vendredi 30 décembre 2016

L'Église et la maladie mentale




Par JAMES K. FITZPATRICK
Le 30 décembre 2016

SOURCE : The Wanderer

J'ai eu une curieuse réaction en lisant l'article du 26 septembre dans The Washington Post intitulé : « Mon pasteur m'a dit que c'était un péché de ne pas ressentir de joie. C’est ce qui se passe quand les églises ignorent la maladie mentale ». J’ai hésité avant d’être d’accord avec cet auteur en me disant : « Mais ce n'est pas si simple que ça ». L'auteur est Charlotte Donlon, une femme mariée et mère de deux enfants qui vit en Alabama et qui travaille sur sa maîtrise en beaux-arts.

Donlon commence par appeler notre attention sur un moment de sa vie où elle a traversé des « épisodes de manies » alors qu’elle était convaincue « qu'il y avait une conspiration » contre elle. Quand elle est allée voir son pasteur (elle ne nous donne pas son nom, ni le nom de son église, ou s'il s'agit d'une paroisse Catholique ou Protestante), sa réponse fut de l’inviter à prier ensemble : « Il baissa la tête et commença à marmonner une prière qui n'avait aucun sens pour moi », une prière qui flottait « comme des bulles soufflées par un jeune enfant ». Donlon nous dit qu'elle « s'est levée, j’ai marché vers ma voiture et m'en suis allée ».

La « manie » de Donlon a fini par disparaître, mais elle est devenue exaspérée un jour peu après, lorsque son pasteur a commencé un sermon sur la « joie » basé sur Jean 16 : 16-24. C'est le passage où Jésus assure à Ses disciples que leur « détresse se changera en joie » de même qu'une « femme qui va mettre un enfant au monde, elle est en peine parce que le moment de souffrir est arrivé pour elle ; mais quand le bébé est né, elle oublie ses souffrances tant elle a de joie qu'un être humain soit venu au monde ». Donlon s'est « préparée » à être déçue quand le sermon a commencé craignant que le prédicateur « ne profite pas de cette occasion pour discuter des choses comme la dépression et l'anxiété dans la vie Chrétienne ».

Ses craintes étaient bien fondées. Elle écrit : « Bien que beaucoup de ce qu'il a dit était bon et Biblique, il n'a pas mentionné la maladie mentale. Au lieu de cela, il a dit que si vous n'éprouvez pas de joie, vous devriez examiner votre vie et vous repentir de quel que péché que ce soit qui pourrait la bloquer.

Donlon a été troublée qu'un nombre significatif dans l’assemblée des fidèles qui écoutaient le sermon pouvaient être des personnes qui « éprouvent une certaine forme de maladie mentale » et qui « ressentiraient de la honte et de la culpabilité » en raison des paroles du prédicateur.

Elle nous dit qu'elle a jeté un coup d'œil à sa fille de 13 ans qui souffre « de dépression et d'anxiété » et s’est demandée si elle pouvait être l'une d'entre eux.

Le point de Donlon est bien relevé. Il y a des prédicateurs bien intentionnés qui donnent l'impression que les problèmes mentaux sont quelque chose qu'un individu peut échapper uniquement par la prière et en méditant la « Bonne Nouvelle » des Évangiles et de l'Amour de Dieu pour nous. Mais souvent cela ne suffit pas. Les problèmes psychologiques peuvent être réels. Il y a des moments où la dépression ne peut pas finir en écoutant des paroles joyeuses ou par le fait de regarder « le beau côté de la vie », en « accentuant le positif » ou en « mettant votre Foi dans le Seigneur ».

Les gens de bien peuvent se trouver en besoin de soins psychiatriques. Nous ne savons pas pourquoi certains le requièrent tandis que d'autres restent heureux et stables. Le récent brouhaha sur les commentaires de Donald Trump sur le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) en est un bon exemple. Les critiques de Trump ont sauté sur lui pour avoir employé l’expression « pas forts » pour décrire les membres de l’armée qui développent ce problème psychologique. Mais l’argument de Trump était solide même s’il était maladroitement exprimé. Trump parlait à un groupe d'anciens combattants ce jour-là ; ils ont compris ce qu'il voulait dire. Il n'y a pas eu d'objection de la part des membres de l'auditoire. Ils savaient qu'il était un profane qui n'utilisait pas le langage clinique utilisé par les professionnels de la santé.

Pourquoi, par exemple, dans un peloton de 20 soldats qui subissent les mêmes conditions pendant leur déploiement, un ou deux peuvent développer le SSPT alors que les autres ne le font pas ? Ces soldats ont peut-être été parmi les plus courageux dans le peloton pendant le combat. Mais quelque chose les a amenés à développer des problèmes psychologiques alors que les autres n’en n’ont pas subi. Nous ne pouvons pas simplement leur dire de « se reprendre en mains » et d’« être un homme ». Il faut encore quelque chose de plus comme dans le cas de Charlotte Donlon et de sa fille.

Donlon appelle les pasteurs à garder à l'esprit les études qui montrent qu'un adulte sur 25 aux États-Unis connaîtra une « maladie mentale grave comme la schizophrénie, la dépression majeure ou le trouble bipolaire ». Elle cite des études indiquant que près de la moitié des pasteurs aux États-Unis « ne parlent jamais dans leur église pendant les sermons de la maladie mentale ». Elle ajoute : « Je suis Chrétienne depuis 21 ans. Aucun de mes pasteurs n'a jamais parlé de maladie mentale de façon substantielle. Je n'ai jamais entendu un pasteur discuter du rôle que l'Église devrait jouer dans le soin des personnes souffrant de maladie mentale. Au cours des périodes où j'ai été diagnostiquée pour la première fois avec le désordre bipolaire, un pasteur n'a jamais tenté de communiquer avec moi ». Son espoir est que « l'Église peut être un canal de la bonté de Dieu à ceux qui sont malades et effrayés ».

Je n'ai aucun moyen de savoir comment l'expérience de Donlon est typique. Et je ne sais pas si c'est juste de critiquer des prêtres Catholiques modernes en leur reprochant qu'ils recourent régulièrement à de pieuses discussions heureuses lorsqu'ils traitent avec quelqu'un aussi troublé que Donlon. Mais je pense que nous pouvons affirmer que ce serait une bonne chose que ses paroles inspirent les membres du clergé Catholique à être plus attentifs aux besoins de leurs paroissiens affligés de problèmes psychologiques.

Alors quand est-ce que me suis-je trouvé parfois à me dire : « Ce n'est pas si simple » tout en lisant l'article de Donlon ? Je peux déduire ce que Donlon n'a pas voulu dire mais il y avait en effet des moments où elle semblait ignorer l'efficacité de la prière pour ceux qui sont aux prises avec des problèmes psychologiques.

Le pasteur qui l'a invitée à prier avec elle peut avoir paru condescendant, mais ce n'est pas nécessairement le cas. La prière et les Sacrements sont des outils efficaces à des moments troublés dans nos vies. Quand les gens parlent de « trouver Jésus », de « voir la Lumière », de « naître de nouveau », ils décrivent une transformation aussi profonde que le changement qui se produit sous les soins d'un psychologue. Souvent, cette transformation se fait sans la participation de psychologues et de psychiatres. Dans d'autres cas, les psychologues et les psychiatres sont nécessaires.

En fin de compte : Jésus sauve, parfois en collaboration avec des professionnels du domaine de la santé mentale, dont la mission est la même que celle des autres : refaire toutes choses en Christ.

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