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Par : Edward Pentin
Le 23 avril 2018
SOURCE : National Catholic Register
Peu après la publication le 9 Avril de l’Exhortation Apostolique du Pape François sur la sainteté, Gaudete et Exsultate ( Réjouissez -vous et soyez heureux ), plusieurs chercheurs ont été invités à donner leurs réactions à ce document dans cet article du National Catholic Register qui a été publié la semaine dernière.
L'éminent philosophe Catholique Autrichien Joseph Seifert a répondu généreusement avec des réponses très complètes, tout comme le Professeur Claudio Pierantoni, un académicien en philosophie et en philosophie médiévale à l'Université du Chili.
Naturellement incapable d'inclure les réponses complètes dans l'article, je publie la contribution complète du Professeur Seifert ci-dessous, et je publierai bientôt les remarques complètes du Professeur Pierantoni qui est fortement critique du document.
Le Professeur Seifert, recteur et fondateur de l'Académie Internationale de Philosophie au Liechtenstein et Président de l'Académie Jean-Paul II pour la Vie Humaine et la Famille, nouvellement fondée, a par le passé mis en garde contre les dangers de l'Exhortation Apostolique Amoris Laetitia du Pape François.
Il adopte une approche plus positive envers le dernier document du Saint-Père et croit qu'il « rejette implicitement » le « nouveau paradigme théologique moral papal » basé sur l'Exhortation du Pape sur la Famille, Amoris Laetitia, et qui est présenté par des théologiens tels que le Professeur Maurizio Chiodi .
Seifert prévient qu'un tel « nouveau paradigme » serait « sans aucun doute une erreur désastreuse qui détruirait les fondements mêmes de la morale et de l'enseignement moral de l'Église ».
Quelle est votre réaction au Pape François dans Gaudete et Exsultate ? ( GE ) qui place la vie de l'enfant à naître sur un pied d'égalité avec les autres questions de justice sociale ?
Avant de répondre à votre question concrète, je tiens à dire que Gaudete et Exsultate est, à maints égards et dans différentes parties, un très beau document, à mon avis de loin le plus beau de ce Pontificat ( à l’exception de la première Encyclique écrite une grande partie par le Pape Benoît XVI ). GE place au centre de son message l'appel à la sainteté, un appel adressé à chacun de nous par Dieu ; Haec est enim voluntas Dei : sanctificatio vestra : « Voici quelle est la volonté de Dieu : c'est que vous soyez saints ». ( 1 Thessaloniciens 4: 3 ) . Ainsi le Pape François souligne vraiment une partie absolument centrale de la Vérité révélée. La sainteté est la volonté de Dieu pour chacun de nous. GE insiste sur le fait que le noyau de la sainteté est l'accomplissement des deux plus grands Commandements : l'amour de Dieu et l'amour du prochain, et il analyse avec simplicité les « Béatitudes » que Jésus nous a enseignées dans le Sermon sur la Montagne ( Matthieu 5: 1 -12 ). Comme l'ont vu de nombreux grands penseurs Chrétiens, ces huit Béatitudes nous donnent un merveilleux bref guide vers la sainteté qui nous permet même de traduire les premières paroles de chaque Béatitude : « Bénis soient » par « Saints sont ». [1]
GE dit beaucoup de choses profondes sur l'appel Évangélique à la sainteté et met en garde contre deux dangers ou enseignements qui nous égarent et nous éloignent de la vraie sainteté : le Gnosticisme qui échaffaude des constructions humaines à la place des Mystères divinement révélés et qui se manifeste sous de nombreuses formes différentes, et le Pélagianisme qui implique que nous pouvons plaire à Dieu par la force naturelle de notre volonté qui n'a pas besoin de la Grâce Divine pour inspirer et nourrir le bien en nous. Ainsi, le Gnosticisme et le Pélagianisme sont tous deux des fruits de l’orgueil et falsifient le vrai message des Évangiles. Bien que le Pape François ne le dise pas directement, certains lecteurs attentifs et critiques de GE, comme Claudio Pierantoni, ont souligné avec justesse que les notions floues de ces deux hérésies utilisées dans Amoris Laetitia [ AL ] semblent être insérées pour ceux qui respectent l'enseignement de l'Église sur les actes intrinsèquement mauvais exprimés avec tant de force dans Veritatis Splendor et, les qualifiant ensemble de « rigides », visent ceux qui ont critiqué Amoris Laetitia ainsi que le silence papal sur les dubia des Quatre Cardinaux, surtout le second dubia qui demande si AL cherche à rompre avec la notion d'actes intrinsèquement mauvais, [2] ou encore parce qu'ils ont critiqué ce que le Père Maurizio Chiodi appelle le nouveau paradigme de la morale [3] théologique du Pape François.
Mon intention dans cette interview n'est cependant pas une critique, aussi correcte soit-elle, d'un certain nombre de passages de GE qui impliquent des erreurs ou des hérésies, mais une approche positive. Par « une approche positive », je ne veux pas dire que tout ce que GE dit est vrai ou beau ou que les critiques de Pierantoni et d'autres ont tort, mais seulement je veux montrer que les plus sincères idées philosophiques et religieuses exprimées par le Pape dans GE, logiquement pensées, sont complètement incompatibles avec le rejet de Humanae Vitae et Veritatis Splendor qui est attribué au Pape François par un certain nombre de théologiens moraux. Je veux montrer que, s'il épousait l'horrible hérésie théologique morale et l'erreur morale que lui a attribué le Père Chiodi et d'autres, le Pape François se trahirait, il mépriserait ses propres connaissances les plus profondes.
Passant, après ces remarques introductives, à votre première question, je pense que l'affirmation que GE met la « vie de l'enfant à naître sur un pied d'égalité avec d'autres questions de justice sociale » pourrait bien s'appliquer à certaines déclarations antérieures du Pape François mais n'est pas une juste interprétation des deux sections de GE qui pourraient donner une telle impression.
Le premier de ces textes est celui-ci :
« 101. Est également préjudiciable et idéologique l’erreur de ceux qui vivent en suspectant l’engagement social des autres, le considérant comme quelque chose de superficiel, de mondain, de laïcisant, d’immanentiste, de communiste, de populiste. Ou bien, ils le relativisent comme s’il y avait d’autres choses plus importantes ou comme si les intéressait seulement une certaine éthique ou une cause qu’eux-mêmes défendent. La défense de l’innocent qui n’est pas encore né, par exemple, doit être sans équivoque, ferme et passionnée, parce que là est en jeu la dignité de la vie humaine, toujours sacrée, et l’amour de chaque personne indépendamment de son développement exige cela. Mais est également sacrée la vie des pauvres qui sont déjà nés, de ceux qui se débattent dans la misère, l’abandon, le mépris, la traite des personnes, l’euthanasie cachée des malades et des personnes âgées privées d’attention, dans les nouvelles formes d’esclavage, et dans tout genre de marginalisation.[84] Nous ne pouvons pas envisager un idéal de sainteté qui ignore l’injustice de ce monde où certains festoient, dépensent allègrement et réduisent leur vie aux nouveautés de la consommation, alors que, dans le même temps, d’autres regardent seulement du dehors, pendant que leur vie s’écoule et finit misérablement ».
Dans ce texte, le Pape François souligne la vérité que chaque vie humaine est sacrée et exige l'amour, pas seulement la vie de l'enfant à naître. En effet, il se fonde ici sur Matthieu 25 où le Christ nous dit qu'il nous posera au Dernier Jour les questions de savoir si nous avons donné un toit aux sans-abri, vêtu les nus, nourri les affamés, visité les prisonniers, etc. Il nous rappelle que nous devons montrer le même amour et la même miséricorde avec lesquels nous sommes obligés d'aimer l'enfant à naître envers tous les êtres humains dans le besoin et que ça ne peut pas signifier que c’est relativiser l'engagement pour l'enfant à naître ni non plus que ces œuvres d'amour miséricordieux ne peuvent pas être qualifiées correctement de simples « problèmes sociaux ».
L'autre texte est le suivant, qui semble en effet nier que l'avortement est un mal incomparablement plus grave que d'arrêter le flot des migrants ou des émigrés, action que nous voyons, par exemple dans la politique Hongroise actuelle, et que l'on ne peut même pas appeler clairement un mal du tout parce que la question de l'imposition de limites à l'immigration est une question très complexe qui ne permet pas d'appliquer des schémas faciles de noir et blanc. Le Pape écrit :
« 102. On entend fréquemment que, face au relativisme et aux défaillances du monde actuel, la situation des migrants, par exemple, serait un problème mineur. Certains Catholiques affirment que c’est un sujet secondaire à côté des questions « sérieuses » de la bioéthique. Qu’un homme politique préoccupé par ses succès dise une telle chose, on peut arriver à la comprendre ; mais pas un Chrétien, à qui ne sied que l’attitude de se mettre à la place de ce frère qui risque sa vie pour donner un avenir à ses enfants. Pouvons-nous reconnaître là précisément ce que Jésus-Christ nous demande quand il nous dit que nous l’accueillons lui-même dans chaque étranger ( cf. Mt 25, 35 ) ? Saint Benoît l’avait accepté sans réserve et, bien que cela puisse « compliquer » la vie des moines, il a disposé que tous les hôtes qui se présenteraient au monastère, on les accueille « comme le Christ »[85] en l’exprimant même par des gestes d’adoration,[86] et que les pauvres et les pèlerins soient traités « avec le plus grand soin et sollicitude ».[87] » [4]
Mais en lisant le paragraphe 102 dans son intégralité, je ne pense pas qu'on puisse prétendre que le Pape François nie ces vérités et la gravité incomparable de l'avortement qui est un meurtre au premier degré et qu'il est incomparable à limiter l'immigration ou à accepter davantage d'immigrants. Au contraire, François veut souligner que les étrangers, les sans-abri et les malades possèdent également la même dignité humaine de l'enfant à naître dont nous devons défendre avec passion la vie et la dignité. Chaque personne humaine mérite le plein respect et l'amour et, par conséquent le message de l'Évangile « ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, vous l'avez fait aussi à Moi » ; et « ce que vous n'avez pas fait au plus petit de mes frères, vous ne Me l’avez pas fait à Moi » ne s'applique pas seulement à l'enfant à naître, ce qui est tout à fait vrai.
Quels fruits avez-vous vus à la suite de son souhait de critiquer ceux qui adhèrent fermement à la Doctrine et aux commandements ?
Le Pape François n'appelle pas dans GE, comme il l'a fait auparavant, ceux qui adhèrent à la Doctrine selon laquelle l'adultère ne peut en aucune manière être justifié et qui nient que l'adultère puisse correspondre à la Volonté de Dieu. Le Pape François dans GE ne nomme pas non plus les rigoristes qui insistent sur le fait qu'il y a des actes intrinsèquement mauvais qui ne doivent jamais être commis et qu'il y a des lois universellement contraignantes qui rendent intrinsèque tout acte de contraception, d’avortement, d’euthanasie, de viol, de calomnie, de mensonge ou d’autres actes intrinsèquement mauvais. Au contraire, il cite dans GE beaucoup d'actes qui sont intrinsèquement mauvais sans le moindre indice qu'ils pourraient dans n'importe quelle situation devenir légitimes. [5]
Le Pape François a sans doute donné l'impression dans certaines déclarations précédentes qu'il nie des actes intrinsèquement et toujours moralement mauvais. Cependant, il n'y a aucun mot qui le dit clairement dans GE, dont le message porte sur l'appel de chaque homme à la sainteté, et qui contredit clairement l’excuse objective de commettre des actes intrinsèquement mauvais. Ne pas commettre de péchés est une condition préalable à l'accomplissement de l'appel à la sainteté, qui exige plus que simplement s'abstenir d'actes intrinsèquement mauvais ; les commettre ne peut jamais faire partie de la sainteté, cependant. Le Pape François est-il alors revenu dans GE à la loi naturelle classique et à l'enseignement de l'Église sur la morale qu'il semblait avoir abandonné dans certaines déclarations antérieures ?
Certaines parties de GE nous donnent cet espoir, au moins par implication de ce qui est le mieux dans GE. Sans doute, cependant, malgré tout son éloge excellent et simple de la sainteté, GE — bien que sous une forme quelque peu voilée — il exprime à un certain point une sorte d'identification du rigorisme avec l'orthodoxie et avec l'adhésion à l'enseignement moral central de l'éthique naturelle, de Humanae Vitae et Veritatis Splendor. L’enseignement de ces documents selon lesquel la contraception, l'avortement, l'euthanasie et bien d'autres actes ne doivent en aucun cas jamais être commis n'est en tout cas ni clairement affirmé ni clairement nié dans GE .
Nous pouvons en dire plus : en effet, la citation d'un beau texte du document d'Aparecida dans la note 84 ne peut être que logiquement cohérente avec une position qui se trouve sur le terrain de Veritatis Splendor :
La cinquième Conférence Générale des Évêques d'Amérique Latine et des Caraïbes, faisant écho à l'enseignement constant de l'Église, a déclaré que les êtres humains « sont toujours sacrés, depuis leur conception, dans toutes les étapes de leur existence, jusqu’à leur mort naturelle, et même aussi après la mort ».
« La vie est un cadeau gratuit de Dieu, un don et une tâche que nous devons protéger depuis sa conception, dans toutes ses étapes, et jusqu’à la mort, sans relativismes ». ( Aparecida Document, 29 juin 2007, 388 ; 464 ). »
Combien devons-nous espérer que le Pape, le chef visible de l'Église et représentant du Christ sur Terre, tirera très explicitement de bonnes conclusions logiques des bonnes choses qu'il dit dans GE ! Pour autant que je sache, le Pape François n'a pas expressément rejeté ce que le Père Chiodi, nouveau membre de l'Académie Pontificale de la Vie et de la Commission Papale qui réinterprète Humanae Vitae à la lumière d'Amoris Laetitia et qui appelle un « Nouveau Paradigme Théologique Moral Papal » qu'il attribue à AL et selon lequel il n'y a rien d’intrinsèquement immoral à propos de la contraception, dont la pratique peut même être une obligation selon Chiodi, tout comme il n'existerait pas, selon ce « nouveau paradigme », dit tout à fait en général, tout acte intrinsèquement mauvais qui est mauvais selon « une règle générale ».
La noblesse morale du discours de GE sur la sanctification comme vocation générale nous laisse espérer que ce « nouveau paradigme » est une invention du Père Chiodi, qui ne proclame aucun nouveau paradigme mais qui réchauffe de vieilles erreurs éthiques rejetées et réfutées par Veritatis Splendor. Ce prétendu « nouveau paradigme » est sans aucun doute une erreur désastreuse qui détruit les fondements mêmes de la morale et de l'enseignement moral de l'Église. Je crois, cependant, que François rejette implicitement dans GE ce « nouveau paradigme » qui a été identifié par certains lecteurs critiques dans certains passages d' Amoris Laetitia. De même, je ne vois pas cette erreur du prétendu « nouveau paradigme » ( en réalité l'ancienne erreur éthique du proportionnalisme conséquentialiste ) clairement exprimée dans le passage suivant de GE, que certains lecteurs ont interprété comme une confirmation du « nouveau paradigme » :
43. Nous ne parvenons à comprendre que très pauvrement la vérité que nous recevons du Seigneur. Plus difficilement encore nous parvenons à l’exprimer. Nous ne pouvons donc pas prétendre que notre manière de la comprendre nous autorise à exercer une supervision stricte sur la vie des autres. Je voudrais rappeler que dans l’Église cohabitent à bon droit diverses manières d’interpréter de nombreux aspects de la Doctrine et de la vie Chrétienne qui, dans leur variété, « aident à mieux expliquer le très riche trésor de la Parole ». En réalité « à ceux qui rêvent d’une Doctrine monolithique défendue par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite ».[39]
Précisément, certains courants gnostiques ont déprécié la simplicité si concrète de l’Evangile et ont cherché à remplacer le Dieu trinitaire et incarné par une Unité supérieure où disparaissait la riche multiplicité de notre histoire.
Je propose que nous ne devrions pas lire dans ce texte le nouveau paradigme du Père Chiodi. Au lieu de cela, espérons que le Pape François, s'appuyant sur la riche exhortation biblique pour tendre vers la sainteté et sur sa propre Exhortation afin de prendre au sérieux notre appel à la sainteté, répondra clairement et sans ambiguïté aux dubia justifiés des Quatre Cardinaux et que le Pape François, en effet, insistera sur le fait que l'interprétation de Chiodi du nouveau paradigme qui nie Humanae Vitae et rejette l'enseignement central de Veritatis Splendor sur les actes intrinsèquement mauvais est une énorme erreur et loin de l'esprit de François. S'il épousait cette erreur, on pourrait difficilement concevoir qu'une tragédie et une erreur plus grande n’aient jamais affligé l'Église.
Que dites-vous à l'idée que sa stratégie vise à s'éloigner de faire des « idoles » de la Doctrine, la loi et certaines formulations Doctrinales ( voir l' homélie de Pope à la Messe de Chrismale de cette année ) ?
Dans les n ° 43 et 44 de GE, le Pape François semble en effet dénigrer la Doctrine et la vérité dans la manière dont la belle et sublime lettre ouverte du Père Weinandy au Pape le déclarait. Et en GE # 57, le Pape François écrit :
Cela se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment différentes : l’obsession pour la loi, la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, l’ostentation dans le soin de la liturgie, de la Doctrine et du prestige de l’Église, la vaine gloire liée à la gestion d’affaires pratiques, l’enthousiasme pour les dynamiques d’autonomie et de réalisation autoréférentielle.
Cependant, je ne vois pas GE identifier directement l'insistance sur les absolus moraux et sur les règles générales selon lesquelles certains actes humains sont toujours et partout mauvais avec une idéologie. En outre, GE, dans sa lecture édifiante du Sermon sur la Montagne et son insistance sur la valeur morale absolue de l'Amour de Dieu et de l'amour du prochain, de la miséricorde, de la patience, etc., semble même clairement opposer les types d'erreurs que le Père Chiodi a loué et attribué au Pape dans sa conférence.
Tout aussi important à propos de GE est le fait que le document rejette au moins une partie des graves erreurs et des hérésies récemment attribuées au Pape par le célèbre journaliste athée Eugenio Scalfari qui a interviewé le Pape François et lui a attribué le déni du Jugement Dernier, le déni de l'Enfer et d'un diable personnel qui nous tente et souhaite que nous le rejoignions dans son éternel « non » à Dieu et veut nous entraîner avec lui-même dans les tourments éternels. Au lieu de cela, Scalfari prétendait que, selon le Pape François, les mauvaises personnes seraient simplement anéanties, comme l'enseignent les Témoins de Jéhova. De quelque manière que l'on puisse expliquer la contradiction entre GE et la description de la théologie de l'Enfer du Pape François donnée par Scalfari, le cinquième chapitre de GE est sans doute la déclaration la plus forte de ce Pontificat sur la réalité du diable. Le chapitre 5 est également une description particulièrement claire du combat spirituel et contient un long traitement de la réalité du diable en tant que personne et entité réelle ( 159-162, 165 ) qui ne peut en aucune façon être interprétée, à l'instar de Rudolf Bultmann, que le Pape a cité dans un de ses sermons pascaux, comme une simple création subjective de notre conscience et de notre propre interprétation, ou comme un produit du « kérygma », un simple objet de prédication et de conscience humaine compatible avec le fait que les os du Christ pourrissent dans une tombe et que l'événement réel de la Résurrection n'a jamais eu lieu, ou que les textes Scripturaux qui parlent du diable sont simplement mythologiques et rien de plus que des noms pour la réalité du mal dans le monde. Non, le Pape François prêche dans le cinquième chapitre de GE l'enseignement Jésuite classique du discernement des esprits qui nous permet de juger quelles pensées dans notre âme et quels mouvements de notre volonté sont le fruit de l'inspiration divine et quelles sont les œuvres des tromperies du démon. Cette notion classique de discernement est très différente de la notion de discernement proposée dans AL qui présente comme possible que les actes d'adultère pourraient être ce que Dieu veut de nous dans une situation concrète.
Pour conclure, je vois certaines vérités soulignées dans GE comme une formulation de ce qu'un Catholique devrait espérer chez un Pape. Que Dieu permette que cet espoir s'accomplisse : que le magistère du Pape François accomplisse véritablement la mission du Pape ; qu'au lieu de semer la confusion et les erreurs, le Pape François puisse devenir un serviteur de la Vérité révélée et de la Doctrine Sacrée de l'Église, sur laquelle le Pape n'est pas le Seigneur, mais à laquelle il doit se soumettre et qu'il doit transmettre pour que tous les hommes peuvent être touchés par la Vérité et la beauté de l'Évangile et de la sainteté que Dieu veut donner à chacun de nous si nous coopérons avec Sa Grâce.
[1] Voir la merveilleuse méditation de ces béatitudes dans Dietrich von Hildebrand, Transformation en Christ. Sur le Christian Attitude of Mind , dernière édition avec un nouveau sous-titre : Transformation en Christ. Notre chemin de la sainteté. Réimpression de 1948 ( New Hampshire : Sophia Institute Press, 1989 ).
[2] Voir aussi Josef Seifert, « Amoris Laetitia. Joie, tristesse et espoirs ». Aemaet Bd. 5, Nr. 2 ( 2016 ) 160-249, http://aemaet.de urn: nbn: de: 0288-2015080654 ; le même auteur, « La logique pure menace-t-elle de détruire toute la Doctrine morale de l'Église Catholique ? » Aemaet , Wissenschaftliche Zeitschrift für Philosophie und Theologie http://aemaet.de , Bd. 6 ( 2017 ), 2-9.
[3] http://www.ncregister.com/blog/edward-pentin/academy-for-life-member-uses-amoris-to-justify-contraceptive-use
[4] Le Pape François ne mentionne pas ici la partie ultérieure de la règle de Saint Benoît qui montre qu'offrir l'hospitalité et un toit aux personnes nécessiteuses n'est pas toujours exigé et que le refuser n’est pas intrinsèquement mauvais comme l’avortement. Saint Benoît déclare dans sa règle que, si un invité dérange la communauté de la vie monastique, il devrait être dit qu'il devrait partir ; et s'il ne suit pas cette demande, deux moines robustes devraient le mettre dehors de force.
[5] Par exemple, dans GE 85, il énumère un certain nombre d'actions mauvaises qui sont sans aucun doute intrinsèquement et toujours mauvaises :
Dans l’Évangile selon Matthieu, nous voyons aussi que ce qui procède du cœur, c’est cela qui souille l’homme ( cf. 15, 18 ), car de là proviennent, entre autres, les crimes, le vol, les faux témoignages. ( cf. Mt 15, 19 ). Les désirs et les décisions les plus Profonds, qui nous guident réellement, trouvent leur origine dans les intentions du cœur.
En 113, il parle du mal intrinsèque de la vengeance :
113. Saint Paul invitait les Romains à ne « rendre à personne le mal pour le mal » ( Rm 12, 17 ), à ne pas vouloir se « faire justice à [eux]-mêmes » ( v. 19 ), et à ne pas se laisser vaincre par le mal, mais à être vainqueurs « du mal par le bien » ( v. 21 ).
On pourrait ajouter beaucoup d'autres exemples d'actes intrinsèquement mauvais, tout à fait conformes à GE, par exemple le viol, les abus sexuels, les actes homosexuels, les calomnies, les parjures, les fausses accusations, les jugements délibérément injustes des juges pour des gains personnels, etc. ., etc.
Dans son interprétation du « Heureux les miséricordieux ... », il dit :
La miséricorde a deux aspects. Cela implique de donner, d'aider et de servir les autres, mais cela inclut aussi le pardon et la compréhension. Matthieu résume en une règle d'or : « En tout, faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent » ( 7:12 ). Le Catéchisme nous rappelle que cette loi doit être appliquée « dans tous les cas » [71], surtout lorsque nous sommes « confrontés à des situations qui rendent les jugements moraux assurés et la décision difficile » [72].
En 81, il ajoute :
C’est pourquoi, dans l’évangile de Luc, nous n’entendons plus le « soyez parfaits » ( Mt 5, 48 ) mais : « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés ; remettez, et il vous sera remis. Donnez et l’on vous donnera » ( 6, 36-38 ). Et puis Luc ajoute quelque chose que nous ne devrions pas ignorer : « De la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour » ( 6, 38 ). La mesure que nous utilisons pour comprendre et pour pardonner nous sera appliquée pour nous pardonner. La mesure que nous appliquons pour donner, nous sera appliquée au ciel pour nous récompenser. Nous n’avons pas intérêt à l’oublier ».
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