucharistie, « en le remerciant des grâces qu'ils avaient reçues après avoir prié pour eux ».
Connaissant l'un des talents de l'Évêque dans la musique liturgique, Gotovsky a discuté avec lui de l'utilisation de guitares à la Messe. Il m'a répondu que l'instrument comme une guitare n'est pas mauvais en soi, mais ce n'est pas le bon endroit pour l'utiliser. La Messe n'est pas une fête ».
Comme l'Évêque l'a longtemps souligné, le Très Saint Sacrement doit être traité avec la plus grande révérence, spécialement dans la liturgie, et il voit ce sens perdu de la Présence Réelle comme la cause d'une « conformation au monde » issue d'un « anthropocentrisme ». Cela pose « le plus grand danger spirituel ».
« Le remède, dit-il au National Catholic Register, est de rompre avec le complexe d'infériorité envers le monde, de mettre vraiment le Christ au centre de chaque détail de la liturgie de la Messe, de proclamer le Christ véritablement incarné, le Christ crucifié, le Christ vivant et régnant dans sa Divine Majesté cachée dans l'Eucharistie, le Christ Roi de chaque homme et de toute société humaine ».
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