jeudi 7 avril 2016

Mgr Lefebvre avait tort tout le long ! Vrai ?


Écrit par Francis Fox
SOURCE :The Remnant



Archi idiot, dément et l'un des maîtres comiques du 20e siècle, Spike Milligan (R.I.P) était un fou shakespearien classique, qui a vécu sa vocation irrévérencieuse mais prophétique jusqu’à la fin. L'inscription sur sa pierre tombale dit tout : « Je vous l’ai dit que j'étais malade ».

L'homme était un crack dans plus d'une façon. Son humour loufoque peut ne pas être la tasse de tout le monde à son petit déjeuner anglais, mais son engagement à faire rire les gens était très impressionnant ; rire sans la moindre trace d'amertume comme celui qui s’abandonne de tout son être à la vérité de ce que nous sommes et que nous avons toujours été. Parce que l'homme qui, par la grâce de Dieu, se comprend lui-même pour être totalement un idiot représente la meilleure chance de devenir un saint idiot.

Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas sur le point d’initier une cause pour la béatification de Spike Milligan. Je ne pourrais pas vous dire s'il était même Catholique, pas que ce soit nécessairement un problème ces jours-ci, bien que le fait qu'il soit mort depuis plus de 12 mois doit au moins le qualifier pour un examen. Je voudrais, cependant, suggérer que là il y a un homme — un homme avec beaucoup moins de chance d'être jamais canonisé — qui mérite probablement une épitaphe comme Milligan pour honorer son lieu de repos. Dans le cas de Marcel Lefebvre, bien sûr, nous aurions besoin d'ajuster la formulation légèrement sur l’épitaphe : « Je vous ai dit que c’était malade ».

Lefebvre était bien placé pour faire cette évaluation de l'Église Conciliaire.

Jamais le dissident, qui était décrit comme tel, sa formation dans la foi et en tant que prêtre, son ascension non recherchée mais bien méritée dans les rangs ecclésiastiques pour devenir Archevêque et Supérieur général des Pères du Saint-Esprit — « Lefebvre a été largement respecté pour son expérience en terrain de mission et pour sa capacité à faire face à la Curie Romaine » (re : Wikipedia) ; son appartenance au groupe d'ecclésiastiques choisis par Jean XXIII pour préparer les textes à traiter lors de Vatican II, sa perspicacité dans l'organisation, ses motivations et sa grande facilité de parler politique au bloc moderniste qui a détourné le Concile, son témoignage post-Concile de la destruction bien orchestrée et déployée rapidement de tout ce qui dans l'Église Catholique Romaine avait été autrefois saint ; et sa conviction qui a conduit Paul VI à regretter amèrement que la fumée de Satan soit entrée dans le sanctuaire et cette conviction aussi qui a amené Josef Ratzinger à observer que la Révolution française dans l'Église avait été accomplie, tout cela a conduit Marcel Lefebvre à conclure que la hiérarchie de l'Église Catholique ne pouvait plus compter sur lui pour accomplir son devoir Catholique.

Mais il semble que Lefebvre avait tort.

La série de ces derniers saints canonisés (ou du moins béatifiés) — de fait chaque Pape depuis Vatican II à l'exception de Jean-Paul I (RIP) qui est mort trop tôt et de Benoît XVI qui n'est pas mort du tout — démontre catégoriquement qu'il avait tort. De toute évidence, nous vivons à une époque bénie ; pas aux époques des ténèbres et dogmatiques de l'Église qui ont précipité une nuit noire sur nous jusqu'à ce que l'aube brillante de 1962. Depuis lors, nous sommes passés de dogmatique à catatonique, de pénitentiel à existentiel dans une évolution glorieuse dans le toujours ‘nouveau’.

Si Assise (note : rencontre multi religieuse où Catholiques, Hindous, Protestants, Boudhistes se sont réunis) a jeté une ombre de doute, rejetez-la joyeusement. Le nouveau François nous absout de toute crainte — sauf de la crainte justifiée des choses anciennes — alors que nous assistons au début de son allocution aux fidèles à l'occasion de sa Messe pour marquer la clôture du Synode extraordinaire sur la famille (première session) et de la béatification du Serviteur de Dieu Paul VI en 2014 : « Dieu n'a pas peur des nouvelles choses ! Voilà pourquoi Il nous surprend sans cesse, en ouvrant nos cœurs et en nous guidant de façon inattendue. Il nous renouvelle : Il nous fait constamment « nouveau ». Un chrétien qui vit l'Évangile est « nouveauté de Dieu » dans l'Église et dans le monde. Comme Dieu aime cette « nouveauté » ! »

Les témoins comme ceux de la première Pentecôte (Actes 2 :15) pourraient bien se demander si cet homme n’était pas ivre. Mais de suggérer que ce serait un néo blasphème et un péché contre le Saint-Esprit qui a attisé les feux qui alimentaient la néo-révélation pour ceux qui étaient assemblés au Concile rivaliserait apparemment avec le plus grand blasphème dans l'histoire de l'Église.

Enivré peut-être un peu, mais certainement pas en état d'ébriété. Ce François qui se tient devant nous, ne nous a-t-il pas rempli d'une paix qui dépasse la compréhension. Eh bien, peut-être que le mot « paix » n’est pas le juste mot. Le mot « Confusion » est peut-être plus approprié. Mais une chose que nous ne pouvons pas nier est son sens inspiré du moment (‘timing’) : que toute cette question de la nouveauté devrait procéder d'une autre effusion de la Troisième Personne lors de ce qui avait été un Synode extraordinaire.

Quant à la « compréhension », le message ne pouvait pas être plus clair : Dieu aime toutes choses nouvelles et surprenantes. Il aime surtout notre inventivité dans la création de nouvelles lois, de nouveaux principes de morale et une nouvelle compréhension démocratique de nos relations avec Lui, le Tout-Puissant.

Et savez-vous pourquoi Dieu est un grand fan de la nouveauté ? Bien sûr, vous le savez. Oui, c’est parce qu'Il est un nouveau dieu.

Pas le Dieu-fait-homme des Évangiles, mais l'homme-fait-dieu de la nouvelle et dernière version améliorée de la vérité Catholique.

[Pardonnez-moi, cher lecteur, s'il semble que je m’égare trop loin dans la voie du non-respect ; pardonnez-moi si je flirte avec l’irrévérence. Comme homme, je suis Catholique, mais en tant que Catholique, je dois aussi être un homme, pas un porte-parole perroquet des formules périmées prescrites par la politique du parti. Nous sommes trop souvent coupable de manquer à notre devoir de dire la vérité ; et si nous ne parvenons pas à la dire, ce sera alors seulement une question de temps avant que l'on cesse même de penser à la vérité, nous diminuons l'image du Christ dans nos âmes.

Une Foi Catholique n’est sans doute pas du tout la foi si elle ne découvre pas d'abord et ensuite si elle ne convertit pas le païen partiel indiscipliné qui se cache en chacun de nous pour pratiquer une certaine sorte de vertu. Personnellement, je dois avouer que je me bats avec un Milligan intérieur.

Oui, je vous le dis, je suis malade. L'Église et tout le monde est malade et je suis tanné d’être malade et les explosions occasionnelles telles que celle-ci représentent une tentative personnelle de soulager les symptômes. S'il était clair, selon certaines normes, même selon les normes conservatrices, que Marcel Lefebvre a eu tort dans la position qu'il a prise à Rome, il est encore plus clair que ce jugement historique qui a été accolé au bon Archevêque est devenu de moins en moins viable.

Non viable face à chaque nouvelle extravagance médiatique de Bergoglio ; et face aussi à ce qui est devenu presque une tradition des prélats, à savoir de prêcher l'hérésie sans crainte de censure et encore moins d’être corrigés ; dans le train du dernier cirque synodal avec ses wagons peints de couleurs vives, avec ses marionnettes en bois grandeur nature et les maîtres de marionnettes sans visage, tout en quittant la ville à la hâte et dans une confusion soigneusement orchestrée.

Les critiques qualifient la distinction de Lefebvre entre la Rome-du-Concile et la Rome-de-tous-les-temps comme faux et simplement un sophisme. « Il a désobéi au Pape » disent-ils à plusieurs reprises, unis dans leur rage et tout à fait convaincus que la loi de l'obéissance est absolue. Mais Saint Paul (Ga 4. 21-26) demande : «Dites-moi, vous qui voulez être soumis à la loi : n'entendez-vous pas ce que déclare cette loi ? » Imperturbables, ils chantent encore plus fort : « Il a désobéi au Pape ».

Il a désobéi au Pape « Paul va calmement expliquer (et je vais paraphraser l'apôtre) qu'il y a, en fait, deux lois (ou testaments) : « L'une du Mont Sinaï, elle donne naissance à des esclaves », elle affirme que notre citoyenneté « correspond à l'actuelle ville de Jérusalem » ; et une seconde loi qui nous lie à « la Jérusalem céleste qui est libre et c'est elle notre mère. »

Lefebvre a déclaré le 21 Novembre, 1974 : « Aucune autorité, pas même la plus haute dans la hiérarchie, ne peut nous forcer à abandonner ou à diminuer notre Foi Catholique, si clairement exprimée et professée par le Magistère de l'Église depuis dix-neuf siècles. ‘Même si nous, dit saint Paul, ou un ange du ciel vous prêche un Évangile différent que ce que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème’». La loi de l'obéissance à Rome nous lie à Rome et nous donne des droits en tant que citoyens de Rome. Dans ces droits, il subsiste le droit de prendre part aux Trésors de l'Église, à savoir la Grâce de Dieu qui se déverse sur nous à travers les doctrines, la liturgie et les sacrements de l'Église. Reçue et utilisée à juste titre tout au long de notre vie, cette grâce nous ouvrira la porte par laquelle il faut passer pour entrer dans la Rome céleste.

Mais si la volonté de Rome ici-bas est empoisonnée par l'orgueil, si le gouvernement de la Sainte Église tourne ses yeux et éloigne son cœur de la contemplation avec un amour indéfectible et dévouement de la vérité immuable et de la majesté convaincante du Tout-Puissant, si les ministres sacrificiels de la Nouvelle Alliance mettent leurs mains sur les dons sacrés accordés par Dieu et les défigurent avec ambition métissée d’en façonner une image de succès dans le monde, et s'ils font de cette idole l'objet du culte Romain, alors la grâce de Dieu est contrecarrée et la porte de Rome céleste fermée à clous comme elle avait jadis été déclouée et grande ouverte.

Même si le père est tombé dans le péché mortel, le fils reste comme fils. Il doit continuer à honorer son père avec amour et dévotion et il s’efforce de toutes ses forces d’aider le retour du père à la grâce de Dieu. La seule chose qu'il ne peut pas faire est de suivre le père dans le péché parce que toute paternité vient d’en haut et d'honorer et de rembourser la confiance sacrée de Dieu est le devoir éternel de l'homme. En union avec le Père céleste et en vivant la plénitude de son devoir en tant que fils, l'enfant, par la grande miséricorde de Dieu, peut encore devenir le père du père et un moyen par lequel toute la maison puisse être restaurée dans le royaume de Dieu.

Donc, et ceci est la question qui divise même les bons Catholiques avec les bons Catholiques, est-ce que Mgr Lefebvre était justifié d’affirmer que l'Église Conciliaire est devenue une organisation essentiellement humanitaire qui valorise le matériel au-dessus du spirituel et le temporel au-dessus de l’éternel, mettant ainsi les âmes en danger ? En d'autres termes, y a-t-il ou n’y a-t-il pas un état d'urgence dans l'Église ?

Sérieusement, il y a à rire. Je veux dire, c'est le point dans la conversation où je suis devenu bouche bée grande ouverte pendant une période complète de vingt secondes alors que le reste de mon corps avait un mouvement convulsif incontrôlable de la tête aux pieds. Je ne me moque pas. Non, je ne sais vraiment pas. Mais j’halète dans l'incrédulité : « Le Bon Dieu vous a donnés des yeux et des oreilles et un cerveau. N’est-ce pas ? Et vous me demandez s'il y a une situation d'urgence ».

Comme je l'ai déjà dit plus haut, le pedigree de Marcel Lefebvre comme ecclésiastique est sans reproche. Cela n’empêche pas cependant entièrement la possibilité qu’il ait fait une erreur de jugement, en 1988, en ordonnant 4 Évêques contre la volonté expresse du Saint-Père. Mais quel signe a donné Rome pour démontrer autre chose que Lefebvre était tout à fait juste dans son évaluation de la crise au cours des 27 années écoulées ?

En fait, aussi troublée que la situation pouvait l’être en 1988, il y avait une mince possibilité pour que l'Église aurait alors même entretenu la pensée de réformer radicalement ses lois relatives au mariage et à la réception de la Sainte Communion — car son heure était pas encore venue . Maintenant, non seulement nous discutons de ces questions à la vue d'un monde qui approuve presque toutes les formes de perversion imaginables et qui ridiculise Dieu comme une question de principe, nous avons en fait donné de la dignité à l'hérésie en mettant en œuvre un processus officiel de haut niveau qui, selon les paroles utilisées par Mgr Lefebvre pour caractériser le libéralisme de Paul VI, dit : « Un tel processus encourage le changement, il baptise la mutation » et suit l'exemple de ceux qui voudraient voir l'Église détruite.

Ne vous méprenez pas, les réformes viendront, progressivement, discrètement, selon l’approche classique, malhonnête, intéressée des Modernistes. Notre Seigneur et Rédempteur peut avoir promis que les portes de l'enfer ne prévaudront pas — et elles ne prévaudront pas — mais Il n'a pas mis un chiffre sur combien d’âmes vont réellement avoir encore la foi quand Il reviendra.

Pour le Saint Amour de Dieu, mettons un terme au respect humain froussard qui paralyse le jugement raisonnable et qui divise les bien-pensants Catholiques en querelles, en factions de chicaneries, qui se querellent sur qui a les droits d’avoir la chaise sur le Titanic. La vérité est tout. Les icebergs sont impressionnants. Et bien sûr, Marcel Lefebvre avait raison. Bien sûr, nous devons soutenir la FSSPX — du moins pas en essayant constamment de saper le bon et noble travail qu'elle accomplit — en cherchant à réaliser la devise de son patron : instaurare omnia in Christo. Le jour où les Catholiques sont appelés à témoigner de la Rome céleste et de celle d’ici-bas, nous serons unis par la Volonté de Dieu, et Sa Volonté Seule, avec un seul symbole de notre cause — le Christ crucifié.

Si l'histoire nous dit quoi que ce soit — et elle nous dit beaucoup de ce que nous devons savoir — la seule chose qui va nous unir sera un ennemi commun. Comme ce serait beaucoup plus simple si nous pouvions compter sur un ennemi extérieur avec ses hordes sombres se massant à notre porte. Mais ce n'est pas la façon dont c’est ou ce sera. Nous vivons dans une ère de terrorisme et de guerre asymétrique. Guéranger (L'année liturgique, v.11 - 20e dimanche après la Pentecôte) nous offre cet avertissement : « La lumière surnaturelle devra, dans ces jours, non seulement résister aux attaques des enfants des ténèbres qui mettront de l’avant leurs fausses doctrines ; cette lumière sera, de surcroît, minimisée et falsifiée par les enfants de la lumière eux-mêmes qui cèderont sur la question des principes ; cette lumière sera mise en danger par les hésitations et la prudence humaine de ceux qui sont appelés les hommes clairvoyants ».

Et qui sont ces soi-disant « hommes clairvoyants » qui nous mettront en danger avec leur pensée humaine ? Ce sont nos dirigeants, même par leur propre opinion canonisée, nos soi-disant saints. Dans cette affaire, au moins François est clair : « Dans son humilité, la grandeur du Bienheureux Paul VI brille : devant l'avènement d'une société sécularisée et hostile, il pouvait tenir ferme avec son hypermétropie et sa sagesse ». Désolé, a-t-il dit « grandeur » ? A-t-il vraiment dit que Paul a tenu ferme contre une « société sécularisée et hostile » ? Qu'il était clairvoyant et sage ?

Tout ce que je peux dire, c’est : Dieu merci d’en rire.

C’était le rire d'un enfant qui a permis aux fidèles sujets de voir à travers les habits neufs de l'empereur et toutes ses croyances orgueilleuses et stupides. Dieu merci pour Spike, aussi, et faites une prière pour son âme.

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