mercredi 24 janvier 2018

À propos de cette « correction formelle » du Cardinal Burke
Oubliez-la. Le Cardinal fait maintenant partie du problème



par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Le Centre de Fatima
Le 23 janvier 2018


Pour votre information

Cet article est une critique sévère du dernier entretien que le Cardinal Burke a accordé au journaliste Altieri du Catholic World Report.

Vous pouvez consulter l'entretien au complet en français ici.



Une interview récente du Cardinal Raymond Burke par Chris Altieri de Catholic World Report devrait répondre à la question quand le Cardinal délivrera la « correction formelle » promise des erreurs d’Amoris Laetitia (AL), pour laquelle lui et trois de ses frères Princes de l'Église ( deux d'entre eux sont maintenant décédés ) ont publié leurs cinq dubia au Pape François il y a plus d'un an.

La réponse : Jamais.

Au lieu de cela, le Cardinal semble maintenant se prêter à une tentative honteuse d’étouffer l’affaire de l'immense scandale qu'Amoris Laetitia a provoqué en adoptant la prétention de l'interviewer que la volonté du Pape François d'admettre les adultères publics à la Sainte Communion n'a rien à voir avec cela mais origine seulement d'une mauvaise interprétation et d'une mauvaise application par d'autres.

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

Considérez cette question ridiculement tendancieuse posée au Cardinal par Altieri lors de l'interview du 22 janvier :

Chris Altieri : Comment en sommes-nous arrivés ici ? Je veux dire : une Exhortation post-synodale est une Exhortation post-synodale. Ce n'est pas en soi un document d'enseignement. Un Pape peut en utiliser [un] pour enseigner quelque chose, mais le Pape François nous dit qu'il n'enseigne rien de nouveau dans le document, et nous le croyons. Ce n'est pas non plus un instrument de gouvernement d'aucune sorte. Cela ne change pas la loi, elle ne le prétend pas. Alors, d'où vient la confusion ?

Voyons donc ! S’il vous plaît ? François a promu la « nouveauté » de son approche des divorcés et remariés depuis presque le moment de son élection et a passé les cinq dernières années à dénoncer les Pharisiens Catholiques imaginaires pour leur refus supposément sincère d'accepter le changement que « Le Dieu des Surprises » ( signifiant François ) réalise par l'opération de « l'Esprit », qui s'est manifesté dans « le parcours Synodal » ( ce qui signifie le résultat que François a planifié tout au long et qu’il atteindra quoi que le Synode en ait décidé ).

Et maintenant, le Pape François a apposé le label « Magistère Authentique » à son approbation des directives relatives à Amoris Laetitia des Évêques de Buenos Aires, selon lesquelles les adultères publics dans les « seconds mariages » peuvent être admis à la Sainte Communion sans cesser leurs relations adultères s'ils jugent qu’il n'est pas « faisable » de pratiquer la continence — un renversement flagrant de l'enseignement constant et de la discipline Eucharistique de l'Église, affirmée à la fois par Jean Paul II et par Benoît XVI.

Toute cette catastrophe résulte donc directement de la volonté de François. Pourtant, Altieri prétend que François n'a rien enseigné de neuf et n'a rien changé. À qui pense-t-il qu'il plaisante au juste ?

Pourtant, triste à dire, le Cardinal va de pair avec le gag ( pour le dire familièrement ), en pointant son doigt partout sauf à la source évidente du problème. En réponse à Altieri, il déclare ( extrait pertinent ) :

« ... Il y a toujours eu un certain élément dans l'Église, qui s'est rebellé contre l'enseignement de l'Église et, ces derniers temps, nous l'avons vu de façon très évidente : par exemple, dans tout le débat sur la contraception artificielle des années soixante ; mais aussi cette question en ce qui concerne les unions matrimoniales irrégulières, la cohabitation hors mariage ; tout cela est un effet, en réalité, de la société laïque, dans laquelle il y a eu de nos jours une attaque incessante contre le caractère sacré du mariage ».

Un certain élément ? Qu'en est-il du Pape, dont les erreurs dans Amoris Laetitia le Cardinal ont juré de corriger si aucune réponse aux dubia n'était à venir ?

Le Cardinal continue d'ignorer l'éléphant debout devant lui :

« La seule chose que nous puissions faire en termes d’Amoris Laetitia est de le lire dans la perspective de l'enseignement et de la pratique constants de l'Église, et cela signifie qu'il ne peut y avoir ce que certains ont appelé une révolution dans l'Église Catholique : à savoir, accepter maintenant que les personnes divorcées dont les mariages n'ont pas été déclarés nuls peuvent entrer dans un soi-disant « second mariage » ; une révolution, aussi, en ce qui concerne l'enseignement constant de l'Église que l'acte conjugal n'a lieu qu'à l'intérieur du mariage, en d'autres termes, la cohabitation hors mariage est toujours et partout mauvaise. C'est la seule façon dont nous pouvons interpréter le document, et c'est ainsi que nous devons interpréter le document ».

Sauf que le Pape François ne l’interprète pas ainsi, mais annonce plutôt une nouvelle discipline que sept prélats courageux ( à l'origine trois ) ont qualifié d’« étrangère à toute la Tradition de la Foi Catholique et Apostolique » mais que François ose appeler « Magistère Authentique ». C’est un geste désastreux du Pape à propos duquel le Cardinal n'a absolument rien à dire.

Mais Altieri ne peut pas non plus tout à fait ignorer le sujet assez important à savoir qu’Amoris Laetitia semble renverser la discipline bimillénaire de l'Église, comme l'a affirmé Jean-Paul II dans Familiaris consortio. Ainsi, il pose une autre question tendancieuse suggérant la réponse qu'il aimerait recevoir — qu’Amoris Laetitia en tant que tel n'est pas vraiment le problème :

« .... Qu'est-ce qui est différent avec Amoris Laetitia qui crée le souci et la confusion — ou n'est-ce pas nécessairement avec Amoris Laetitia, mais plutôt avec sa mise en œuvre ? »

En réponse, le Cardinal dit :

« D’un côté, c'est un problème d'interprétation. D'un autre côté, c'est certainement un problème d'application ».

« La difficulté d'interprétation est que le document semble suggérer [ ! ] qu'il existe des cas autres que celui que vous venez de mentionner, qui est le seul cas possible où deux personnes qui vivent ensemble dans ce qui semble être une union conjugale pourraient recevoir les Sacrements. À savoir, ils vivent ensemble parce que, pour une raison ou une autre, ils sont incapables de se séparer, mais ils ne vivent pas comme mari et femme, mais comme « frère et sœur », observant la continence ».

« C'est donc un problème d'interprétation, et cela doit être clarifié. Jusqu'à présent, du moins chez certains de ceux qui prétendent interpréter correctement Amoris Laetitia, il y aurait d'autres exemples ».

« Certains de ceux » qui prétendent interpréter Amoris Laetitia ? Et le Pape alors, pour l'amour de Dieu ? C'est son « interprétation » hétérodoxe, qu'il a maintenant déclarée être un « Magistère Authentique », sur laquelle s'appuient « certains de ceux » qui interprètent Amoris Laetitia avec bonheur. Pourtant, le Cardinal continue de soutenir qu’Amoris Laetitia doit être « clarifié » par François, ignorant allègrement l'apposition de l'étiquette « Magistère Authentique » de François précisément à la clarification publiée de sa signification et de son intention.

Curieusement, le Cardinal continue en déplorant « des applications [ d’Amoris Laetitia ] comme celles des Évêques de Malte, qui sont simplement contraires à ce que l'Église a toujours enseigné et pratiqué ». Excusez-moi, mais qu'en est-il de l'application par les Évêques de Buenos Aires que le Pape a approuvé comme « Magistère Authentique » ? Encore une fois, pas un mot à ce sujet du Cardinal.

La prochaine question tendancieuse invite le Cardinal à accepter que le Pape François n'a rien à voir avec le désordre que François a créé :

Altieri : Il y a des gens qui ont été entendus et qui ont trouvé le moyen de faire connaître publiquement leurs opinions sur cette question, qui ont tenté, de toute façon, de faire du Saint-Père lui-même un participant volontaire ou involontaire. J'aimerais que vous ayez l'occasion de parler de cela.

Maintenant, comment pourrait-on penser que François participe à l'admission des adultères publics à la Sainte Communion ? Après tout, il n'a rien fait d'autre que d'approuver l'abus comme un « Magistère Authentique ». Mais s’il vous plaît !

Le Cardinal se dérobe à la question en se référant à l'enseignement constant de l'Église sans mentionner que c'est François lui-même qui travaille à le saper :

« ... Ce qui m'effraie beaucoup sur la situation actuelle de l'Église, c'est ce que je susciterais personnellement une politisation de la vie de l'Église et de la Doctrine de l'Église. Cela est facile à faire par les médias laïques, mais c’est également aidé et encouragé dans l'actualité par certains dirigeants de l'Église, par certains théologiens et autres commentateurs. Il ne s'agit pas d'être en faveur de la « Révolution de François », comme on l'appelle communément. Il ne s'agit pas d'être « pro » Pape François ou « contre » le Pape François. Il s'agit de défendre la Foi Catholique, c'est-à-dire de défendre l'Office de Pierre auquel le Pape a succédé.».

Quelle tristesse de voir le Cardinal Burke recourir à de l'obscurcissement : nous devons défendre l'Office de Pierre plutôt que d'être pour ou contre le Pape François. Mais le Office de Pierre est abusé par François, donc il doit être défendu précisément contre ses abus, pas simplement « certains dirigeants de l'Église ».

Je pourrais continuer ( il y a beaucoup plus à lire dans l'interview, tout le long de le même sens d'éviter toute mention du rôle de François dans le scandale mais le point est fait.

Et le point est ceci : Le Cardinal Burke fait maintenant partie du problème avec Amoris Laetitia parce qu'il s'est prêté à la prétention que la question n'en est pas une d'un abus sans précédent du pouvoir papal qui doit être corrigé en résistant à Pierre « ouvertement » ( Galates 2 :11) — comme Saint Paul l'a fait avec le Premier Pape et comme Burke avait promis de le faire avec François — mais simplement un écart ignoble de l'enseignement de l'Église de la part « d'un certain élément de l'Église » ou de « certains dirigeants de l’Église ».

Je suggère respectueusement que le Cardinal arrête simplement de parler d'Amoris Laetitia et laisse le soin aux laïcs et à quelques bons prélats de défendre la Foi contre les erreurs du Pape François. Ayant évidemment abandonné la correction formelle promise en faveur d'un évitement étudié de toute mention du rôle du Pape dans cette catastrophe en cours, il ne fait qu'aggraver le désastre.





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