Par: Phil Lawler
Phil Lawler a été journaliste Catholique depuis plus de 30 ans. Il a édité plusieurs revues Catholiques et écrit huit livres. Fondateur de World Catholic News, il est le directeur des nouvelles et analyste en chef à CatholicCulture.org.
SOURCE : Catholic Culture
Le 4 août 2017
Cette semaine, le Vatican a lancé une campagne internationale contre la corruption et le crime organisé. Eh bien, ce n'est pas tout à fait cela. Cette semaine, le Vatican a annoncé la campagne ; elle sera effectivement lancée en septembre. Nous ne savons donc pas exactement ce qu'il en sera.
Si vous lisez l'annonce complète, publiée le 2 août par le Dicastère pour le Développement Humain Intégral, vous remarquerez que la déclaration est avare de détails. Il y aura un « groupe de consultation internationale » qui favorisera l'éducation et la sensibilisation du public aux dommages causés par la corruption. Jusqu'ici tout va bien. Mais qui seront les membres de ce groupe et qu'est-ce qu'ils feront réellement ?
« Le groupe de consultation ne proposera pas seulement des exhortations vertueuses car des gestes concrets sont nécessaires » nous dit-on. Excellent. Et quels pourraient être ces « gestes concrets » ? L'annonce ne propose qu'une seule suggestion : une discussion sur l'excommunication en tant que sanction pour corruption ou pour participation à la Mafia.
Est-ce que l'excommunication d'individus éminents est une possibilité réaliste à l'époque du Pape François ? La peine canonique pourrait-elle dissuader la corruption ?
Disons que la corruption est un problème très grave. Le problème est généralement des plus graves dans les sociétés pauvres, pour trois raisons. Tout d'abord, parce que les dirigeants kleptocratiques volent leur propre peuple et même siphonnent une partie de l'aide humanitaire que leurs pays reçoivent. Deuxièmement, parce que la corruption endémique entrave le développement économique ; les investisseurs se détournent des pays où les règles peuvent changer brutalement au gré d'un fonctionnaire gourmand du gouvernement. Troisièmement, parce que les pauvres n'ont pas les ressources dont ils ont besoin pour lutter contre la corruption publique. La corruption dans le gouvernement est une forme d'oppression ; ce n'est pas un hasard si la corruption est plus évidente dans les régimes autoritaires. Il n'est donc pas illogique de suggérer que l'Église devrait traiter la corruption publique comme une offense grave : un péché grave et un scandale.
Cependant, afin de punir la corruption, les dirigeants de l'Église devraient d'abord prouver la corruption. C'est là une difficulté. Nous pourrions tous être certains qu'un leader particulier du gouvernement est corrompu et nous pourrions tous avoir raison. Mais le Droit Canon, comme le droit laïc, exige des preuves avant qu'une sanction ne puisse être imposée. Comment un tribunal ecclésiastique pourrait-il acquérir cette sorte de preuve ?
Ce serait assez simple, je suppose, si un politicien vénal a convoqué une conférence de presse pour se vanter de son acceptation de pots-de-vin et de ses dessous-de-table. Mais ce n'est pas probable. (Il en va de même pour les caïds de la Mafia qui s'identifient habituellement devant le public comme des hommes d'affaires légitimes. Don Corleone ne serait pas excommunié pour son importation d'huile d'olive.)
Et pourtant ... Attendez une minute ! Un certain nombre de politiciens Catholiques de premier plan n'ont-ils pas tenu des conférences de presse pour annoncer leur soutien à l'avortement légal illimité à la demande ? N'ont-ils pas été prévenus que le soutien à l'avortement légal est gravement mal et les sépare de l'Église à laquelle ils proclament leur fidélité ? S'il y a un argument à faire pour l'excommunication des politiciens corrompus, il y a un argument plus fort pour l'excommunication des politiciens Catholiques qui soutiennent l'avortement.
D'une certaine façon, je doute que le Dicastère pour le Développement Humain Intégral, sous sa direction actuelle, donne suite à cet argument. De même que, franchement, je doute que le Dicastère ne produise rien de plus qu'une dénonciation pro forma des politiciens corrompus.
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