Par : Roberto de Mattei, vaticaniste
SOURCE : Rorate Caeli
Traduction de l'Italien vers l'Anglais : Contributrice Francesca Romana
L’historien Italien Roberto de Mattei, dont nous publions ici le texte ici, était à Washington, DC, le 27 mars 2017. Voici ses notes de conférence, elles méritent votre lecture :
Roberto de Mattei
Le Cosmos Club — Washington.
Le 27 mars 2017
Les anniversaires en 2017
Tout comme dans la vie des hommes, les anniversaires sont célébrés dans la vie des peuples. Et l’année 2017 est pleine d'anniversaires ; ce ne sont toutefois pas tous des anniversaires qui méritent un gâteau avec des bougies.
L’anniversaire le plus mentionné a été celui de Martin Luther. Cinq cents ans se sont écoulés depuis le 31 octobre 1517 quand Luther afficha ses 95 thèses sur la porte de la grande Cathédrale de Wittenberg. C’est une action qui mettra en mouvement la soi-disant Réforme Protestante et qui marquera la fin de la Chrétienté Médiévale.
Deux siècles plus tard, le 29 juin 1717, la Grande Loge de Londres a été fondée. Cet événement est considéré comme la naissance de la Franc-Maçonnerie Moderne qui, à son tour, est directement reliée à la Révolution Française. Les Loges Maçonniques, en effet, ont été les laboratoires intellectuels et opérationnels dans lesquels la Révolution de 1789 a éclos.
Le 26 octobre ou le 7 novembre 1917, selon que le calendrier Grégorien ou Julien est retenu, le Parti Bolchevique de Lénine et de Trotsky occupait le Palais d'Hiver à Saint- Pétersbourg. Ainsi, la Révolution Russe est entrée dans l'histoire et a encore à la quitter.
1517, 1717 et 1917 sont alors trois dates symboliques, trois événements qui font partie d'un processus unique. Pie XII, dans son discours aux hommes de l'Action Catholique, le 12 octobre 1952, l’a résumé comme ceci : « Le Christ, oui, l’Église, non ; (La Révolution Protestante contre l'Église) ; ensuite Dieu, oui, le Christ, non ; (La Révolution Maçonnique contre les principaux mystères du Christianisme) ; enfin le cri impie : Dieu est mort ou plutôt : Dieu n'a jamais existé (la Révolution Communiste athée). Et ici — conclut Pie XII — c’est la tentative d’échafauder la structure du monde sur des fondations que nous n’hésitons pas à souligner comme les principales responsables du danger qui menace l'humanité ».
Trois étapes d'un processus unique qui atteint maintenant son apogée. L'Église a appelé la Révolution, avec un R majuscule, pour décrire son essence métaphysique et historique et son importance séculaire.
Pourtant, cette année, il y a un quatrième anniversaire qui, jusqu'à présent, a été très peu discuté. L’Année 2017 est aussi le premier Centenaire des Apparitions de Fatima et c’est à la lumière du Message de Fatima que je propose d'examiner les trois Révolutions qui sont commémorées cette année.
Certains éléments importants à ne pas oublier
Le premier élément à souligner est que nous ne parlons ici que de faits historiques.
Les Apparitions de Notre-Dame de Fatima, entre le 13 octobre et le 13 mai 1917, sont un fait historique objectif, pas une expérience religieuse subjective de Notre-Dame qui apparaît à trois petits bergers.
Les historiens imbus de rationalisme, y compris de nombreux Catholiques, voudraient expulser tout ce qui est surnaturel de l'histoire — les miracles, les révélations et les messages célestes — les consignant dans la sphère privée de la Foi. Cependant, ces miracles, ces Apparitions et ces messages, quand ils sont authentiques, font partie de l'histoire de la même manière que la guerre et la paix et tout ce qui se passe dans l'histoire et que l’histoire conserve.
Les Apparitions de Fatima ont été des événements qui se sont produits dans un lieu précis à un moment donné dans l'histoire. Ce sont des événements vérifiés par des milliers de témoins et par une enquête canonique approfondie qui a pris fin en 1930. Six Papes au 20ème siècle ont reconnu publiquement les Apparitions de Fatima, même si aucun d'entre eux n’a pleinement satisfait à leurs demandes. Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont visité le sanctuaire comme Papes, Jean XXIII et Jean-Paul I sont allés là-bas alors qu’ils étaient encore Cardinaux de même que Roncalli et Luciani. Pie XII a envoyé son délégué, le Cardinal Aloisi Masella. Tous honoraient Fatima.
Mais le message de Fatima représente un événement historique pour une autre raison : c’est une révélation privée non seulement pour le bien spirituel de ceux qui l'ont reçue — les trois petits bergers — mais pour toute l'humanité.
L'Église fait une distinction entre la Révélation publique et les révélations privées. La Révélation publique de l'Église a pris fin avec la mort du dernier Évangéliste Saint Jean. Cependant, Saint Thomas d'Aquin enseigne que les révélations et prophéties célestes continuent même après la fin de la Révélation publique, non pour compléter ou proposer de nouvelles doctrines, mais pour diriger le comportement des hommes à s'y conformer [1]. Parfois, les révélations privées sont réservées pour la perfection spirituelle de ceux qui reçoivent ces dons surnaturels. D'autres fois, comme dans le cas des Messages du Sacré-Cœur à Saint Marguerite-Marie Alacoque, ils sont orientés vers le bien de l'Église et de toute la société. Le Sacré-Cœur de Jésus est au centre des révélations de Paray-le-Monial et le Cœur Immaculé de Marie est au centre de celles de Fatima. Fatima et Paray-le-Monial sont des révélations privées pour toute l'humanité. Ils ont les caractéristiques d'une grande « direction spirituelle » que nous offre le Seigneur pour guider le comportement des hommes à certains moments de l'histoire.
Le troisième principe s’énonce du fait que quelques révélations privées, comme Fatima, ne sont pas réservées pour le bien d’individus particuliers, mais pour l'ensemble de la société dans une période historique déterminée. Les révélations privées nous aident à interpréter les temps historiques que nous vivons, mais les temps que nous vivons nous aident, à leur tour, à comprendre plus profondément l'importance des révélations. Il y a une réversibilité. S'il est vrai que les Paroles Divines projette de la Lumière dans les plus sombres âges de l'histoire, le contraire est également vrai : le cours des événements historiques nous aide à comprendre le sens, parfois obscur, des prophéties et des révélations. À l’occasion du Centenaire des Apparitions de Fatima, il est donc nécessaire de lire les Paroles de Notre-Dame à la lumière de ce qui est arrivé au cours du dernier siècle, un siècle ravagé [2], pour nous assurer que la lumière de ce message éclaire avec une plus grande clarté les ténèbres des temps que nous vivons maintenant.
La Révolution Russe de 1917
L'arrière-plan historique dans lequel les Apparitions de Fatima ont eu lieu a été une guerre terrible, historiquement appelée « La Grande Guerre » : à savoir la guerre entre 1914 et 1918 qui a vu plus de neuf millions de victimes en Europe seulement. Un holocauste de sang, défini dans la même année de 1917, par le Pape Benoît XV comme un « massacre inutile » [3]. Un massacre utile seulement à la Révolution anti-Chrétienne qui a vu dans la guerre la chance « de républicaniser l’Europe » [4] et de compléter les objectifs de la Révolution Française.
La guerre a renversé l'ordre politique qui était en vigueur en Europe depuis 1815 : celui du Congrès de Vienne qui a vu la Sainte Alliance entre les Empires de l'Autriche et de la Russie contre la Révolution libérale. Les troupes de l'Empire des Habsbourg et celles des Allemands, alignées sur le front de l'Est, ont contribué à l'effondrement de l'Empire Tsariste.
Le 3 avril 1917, un mois avant les Apparitions, le chef de la secte Bolchevique, Lénine (1870-1924), jusque-là en exil à Zurich [5], est retourné en Russie dans un wagon de train scellé mis à disposition par la chef d'état-major Allemand conjoint, qui voulait faire tomber les Russes dans un chaos complet. Lénine a mis le feu en Russie. Cependant, la fin ne justifie jamais les moyens et le chaos a balayé non seulement la Russie, mais le monde entier.
Dans la même année, le 13 janvier, 1917, un autre Révolutionnaire Russe Leon Trotsky et sa famille ont traversé l'océan Atlantique et ont atterri à New York. Antony Sutton a posé une bonne question : « Comment a fait Trotsky, qui ne connaissait que l'Allemand et le Russe a pu survivre dans l’Amérique capitaliste ? » [6]. Ce qui est certain, c’est que le Président Américain Woodrow Wilson a fourni à Trotsky le passeport pour qu’il puisse retourner en Russie pour « faire avancer » la Révolution [7]. En août, une mission de la Croix-Rouge Américaine, composée d'avocats et de financiers, est arrivée à Petrograd. La mission était en fait une mission des financiers de Wall Street pour influencer et ouvrir la voie à un contrôle des marchés et des ressources Russes, soit à Kerenski ou aux Révolutionnaires Bolchéviques [8].
Ensuite, il y a eu une convergence d'intérêts entre les militaires Allemands et les financiers Américains. Ceci a dissimulé les origines de la Révolution Russe dans un certain mystère.
La Révolution Russe, commencée par Lénine, a été réalisée en octobre en deux étapes : la première est la soi-disant Révolution de Février, qui a conduit à l'abdication du Tsar et à l'instauration d'une République libérale-démocratique, sous la direction d'Alexander Kerensky (1881 -1970).
La deuxième étape a été la Révolution d'Octobre, qui a provoqué la chute de Kerensky et l'instauration du régime Communiste de Lénine et de Trotsky. Ensuite, il s’est ouvert une saison meurtrière sans précédent dans l'histoire.
La Révolution Russe, comme la Révolution Française, fut l'œuvre d'une minorité et a été réalisée avec une rapidité surprenante, sans que personne ne soit au courant de tout ce qui se passait. John Reed, un journaliste Américain et socialiste qui a pris part à la Révolution, a écrit le livre intitulé « Dix jours qui ébranlèrent le monde » dans lequel il décrit l'atmosphère de ces jours de façon percutante :
« À première vue, tout était calme, des centaines de milliers de personnes se retirent chez elles à une heure prudente, se lèvent de bonne heure et vont travailler. À Petrograd, les tramways fonctionnent, les magasins et restaurants sont ouverts, les théâtres aussi, une exposition de tableaux est annoncée... Toute la routine complexe de la vie routinière Commune même en temps de guerre procédait comme d'habitude. Rien n’est si étonnant que la vitalité de l'organisme social — comment cet organisme persiste, se nourrit de lui-même, se vêt de lui-même, s'amuse, face aux pires calamités... » [9].
Fatima 1917
La Révolution Russe était non seulement un événement historique, ce fut un événement philosophique. Dans ses thèses sur Feuerbach (1845), Karl Marx soutient que la tâche du philosophe n'est pas d'interpréter le monde, mais de le transformer [10]. Le révolutionnaire a à démontrer dans la pratique, l'efficacité et la puissance de sa pensée. Lénine en parvenant au pouvoir, a réalisé un acte philosophique parce qu’il ne l’a pas théorisé, mais il a provoqué la Révolution. D'une certaine manière de parler, Marx et le Socialisme de Engel se sont « incarnés » dans l'histoire grâce à Lénine. La Révolution Russe apparaît alors comme une parodie diabolique du mystère de l'Incarnation. Jésus, en s’incarnant, a voulu ouvrir aux hommes les portes du Ciel : la Révolution Marxiste, a fermé les portes du Ciel afin de faire de la Terre son paradis impossible. Ce fut une éruption démoniaque dans l'histoire.
Cependant, le Ciel a répondu par une éruption du sacré sur la terre. À l'autre bout de l'Europe, au cours de ces mêmes mois, quelque chose d'autre avait lieu :
Le 13 mai 1917, à la Cova da Iria — un endroit isolé de roches et d'oliviers, près du village de Fatima au Portugal, « une dame vêtue de blanc plus brillant que le soleil, irradiant des rayons de lumière, clairs et plus forts qu’un verre de cristal rempli d'eau la plus pétillante, transpercée par des rayons brûlants du soleil » est apparue à trois enfants qui veillaient sur leurs brebis, Francesco et Jacinta Marto et leur petite cousine Lucia dos Santos. Cette dame Se révèle comme la Mère de Dieu, chargée d'un message pour l'humanité comme Elle l'avait fait auparavant à Paris, rue du Bac en 1838 et à Lourdes en 1858. Notre-Dame a donné rendez-vous aux trois pastoureaux le 13 de chaque mois jusqu'au 13 octobre. Il y a eu six Apparitions. La dernière Apparition terminée par un grand miracle atmosphérique, un sceau miraculeux du Ciel. « La danse du soleil » vue par des milliers de personnes qui ont pu le décrire en détail et qui a été vue même à 40 km de loin. [11]
À partir de ce moment, l'histoire de Fatima et de la Russie ont été étroitement liées ensemble.
L'histoire du 20ème siècle, jusqu'à nos jours, a vu la lutte entre les enfants de la Lumière et les enfants des ténèbres. Les premiers se nourrissent de ce que l'on pourrait appeler l'esprit de Fatima ; les seconds de l'esprit du prince des ténèbres, qui au XXe siècle s’est manifesté surtout sous la forme du Communisme et de ses métamorphoses.
Le Secret de Fatima
Avant d'être un endroit, Fatima est un message. Le message révélé par Notre-Dame de Fatima contient trois parties, appelées secrets, qui constitue une forme organique, un tout cohérent. La première est une vision terrifiante de l'enfer dans lequel les âmes des pécheurs sont précipitées ; la miséricorde du Cœur Immaculé de Marie contrecarre cette punition et est le remède suprême offert par Dieu à l'humanité pour le salut des âmes.
La deuxième partie implique une alternative historique dramatique : la paix — le résultat de la conversion du monde et la réalisation des demandes de Notre Dame ou bien un terrible châtiment attendra l'humanité si elle reste obstinée dans ses voies de péché. La Russie serait l'instrument de ce châtiment.
La troisième partie, divulgué par le Saint- Siège en juin 2000, étend cette tragédie à la vie de l'Église, en offrant une vision du Pape, des Évêques, des religieux et des laïcs tués soudainement par des persécuteurs. Les discussions qui se sont ouvertes ces dernières années sur ce « Troisième Secret » risque cependant d’occulter la force prophétique de la partie centrale du message résumée en deux phrases cruciales : la Russie « répandra ses erreurs à travers le monde » et « À la fin, Mon Cœur Immaculé triomphera ».
La Russie répandra ses erreurs à travers le monde
« La Russie répandra ses erreurs à travers le monde ». Le terme « erreurs » est précis : l'erreur est la négation de la vérité. La vérité existe donc et il n'y a qu'une seule vérité : celle qui est préservée et diffusée par l'Église Catholique. Les erreurs de la Russie sont celles d'une idéologie qui s’opposent à l'ordre naturel et Chrétien, en niant Dieu, la religion, la famille et la propriété privée. Ce complexe d'erreurs a un nom : le Communisme et il a son centre universel de diffusion en Russie.
Trop souvent, le Communisme a été identifié comme un régime purement politique, en négligeant sa dimension idéologique alors que c’est précisément sa dimension doctrinale que Notre-Dame met en évidence.
L’anti-Communisme du 20e siècle a souvent été limité en identifiant seulement le Communisme aux chars d’assaut Soviétiques ou aux Goulags, qui sont certainement une expression du Communisme, mais ils n’en sont pas son cœur. Pie XI, a souligné la nature perverse du Communisme idéologiquement.
« Pour la première fois dans l'histoire — a déclaré Pie XI dans son encyclique Divini Redemptoris du 19 Mars 1937 — nous assistons à une lutte froidement voulue et savamment préparée de l'homme contre « tout ce qui est divin » 2 Thess. 1.4)».
De nombreux anti-Communistes ont négligé cet aspect, sous l'illusion d'arriver à un compromis possible avec un Communisme « humanitaire », purifié de toute violence. Ils n'ont pas compris la malice idéologique intrinsèque dans le Communisme. Quelles sont les origines de cette malice idéologique ? Les Communistes eux-mêmes résument leurs erreurs dans la formule du matérialisme dialectique : l'univers consiste en de la matière en l'évolution et la dialectique Hégélienne est l'âme de cette évolution. Cette vision philosophique, panthéiste, a son expression politique dans une société sans classes. L’égalitarisme social et politique découle d'un égalitarisme métaphysique qui nie non seulement la distinction entre Dieu et l'homme, mais du fait de diviniser la matière, il nie toute distinction entre les hommes et les choses créées.
La généalogie des erreurs
Les erreurs ne naissent pas de nulle part. Les erreurs de la Russie, comme toutes les erreurs, jaillissent d’erreurs précédentes et, à leur tour, ont généré d'autres erreurs. Pour comprendre leur nature, nous devons nous demander d’où ces erreurs proviennent et où nous emmènent-elles.
Le texte de base du Communisme est le Manifeste du Parti Communiste, publié par Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895) en février 1848. Ce texte a été demandé à Marx et Engels par la Ligue des Justes, le groupe Communiste consacré aux idées ultra-jacobines de Gracchus Babeuf (1760-1797). Parmi les précurseurs directs du Socialisme, Engels compte aussi, aux côtés des Jacobins, les Anabaptistes, les « niveleurs » de la Révolution Anglaise et les philosophes des Lumières du 18ème siècle [12].
Les Anabaptistes représentent l'extrême-gauche de la Révolution Protestante, ce que l'historien George Hunston Williams (1914-2000) décrit comme la Réforme radicale, par opposition à la Réforme magistérielle de Luther et de Calvin. [13] En réalité, ce n’était pas de l'opposition, mais du développement : ce qui caractérise toutes les Révolutions consiste dans leurs potentialités qui sont contenues dans leur instant génétique et, ainsi, les principes à l'origine de l'Anabaptisme origine de l'impulsion que Luther avait imprimée dès le début sur la Révolution religieuse du 16ème siècle.
Le professeur Plinio Corrêa de Oliveira (1908-1995) a fait remarquer que :
« Comme les cataclysmes, les mauvaises passions ont un immense pouvoir mais seulement pour détruire. Dès le premier instant de ses grandes explosions, ce pouvoir a déjà le potentiel pour toute la virulence qu'il manifestera dans ses pires excès. Dans les premiers démentis par le Protestantisme, par exemple, les aspirations anarchiques du Communisme étaient déjà implicites. Alors que Luther était, du point de vue de ses formulations explicites, pas plus que Luther, toutes les tendances, l'état de l'âme et les impondérables de l'explosion Luthérienne portaient déjà en eux, authentiquement et pleinement, même si c’était implicitement, les esprits de Voltaire et Robespierre et de Marx et de Lénine ». [14].
Nous devons insister sur le deuxième point ici. Il est vrai que « les idées ont des conséquences » [15], mais ce ne sont pas toutes les conséquences qui sont cohérentes avec les intentions. Le philosophe Allemand, Wilhelm Wundt (1832-1920), a inventé l'expression l’« hétérogonie des finalités » (Heterogonie der Zweck,) pour décrire les contradictions qui existent souvent entre les intentions de l'homme et les conséquences de ses actes. Cette hétérogonie des finalités est typique de toutes les utopies qui, en niant la réalité, sont vouées à être contredites par celles-ci.
Luther, par exemple, a théorisé la « Foi seule », niant toute valeur à la raison humaine. Pourtant, en même temps, il a nié l'autorité de l'Église, au nom de la Sola Scriptura, interprétée selon le principe du libre examen. Les Anabaptistes Italiens, dénommés Sociniens parce qu'ils suivent les idées des hérétiques de Sienne, Lelio (1525-1562) et Fausto Sozzini (1539-1604), attribuent le rôle principal à la raison, démolissant ainsi les mêmes textes de l’Écriture Sainte avec leur critique.
Le Socinianisme est une forme de Protestantisme radical qui a quitté l'Italie pour la Pologne, où il a prospéré entre le 16e et 17e siècles ; ensuite, il a émigré aux Pays-Bas et d’Hollande, il arriva en Angleterre au moment de la Révolution Anglaise. Le Socinianisme est le point de passage entre les sectes religieuses de types Anabaptistes dans les 17e et 18e siècles et les sectes philosophiques de structure Maçonnique du 18ème siècle. Dans le « Temple laïc » des vertus sociales — la loge Maçonnique — le culte de la nouvelle éthique libérée des liens de tous les dogmes et de la morale religieuse a été pratiqué.
Les relations entre le Socinianisme et la Franc-Maçonnerie peuvent être suivies à travers la figure de John Toland (1670-1722), auteur de l'œuvre intitulée Pantheisticon (1720 ) — dans laquelle il illustre la doctrine et l'organisation d’une société de « sodales socratiques », qui étaient présentés comme des centres non seulement pour la discussion philosophique et politique, mais aussi pour une introduction ésotérique au Panthéisme et qui proposait à leurs membres la réalisation d'une république égalitaire, libre de toute forme de « superstition religieuse » [16]. Le Panthéisme et l'égalitarisme sont toujours connectés.
En 1723, après la fondation de la Grande Loge, un pasteur presbytérien, James Anderson a publié les Constitutions des Francs-Maçons. Ce travail a été réédité en 1734 à Philadelphie par Benjamin Franklin (1706-1790), qui a été élu Grand Maître des Francs-Maçons de Pennsylvanie cette année-là. En décembre 1776, Franklin a été envoyé en France en tant que commissaire pour les États-Unis. Au cours de son séjour en France, Benjamin Franklin était actif en tant que Franc-Maçon, servant comme Vénérable Maître de la Loge Les Neufs Sœurs. La fondation du Grand Orient en 1773 a marqué le début d'une nouvelle phase : à savoir une campagne politique en dehors des loges. Les Francs-Maçons ont contrôlé les élections de mars-avril 1789 en France et un bloc a été formé dans le Troisième État qui a été dirigé par la Maçonnerie. Parmi les associés de la loge Française, il y avait le comte Mirabeau (1749-1791), un ancien ambassadeur Français à Berlin, orateur et homme d'État, qui, au début de 1791 sera élu Président de l'Assemblée nationale.
Le Bibliothécaire du Congrès Américain, historien James H. Billington écrit :
« Mirabeau a été un pionnier dans l'utilisation de la langue évocatrice de la religion traditionnelle dans les nouvelles institutions politiques de la France Révolutionnaire. Aussitôt que le 10 mai 1789, il a écrit aux électeurs qui l'avaient choisi au Troisième État que le but des États généraux était de ne pas réformer, mais « de régénérer » la nation. Il a ensuite appelé l'Assemblée nationale comme étant « le sacerdoce inviolable de la politique nationale », la Déclaration des droits de l'homme comme « un évangile politique » et la Constitution de 1791 de nouvelle religion « pour laquelle les gens sont prêts à mourir » [17].
Mirabeau était membre des Illuminati de Bavière, une société secrète fondée en 1776 par Adam Weishaupt, professeur de Droit Canonique à l'Université d'Ingolstadt en Allemagne. Les deux sources primaires de livres pour notre connaissance du complot Illuminati d'Adam Weishaupt sont le livre Proofs of a Conspiracy [ les preuves d’une conspiration ] de professeur John Robison, d'abord publié en 1798, et l'étude en quatre volumes de l'Abbé Augustine Barruel intitulé Memoirs illustrating the History of Jacobinism [ Mémoires mettant en relief l'Histoire du Jacobinisme ], publié en 1799. Je recommande ces livres. Le but de l'Ordre était de détruire toutes les religions, de renverser tous les gouvernements et d’abolir la propriété privée.
La Révolution Russe n’est pas survenue spontanément, mais elle fut le résultat d'un processus qui vient de loin dans le passé. Le théoricien Communiste, Antonio Gramsci (1891-1937), résume ce processus Révolutionnaire dans la formule « la philosophie de la praxis ». « La philosophie de la praxis est le couronnement de tout ce mouvement ; (...) elle correspond à la connexion de la Réforme Protestante avec la Révolution Française. C’est une philosophie qui est aussi politique et une politique qui est aussi une philosophie » [18].
La Révolution trahie
Cependant, une fausse philosophie, quand elle est politisée — c’est-à-dire — quand elle est réalisée dans la praxis, trahit toujours ses prémisses. Seule la vérité est cohérente avec elle-même. L'erreur est toujours contradictoire. En ce sens, la Révolution ne peut s'établir que si elle se trahit. Comme dans toutes les Révolutions, la Révolution Communiste d'Octobre a aussi été une Révolution trahie. Le débat entre Staline et Trotsky est éloquent. Trotsky accusant Staline d'avoir trahi la Révolution. Staline répondit que la praxis, qui est la conquête et la conservation du pouvoir, démontre la vérité de sa pensée. Les deux avaient raison et tort à la fois. Ceux qui combattent la vérité, se battent eux-mêmes.
Ce qui est certain, c’est qu’au 20e siècle il n'y a pas d'autres crimes comparables au Communisme quant à l'espace de temps dans lequel il s’est propagé, pour les territoires qu’il a embrassés, pour la qualité de la haine qu'il a pu sécréter. Mais ces crimes sont les conséquences d'erreurs. Après l'effondrement de l'Union Soviétique, ces erreurs ont été comme sorties de leur emballage qui les contenait afin de se propager comme des miasmes idéologiques sur l'ensemble de l'Occident sous la forme de relativisme culturel et moral.
Aujourd'hui le relativisme professé et vécu en Occident est enraciné dans les théories du matérialisme et de l'évolutionnisme Marxiste ; autrement dit, enraciné dans la négation de toute réalité spirituelle et dans tout élément stable et permanent chez l'homme et la société.
Antonio Gramsci est le théoricien de cette Révolution culturelle qui transforme la dictature du prolétariat en dictature du relativisme. La tâche du Communisme, pour Gramsci, est d'apporter au peuple cette laïcité intégrale que le Siècle des Lumières avait réservée à une élite restreinte. Sur le plan social, cette laïcité athéiste est activée, selon les termes de ce Communiste Italien, au moyen d'une « sécularisation complète de toute vie et de toutes les coutumes qui y sont connectées », c’est-à-dire par une sécularisation absolue de la vie sociale qui permettra la « praxis » Communiste d’extirper en profondeur les racines sociales de la religion. La nouvelle Europe sans racines qui a expulsé toute référence au Christianisme de son Traité de fondation, a pleinement réalisé le plan Gramscien pour la laïcisation de la société.
Nous devons reconnaître que la prophétie de Fatima selon laquelle la Russie propagerait ses erreurs dans le monde entier, a été accomplie. La chute du Rideau de Fer a rendu la diffusion de ces erreurs imparable. La décomposition du Communisme a putréfié l'Occident. L’Anti-Communisme, pour sa part, a disparu parce que « très peu de gens ont pu approfondir la vraie nature du Communisme » comme le Pape Pie XI nous avait mis en garde dans Divini Redemptoris. De nos jours, on se sent presque gêné de dire qu'on est anti-Communiste. C'est une grande victoire du Communisme : on est tombé sans verser une goutte de sang, sans être mis à l'épreuve, sans acte d'accusation idéologique qui condamnerait la mémoire du Communisme.
Vladimir Bukovsky, dans son livre « Jugement à Moscou » a écrit :
« Tout événement dans notre vie, même s’il est de petite importance, est sujet à contrôle de quelque règle ou autre. Surtout si les gens ont été tués. Un accident d'avion, une catastrophe ferroviaire, un accident du travail — et les experts se disputent, effectuent des analyses, cherchent à déterminer le degré de culpabilité (...) même au sujet des gouvernements s’ils avaient le moindre lien avec ce qui s’est passé (...) Et pourtant ici, nous avons un conflit (...) qui affecte pratiquement tous les pays du monde, qui coûte des millions et des millions de vies ainsi que des centaines de milliards de dollars, et — comme vous l'avez si souvent affirmé — a presque provoqué la destruction mondiale, et qui n’a jamais été enquêté par un seul pays ou par une seule organisation internationale ».
« Est-il si surprenant que, compte tenu notre volonté d'examiner tous les accidents, nous refusions d'enquêter sur la plus grande catastrophe de notre temps ? Car, au plus profond de nos cœurs, nous connaissons déjà les conclusions qu'une telle enquête donnerait de la même manière que toute personne saine d'esprit sait très bien quand elle est entrée en collusion avec le mal. Même si l'intellect nous fournit des excuses spécieuses logiques et acceptables pour l'extérieur, la voix de la conscience nous murmure que notre chute a commencé à partir du moment où nous avons convenu d’une « coexistence pacifique » avec le mal ». [19]
Malheureusement, l'Église Catholique a promu et fait la promotion de cette « coexistence pacifique » avec le mal.
Le dictateur Communiste, Fidel Castro, quand il est mort le 26 novembre 2016, a reçu les éloges de l'ensemble de l'Occident et même de l'Église Catholique. Le Pape François, le septième successeur du Pape Pie XI, dans une interview donnée à Eugenio Scalfari, a comparé le Communisme au Christianisme et a affirmé que les inégalités étaient « le plus grand mal qui existaient dans le monde » [20]. Et pourtant, l'essence du Communisme réside précisément dans la suppression de toute forme de différences sociales et l'expression religieuse de cet égalitarisme est l'égalisation œcuménique de toutes les religions tout comme son expression philosophique qui est le Panthéisme écologique.
Le Pape Bergoglio a récemment reçu au Vatican les représentants des soi-disant « mouvements populaires », des représentants de la nouvelle gauche Marx-Écologiste et a exprimé ses affinités pour les régimes pro-Marxistes des frères Castro à Cuba, de Chavez et de Maduro au Venezuela, de Morales en Bolivie, de Rafael Correa en Équateur et de José Mujica en Uruguay.
Le Cardinal Zen, Évêque Émérite de Hong Kong et le prélat le plus haut gradé de la Chine, dans une interview, accuse le Pape François de « vendre » les Catholiques Chinois en concluant un accord avec le gouvernement Communiste. [21]
Les erreurs du Communisme se sont non seulement été propagées dans le monde mais ont pénétré dans le temple de Dieu comme la fumée de Satan enveloppant et suffoquant le Corps Mystique du Christ.
Les fumées de Satan dans l'Église
Et ce n’est pas seulement cela. À Fatima, Notre-Dame a montré aux trois petits bergers la vision terrifiante de l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs et il a été révélé à Jacinta que c’était le péché contre la pureté qui conduit le plus d’âmes en enfer. Qui aurait pu imaginer cent ans plus tard que la profession publique de l’impureté aurait été ajoutée au nombre immense de péchés impurs qui sont commis sous la forme de libération sexuelle et de l'introduction des unions extra-conjugales, voire homosexuelles, dans les lois des nations les plus importantes de l'Occident ?
Et qui aurait pu imaginer qu’un document pontifical, l’Exhortation post-synodale du Pape François, Amoris Laetitia, rendu public le 8 avril 2016, approuverait l'adultère ? Les loi Divine et naturelle n'admettent pas d'exceptions. Ceux qui théorisent l'exception détruisent la règle.
Dans un des « dubia » formulé par les Cardinaux au Pape, nous lisons :
« Après "Amoris lætitia" n. 301, est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un Commandement de la Loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ? ».
Le fait qu’un doute de ce genre puisse être présenté au Pape et à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi aujourd'hui, indique combien très grave et profonde est la crise dans laquelle l'Église est plongée.
Le Cardinal Kasper et d'autres pasteurs et théologiens, ont déclaré que l'Église doit adapter son message évangélique à la praxis du temps. Mais la primauté de la praxis sur la doctrine est le cœur de Marxisme-Léninisme. Et si Marx a déclaré que la tâche des philosophes n’est pas de connaître le monde, mais de le transformer, aujourd'hui de nombreux théologiens et pasteurs retiennent que la tâche des théologiens n'est pas celle de répandre la Vérité, mais de la réinterpréter dans la praxis. Il ne faut donc pas réformer les habitudes des Chrétiens afin de les ramener aux enseignements de l'Évangile, mais adapter l'Évangile aux hétéropraxis des Chrétiens.
À la fin de Mon Cœur Immaculé triomphera
L'antidote à la dictature du relativisme est la pureté doctrinale et morale du Cœur Immaculé de Marie. Ce sera Notre-Dame et non les hommes qui va détruire les erreurs qui nous menacent. Le Ciel, cependant, a demandé une collaboration concrète de l'humanité.
Notre-Dame déclare que les conditions pour éviter le châtiment sont : un acte public et solennel de consécration de la Russie à son Cœur Immaculé fait par le Pape en union avec tous les Évêques du monde et la pratique de la Communion réparatrice les premiers samedi du mois.
Le Concile Oecuménique Vatican II aurait été une excellente occasion de répondre aux demandes de Notre-Dame. En 1965, 510 Archevêques et Évêques de 78 pays ont signé une pétition dans laquelle ils ont demandé au Pape en union avec les Pères du Concile de consacrer l’ensemble du monde au Cœur Immaculé de Marie et, d'une manière spéciale, la Russie et les autres nations dominées par le Communisme. Paul VI cependant n'a prêté aucune attention à la demande.
Pie XII et Jean-Paul II ont réalisé des actes partiels de consécration à la Russie ou au monde, actes féconds, ne manquant pas d’effets, mais incomplets.
Benoît XVI le 12 mai 2010 dans la Chapelle des Apparitions, a formulé une prière de consécration à Notre-Dame demandant la libération « de tous les dangers qui nous menacent ». Mais cet acte était également incomplet.
Ceux consacrés à Fatima espéraient quelque chose de plus du Pape François par rapport à ses prédécesseurs mais ils ont été déçus. Dans son Acte Marial d'octobre 2013, le Pape n'a pas mentionné le Cœur Immaculé, ni le monde, ni l'Église, et encore moins la Russie. Le Pape François se rendra à Fatima le 13 mai prochain. Que dira-t-il et fera-t-il là-bas ?
Aujourd'hui, la consécration de la Russie n'a toujours pas été faite, la pratique de la Communion réparatrice les premiers samedi n'est pas répandue ; et surtout l'atmosphère dans lequel nous baignons est un esprit dégénéré d'hédonisme dans la satisfaction de tous les désirs et de plaisir en dehors des lois morales. Qui pourrait alors prétendre que la prophétie de Fatima a été alors accomplie et que les grands événements annoncés à l'avance en 1917 par Notre-Dame sont derrière nous ?
Notre-Dame de Fatima ne demande pas seulement des actes publics à la hiérarchie de l'Église. Parallèlement à ces actions nécessaires, il doit y avoir un esprit de profonde conversion intérieure et de pénitence comme nous le rappelle le Troisième Secret, dans le triple appel de l'Ange à faire pénitence.
La pénitence signifie surtout la repentance, l'esprit de contrition, qui nous fait prendre conscience de la gravité des péchés commis par nous et les autres, et qui nous les fait haïr avec tout notre cœur. La pénitence signifie la révision morale et doctrinale de toutes les erreurs embrassées au siècle dernier par la société Occidentale. Le message de Fatima nous rappelle explicitement que l’alternative à la pénitence est une punition terrible qui menace l'humanité.
Pour que le monde évite cette punition, il doit changer d'esprit, mais il ne peut le faire s’il ne reconnaît pas l'énormité des péchés qui sont commis, à commencer par l'introduction des assassinats de masse [ note : avortements ] et des unions homosexuelles dans les lois. Ces deux cas sont directement des péchés contre Dieu, le Créateur de la nature : des péchés, comme le Catéchisme enseigne, qui crient vengeance au Ciel ; autrement dit, ils encourent un grand châtiment.
Sans repentance, le châtiment ne peut pas être retenu. Sans référence à ce châtiment, le message de Fatima est vidé de sa signification profonde.
La pénitence signifie repentance ; la pénitence signifie l’exécration et la haine du péché : la haine pour le péché doit nous pousser à le combattre et quand il est public, il doit nous pousser à l'action publique pour lutter contre les racines et les conséquences du mal dans la société. Pour cela, l'appel à la pénitence dans le message de Fatima est aussi un appel pour lutter contre les erreurs qui corrompent toute la société aujourd'hui.
Le message de Fatima est non seulement un message anti-Communiste ; il est également un message anti-libéral et anti-Luthérien comme les erreurs de la Russie descendent des erreurs de la Révolution Française et du Protestantisme. Ce sont les erreurs de la Révolution anti-Chrétienne à laquelle la contre-Révolution Catholique s'oppose. Comme le Comte de Maistre le dit, ce n'est pas une Révolution en sens inverse, mais c’est l'opposé de la Révolution sous tous ses aspects politiques, culturels et religieux. [22]
Fatima s’oppose directement à 1917, 1717 et 1517. Nous ne célébrerons pas l'une de ces dates.
Permettez-moi de rappeler la révélation de Notre-Dame de Fatima que nous avons apprise il y a seulement quelques années ; exactement en 2013 lorsque le Carmel de Coimbra a publié le livre « Um Caminho sob o olhar de Maria » [ Un chemin sous le regard de Marie ].
Vers quatre heures de l'après-midi le 3 janvier 1944, dans la chapelle du couvent de Tuy, devant le Tabernacle, Notre-Dame a demandé à Sœur Lucie d'écrire le texte du Troisième Secret et Sœur Lucie raconte :
« Je sentais mon esprit inondé par un mystère de lumière qui est Dieu et, en Lui, j'ai vu et entendu la pointe de la lance, comme une flamme qui se détache, toucher l'axe de la terre et elle tremblait : des montagnes, des villes et des villages avec leurs habitants étaient enterrés. La mer, les rivières et les nuages dépassaient leurs frontières, inondant et faisant glisser dans un tourbillon les maisons et les gens d’un nombre qui ne peut pas être compté ; c’est la purification du monde du péché dans lequel il est immergé. La haine, l'ambition provoquent la guerre destructrice. J’ai senti après mon cœur battre et dans mon esprit une voix douce disait : « Dans le temps, une seule Foi, un seul Baptême, une Église, Sainte, Catholique, Apostolique. Dans l'éternité, le Ciel ! » Ce mot « Ciel » a rempli mon cœur de paix et de bonheur d’une telle manière que, presque sans en avoir conscience, je me suis répété longtemps : le Ciel, le Ciel ! ! » [23] .
Notre-Dame nous rappelle qu’un terrible châtiment menace l'humanité et que la profession de la Foi Catholique dans son intégralité est nécessaire à l'époque dramatique que nous vivons. Une Foi, un Baptême et une Église. Il ne faut pas délaisser alors l'Église, mais revenir à Elle et vivre et mourir en Elle puisqu’en dehors de l'Église, il n'y a pas de salut. En dehors de ses portes, il n'y a que l'abîme inconsolable de l'enfer. L'alternative demeure entre le Ciel et l'Enfer, et ils ont leurs propres avant-goûts sur cette terre. L'Enfer pour les nations consiste : à être athéistes, à être anarchiques, à être des sociétés égalitaires. Le Paradis pour les nations consiste : à être austères, à être hiérarchiques, à être sacrées, à être des civilisations Chrétiennes.
Nous conquerrons le Ciel sur terre en luttant pour la défense de la véritable Église si souvent abandonnée par les Ecclésiastiques.
Et l'exclamation finale : « Le Ciel ! le Ciel ! » semble référer au choix dramatique entre le Ciel, le lieu où les âmes sont sauvées et atteignent le bonheur éternel, et l'enfer, l'endroit où les damnés subissent des souffrances pour toute l'éternité.
Ceux qui veulent échapper à la mort, dans le temps et dans l'éternité, ont un seul chemin devant eux : lutter contre les troubles dans le monde moderne afin d'affirmer, dans leur vie et dans la société, les principes éternels de l'ordre naturel et Chrétien. Ce fut le chemin choisi par de nombreux saints qui devraient être nos modèles, tels que Saint Maximilien Kolbe (1894-1941).
Le 17 octobre 1917, à la veille de la Révolution Russe et sans rien savoir des Apparitions de Fatima, le jeune Polonais Franciscain a fondé la milice de l'Immaculée pour lutter contre la Franc-Maçonnerie qui célébrait le 200e anniversaire de la constitution de la Grande Loge de Londres avec des défilés blasphématoires dans les rues de Rome. Saint Maximilien Kolbe est l'un des saints qui a prophétisé le Triomphe du Cœur Immaculé de Marie.
Le Triomphe du Coeur Immaculé de Marie, qui est aussi le Règne de Marie annoncé par beaucoup d'âmes privilégiées, n’est rien d'autre que le triomphe dans l'histoire de l'ordre naturel et Chrétien, préservé par l'Église. Notre-Dame a annoncé ce triomphe comme le résultat final d'une longue épreuve, de jours tragiques de pénitence et de lutte, mais aussi d'une immense confiance en Sa promesse.
Tournons-nous vers Elle alors, dans ce Centenaire de Ses Apparitions, en lui demandant de hâter ce temps, faisant de nous des instruments à notre époque, pour Sa victoire contre la Révolution : super Revolutionem victoria in diebus nostris, qui est équivaut à dire :
À la fin, Son Cœur Immaculé triomphera.
[1] St. Thomas d'Aquin, Somme Théologique, II-II, 174, 6 ad 3.
[2] Robert Conquest, Réflexions sur un siècle Ravaged, W. W. Norton & Company, New York, 2001.
[3] Benoît XV, Lettre du 1er Août 1917, AAS IX (1917) p.421-423.
[4] Ferenc Fejtő, Requiem pour un empire défunt, Lieu Commun, Paris, 1988, pp. 308, 311
[5] Alexandre Soljenitsyne, Lénine à Zurich, Book Club Associates, London 1976.
[6] Anthony Sutton, Wall Street et la Révolution bolchevique, Arlington House, New Rochelle, 1974, p. 22
[7] Sutton, op. cit., p. 25
[8] Sutton, op. cit., pp. 86-88
[9] John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde, Boni et Liveright, New York, 1919, p. 112
[10] Feuerbach la thèse, tr. elle. dans Feuerbach-Marx-Engels, matérialisme et matérialisme dialettico storico, un cura di Cornelio Fabro, La Scuola, Brescia 1962, pp. 81-86
[11] Martins dos Reis, le Miracle du Soleil et le Secret de Fatima, Ed. Salésien, Porto, 1966
[12] Frederick Engels, le développement du socialisme. De l'utopie à la science, 1878, tr. tr. elle. Editori Riuniti, Rome, 1958, p. 15-17.
[13] George H. Williams, La Réforme radicale, Westminster Press, Philadelphie 1962
[14] Plinio, Révolution et Contre-Révolution, l'Américain TFP, Hanovre, PA, 2002, p. 25
[15] Richard M. Weaver, Des idées ont des conséquences, l'Université de Chicago Press, Chicago et un Londres 2013.
[16] Margaret C. Jacob, Inglés newtonienne et la Révolution, Cornell University Press, Ithaca 1976
[17] James H. Billington, le feu dans l'esprit des hommes : Les origines de la foi Révolutionnaire, Basic Books, 1980, pp. 19-20.
[18] Antonio Gramsci, Quaderni dal Carcere [Cahiers de prison] Edizione critique dell'Istituto Gramsci, par Valentino Gerratana, Einaudi, Torino 1975, vol. III, p. 1860
[19] Vladimir Bukovsky, Segreti di Mosca Gli Archi, tr. il., Esprit, Milan, 1999, p. 62, 65.
[20] La Repubblica, le 11 Novembre ici 2016.
[21] LSN 22 Février 2017.
[22] Joseph de Maistre, Considérations sur la France, cap. X 3, les œuvres complètes, Vitte, Lyon-Paris 1924, t. I, p. 157
[23] Carmel de Coimbra, un chemin sous le regard de Marie, éditions Carmelo, Coimbra 2012, p. 267
- Voir plus : http ://rorate-caeli.blogspot.com/2017/03/de-mattei-shedding-light-on-todays.html#more
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