Rédigé par : Dr Maike Hickson
SOURCE : One Peter Five
Le 6 avril 2018
À Pâques, non seulement un prêtre et un moine Allemands ont déclaré qu'ils pourraient bien imaginer une femme Pape à l'avenir, mais le Cardinal Christoph Schönborn — que le Pape François a qualifié de « grand théologien » et à qui le Pape a confié l'interprétation publique d'Amoris Laetitia — a donné une interview dans laquelle il semble exprimer la conviction qu'un futur Concile œcuménique pourrait approuver l'ordination des femmes à la prêtrise.
Dans une interview accordée le 1er avril à un groupe de journalistes Autrichiens — dont certains proviennent du journal Autrichien Die Presse, mais aussi du Salzburger Nachrichten — le Cardinal Schönborn a fait plusieurs déclarations qui montrent sa propre ouverture à l'idée des prêtres mariés ainsi qu’à des femmes ordonnées — des diaconesses, aux prêtres, et même aux femmes Évêques.
Interrogé dans cette interview du 1er avril sur la proposition d'un Évêque Autrichien d'ordonner des hommes mariés et s’il lui donnait son d'accord, le Cardinal Schönborn répond : « Les questions organisationnelles sont importantes et je crois qu'il y a de la place pour avancer. Ces paroles montrent clairement qu'il accueille favorablement de telles propositions de changement. Le Cardinal Autrichien éminent et rédacteur en chef du Catéchisme de l'Église Catholique explique dans ce contexte plus concrètement ce qu'il veut dire lorsqu'il aborde pour la première fois le thème des femmes et affirme que « l'une des questions clés est le rôle des femmes dans l'Église. Là, les communautés religieuses ont tout à fait besoin de développement ».
Le Cardinal Schönborn ajoute qu'il souhaite « un pourcentage plus élevé de femmes occupant des postes de direction » et aborde ensuite le sujet de l'ordination féminine :
« La question de l'ordination [ des femmes ] est une question qui ne peut clairement être clarifiée que par un Concile. Cela ne peut pas être décidé par un Pape seul. C'est une question trop importante pour qu'on puisse en décider au bureau d'un Pape ».
C'est le Pape Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique de 1994, Ordinatio Sacerdotalis, qui a donné le dernier mot de l'Église sur l'impossibilité d'ordonner des femmes au sacerdoce lorsqu'il a écrit :
« Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours, elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale ».
« C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église ».
Était-ce à cette lettre que Schönborn se référait quand il a dit que la question de l'ordination des femmes « ne peut être décidée par un Pape seul » et que « c'est une question trop grande » pour être décidée à partir du « bureau d'un Pape » ?
Il est important de noter ici que bien qu'il puisse sembler que le Cardinal établisse une norme élevée pour une telle décision, il propose en fait une telle étape — un Concile œcuménique — comme une sorte de changement communal révolutionnaire. En fait, même un Concile ne pourrait pas décider d'ordonner des femmes. Comme il est proche du Pape François, Schönborn soulève la question de savoir si ses commentaires indiquent ici certains projets futurs du Pape en ce qui concerne les ordinations féminines ou même en ce qui concerne un futur Concile œcuménique.
Lorsqu'on lui demande s'il parle ici de l'ordination de prêtres féminines, Schönborn répond : « Les ordinations en tant que diaconesses, prêtres et Évêques ». Discutant du fait que le Pape François n'a pas exclu l'idée d'ordonner des diaconesses, Schönborn revient à sa thèse selon laquelle il ne serait pas « bon » que le Pape se prononce seul sur cette question. « L'Église est une communauté, de grandes décisions doivent être prises ensemble ».
C'est dans ce contexte que le Cardinal Autrichien et actuel Archevêque de Vienne dit qu'il souhaite :
« que nous continuons à marcher sur le chemin de la synodalité de l'Église [ pour prendre des décisions après des consultations dans une assemblée — selon les mots du Salzburger Nachrichten ] que le Pape encourage beaucoup. J'espère qu'il y aura un prochain Concile — à quelque moment qu'il viendra. Jean XXIII a reconnu à son époque le bon moment alors que personne ne s'y attendait. J'ai confiance dans le Saint-Esprit.
Le Cardinal Schönborn prédit également que la question des prêtres mariés « sera certainement évoquée » au prochain Synode Amazonien même s'il dit lui-même qu'il « ne voudrait pas avoir à la décider ». Il répète : « J'ai confiance dans le Saint-Esprit ».
Le Cardinal Schönborn, lorsqu'il aborde plus en détail la question plus vaste des changements dans l'enseignement de l'Église, insiste sur le fait qu'il existe « un principe traditionnel, c'est-à-dire le développement de la Doctrine. À l'heure actuelle, nous vivons une étape très excitante dans le développement de la Doctrine » explique-t-il. Citant les propres paroles du Pape François à l'occasion du 25ème anniversaire du Catéchisme de l'Église Catholique, il dit que « le développement de la Doctrine existe ». À titre d'exemple, le Cardinal Autrichien se réfère à la question d’« une condamnation claire de la peine de mort » comme « voulue par Jean Paul II ». « Mais » ajoute le Cardinal, « le temps n'était pas encore venu. Maintenant, nous en sommes là ». ( Comme l'a expliqué plus tôt Steve Skojec, l'enseignement traditionnel de l'Église sur la peine de mort appartient en réalité à la Doctrine immuable et que l'affirmation selon laquelle la peine de mort est toujours injuste est une déclaration hérétique ).
Comme d'autres exemples de développements de doctrines « à différents niveaux », Schönborn mentionne les servantes à l'autel, revenant ainsi au sujet des femmes. Il souligne que « dans d'autres Églises Chrétiennes, il est encore inimaginable qu'une femme entre dans l’aire de l'autel » et souligne que le Pape François, il y a un an et demi, a placé la fête de Sainte Marie-Madeleine « au même niveau que les fêtes des Apôtres ». « On pourrait dire que c'est une petite chose. Mais cela montre un changement de conscience ».
À la lumière de cette nouvelle entrevue de Pâques, telle qu'elle a été donnée par Schönborn, il serait peut-être bon de rappeler une autre interview récente troublante. En janvier 2018, il s'est entretenu avec le journal Allemand Die Zeit dans lequel il a également abordé la question du changement de l'enseignement de l'Église. Lorsqu'on lui a demandé ce qu'il pensait du document papal Amoris Laetitia, le Cardinal a alors déclaré que le document était « apaisant ».
Il explique ce sentiment en disant que :
« Le grand document précédent, Veritatis Splendor, de Jean-Paul II montrait, en quelque sorte, un côté de la réalité, mais ne prenait pas en compte l'autre. Jean Paul II voulait dire qu'il y a des normes objectives. Et c'était absolument nécessaire. [...] La seconde moitié a été donnée par le Pape François avec Amoris Laetitia ».
En traitant avec des familles extrêmement pauvres comme celles d'Amérique Latine, le Cardinal ajoute : « On ne peut pas seulement leur arriver avec la norme objective ! » Car, il faut regarder les « conditions de vie » et les cas concrets.
Dans le même temps, Schönborn dit de façon équivoque que « bien sûr, la norme reste intacte. Ce n'est pas, après tout, une mesure neutre, mais c'est finalement la réalité ». Il veut aussi, avec le Pape François,« former les consciences » mais « ne pas les remplacer ».
Le Cardinal Schönborn a ensuite expliqué qu'il ne pensait pas qu'il devait être un pont entre le Pape François et son prédécesseur, le Pape Benoît XVI. « Je ne crois pas qu'il y ait besoin d'un pont entre les deux. Ils sont très différents et ils sont beaucoup plus proches qu'on ne le suppose souvent ». Il ajoute ensuite que « le Pape François a dit à plusieurs reprises qu'il chérissait mon introduction dans Amoris Laetitia et il l'a recommandée. Cela me rend bien sûr heureux. Je considère que c'est un document très important et très grand qui est vraiment très utile pour les conjoints et les familles ».
En ce qui concerne les deux interviews innovantes récemment données par le Cardinal Schönborn, Sandro Magister a fourni une excellente description du mode de fonctionnement du Pape François à répandre la confusion qui vient à l'esprit. Comme l'écrivait Magister le 5 avril :
En théorie, tous les médias du Vatican devraient travailler main dans la main pour transmettre au grand public l’image fidèle du Pape.
Mais en pratique, ce n'est pas ce qui arrive. François lui-même fait souvent cavalier seul en matière de communication publique, sans prendre la peine de se concerter avec personne. Et il s’y prend d’au moins trois manières :
- En disant lui-même ce qu’il veut en public, sans passer par aucun contrôle ni aucune vérification préalable ;
- En faisant en sorte que d’autres disent en public ce qu’il leur dit dans des entretiens privés ;
- En recommandant d’écouter des personnes qui disent ce que lui-même ne dit ni en public ni en privé mais qu’il souhaite entendre dire. [notre soulignement]
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