SOURCE : Rorate Caeli
La chasteté est impossible :
c'est le coeur de la position Kaspérienne
En ce qui concerne le débat sur le mariage et le divorce, la polygamie en série et l'admissibilité à la Communion, le Cardinal Kasper ne rejette pas la nécessité du Sacrement de Pénitence avant la Communion quand on est conscient d'un péché grave. Néanmoins, il ne semble pas affirmer la nécessité d'un ferme propos d’amender sa vie comme pénitence puisque, dans le cas étudié, un tel objectif exigerait la renonciation au mariage civil — i.e. la répudiation d'une union adultère. Ou bien, s’il admet la nécessité d’amender sa vie, il ne doit pas alors affirmer la gravité objective du divorce lui-même (une simple fiction du droit civil, pas plus réel dans l'ordre spirituel qu’un éléphant rose) et surtout d'une tentative de « remariage » ou de relations sexuelles avec une personne autre que son conjoint légitime. L'erreur de Kasper semble être simultanément une erreur à propos de l'indissolubilité du mariage, des conditions préalables à l'absolution et du caractère sacré de la Sainte Eucharistie.
De plus, il n’y a pas suffisamment de clarté dans ces discussions sur la distinction entre la grâce actuelle (i.e. dons circonstanciés) et la grâce sanctifiante : par exemple, il semble y avoir dans l'esprit de certains un amalgame entre le fait que « Dieu travaille quelque part » comme nos catéchismes le mentionnaient et « le réalisme surnaturel », à savoir l'état de grâce. Après tout, Dieu envoie des grâces actuelles à tous les êtres humains, y compris les païens qu’Il appelle à la Foi Chrétienne et aussi aux Chrétiens qui se sont éloignés et qu’Il appelle à revenir. Ces grâces sont perçues comme des « motions » par lesquelles Dieu, souvent en douceur et parfois avec force, nous pousse à la repentance et à la conversion, à une nouvelle compréhension de la foi et à une nouvelle pratique des Sacrements. La grâce sanctifiante est une véritable et durable qualité de l'âme, une possession de la filiation divine aussi réelle que la possession de l'art, de la science, de la prudence ou des vertus morales, mais plus profonde et avec une bien plus grande capacité d'action.
Peut-être, aussi, il y a un manque de clarté dans ces discussions sur la différence qualitative entre le péché mortel ( grave ou sérieux ) et le péché véniel. Est-ce que l'Église n'a pas été pratiquement dans un état de déni face au péché mortel depuis les derniers 50 ans ou plus ? C’est rarement mentionné, rarement prêché et peu inclus ou pas du tout dans la formation des enfants et des adolescents. Personne, paraît-il, n’est vraiment une si mauvaise personne après tout ; tout le monde a ses problèmes et ces problèmes expliquent pleinement notre mauvais comportement. Voilà la culpabilité qui s’évapore — et non par le biais de la Confession, mais par des moyens de répression, par l'oubli, par la négation, ou par les ruses de la psychologie populaire. Voilà pourquoi, à l'exception des enclaves catholiques conservatrices et traditionnelles, le Sacrement de la Confession ou de la Pénitence a disparu comme une caractéristique régulière et particulière de la Vie Catholique.
Nous avons besoin, plus que jamais, d’une forte affirmation de la raison pour laquelle ceux qui sont en état de péché grave et manifeste ne peuvent pas recevoir la Communion, à savoir la partie concernant le péché grave. Les prêtres sont habitués de rencontrer des couples dans ces situations matrimoniales irrégulières (ou des couples qui prévoient entrer dans ces situations) et se faire dire quelque chose comme : « Oh, nous ne pouvons pas recevoir la Communion, n’est-ce pas ? » donnant l'impression qu’ils n 'ont pas vu ce détail cérémonial relié d'aucune façon à la qualité morale de leurs actions.
Quel triste monde c’est quand le chemin de la chasteté, de la pureté, de la maîtrise de soi n’est apparemment plus une option viable pour les personnes. Même maintenant, les « divorcés/remariés » sont en mesure de recevoir la Pénitence et de l'Eucharistie s’ils sont prêts à vivre dans la continence comme frère et sœur (avec absence de scandale). Le vrai problème n’est pas dans la Loi de l’Église ni dans la pratique ou dans l'histoire ou dans la théologie, mais dans la volonté de ceux qui choisissent de ne pas vivre chastement et qui ne veulent pas prendre leur croix et suivre le Christ sur le chemin étroit et difficile. L'Église devrait les soutenir en leur faisant connaître, rechercher et vivre la valeur de la chasteté ; elle devrait être aider les gens à faire l'expérience que vivre chastement n’est pas impossible, que ce n’est pas trop demander quand il est question de plaire à Dieu et d'hériter de la Vie Éternelle !
La chasteté est, en fin de compte, la question fondamentale qu'aucun des progressistes ne veulent toucher. Pour eux, c’est une catégorie dépassée, une relique d'une époque ancienne et malsaine dans laquelle les gens mettent des restrictions sur leurs désirs érotiques. La prémisse invisible derrière toute l'argumentation progressiste est la suivante : « On ne doit pas s’attendre à ce que les gens puissent être censés contrôler leurs passions, donc nous devons accorder cette permission ou celle-là, cette exception, cette relaxe. »
Dans l'Encyclique Veritatis Splendor de 1993, le Pape Jean-Paul II a mentionné le mensonge une fois pour toutes de cette erreur pernicieuse, une des tentations constantes du diable aux bergers et aux troupeaux de même :
102. Même dans les situations les plus difficiles, l'homme doit observer les normes morales par obéissance aux saints commandements de Dieu et en conformité avec sa dignité personnelle. Assurément l'harmonie entre la liberté et la vérité demande parfois des sacrifices hors du commun et elle se conquiert à grand prix, ce qui peut aller jusqu'au martyre. Mais, comme l'atteste l'expérience universelle et quotidienne, l'homme est tenté de rompre cette harmonie : « Je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais... Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas » (Rm 7, 15.19).
D'où provient, en fin de compte, cette division intérieure de l'homme ? Celui-ci commence son histoire de pécheur lorsqu'il ne reconnaît plus le Seigneur comme son Créateur, et lorsqu'il veut décider par lui-même ce qui est bien et ce qui est mal, dans une indépendance totale. « Vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal » (Gn 3, 5), c'est là la première tentation, à laquelle font écho toutes les autres, alors que l'homme est plus aisément enclin à y céder à cause des blessures de la chute originelle.
Mais on peut vaincre les tentations et l'on peut éviter les péchés, parce que, avec les commandements, le Seigneur nous donne la possibilité de les observer : « Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît lui-même toutes les œuvres des hommes. Il n'a commandé à personne d'être impie, il n'a donné à personne licence de pécher » (Si 15, 19-20). Dans certaines situations, l'observation de la Loi de Dieu peut être difficile, très difficile, elle n'est cependant jamais impossible. C'est là un enseignement constant de la tradition de l'Église que le Concile de Trente exprime ainsi : « Personne, même justifié, ne doit se croire affranchi de l'observation des commandements. Personne ne doit user de cette formule téméraire et interdite sous peine d'anathème par les saints Pères que l'observation des commandements divins est impossible à l'homme justifié. « Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t'invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas « et il t'aide à pouvoir. » Ses commandements ne sont pas pesants M M1 Jn 5, 3), « son joug est doux et son fardeau léger » (cf. Mt 11, 30) » 162.
103. L'espace spirituel de l'espérance est toujours ouvert pour l'homme, avec l'aide de la grâce divine et avec la coopération de la liberté humaine.
C'est dans la Croix salvifique de Jésus, dans le don de l'Esprit Saint, dans les sacrements qui naissent du côté transpercé du Rédempteur (cf. Jn 19, 34) que le croyant trouve la grâce et la force de toujours observer la Loi sainte de Dieu, même au milieu des plus graves difficultés. Comme le dit saint André de Crète : « En vivifiant la Loi par la grâce, Dieu a mis la loi au service de la grâce, dans un accord harmonieux et fécond, sans mêler à l'une ce qui appartient à l'autre, mais en transformant de manière vraiment divine ce qui était pénible, asservissant et insupportable, pour le rendre léger et libérateur » 163.
Les possibilités « concrètes » de l'homme ne se trouvent que dans le mystère de la Rédemption du Christ. « Ce serait une très grave erreur que d'en conclure que la règle enseignée par l'Église est en elle même seulement un « idéal » qui doit ensuite être adapté, proportionné, gradué, en fonction, dit-on, des possibilités concrètes de l'homme, selon un « équilibrage des divers biens en question ». Mais quelles sont les « possibilités concrètes de l'homme » ? Et de quel homme parle-t-on ? De l'homme dominé par la concupiscence ou bien de l'homme racheté par le Christ ? Car c'est de cela qu'il s'agit : de la réalité de la Rédemption par le Christ. Le Christ nous a rachetés ! Cela signifie : il nous a donné la possibilité de réaliser l'entière vérité de notre être ; il a libéré notre liberté de la domination de la concupiscence. Et si l'homme racheté pèche encore, cela est dû non pas à l'imperfection de l'acte rédempteur du Christ, mais à la volonté de l'homme de se soustraire à la grâce qui vient de cet acte. Le commandement de Dieu est certainement proportionné aux capacités de l'homme, mais aux capacités de l'homme auquel est donné l'Esprit Saint, de l'homme qui, s'il est tombé dans le péché, peut toujours obtenir le pardon et jouir de la présence de l'Esprit » 164.
Le rejet de la possibilité de la chasteté est la raison pour laquelle l’encyclique Humanae Vitae a été rejetée — au fond, il n'y en a pas d'autre. C’est la raison pour laquelle nous avons de la pornographie effrénée, des avortements, de l'activité homosexuelle, des scandales du clergé et tout autre aberration sexuelle. La hiérarchie de l'Eglise a été complice à chaque étape du chemin en refusant de prêcher la chasteté « en saison et hors saison » indépendamment de l'opposition du monde ou de l'incrédulité des Catholiques du monde. Les prêtres et les Évêques (parfois) ont condamné les mauvais fruits, mais ils ont refusé de nommer le mauvais arbre de l'impudicité, ils n’auraient pas mis la hache à son tronc. Et maintenant, l'arbre, ayant grandi non surveillé depuis des décennies, après avoir été engraissé et choyé par ses sectateurs, est une plante énorme, imposante, bloquant la lumière du soleil et des étoiles, avec des fruits sombres et chétifs abondants remplis de poison. Ceci est la récolte amère qui est la nôtre. Nous devons cracher tous les morceaux de ce fruit malheureux et commencer à l’abattre avec ardeur à ses racines avec toutes les haches disponibles. Mais ce ne sera pas jusqu'à ce que les membres du clergé à tous les niveaux se joignent à nous que nous aurons une chance de renverser la tendance.
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