Le 6 août 2015
SOURCE : Catholic Stand
Dans le cadre du sondage de la maison Pew Research de mai 2015 ayant pour objet le « Changement du paysage religieux en Amérique : les Chrétiens diminuent fortement en tant que pourcentage de la population », les grands médias traditionnels n’ont pas tardé à se précipiter sur la notice nécrologique de l'Église en première page en Amérique : « Le Progressisme Libéral a finalement gagné la bataille. L'Ère du Verseau se lève ... »
Et je suis sûr que c’est de cette façon que se sont sentis plusieurs libéraux-progressistes, au moins ceux qui croient que tout est relatif en morale, aussi ceux qui préfèrent la valeur de la rectitude politique à la liberté d'expression, ceux qui préfèrent être libres de la religion plutôt que la liberté de religion, ceux qui étiquettent l'avortement comme des « soins de santé », ceux qui considèrent le sexe et l'identité raciale comme étant un « choix » et ceux qui considèrent l'accès sans entrave à la licence sexuelle comme étant la seule « liberté Américaine » digne à défendre à tout prix.
Pour beaucoup de ces gens, et ils existent dans un nombre alarmant, l'Église Catholique Romaine et les principales Églises Protestantes ont longtemps présenté quelque chose comme un barrage qui bloquait leur liberté. Le sondage Pew a montré que le barrage se fracturait. L'eau s’est mise finalement à couler. Que la liberté retentisse.
Mais un problème avec le Progressisme est que sa grande marche vers l'avenir l’aveugle souvent du passé.
Par chance ou peut-être par Divine Providence, quand cette étude de Pew est sortie, je me trouvais à lire le classique « The Everlasting Man » (L’homme Éternel) de GK Chesterton 1925. J’y ai fait l’expérience de l'annonce de la disparition du Christianisme au 21ème siècle en parallèle avec les cogitations de l’auteur sur le déclin de l'Empire Romain dans les années menant à la naissance du Christ.
Les similitudes sont surprenantes. Dites-moi si ça ne ressemble pas à l’Amérique (et l'Europe, aussi) de 2 015 :
« ... Les vices grecs, les vices orientaux, les indices des vieilles horreurs des démons antisémites ont commencé à remplir les fantaisies de la Rome décadente, grouillant comme des mouches sur un tas de fumier. La psychologie de tout cela est suffisamment humaine pour quiconque veut essayer de faire l’expérience de voir l'histoire de son intérieur. Il vient une heure dans l'après-midi où l'enfant est fatigué de « faire semblant » quand il est las d'être un voleur ou un Peau Rouge. Ensuite, c’est à ce moment-là qu’il fait souffrir le chat. Il arrive un moment dans le train-train d'une civilisation ordonnée où l'homme est fatigué de jouer à la mythologie et à prétendre qu'un arbre est une jeune fille ou que la lune fait l'amour à un homme. L'effet de cette vieillissement est le même partout ; on le voit dans la consommation de drogues, dans la consommation d’alcool à la goutte et dans toute autre forme, on voit cette tendance à augmenter la dose. Les hommes cherchent des péchés plus étranges ou des obscénités plus étonnantes pour stimuler leurs sens blasés. Ils cherchent auprès des folles religions orientales pour la même raison. Ils essaient de poignarder leurs nerfs à la vie même si ça devait être avec les couteaux des prêtres de Baal. Ils marchent dans leur sommeil et essaient de se réveiller eux-mêmes avec des cauchemars »
L'Église contemporaine n’est pas seule à décliner. La famille est en déclin. La morale est en déclin. Le mariage est en déclin. La classe moyenne est en déclin. La liberté est en déclin. La décence publique et privée sont en déclin. L'autosuffisance est en déclin — et la dépendance envers le gouvernement à la hausse — et c’est aussi le moment où la confiance envers le gouvernement connaît sa plus forte baisse dans l'histoire Américaine. Quand plus de 60% des électeurs admissibles choisissent de ne pas se donner la peine d’aller voter, comme ce fut le cas en 2014, la démocratie Américaine est clairement en déclin ...
Quasiment toutes les institutions traditionnelles de la culture Américaine — la culture européenne aussi, de fait toute la Culture Occidentale — sont tirées vers le bas par le même « vieillissement » qui a sévi dans l'Empire romain dans ses années de déclin. Nous avons atteint l'après-midi de notre civilisation ordonnée. La Culture Occidentale est blasée et nous nous comportons mal. Avec des conséquences désastreuses.
Dans un accès de colère progressiste, nous éjectons les valeurs qui ont jadis assuré la stabilité de notre culture. Tout sens ayant une signification partagée se désagrège autour de nous et, à sa place, il se lève une compulsion commune à « augmenter la dose ».
Malgré le fait que les Américains ne représentent que quatre pour cent de la population globale, nous consommons deux tiers de toutes les drogues illicites dans le monde. L’industrie de la pornographie dans son ensemble gagne plus de revenus à chaque année que Microsoft, Google, Amazon, eBay, Yahoo, Apple, Netflix, EarthLink combinés ! Avec 89% de tous les sites porno dans le monde — et donc la part du lion de ces recettes — ils se sont installés ici aux États-Unis. Avec nos titres dans les grands médias qui affichent à la une des « péchés étranges ou des obscénités les plus surprenantes » des Olympiens à l’ambiguïté sexuelle, des Pop-Stars aux danses lascives, des célébrités d'Hollywood et d’autres sujets du même acabit, la ligne de démarcation entre les « Nouvelles », le « Divertissement », le « Spectacle » et les « Atrocités » est brouillée.
L'enquête Pew sur la religion, étroitement ciblée comme si c’était une seule facette de la vie américaine, prise hors contexte de sa plus grande réalité culturelle, a conduit les critiques de l'Église, et même beaucoup de Chrétiens, à se demander « Qu'est-ce qui ne fonctionne pas dans le Christianisme ? » — et son corollaire « Que peut faire l'Église pour être plus populaire ? »
Mais ce sont complètement de mauvaises questions. Ce que les Chrétiens sages et compatissants ont besoin de demander dans le cadre de l'étude Pew est : « Qu'est-ce que l'Église peut faire pour aider à éviter la chute à venir ? Est-ce que la Culture Américaine / Européenne / Occidentale peut être sauvée ? »
Je pense qu'elle le peut. Et, étonnamment, notre meilleur indice quant à la façon d'accomplir cet objectif peut être trouvé dans l'athéisme !
Une fois de plus, l’auteur GK Chesterton écrit encore au sujet de ces dernières années de l'Empire Romain :
« L’athéisme est devenu vraiment possible dans ce temps anormal ; l'athéisme est une anomalie. C’est non seulement la négation d'un dogme. C’est l’inversion d’une hypothèse inconsciente dans l'âme ; le sens qu’il y a une signification et une direction dans le monde qu’elle voit. Lucrèce, le premier évolutionniste qui cherchait à remplacer l’évolution à la place de Dieu, avait déjà fait miroiter devant les yeux des hommes sa danse scintillante des atomes par laquelle il concevait le cosmos créé par le chaos. Mais ce ne fut sa haute poésie ou sa triste philosophie, comme je l’imaginais, qui a permis aux hommes d’entretenir une telle vision. Il avait quelque chose d’un sentiment d'impuissance et de désespoir qui amenait les hommes à secouer leurs poings en vain vers les étoiles quand ils ont vu tous les meilleurs oeuvres de l'humanité sombrer lentement et désespérément dans un marécage. Ils pouvaient facilement croire que même la création elle-même n’était pas une création mais une chute perpétuelle, lorsqu’ils ont vu les plus importantes et les plus dignes de toutes les créations humaines tomber de leur propre poids. Ils pouvaient imaginer que toutes les étoiles étaient des étoiles en chute libre ; que les piliers même de leurs propres portiques solennels se courbaient sous une sorte de déluge progressif. Pour les hommes dans une telle humeur, il y avait une raison pour que l'athéisme ait un certain sens raisonnable. La mythologie pouvait s’estomper et la philosophie se contracter; mais si, derrière ces choses, il y avait une réalité, sûrement que cette réalité pourrait soutenir ces choses qui s’enfonçaient. Il n'y avait pas de Dieu ; s’il y avait eu un Dieu, sûrement que ça aurait été le moment où il aurait œuvré et sauvé le monde. »
Dans un récent article paru dans le Imaginative Conservative (Conservateur Imaginatif), le Père Dwight Longenecker fait cette remarque en ce qui concerne le Nouvel Athéisme d'aujourd'hui (comme adopté par Richard Dawkins, Daniel Dennett, Christopher Hitchens, et al) et son expression culturelle dans le matérialisme effréné :
« Au fin fond, le matérialisme est cette philosophie qui suppose et affirme qu'il n'y a rien de plus que le monde matériel ». Ce que vous voyez, c’est ce que vous avez » (Inspiré d’une expression très connue : « What you see is what you get). Le vrai matérialiste ne croit pas en la vie après la mort, le ciel, l'enfer, les démons, les anges, les miracles et « tout ces trucs médiévaux ». Au lieu de cela, il veut « tous les trucs modernes » et par cela il veut dire les gadgets, les bonbons, les trésors, et pas seulement la maison, mais le chalet au bord de l’eau, le chalet à la montagne, la maison de plage et la maison de location. Il veut des matériaux de plus en plus et toujours plus parce que ces genres de choses sont les seuls trucs qu’il croit qui sont réels ».
« La tragédie est que ce matérialisme athée américain est salué comme non seulement comme le droit chemin, mais comme le seul chemin. Nous adorons le dollar tout-puissant, pas la Divinité Tout-Puissante et notre matérialisme est autant une forme d'athéisme socialement accepté — oui obligatoire — comme l'athéisme communiste a été accepté et attendu en Russie soviétique ».
« ... S’il n'y a rien que le monde matériel, alors parce que tous les choses matérielles mourront et pourriront éventuellement en poussière, le matérialisme est finalement une croyance de désespoir ».
Le désespoir est donc notre indice. Si nous pouvions prendre une radiographie spirituelle de l'Amérique, de l'Europe, de la Culture Occidentale — et faire un spectre complet, un diagnostic en trois dimensions avec un scan de résonance magnétique — je soupçonne que nous trouverions du désespoir comme un cancer qui ronge chaque partie de la société que nous voyons se dissoudre dans la décadence de notre temps.
Non seulement l'athéisme matérialiste, non seulement la perte de la croyance en Dieu, mais, dans toute ambiguïté sexuelle, dans toute dépendance à la drogue, dans toute dépendance à la pornographie, dans l’obsession avec le sexe, dans le culte des célébrités, dans l’organe de propagande favorisant les avortements et faisant partie de notre corps politique occidental de 21e siècle. C’est nous qui nous nous dissolvons et qui amenons notre monde avec nous en secouant nos poings en vain vers les étoiles alors que toutes les meilleures oeuvres de l'humanité s’enfoncent lentement et désespérément dans un marécage.
L’opinion de Chesterton dans The Everlasting Man est que c’était le moment où le monde antique en effritement cria de sa plus grande lassitude : «... S’il y avait eu un Dieu, sûrement ça aurait été le moment où Il aurait oeuvré et sauvé le monde ». Eh bien Dieu a répondu à ce cri par Son Incarnation en la Personne de Jésus-Christ. Quand tout semblait perdu, la vie, la mort et la résurrection du Christ a sauvé le monde.
Je me reporte maintenant à notre époque où le Corps du Christ est sur terre, l'Église dans laquelle vous, moi et tous les Chrétiens participent, a le pouvoir de sauver le monde à nouveau.
Mais le désespoir a cheminé dans nos propres rangs tout autant. Dans le même article du Imaginative Conservative, le Père Longenecker diagnostique habilement les maux qui affligent l'Église du 21e siècle :
« Le plus étonnamment, cette philosophie athée et matérialiste a pris le pouvoir sur la plupart des églises Chrétiennes. Les Protestants traditionnels, une majorité de Catholiques et une proportion croissante en hausse de Protestants Évangéliques ont approuvé et adopté une forme religieuse de l'athéisme matérialiste ».
« Embarrassés par le surnaturel, les enseignants et les prédicateurs Chrétiens ont progressivement et doucement démystifié la religion de sorte que ... la Chrétienté Américaine ne porte plus sur le salut des âmes, mais sur le développement personnel et la justice sociale ... »
« ... Une des principales raisons que les gens quittent les églises Chrétiennes en Amérique n’est pas parce que les églises sont trop religieuses, mais parce qu'elles ne sont pas religieuses du tout ».
L'Église n’est peut-être pas morte comme les médias sont si rapides à le déclarer suite à l'enquête Pew Research sur la religion. Mais elles nous semblent être en train de dormir — et en train de partager le même rêve désespéré et matérialiste que les somnambules non-Chrétiens autour de nous.
Il est temps pour le Corps de Christ de se réveiller et de sauver le monde. Si nous pouvons suivre la prescription du Père Longenecker pour la restauration de l'Église, je crois que l'Église peut devenir le médicament qui guérira le monde. Voici donc sa prescription :
« ... La réponse est un retour à la mystique, au monachisme ( état de moine ; institution monastique ), à la contemplation, à la prophétie, à la poésie et à la prière. Alors seulement la métaphysique montera jusqu'au physique, et alors seulement, nous nous détournerons de l'athéisme matérialiste, non par la force des arguments, mais par l'expérience bouleversante de la beauté ».
Nous avons besoin d'un renouveau, d’une nouvelle effusion de l'Esprit Saint à tous les membres du Corps du Christ et, à travers nous, tout droit sur chaque personne en Amérique, en Europe et tout le monde entier. L'Église Catholique précisément, nous tous les individus Catholiques dans les bancs, avons besoin de secouer notre torpeur et de rouvrir nos cœurs et nos esprits à la vie après la mort, au ciel, à l'enfer, aux démons, aux anges, aux miracles et à « tous les trucs médiévaux ».
Les athées que je rencontre sur les médias sociaux répètent toujours le même appel désespéré : « PROUVEZ que Dieu est réel ! ... PROUVEZ que Dieu est réel ! ... »
Le jour doit survenir, et bientôt, lorsque les Chrétiens pourront en toute confiance répondre à de telles demandes en montrant l'Église, Corps vivant du Christ sur la terre, aux athées, aux hédonistes, aux matérialistes et à toutes les personnes désespérées. Et nous voyant, ils répondront : « Je vois maintenant. Je le vois. Bien sûr, Dieu est réel ... »
Ce sera le jour où tout changera. Nous avons juste à y parvenir à partir d’où nous sommes aujourd'hui.
Je crois que la renaissance vient. Le véritable effritement de notre culture atteint les oreilles de Dieu comme un appel à l'aide. Il va répondre, comptez-y.
Quand Il le fera, serez-vous prêts ?
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