Le livre : Le Cardinal Sarah et d'autres Prélats Africains démolissent les documents pré-synodaux
Les extraits ici : Le Cardinal Sarah et Mgr Adoukonou critiquent fortement les documents préparatoires du Synode
Une critique de ce livre d‘or par
Dr Maike Hickson
SOURCE : Rorate Caeli
En addition au livre publié plus tôt intitulé « Onze Cardinaux parlent » (Sous-titre : Onze Cardinaux prennent la parole sur le mariage et la famille), les Presses Ignatius ont publié ce mois-ci un livre écrit par des prélats africains, onze Cardinaux et évêques — qui traitent aussi des sujets du mariage et de la famille en préparation pour le prochain Synode des évêques sur la famille à Rome en octobre : La Nouvelle Patrie du Christ — l’Afrique (Ignace, 2015, trad, par Michael J. Miller) |
Tout d'abord, le Cardinal Sarah discute des problèmes contenus dans le propre rapport final du Synode 2014 (Relatio Synodi) quand il a été envoyé en décembre 2014 à toute l'Église Catholique dans la forme des Lineamenta, avec un ensemble additionnel de questions invitant à plus de commentaires à l'échelle mondiale. Sarah dit que, dans ce rapport final, il y a une « certaine confusion et même des erreurs graves qui doivent être soulignées parce que, venant d'une Insitution Catholique Romaine officielle, ces documents pourraient très bien être troublants et déroutants pour ceux dont les consciences sont faibles ». Je vous propose maintenant de vous présenter quelques points spécifiques de la critique complète du Cardinal Sarah.
Tout d'abord, il demande si le rapport final « préconise le mariage à l'essai comme une voie à suivre ». Sarah fait ici référence au paragraphe 27 du rapport final où l’on parle des mariages civils à l'extérieur de l'Église et où, supposément, il peut y avoir de la stabilité, de l'affection et même une digne responsabilité des enfants. Sarah commente ainsi : « Il est déconcertant de lire dans les Lineamenta, après l’avoir entendu dans l'Assemblée extraordinaire, qu'une période du mariage « civil » peut être recommandé comme une phase dans laquelle la relation d'un couple peut [progressivement] mûrir ». Les résultats de ce gradualisme qui est proposé sont pour lui les suivants : « Mettez Dieu et la Doctrine de côté et vous créerez une confusion pastorale majeure ».
Le Cardinal Guinéen a d'autres paroles fortes à dire sur les ambiguïtés utilisées dans le document les voyant comme un« langage dangereux » assorti « d’expressions traîtres au milieu d’énoncés doctrinalement corrects ». Ainsi, des situations dissemblables sont « liées à tort ». Ce sont des actes d'accusation forts si l'on considère que nous avons affaire avec un document officiel de l'Église. Une autre observation importante du Cardinal Sarah est à l’effet que, tandis que le Rapport Final indique qu'il existe une « crise de la foi » parmi de nombreux Catholiques, ce qui explique parfois l'origine des problèmes familiaux, le dit rapport ne tire pas de conclusions de cette triste réalité. « Pourquoi ne pas dire » demande Sarah, « que le premier défi est de répondre à la crise de la foi ? »
Le Cardinal Sarah rappelle assez joliment aux lecteurs qu'il y a pas de troisième voie — il n'y a que la voie de Dieu ou la manière du monde. « Soit nous choisissons la voie qui nous conduit à Dieu — et c’est le chemin étroit dont le Christ parle — ou bien nous prenons la voie large du monde qui nous éloigne de Dieu » dit Sarah, en nous rappelant que nous devrions à nouveau et toujours placer « Dieu au centre de nos pensées, au centre de notre action et au centre de nos vies ». Il voit aussi, parallèlement avec la crise de la foi, qu’il y a aussi une crise pastorale où les pasteurs n’enseignent plus suffisamment la foi. Par conséquent, Sarah propose de « raviver la foi dans les familles ».
Le prélat rend aussi clair que la crise qui occupe l'Église en ce moment est surtout une crise vécue par l'Occident. Le Cardinal commente ici comme suit : « En fait, on devine que le Synodi Relatio est en réalité le reflet d'un malaise de l'Église de l'Ouest — une Église étouffée par une société sécularisée impie [...] ». Concernant la question à savoir si l'Église doit permettre aux « divorcés/remariés » de recevoir la Sainte Communion, comme c’est discuté dans l'Ouest, Sarah se demande pourquoi alors, devons-nous en rester là : « Pourquoi devrions-nous rejeter les fidèles laïcs qui sont devenus polygames ? Nous aurions aussi à retirer « l'adultère » de la liste des péchés ».
Le Cardinal Sarah critique à juste titre le Rapport Final pour ne pas donner tout le soutien moral adéquat aux familles, celles qui essaient de vivre selon les Lois de Dieu et qui sont maintenant mises à la marge d'une société sécularisée. Il voit que l'Église elle-même, « avec des documents comme les Lineamenta, semble pousser ces familles fidèles vers la sortie. Si les Lineamenta sont exprimés dans le langage que nous venons de voir, quelle sorte de l'Église, alors, va prendre soin de ce « petit reste » ? [...] N’avons-nous pas atteint ici la véritable « périphérie » de notre village planétaire postmoderne ? »
Sarah décrit le document comme étant déficient parce qu'il n’appelle pas précisément le pécheur à se repentir. Par conséquent, il appelle ces pécheurs : la « deuxième catégorie qui pleure fort pour attirer l'attention pastorale. Ils sont les victimes du système postmoderne qui ne reconnaît pas la défaite ». Il dénonce le recours à une sorte de fausse miséricorde. Quand Sarah dit : « Au lieu de les aider à découvrir l'horreur du péché et de mendier pour être délivré de celui-ci, personne n’a le droit de leur servir une sorte de « miséricorde » qui ne mène à rien mais, au contraire, leur permet de s’enfoncer davantage dans le mal ». L'Église ne peut pas, selon Sarah, aider les pécheurs par juste « leur appliquer le bandage de la Communion Sacramentelle sur une blessure qui n'a pas . été traitée par le Sacrement de la Réconciliation [Pénitence] dûment reçu ». Il appelle à une « vraie guérison ». Nous ne sommes jamais invités à « appeler « bon » quelque chose de mal ». Dans ce contexte, le Cardinal insiste… :
« Il n’est donc pas possible de trouver des « valeurs humaines » ou des « valeurs positives » dans des formes d'union qui sont objectivement contraires à l'Évangile, comme la Relatio Synodi affirme [de manière dubitative] (RS 41). Bien que la Doctrine Catholique n'a jamais réduit le pécheur à son péché — parce que le Seigneur n'a jamais fait cela — il déclare néanmoins que c’est contraire à la Révélation de penser que l'on pourrait trouver du « bon » dans les relations pécheresses. Ces relations et ces actes coupables, dit Sarah, sont « intrinsèquement mauvais et ce, en raison de leur objet même, indépendamment des circonstances et des raisons cachées de la personne qui agit ».
Avec ce témoin et critique Catholique convaincant, le Cardinal Sarah déclare que l'Église Catholique en Afrique va alors résister à la tentation de modifier l'enseignement moral de l'Église. Il décrit les coutumes de son propre peuple et termine avec la déclaration solide suivante :
« Dans leur sagesse, nos aînés nous ont appris, lorsque nous étions enfants, qu’afin d'éviter de rencontrer des bêtes sauvages dans la forêt, il était nécessaire de parler fort, qu’il était nécessaire de chanter le long du chemin pour faire fuir les animaux sauvages du chemin qui était fréquenté par les êtres humains. Si, le long des voies de l'Église, la voix des disciples du Christ proclame clairement l'Évangile de la Famille, les bêtes sauvages qui cherchent à la détruire fuiront, empêchant ainsi les familles qui sont déjà blessées d'être achevées par leur férocité ».
Mgr Barthélemy Adoukonou est le deuxième prélat dans le livre qui a abordé les documents préparatoires actuels pour le Synode. Mais, dans son propre essai, il se concentre en particulier sur l'Instrumentum Laboris (document de travail) qui incorpore lui aussi le texte du Rapport Final du Synode de l’année dernière (Relatio Synodi) en tant que « composante de base ». Cet Instrumentum Laboris servira désormais de base de discussion lors du prochain Synode en octobre à Rome.
Dans sa critique, Adoukonou soulève la grave question concernant ces parties du texte du dernier Synode qui ont été contestées et qui ont même été rejetées par les membres du Synode et qui sont toujours inclus dans le document de Synode actuel. Il dit : « Mais on peut peut-être être un peu perplexe par le fait que ces textes [du Relatio Synodi], qui n'ont pas été adoptés sans difficulté et qui n'ont pas reçu l'approbation des Pères Synodaux en tous points — ont été envoyés au Peuple de Dieu comme Lineamenta et, comme tels, [sont] susceptibles de recevoir de nouvelles contributions et critiques — « ils ont tout simplement été reproduits dans l'Instrumentum Laboris, comme si les gens n’avaient pas été impliqués dans la réflexion à leur sujet ».
Cet évêque aussi voit un grave défaut dans le fait que le document de travail du Synode ne va pas aux racines du problème à savoir pourquoi la famille est aujourd'hui dans une telle crise. Alors que le texte « utilise les ressources de presque toutes les sciences humaines et sociales pour mettre en contexte le thème de la famille d’aujourd'hui, il n’apporte pas d’éclairage sur l'arrière-plan le plus important, à savoir, les choix historiques qui ont conduit à cette catastrophe ». Il souligne ensuite à juste titre que l'on ne peut pas résoudre le problème quand on ne comprend pas comment les choses ont commencé à dévier. Adoukonou voit que les mauvais choix étaient non seulement au niveau philosophique « mais aussi et surtout au niveau spirituel et existentiel » et qu'ils « sont résumés dans la décision consciente de l'homme d’exclure Dieu de sa pensée et de sa vie quotidienne ». Pendant que l'homme rejetait Dieu, il a inventé des « paradigmes socio-anthropologiques, culturels, économiques et politiques différents qui, devenant mondiaux, mènent progressivement à la destruction active de la famille ».
En outre, face aux dangers d’« un islamisme militant radical » et « d'une certaine civilisation occidentale qui est laïque, hédoniste, jouisseuse et consumériste » l'Afrique et d'autres régions dans le monde qui cherchent à préserver la Foi sont aussi dans le besoin d'un fort soutien et d’une orientation morale de l'Église. « Si elle [l'Église] omettait de le faire, elle compromettrait dangereusement l'avenir du Christianisme dans ces régions qui sont contestées avec force aujourd'hui » avertit l'évêque. Il décrit le devoir de l'Afrique : « de se démarquer de cette civilisation postmoderne » ; et il voit que l'Europe, qui « nie ouvertement ses racines Chrétiennes, fournit un terrain fertile, non seulement pour l'athéisme radical du postmodernisme, mais aussi pour une forme non moins radicale d’Islamisme ». Adoukonou parle à juste titre du « péché originel de la postmodernité » auquel l'Église ne devrait pas s’accommoder. Et il insiste : « Nous devons nous convertir à Dieu et nous demandons au monde de se convertir à la Miséricorde de Dieu. Il nous semble qu’il n'y a pas d'autre moyen ».
Dans ce contexte, l'évêque critique fortement l'Instrumentum Laboris pour sa description des Évangiles comme étant un fardeau quand il dit : « Partout où le document représente l'Évangile comme un fardeau ou [comme] un idéal inaccessible, il est impossible d’y pointer l'objectif final vers lequel nous aimerions conduire les soi-disant « valeurs culturelles » qui sont décrites, dans un tour de rhétorique étonnante mentionnée comme des « semences du Verbe » ( n ° 99). Une anthropologie ancrée dans un athéisme obligatoire n’arrivera jamais à l'Homme Nouveau que le Christ représente ».
En outre, lorsque le document de travail parle d'une « nouvelle sensibilité » envers ces couples qui vivent dans une union irrégulière (article 98), Adoukonou répond avec une forte indignation :
« Est-ce que cette nouvelle sensibilité qui est censée être une partie de la pratique pastorale aujourd'hui, a-t-elle été discernée elle-même à la lumière de l'Esprit du Crucifié que nous venons juste de mentionner, ou est-ce une norme dérivée de la mise en forme de l'homme postmoderne, qui, comme nous le savons, est déterminé à lutter contre Dieu ? »
À ses yeux, cette section « contient des éléments qui sont très discutables et même en contradiction avec la Doctrine Catholique ». Il se demande, par exemple, si nous avons maintenant à « affirmer une « nouvelle sensibilité » qui est maintenant normative, en reconnaissant les « aspects positifs » dans les situations de péché » ? La même chose s’applique, selon Adoukonou, à l'idée de trouver soudainement ou progressivement des « semences du Verbe » dans la cohabitation ». Il souligne à juste titre le problème d'une telle expression : « Si elle [la civilisation] a rejeté Dieu et Jésus-Christ, pouvons-nous encore parler logiquement de « semences du Verbe » ? C’est avec cette importante question qu’ Adounonou termine son essai.
Les Catholiques du monde entier peuvent profiter de ces analyses par deux sages prélats africains dont le point de départ est le Christ Crucifié. Avec ce critère de la Foi en vue, ils voient plus clairement ce qui manque dans ces différents documents du Vatican qui sont censés être préparatoires pour le prochain Synode sur la famille. Le Cardinal Sarah et Mgr Adoukonou devraient être particulièrement honorés pour leur témoignage Catholique solide, pour leur amour fidèle et leur courage de dénoncer des documents officiels de l'Église qui sont, objectivement parlant, une source de confusion et même de déloyauté progressive à l'Enseignement du Christ.
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