Écrit par Hilary White
ex-correspondante à Rome
Le 26 avril 2016
SOURCE : The Remnant
Je me demandais pourquoi la proposition Kasper / Amoris Laetitia a suscité un tel sentiment profond de répugnance et de dégoût. Cette réponse m’a affectée jusque dans mes tripes et j'ai essayé de la comprendre. Aujourd'hui, je pense que je l’ai comprise.
Il y a plusieurs années, j'étudiais la Foi, je suis venue à une réalisation extraordinaire qui a changé le sens de ma vie pour toujours. J'avais déjà commencé à prendre au sérieux la loi morale, mais j’ai tout de suite commencé à voir l’admonestation du Christ d ‘« être parfaits comme mon Père céleste est parfait » (Matthieu 5 :48) comme une calamité. Si Jésus exige une telle perfection absolue de moi, mes chances de béatitude céleste me semblaient bien minces en effet ! J’en suis venue près du désespoir et de tout abandonner presque.
J’en étais venue à ce stade d’une meilleure compréhension de mes propres péchés, à la vaste et terrifiante signification cosmique de s’opposer Dieu et j’avais peut-être une faible lueur de l'immense et inimaginable perfection de Dieu et, en comparaison, de l'abjection absolue de mon propre moi embourbé dans le péché. Mon faible aperçu de l’immensité de la perfection de Dieu me rendait tout de go la tâche tout à fait inconcevable. « Soyez parfaits » comme ça ? Heu ! Juste ça ?
Et il semblait injuste d’attendre cela de moi et j’ai lutté pendant longtemps avec cet apparent casse-tête. Comment le Dieu parfait, qui veut parfaitement mon bien parfait, puisse donner ce commandement complètement inaccessible à la perfection? De mon point de vue, il n'y avait pas de solution. Il était impossible d'imputer à Dieu rien d’autre que la vérité toute entière, mais ce commandement était absurde.
Au milieu de cette crise (qui a duré plus d'un an), je suis tombée sur l'enseignement de Martin Luther et ses disciples qui, lorsqu'ils ont été confrontés à un même problème apparemment insoluble, ont rendu une décision qui a été essentiellement contre Dieu. La nature humaine est irrémédiablement corrompue, de long en large, et Dieu lui-même n'a pas le pouvoir de la modifier. Ils ont décrit l'âme humaine comme un tas de fumier sur lequel la grâce de Dieu tombe comme une couche épaisse de neige qui ne change rien à la corruption sous-jacente.
Cette doctrine nauséabonde et simplement méchante — essentiellement nihiliste — m’a rendue tellement furieuse que j’ai réalisé en un éclair que c’était une insulte, pas à moi dans mes faiblesses, mais à la perfection et la puissance infinie de Dieu. Ma fureur ardente envers cette insulte m'a fait comprendre enfin ce que l'Église avait toujours soutenu : que ce n’est pas de mon pouvoir mais que c’est par la Puissance de Dieu qui va me changer en cette chose nouvelle « parfaite ». Cette promesse était vraie et elle L’impliquait beaucoup plus Lui que moi.
Luther a essayé de dire que Dieu ne peut pas nous améliorer en de « parfaites » créatures et cette insulte ne pouvait pas être supportée par moi. Dieu, Lui-même, non seulement peut mais veut me changer — Il l'a dit clairement — et j’ai été créée à cette fin. Et voilà pourquoi la proposition Kasper et Amoris Laetitia ainsi que toutes les œuvres joviales de François cherchant à nous rendre plus mondains et moins intéressés par notre fin ultime du désir Chrétien pour la vision béatifique, sont tellement déprimantes, si décourageantes et si dégoûtantes.
J’étais dégoûtée de la proposition de Luther que nous ne pouvions pas nous changer principalement parce que cette proposition dénigrait Dieu. Mon désir d'être un tout autre genre de personne ne peut être accompli que par la grâce divine. Et ici il y avait ce crapaud hideux d'homme qui disait que cela était impossible à Dieu.
La solution Kasper / Francis au problème que j’avais quand j’essayais de le résoudre et qui m’a pratiquement déconstruite, est le même que la solution Luther : « Abandonne. Arrête. Vous avez raison, c’est impossible, alors vous ne devriez vraiment pas vous donner même la peine d'essayer ». Ils disent, en substance, que Dieu est un menteur, Il ne vous aime pas avec un amour parfait et transformant, Il n’a pas l'intention de vous changer parce qu’il n’a pas le pouvoir de vous changer. Vous devriez tout aussi bien réduire vos objectifs.
Le grand secret de la Foi Catholique est qu'elle est destinée à vous changer radicalement, c’est-à-dire vos racines et vos branches, en quelque chose de nouveau, quelque chose que le monde n’avait pas vu jusqu'à ce que le Christ soit devenu homme et qu’Il l’ait rendu possible. Le commandement « être parfait » à ce degré infini ne vise pas à être une condamnation ou un conseil de désespoir — comme si l'on pouvait imaginer que le Christ puisse annoncer des telles choses.
La logique de ma découverte était simple et était basée sur cette première notion que le Christ était incapable de mensonge, incapable de méchanceté. Par conséquent, tout ce qu’Il nous a dit de faire est quelque chose qui devait être possible de faire. Mais, sachant ce que j'étais, un pécheur incapable de sortir du regard de mes propres péchés, j’ai enfin compris que quelque chose de tout à fait sans précédent, quelque chose de tout à fait extraordinaire, était nécessaire.
Telle est la logique que Kasper et François, après Luther, semblent être réticents à faire face. Je ne sais pas pourquoi ils refusent de considérer ce simple résultat logique. Peut-être qu’ils ne croient tout simplement pas en Dieu ou qu’ils ne croient pas que Dieu les aime et qu’Il a la puissance d'aider. Mais la logique ne peut pas être ignoré : ou Dieu est un menteur, ou bien Il peut faire ce que je ne peux pas. Et la réponse à cela est évidente.
Avec ce document, François propose que Dieu est un menteur, et au lieu de l'Union Transformatrice, au lieu de la « divinisation » et de la sainteté héroïque dans cette vie, et au lieu de la gloire inimaginable pour toujours dans la prochaine vie en tant que destination pour tous les êtres humains sans exception, nous avons le message de Amoris Laetitia : « à partir de maintenant, l'Église ne n’exigera plus d’une personne de rester même en état de grâce parce qu'une telle chose est impossible, non seulement pour nous, mais pour Dieu. Les péchés ne sont plus des péchés, le repentir n’est plus nécessaire et la grâce sanctifiante et le pardon ne sont plus offerts d'un Dieu qui ne semble pas se soucier beaucoup de nous ».
La religion de Kasper et François et « La Joie de l’amour » sont trop déprimantes pour moi. Je pense que je vais continuer à être Catholique.
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