par Olivia Rao
Correspondante, Washington, DC
SOURCE : The Remnant
Le 18 avril 2018
Un rapport spécial The Remnant ...
Le mercredi 25 avril 2018, l'Institut d'Écologie Humaine et l'Université Catholique d'Amérique ont organisé une table ronde avec des experts des médias sur le Pontificat du Pape François, à l'occasion de l'anniversaire de la cinquième année de son Pontificat. Dr. Joseph Capizzi, le directeur exécutif de l'Institut d'Écologie Humaine, a modéré la discussion. Les représentants des médias étaient John L. Allen Jr., l'éditeur de Crux et un spécialiste de la couverture du Vatican ; Ross Douthat, chroniqueur d’une tribune libre reli pour le New York Times ; Adelaide Mena, journaliste indépendante et consultante basée à Washington, DC et travaillant actuellement pour l'agence de presse Catholique (CNA / EWTN) ; et E.J. Dionne, chroniqueur pour le Washington Post, professeur à l'Université de Georgetown, et auteur du livre « Une Nation après Trump : Un guide pour les égarés, les désenchantés, les désespérés et les non-encore déportés ».
Les panélistes ont discuté du point de vue du journalisme et des médias plusieurs questions concernant l'Église et la Papauté du Pape François. Les principaux sujets abordés par les panélistes étaient les difficultés rencontrées par les journalistes Catholiques à écrire au sujet de leur propre Église, l’impact du soi-disant « Effet François » sur la fréquentation de la Messe, les ordinations, les conversions et autres ainsi que la question controversée du divorce et du remariage.
Le premier sujet de discussion abordé par le panel a porté sur la manière dont les Catholiques abordent ce qui est écrit concernant le Pape. Les panélistes ont convenu collectivement que la meilleure façon d'aborder ce qui est écrit sur le Pape était de le traiter comme n'importe quel autre leader mondial : digne de respect mais personnellement faillible. M. Douthat a expliqué que les journalistes Catholiques ont un travail difficile en ce sens qu'ils doivent apprendre à équilibrer les reportages et à défendre l'Église. M. Douthat a commencé comme chroniqueur au New York Times en 2008 lorsque l'Église était au milieu d'une nouvelle vague de scandales sexuels ; il avait la tâche difficile de rendre compte des scandales et de critiquer la direction de l'Église pour la façon dont elle les traitaient tout en voulant défendre l'Église dans son ensemble devant un auditoire ayant une vision très négative de l'institution. Il est souvent difficile, a-t-il souligné, d'équilibrer le journalisme et la piété personnelle.
Lorsqu'on leur a demandé s'ils avaient l'impression que l'attitude à l'égard de l'Église avait changé au cours des dernières décennies, M. Allen et M. Dionne ont convenu que le rythme du journalisme avait changé en raison des progrès technologiques du XXIe siècle, mais le matériel n'a pas beaucoup changé. M. Douthat a ajouté qu'il croyait que l'attitude avait beaucoup changé. La crise des abus sexuels, a-t-il souligné, a joué un grand rôle dans l'élaboration de la volonté des Conservateurs de critiquer l'Église et même le Pape lui-même. Avant le Concile, a-t-il dit, l'attitude des Conservateurs — en particulier des membres Conservateurs des médias — était beaucoup plus respectueuse envers la Papauté ; mais une grande partie de cette déférence est morte entre 2001 et 2010 lorsque les scandales ont dominé les nouvelles.
L’Effet François
M. Capizzi a ensuite orienté la conversation vers le deuxième sujet majeur de la soirée : le soi-disant « Effet François » que la plupart des médias avaient espéré voir lorsque le Cardinal Bergoglio est devenu le Pape François. Bergoglio était considéré comme humble, direct, plein d'humour, et il était admiré pour « diriger avec miséricorde plutôt qu'avec la Doctrine ». L'espoir, disait Capizzi, était ce que sa nouvelle attitude amènerait les gens dans l'Église et qu’elle réveillerait ceux qui étaient sur le « régulateur de vitesse » dans l'Église. Avons-nous vu « l'Effet François » ?
La réponse de Mme Mena fut à l’effet que nous devons regarder les statistiques dans les cinq à dix prochaines années parce que, cinq ans dans la papauté, c’est trop tôt pour le dire. Elle a ajouté que les ordinations aux États-Unis sont passées de 590 l'an dernier à 430 cette année — une diminution de 27% — mais elle a soutenu qu'à long terme, il est trop tôt pour dire quels seront les effets du Pontificat actuel sur des choses telles que la présence à la Messe, les ordinations, les consécrations, les conversions et autres. Selon Mme Mena, le véritable « Effet François » est lié à la vision de l'Église et du monde Catholique par le Nord Catholique global par rapport au Sud Catholique global. Tout en admettant que ce n'est généralement pas ce que l'on entend par « Effet François » tel que le terme est utilisé par les médias traditionnels, Mme Mena a suggéré que les origines du Pape François d’Amérique du Sud auront un effet d’apporter une attention sur les problèmes rencontrés l'Hémisphère Sud.
M. Allen, pour sa part, croyait qu'il était erroné de s'attendre à ce que des choses telles que les ordinations, les consécrations, les conversions et la participation à la Messe dépendent d'une seule personne même si cette personne devait être le Pape. De nombreuses variables pourraient affecter ces statistiques. Selon M. Allen, cependant, il y a certainement eu un « Effet François » même si nous ne pouvons pas dire qu'il se rapporte aux statistiques susmentionnées. Pour commencer, les médias, même les médias laïques, sont complètement en amour avec le Pontife actuel. Pour cette raison, M. Allen a affirmé que ses opinions sur ces questions sont entendues par les médias laïques d'une plus grande manière que ses opinions ont été relativement entendues pour les Pontifes précédents. Comme l'a dit M. Allen, le Pape François « a captivé l'imagination du monde entier » et, pour cette raison, il devient un point de consultation sur les questions morales tant dans les populations Catholiques que non-Catholiques.
M. Dionne, qui s'est identifié comme le plus enthousiaste des partisans de François, a convenu avec Mme Mena que l'un des plus grands effets de la Papauté actuelle est la façon dont le Pape a soulevé les cultures et les problèmes du Sud global sous le feu des projecteurs. M. Dionne a dit que ce que le Pape François croit de la pauvreté et des injustices mondiales n'est pas incompatible avec les croyances de ses prédécesseurs ; ils sont simplement des priorités plus élevées pour lui. M. Dionne a loué le Pape François pour sa profonde affection pour les formes traditionnelles de piété et pour son énorme respect pour la piété populaire, les dévotions mariales, les dévotions personnelles et autres.
Le troisième grand sujet de discussion, celui du divorce et du remariage, a suscité plus de controverse et de désaccord au sein du panel. M. Douthat a expliqué que sa plus grande déception face à la Papauté du Pape François est que, malgré son amour supposé pour le Sud et son désir de faire connaître ses problèmes dans l'Église, le Pape a peu accompli sur ce plan. Au lieu de cela, a dit M. Douthat, il a le mieux réussi à créer de la confusion et de l'incertitude sur des questions pour lesquelles l'enseignement de l'Église avait déjà été considéré comme certain et sans équivoque ; l'exemple le plus frappant étant la question du divorce et du remariage.
M. Dionne a sauté à la défense du Pape François, disant qu'il n'a modifié aucune Doctrine de l'Église sur la question du divorce et du remariage, mais qu'il demande une plus grande considération des cas particuliers et aussi une décentralisation du pouvoir sur la question. M. Dionne a dit que la perspective du Pape sur le divorce et le remariage est conforme au thème central de son Pontificat : la miséricorde. Pourquoi une femme maltraitée qui a quitté son mari et s'est remariée doit-elle être bannie de la Communion quand un meurtrier peut avouer une fois et ensuite retourner à la Communion ? Le point de vue de l'Église sur le mariage et le divorce, a souligné M. Dionne, n'a jamais été une ligne droite ; il a toujours pris des rebondissements, et ce nouveau regard sur le problème sous le Pontificat actuel n'est pas sans précédent.
Mme Mena a ensuite posé la question qui a continué à être discutée jusqu'à la fin de la soirée : est-ce que la question du divorce, du remariage et de la réception de la Communion est vraiment une question basée sur François ou peut-elle être retracée historiquement au Pape Jean-Paul II ? L'Exhortation Apostolique de Paul II Familiaris Consortio sur le rôle du mariage et de la famille dans l'Église ? ( NB : selon Familiaris Consortio, deux personnes qui se sont mariées après avoir divorcé de leur conjoint doivent vivre ensemble comme frère et sœur si elles souhaitent rester en règle dans l'Église et continuer à recevoir les Sacrements ). M. Douthat a souligné qu'il y a un grand bond à faire de dire que les divorcés et les remariés peuvent vivre ensemble comme frère et sœur et leur permettre de vivre comme mari et femme et de recevoir la Communion. Il a retracé le laxisme actuel envers l'enseignement de l'Église sur le divorce et le remariage à une politique libéralisée et trop permissive envers le processus de nullité, ce qui a conduit les Catholiques à croire qu'une nullité est simplement inutile. Selon lui, il est difficile de voir la différence entre la position de l'Église Catholique sur le divorce et la position laïque sur le divorce et il a suggéré qu'il serait bientôt plus facile de revenir à la Communion après un remariage que d'obtenir un divorce civil.
M. Allen et M. Douthat ont convenu que non seulement Amoris Laetitia ne dit pas que les couples divorcés et remariés doivent vivre ensemble en tant que frère et sœur ; Amoris Laetitia est, en fait, explicitement critique de cette notion.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire