par : Dr. Jeff Mirus ( Droit Canon)
Le 3 mars 2017
SOURCE : Catholic Culture
Il existe une question courante parmi les Catholiques d’aujourd'hui : « Qu'est-ce que le Saint-Esprit a fait pendant le Conclave qui a élu Jorge Bergoglio comme Pape François ? » La réponse, bien sûr, est que le Saint-Esprit faisait ce qu'il fait toujours, à savoir inciter tous les participants à voter pour le bien de l'Église tout comme Il a incité tous les intéressés à se faire une bonne compréhension du bien de l'Église. Mais le Saint-Esprit ne choisit pas le Pape ; c’est laissé aux caprices des hommes et aux caprices de leur réponse à la grâce.
En d'autres termes, le Saint-Esprit n'organise pas les votes pour que le meilleur candidat soit élu. Il n'y a aucune garantie que le choix reflète la Volonté active de Dieu bien que le choix d'un homme particulier comme Pape sied évidemment à la Volonté permissive de Dieu. Pour rendre la chose brève, les inspirations du Saint-Esprit sont aussi certainement réelles qu'elles sont fréquemment résistées.
Heureusement, l'Église Catholique jouit de certaines garanties Divines, mais elles ne sont pas nombreuses. Le Christ a promis d'être avec l'Église jusqu'à la fin des temps et que les portes de l'enfer ne prévaudraient pas contre Elle. Cela signifie essentiellement que le Saint-Esprit ne permettra pas que la Constitution Divine de l'Église soit perdue (comme la disparition de la hiérarchie Catholique), que la plénitude de tous les moyens de salut sera toujours disponible dans l'Église, que les Sacrements de l'Église seront toujours de puissantes sources de grâce, que les enseignements magistraux de l'Église seront totalement exempts d'erreur et que l'Église restera le Corps Mystique du Christ sous la direction de Notre Seigneur Lui-même représenté ici sur terre par son Vicaire successeur de Pierre.
Pièges électoraux
Mais encore une fois, le Saint-Esprit ne garantit pas que le candidat le plus souhaitable sera élu Pape. Il empêche également les électeurs (actuellement membres du Collège des Cardinaux de moins de 80 ans) de succomber à d'autres influences : l'ignorance, le mensonge, la partialité personnelle, les objectifs mal conçus et les tentations de toute nature, y compris celles qui sont politiques et financières. Il y a eu des périodes dans l'histoire de l'Église au cours desquelles la fonction pontificale a été essentiellement achetée et vendue par l'influence de dirigeants politiques puissants ou de familles puissantes.
Parmi les faiblesses à l’oeuvre chez les Cardinaux électeurs, un facteur qui est toujours présent est l'ignorance. Les Cardinaux, choisis dans le monde entier, ne peuvent pas, dans la plupart des cas, bien se connaître. Ils doivent souvent voter sur la base d'impressions incomplètes ou même inexactes des forces et des faiblesses des différents candidats (les uns les autres). Ils voteront souvent pour un candidat particulier basé sur des hypothèses au sujet de ses intérêts et capacités qui se révèlent être incorrects. Beaucoup de Cardinaux s'appuieront principalement sur les impressions et les conseils des autres en qui, sagement ou imprudemment, ils placent leur confiance.
Tout cela est historiquement évident, compte tenu des nombreux hommes déficients qui ont été élus à la papauté au cours des siècles. Un grand nombre de Papes ont été singulièrement saints (81 ont été canonisés et il y a des causes de canonisation pour quatorze autres), mais parmi les 171 qui n'ont pas été canonisés, il y en a pour qui ça n’a pas aussi bien fonctionné, dû à des circonstances hors de leur contrôle ou à leurs propres faiblesses et péchés. Voici quelques exemples :
Pape Libère (352-356) : Sous la pression politique et théologique des Ariens, le Pape Libère condamne le chef des Orthodoxes, Saint Athanase. Pour s’en sortir, il a également signé une déclaration équivoque qui pouvait être interprétée à la fois de façon Arienne ou de façon Catholique. Il a enduré l'exil avec un certain courage, mais il fut le premier Pape après Saint Pierre qui n'a jamais été reconnu comme un saint.
Le Pape Étienne VI (VII) (vers 896-897) : Vivant lui aussi dans une période de troubles politiques et d'influences dans l'Église, le Pape Étienne a exhumé et mis en jugement le corps d'un de ses prédécesseurs (le Pape Formose). Alors il le condamna, enleva le cadavre de ses vêtements, lui coupa deux doigts et jeta le corps dans le Tibre. (Le décalage dans la numérotation des Papes nommé Étienne s’est produit parce que six hommes ont été élus et ont pris le nom d'Étienne, mais seulement cinq d'entre eux ont vécu réellement assez longtemps pour servir comme Pape ).
Le Pape Saint Célestin V (1294) : Ce saint moine était un administrateur inepte. Il a démissionné en tant que Pape au milieu d'agitations six mois après son élection.
Pape Jean XXII (1316-1334) : L'un des malheureux Papes d'Avignon, Jean XXII a exprimé l'opinion fausse dans ses sermons et ses lettres que ceux qui sont sauvés ne jouissent de la vision béatifique qu'après le Jugement Dernier. Cependant, il ne l'a pas enseigné magistralement, et plus tard il s'est rétracté de cette opinion.
Le Pape Alexandre VI (1492-1503) : C'était le fameux Pape Borgia, élu par l'influence d'une puissante famille Italienne, coupable à la fois de népotisme et d'avoir des enfants avec sa maîtresse. D'autres Papes élus dans la période de la Renaissance se sont livrés à diverses formes d'opulence et / ou ont mené des guerres pour favoriser leurs intérêts. Une réforme sérieuse ne s'est produite que lorsque le Pape Paul III a appelé ce qui deviendrait le Concile de Trente dont les décisions ont été mises en œuvre par le Pape Saint Pie V (1566-1572).
Le Pape Jean Paul I (1978) : On peut présumer que ce n'était pas sa faute, mais le premier Jean Paul est mort après une papauté de seulement 33 jours. Ici, peut-être, nous pouvons avoir une idée de la Providence Divine à l’oeuvre : les choses les plus mémorables sur lui étaient son sourire et son attrait pour les œuvres de Mark Twain ; sa mort a ouvert la voie à l'élection du Pape Saint-Jean-Paul II à une époque extraordinairement dangereuse dans l'histoire Catholique.
Plus de Papes pourraient être énumérés ; le but est simplement d'illustrer qu'il n'y a pas de garanties.
Providence divine
Bien sûr, la Divine Providence est à l’œuvre dans tout ce qui se passe dans l'Église et dans le monde. Nous savons que rien ne se produit sans au moins la Volonté permissive de Dieu, qui est tellement au-dessus de nous dans sa capacité qu'Elle n'a aucune difficulté à tout transformer à ses fins ultimes. Étant en dehors du temps, Dieu voit tout « à la fois », pour ainsi dire. Il n'est pas confondu ou abattu au point d’être sidéré ; et il n'a pas à se « réajuster ». Au contraire, Sa Providence englobe tout selon Son propre plan, sans empêcher la liberté humaine.
Nous reconnaissons rarement que les mauvaises choses servent les desseins de Dieu, mais nous n’en sommes pas complètement ignorants non plus. Nous savons que les maux présents ne sont pas en quelque sorte bons parce qu'ils sont englobés par la Providence, et nous pouvons souvent voir dans nos propres vies comment ce qui est mauvais peut servir Son but. Ce dernier point est vrai parce que chaque chose qui nous touche donne une nouvelle occasion de répondre d'une manière qui augmente notre union avec Dieu. Souvent, en effet, les difficultés et les pertes peuvent nous pousser dans cette direction plus facilement qu'une petite promenade en douceur. Il en est de même de nos péchés. Je me réfère encore, comme je le fais souvent, aux paroles de Saint Paul aux Romains : « Nous savons que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu'Il a appelés selon son plan ». (8, 28).
Enfin, nous devons nous rappeler que le Saint-Esprit est continuellement actif et sait certainement ce qu'il fait — même quand Ses grâces sont refusées. Parfois nous pouvons apercevoir un certain schéma des choses, ou du moins imaginer un bon résultat, mais sans proclamer que c’est certain. De même que la mort rapide de Jean-Paul I a ouvert la voie à l'élection de l'un des plus grands Papes de l'histoire, il est également possible que nos Cardinaux actuels considèrent le pontificat actuel comme une leçon effrayante en permettant au Christianisme de servir les valeurs séculaires de l'Occident en déclin.
L’expérience immédiate de ce pontificat peut s'avérer être une cause secondaire puissante. Est-ce le prochain Conclave se tournera vers les églises jeunes et dynamiques ? Les Cardinaux appelleront-ils le successeur du Pape François hors d'Afrique ? Dieu seul le sait. Mais le Saint-Esprit ne se lasse pas ni non plus l'espoir Chrétien ne déçoit. Notre travail consiste à prier, à travailler et à faire confiance.
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