Cette désastreuse papauté
Éditorial de Phil Lawler Éditorialiste en chef de Catholic Culture Le 1er mars 2017
Quelque chose s’est cassé avec un bruit sec vendredi dernier lorsque le Pape François a utilisé la lecture évangélique de la journée ( voir cette lecture en bas de page ) comme une occasion de plus pour promouvoir son propre point de vue sur le divorce et le remariage. Condamnant l'hypocrisie et la « logique de la casuistique », le Pontife dit que Jésus rejetait l'approche des érudits légalistes.
Assez vrai. Mais dans sa réprimande aux Pharisiens, qu'est-ce que Jésus dit au sujet du mariage ?
« Tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare ! »
…et…
« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère ».
Jour après jour, dans ses homélies à la Messe du matin dans la résidence Saint-Marthe du Vatican, le Pape François dénonce les « docteurs de la loi » et l'application « rigide » de la Doctrine morale Catholique. Parfois son interprétation des lectures de l'Écriture du jour est forcée ; souvent sa caractérisation des Catholiques traditionnels est insultante. Mais dans ce cas, le Pape a complètement retourné l'Évangile à l’envers. En lisant le compte rendu de cette étonnante homélie à la Radio du Vatican, je ne pouvais plus prétendre que le Pape François ne faisait que proposer une nouvelle interprétation de la Doctrine Catholique. Non ; c’est plus que cela. Il est engagé dans un effort délibéré pour changer ce que l'Église enseigne.
Depuis plus de 20 ans maintenant, écrivant quotidiennement au sujet des nouvelles du Vatican, j'ai essayé d'être honnête dans mon évaluation des déclarations et des gestes papaux. J'ai parfois critiqué Saint Jean-Paul II et le Pape Benoît XVI quand j'ai pensé que leurs actions étaient imprudentes. Mais je n’ai jamais cru que l'un ou l'autre de ces Papes posait un danger pour l'intégrité de la Foi Catholique. En repensant à l'histoire de l'Église, je me rends compte qu'il y a eu de mauvais Papes : des hommes dont les actions personnelles étaient motivées par la cupidité, la jalousie, la convoitise pour le pouvoir et la simple luxure. Mais y a-t-il jamais eu un Pontife romain qui a montré un tel dédain pour ce que l'Église a toujours enseigné, cru et pratiqué — sur des questions telles que la nature du mariage et de l'Eucharistie ?
Le Pape François a suscité la controverse dès le jour où il a été élu successeur de Saint Pierre. Mais au cours des derniers mois, la controverse est devenue si intense, la confusion parmi les fidèles si répandue, l'administration au Vatican si arbitraire — et les diatribes du Pape contre ses ennemis (vrais ou imaginaires) si maniaques — que l'Église universelle se précipite aujourd'hui vers une crise.
Dans une grande famille, comment un fils doit-il se comporter lorsqu'il réalise que le comportement pathologique de son père menace le bien-être de toute la famille ? Il devrait certainement continuer à faire preuve de respect pour son père, mais il ne peut pas nier indéfiniment le danger. Finalement, une famille dysfonctionnelle a besoin d'une intervention.
Dans la famille mondiale qu’est l'Église Catholique, le meilleur moyen d'intervention est toujours la prière. Une prière intense pour le Saint-Père serait un projet particulièrement approprié pour la saison du Carême. Mais l'intervention exige également l'honnêteté : une reconnaissance franche que nous avons un problème sérieux.
Reconnaître le problème peut également fournir une sorte de soulagement, une détente des tensions accumulées. Quand je dis à des amis que je considère cette papauté comme un désastre, je remarque que, le plus souvent, ils se sentent bizarrement rassurés. Ils peuvent se détendre un peu, sachant que leurs propres appréhensions ne sont pas irrationnelles, que d'autres partagent leurs craintes sur l'avenir de la Foi, qu'ils n'ont pas besoin de poursuivre une recherche infructueuse pour trouver des moyens de concilier les irréconciliables. En outre, après avoir donné au problème un nom propre, ils peuvent reconnaître ce que cette crise du Catholicisme n'est pas. Le Pape François n'est pas un antipape et encore moins l'antéchrist. Le Siège de Pierre n'est pas vacant et Benoît XVI n'est pas le « vrai » Pontife.
François est notre Pape, pour le meilleur ou pour le pire. Et si c'est pour le pire — comme je le conclus tristement — l'Église a survécu aux mauvais Papes dans le passé. Nous, les Catholiques, avons été gâtés pendant des décennies, jouissant d'une succession de dirigeants exceptionnels au Vatican : des Pontifes qui étaient des enseignants doués et des hommes saints. Nous nous sommes habitués à regarder à Rome pour nous guider. Maintenant nous ne pouvons pas.
(Je ne veux pas dire que le Pape François a perdu le charisme de l'infaillibilité. S'il émet une déclaration ex Cathedra, en union avec les Évêques du monde, nous pouvons être sûr qu'il accomplit son devoir de transmettre ce que le Seigneur a donné à Saint Pierre : le Dépôt de la Foi. Mais ce Pape a choisi de ne pas parler avec autorité, au contraire, il a catégoriquement refusé de clarifier son document d'enseignement le plus provocateur.)
Mais si nous ne pouvons pas compter sur des directions claires de Rome, où pouvons-nous nous tourner ? Premièrement, les Catholiques peuvent compter sur l'enseignement constant de l'Église, sur les doctrines qui sont maintenant trop souvent remises en question. Si le Pape est confus, le Catéchisme de l'Église Catholique ne l'est pas. Deuxièmement, nous pouvons et devrions demander à nos propres Évêques diocésains d'intensifier et d'assumer leur propre responsabilité
Deuxièmement, nous pouvons et devrions demander à nos Évêques diocésains de s’avancer et de prendre leurs propres responsabilités. Les Évêques, eux aussi, ont passé des années à renvoyer les questions difficiles à Rome. Maintenant, par nécessité, ils doivent fournir leurs propres affirmations claires et décisives de la Doctrine Catholique.
Peut-être le Pape François va-t-il me prouver que je me trompe et émergera comme un grand professeur Catholique. J'espère et je prie qu'il le fasse. Peut-être que toute mon argumentation est mal conçue. Je me suis trompé auparavant et sans doute me tromperai-je à nouveau dans l’avenir ; un autre point de vue erroné n'a pas de grande conséquence. Mais si j'ai raison et que le leadership du Pape actuel est devenu un danger pour la Foi, alors d'autres Catholiques, et surtout des leaders ecclésiastiques, doivent décider comment y réagir. Et si j'ai raison — comme je le crois sûrement — alors que la confusion sur les enseignements fondamentaux de l'Église s’est généralisée, les Évêques, en tant que maîtres primaires de la Foi, ne peuvent négliger leur devoir d'intervenir.
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