samedi 30 janvier 2016

Une drôle de miséricorde



L'Église n'a jamais donné ce nom à Dieu.


par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 29 janvier 2016

Alors qu’on aimerait s’abstenir de commentaires continuels sur les faits et gestes de François, c’est malheureusement impossible dans la perspective de Fatima. C’est précisément à la lumière du Message de Fatima que nous voyons comment le Pape est le seul membre le plus important de l'humanité déchue car c’est dans sa fonction que réside littéralement le pouvoir de renouveler la face de la terre — par la Consécration papale de la Russie bien sûr, mais aussi par la gouvernance papale de l'Église comme nous l’avons vue avec des Papes comme Saint Grégoire le Grand. À l'inverse, dans cette même fonction se trouve le pouvoir d'infliger des dégâts horribles sur l'Église et ainsi que sur l'humanité dans son ensemble.

Ce qui m’amène à une autre des actions récentes du Pape : sa publication d'un livre dont le titre déclare que le Nom de Dieu est Miséricorde. En fait, non.


L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.
L'Église n'a jamais donné ce nom à Dieu.

Au contraire, comme Saint Jean nous dit d’une façon si célèbre : « Dieu est Amour (1 Jean 4 : 8) ». Pour citer Jean-Paul II à cet égard : « Avant tout, c’est l'Amour qui juge. Dieu, qui est Amour, juge par Amour .. » Mais Jean-Paul II a admis que, depuis que le Concile : « les prédicateurs, les catéchistes, les enseignants ... ont perdu le courage de prêcher la menace de l'enfer ». (Entrez dans l'Espérance, pp. 183, 187).

L'Amour de Dieu embrasse Sa Justice ainsi que Sa Miséricorde, Ses punitions ainsi que Ses récompenses. L'Amour Divin embrasse l'univers tout entier et toutes les opérations qui s’y font, que nous appelons la Loi Éternelle. Ceci est la raison pour laquelle Dante parle même de l'Amour Divin qui « meut le soleil et les autres étoiles ». C’est absurde de déclarer que Dieu est tout simplement miséricorde pour les pécheurs qui L’ont offensé et que la Miséricorde est Son Nom.

En outre, ce livre confirme le sens qu’il y a quelque chose d'unique au sujet de la notion de François d’une miséricorde qui englobe tout et qui est pratiquement et totalement assimilée à Dieu, supplantant et annulant en quelque sorte Sa Justice. Ça semble une conception assez humble et humaine de la miséricorde — une tentative de surpasser Dieu lui-même en le déclarant être « plus miséricordieux » qu’Il l’avait Lui-même révélé avant que François le renomme ainsi.

Nous voyons cela dans la vignette plus haut. Le livre raconte l’histoire d'un prêtre capucin qui lui a déjà dit : « Je vais à notre chapelle, je vais me tenir devant le tabernacle et je dirai à Jésus : « Seigneur, pardonne-moi si j'ai trop pardonné. Mais vous êtes Celui qui m'a donné le mauvais exemple ! » François se rappelle de sa réaction ainsi : « Je n’oublierai jamais cela. Quand un prêtre fait l’expérience de se donner miséricorde à lui-même comme ça, il peut la donner aux autres ».



Cette anecdote est extrêmement troublante :

Tout d'abord, François est impressionné par un prêtre qui plaisante avec Notre Seigneur que ce fut Lui qui a donné le mauvais exemple en « pardonnant trop ». Certes, le commentaire est ironique. Le prêtre ne voulait pas signifier que Notre Seigneur avait commis une erreur dans Son jugement, à savoir que Son exemple était vraiment mauvais. Au contraire, si un pécheur se repent de son péché, expérimentant ce que nous appelons « la contrition parfaite » —c’est-à-dire qu’il regrette parce qu'il a offensé Dieu, non seulement parce qu'il a peur de la punition éternelle — c’est alors impossible à Dieu de « trop » pardonner puisque tous les péchés qui ont été repentis sont pardonnables, peu importe la gravité. La femme adultère est le plus célèbre exemple.

Deuxièmement, le Sacrement de la Confession confère un don précieux aux Catholiques, étendant la miséricorde divine encore plus loin : le pénitent dont la contrition est imparfaite, ce qui signifie que son repentir est motivé par la crainte de la punition divine plutôt que l'amour de Dieu, est pardonné néanmoins — par Dieu agissant par l'intermédiaire du prêtre — à condition qu’il ait un ferme propos.

Cela étant, comment est-il possible pour un prêtre de « trop » pardonner dans le confessionnal si le pécheur est contrit et a un ferme propos ? Après tout, c’est Dieu qui pardonne — et non le prêtre, qui administre seulement le Sacrement de la Confession et qui donne l'absolution au nom de Dieu, si le pécheur répond aux exigences de l'Église pour l'absolution. La seule façon que cette anecdote pourrait faire sens, c’est si le prêtre cité dans l’anecdote a été trop clément et n’a pas exigé aucune démonstration de contrition ou de ferme propos. Mais cela voudrait dire que le prêtre avait alors l’intention de dire que le Christ littéralement avait donné un mauvais exemple en faisant de même, quand on sait que Son pardon du péché vient toujours avec cette mise en garde : «Va et ne pèche plus ... Ne pèche plus, pour qu'il ne t'arrive pas quelque chose de pire ». (Cf. Jean 8 :11 ; Jean 5 :14)

Finalement, que devons-nous faire de cette déclaration de François à savoir « quand un prêtre fait l’expérience de se donner miséricorde à lui-même comme ça, il peut la donner aux autres » ? Depuis quand la miséricorde que l'on reçoit de Dieu lui-même dans le confessionnal dépend du fait que le prêtre s’est « donné miséricorde » pour lui-même ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Le prêtre confesseur est un intermédiaire entre Dieu et le pécheur et, comme tel, il doit, selon la pratique constante de l'Église, accorder l'absolution selon le Sacrement à moins qu'il ne soit évident que le pécheur devant lui n’est ni contrit ni décidé à modifier sa vie. Il semble y avoir une sorte de quasi-Donatisme * caché à l'œuvre ici, ce qui rendrait la valeur de l'absolution en fonction de la miséricorde personnelle du prêtre ou de son absence de celle-ci.

Quelle ironie qu’en renommant Dieu comme Miséricorde, François réussit à masquer la miséricorde infinie qui a toujours été disponible à travers le Sacrement de la Confession à tout Catholique qui est bien disposé, quel que soit le caractère individuel ou les vertus du confesseur. Avec François, le sacrement passe au second plan et la « miséricorde » devient une activité humaine discrétionnaire dont la « quantité » serait en proportion de la « miséricorde » du prêtre dans le confessionnal.

Écrivez au tableau cette notion d’un pontificat qui est déterminé à laisser son empreinte sur l'Église – une empreinte qui est floue et tout sauf compréhensible, obscurcissant les vérités simples qui s’imposent presque tous les jours par elles-mêmes.


*Le principal point d’achoppement des donatistes avec l’Église trinitaire concernait le refus de validité des sacrements délivrés par les évêques qui avaient failli lors de la Persécution de Dioclétien (303-305). Cette position fut condamnée lors du concile de Rome de 313.

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