Par: Phil Lawler
Phil Lawler a été journaliste Catholique depuis plus de 30 ans. Il a édité plusieurs revues Catholiques et écrit huit livres. Fondateur de World Catholic News, il est le directeur des nouvelles et analyste en chef à CatholicCulture.org.
SOURCE : Catholic Culture
Le 26 avril 2018
Le blogueur Mark Mallett a rendu un véritable service — et je le dis sincèrement — par une longue liste de liens vers des déclarations du Pape François exprimant clairement des croyances Catholiques orthodoxes sur des sujets importants pour les Catholiques conservateurs : avortement, euthanasie, mariage homosexuel, contrôle de la population , l'idéologie et l'existence de l'enfer.
Effectivement, le Pape est Catholique. Mais pourquoi est-ce remarquable ?
Il est difficile d'imaginer que quelqu'un aurait compilé un ensemble de liens similaires pour démontrer que le Pape Benoît XVI ou le Pape Jean-Paul II avait des croyances Catholiques conventionnelles. Pourquoi est-ce nécessaire dans le cas du Pape François ?
La réponse est évidente, n'est-ce pas ? Le Pape François lui-même a soulevé les questions concernant sa propre orthodoxie, avec une longue série de déclarations publiques provocatrices. Le monde attend de la cohérence des successeurs de Saint-Pierre ; le devoir du Pontife ( et de tout Évêque ) est de conserver intacte la Foi qui a été transmise par les Apôtres. Quand un Pape fait une déclaration qui semble en contradiction avec les expressions précédentes de la Foi, c'est inquiétant. Quand il fait de telles déclarations fréquemment — et, pour compliquer le problème, refuse de les clarifier — le résultat est une désorientation généralisée. C'est le phénomène que j'ai cherché à expliquer dans mon livre « Lost Shepherd » [ Le Berger perdu ] : non pas que le Pape François prêche l'hérésie, mais qu'il a semé la confusion sur le contenu de la croyance Catholique orthodoxe.
Prenez par exemple le rapport qui circulait récemment — pendant la Semaine Sainte de tous les temps — que le Saint-Père aurait nié l'existence de l'Enfer. Nous ne savons toujours pas ce que le Pape a réellement dit dans sa conversation avec le journaliste Italien Eugenio Scalfari. Nous ne savons même pas si le Pape savait que Scalfari avait l'intention de publier l'interview ( ou ses souvenirs) . Ce que nous savons, c'est que, grâce au penchant du Pape pour les remarques désinvoltes, on a dit à des centaines de milliers de personnes que le Pape ne croyait pas en l'enfer.
Une fois ce dégât fait — par Scalfari, je ne doute pas, plus que par le Pape — comment aurait-il pu être réparé ? Une déclaration rapide du Pape, indiquant qu'il croit certainement en enfer et que Scalfari l'avait mal cité, aurait pu aider. Mais une telle déclaration ( qui n'était pas à venir ) n'aurait pas eu le même degré d'attention publique. Bien sûr, le Pape croit en l'enfer. On s'attend à ce qu'il croit en l'enfer. C'est un aphorisme qui ne convient que pour les dernières pages du quotidien.
Et après tout, qu’est-ce que le Pape François croit de l'enfer ? Il a fait allusion à son existence à plusieurs reprises. Il est néanmoins possible qu'il puisse proclamer la croyance en l'enfer sans accepter quelque chose comme la compréhension Catholique ordinaire de ce qu'est l'enfer. Il serait théoriquement cohérent de dire ( comme le Pape l'a dit ) que les Mafiosi impénitents vont en Enfer, et que ( comme il l'aurait dit à Scalfari ) l'Enfer est l'anéantissement des âmes. Le risque de confusion subsisterait donc.
Alternativement, le Vatican pourrait avoir remarqué que Scalfari est un journaliste sans scrupules, qui exploitait son amitié personnelle avec le Pontife pour promouvoir son propre agenda antireligieux. Je crois qu'il y aurait eu beaucoup de vérité dans une telle déclaration ( qui, encore une fois, n'a pas été faite ). Mais cette vérité aurait suscité des questions plus pointues, à savoir pourquoi le Saint-Père avait accepté de multiples entretiens avec un tel agent provocateur.
Un des partisans les plus enthousiastes du Pape, Austen Ivereigh, a abordé cette dernière question sur son fil Twitter, décrivant l'interview du Pape comme un modèle pour la Nouvelle Évangélisation :
« Cela capture superbement la relation entre François et Scalfari. Il y a une vulnérabilité semblable à Christ dans un Pape donnant à un athée gériatrique la liberté de tordre ses paroles. Certains Catholiques peuvent le détester, mais François évangélise ( il ne fait pas du prosélytisme ) ».
Peut-être que le Pape François était engagé dans l'évangélisation quand il s'est assis pour parler avec Scalfari. Mais les Chrétiens ne sont pas les seuls croyants qui voient dans les médias sociaux une occasion de promouvoir leurs croyances — ou, dans ce cas, leur argument en faveur de l'incrédulité. Quand il a publié l'affirmation selon laquelle le Pape François avait nié l'existence de l'enfer, Scalfari était engagé dans sa propre évangélisation, répandant son anti-évangile. Et il l'a fait avec finesse, piégeant son sujet dans une boîte sans issue.
Oui, le Pape est Catholique. Mais il a parfois l'air d'un Catholique confus, et donc d'un chef Catholique confus. Pour reconnaître ce problème, il ne faut pas accuser le Pape d'hérésie ; la confusion parmi les fidèles est déjà assez difficile.
Et la confusion parmi les fidèles — le sens de la désorientation — est réelle. Malheureusement, le Pape François a aggravé le problème avec sa critique acerbe des Catholiques « rigides », des « docteurs de la loi », de ceux qui vont à la Messe quotidiennement, des servants de Messe révérencieux, des procréateurs de la race des lapins, des pro-vie et des défenseurs de mariage. Ces commentaires — et les remarques plus méchantes des champions énergiques du Pape sur les médias sociaux — peuvent apporter un sourire sympathique aux visages des Catholiques libéraux avec des maîtrises des ateliers de théologie d'été. Mais ils secouent les simples croyants.
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