Écrit par Patrick Archbold
SOURCE : The Remnant
Maintenant qu’Amoris Laetitia, cette Exhortation Apostolique post-synodale tant attendue a été publiée, le vrai débat est terminé. Ne vous méprenez pas, le document lui-même, alors qu’il sera digéré au cours des prochaines semaines, fera certainement l'objet de discussions bien nécessaires au sujet de certains passages particuliers. De toute évidence, il y a plusieurs paragraphes clés qui suscitent des préoccupations immédiates et ceux-ci peuvent et devraient être débattus.
Pourtant, je pense que beaucoup de ces débats seront entravés en raison de l'hypothèse de travail qui accompagne ces débats, une hypothèse clé sur laquelle les positivistes papaux, de nombreux Catholiques conservateurs et les révolutionnaires comptent. Cette hypothèse sur laquelle les bases de la révolution sont posées est à l’effet que les mots écrits sur la page signifient des choses et, à l'inverse, ils ne signifient pas d'autres choses.
Ainsi, alors que certains vont nécessairement se livrer à la déconstruction ligne par ligne du document, je voudrais m’élever un peu plus haut et regarder la structure et la langue du document.
Parfois, nous sommes tellement habitués à quelque chose qu’on ne le voit plus, ou du moins avec une réduction de son importance. Dans le présent cas, je rejette la prémisse du débat à savoir que l'intention et l'effet de l'Exhortation Apostolique sont dirigés et limités par les mots sur la page.
Ceci n’est pas un hasard créé par la pensée confuse et, comme Michael Matt ( éditorialiste en chef du site The Remnant a déclaré que c’est « un long texte ennuyeux et verbeux de sociologie amatrice post-moderne-déconstructiviste mal écrit et mal pensé ».
Cette prolixité fastidieuse et confuse n’est pas un hasard, c’est la méthode elle-même. Elle est destinée par son auteur à confondre, distraire et brouiller avec des questions insensées et des arguments élaborés. L'ambiguïté ahurissante et la contradiction délibérée est une stratégie visant à atteindre une fin ; cette fin est d'introduire des concepts et des méthodes qui sont contraires à la Foi dans une telle manière que le déni plausible est maintenu, confiant que ceux qui sont prêts à élaborer à partir du texte, de manière pratique, ces concepts et ces méthodes qui sont contraires à la Foi, ne seront pas retenus par les mises en garde et les contradictions.
Ceci, bien sûr, n'est rien de nouveau. Mais les révolutionnaires de l'Église vont continuer à utiliser cette méthodologie parce que cela fonctionne. Pour l'amour du ciel, ici en 2016, nous avons encore de nombreux Théologiens traditionnels Catholiques et des experts qui proclament haut et fort que les documents de Vatican II sont merveilleux et que c’était tout simplement la mise en œuvre qui a mal tourné. Il y a des Catholiques conservateurs qui se haussent les épaules et se grattent la tête à tout ce qui est mauvais dans la liturgie qui n'a jamais été traité directement dans le Sacrosanctum Concilium (note : Constitution sur la sainte Liturgie).
Ils font tous la même erreur, ils limitent l'intention et l'effet des documents aux seuls mots sur la page. Ils prétendent qu’une simple mise en garde Catholique du style : « Ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église ». (Exhortation #300) annule en quelque sorte et défait tous les effets néfastes du ragoût littéraire jésuitique qui l’entoure. Ça ne le fait pas parce que ça ne vise pas à le faire. C’est là pour nier et saper les critiques. Je veux dire, nous le savons tous cela. Nous savons que c’est comment ils opèrent et ont opéré pendant plus de 50 ans. Alors, pourquoi devons-nous de prétendre le contraire lors du débat de ce document. Allons-nous prétendre que tout prêtre ou prélat qui est prêt à offrir les Sacrements aux impénitents publics ne trouvera pas dans ce document de nombreux appels au discernement et à la miséricorde pour justifier ce dont il a besoin ? Allons-nous prétendre que lorsque ces prélats feront ces choses que le Pape de la bureaucratie du Vatican sera prompt à dire : « Non, non, stop. Vous ne pouvez pas faire ça ! » Bien sûr que non.
Les révolutionnaires sont heureux, ils jubilent même car ils savent qu'ils ont tout ce dont ils ont besoin pour procéder, amplement couverts par tant de passages d’Amoris Laetitia qui ne peuvent pas être nommés ici. Sommes-nous censés faire semblant que l'une des quelques mises en garde Catholiques raisonnables de Amoris Laetitia retardera de quelque manière que ce soit l'institutionnalisation du sacrilège ouvertement souhaité par les principaux membres de la hiérarchie ?
Donc, tout cela me ramène à ma critique la plus fondamentale d’Amoris Laetitia. L'ambiguïté et la contradiction délibérée et méthodique qui constituent l'infrastructure de l'Exhortation Apostolique sont une forme pernicieuse de tromperie. En termes simples, c’est un mensonge. En tant que tel, et cela me peine grandement de le dire, c’est un acte honteux et coupable de la part du Pape.
Si c’est particulièrement utile d’extraire n’importe quel passage du document pour nier dans n’importe laquelle petite partie les effets néfastes de ce passage, c’est un effort louable. Mais nous ne devrions jamais perdre de vue le fait que les mauvais effets ne sont pas limités à ce qui est sur la page. C’était et c’est destiné uniquement comme mensonge même si c’est saupoudré de vérité au service de ce mensonge.
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