mardi 31 mai 2016

À quoi Mgr Gänswein veut en venir ?



Mgr Georg Gänswein, Préfet de la Maison Pontificale.
Par son rôle, il dessert les deux Papes
À la sortie de son livre le 20 mai dernier,
il a expliqué le rôle des deux Papes.
L'auteur, dans cet article, se questionne justement sur ses explications.


par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 30 mai 2016

Lors de sa récente présentation du livre « Au-delà de la crise dans l'Église : Le Pontificat de Benoît XVI », Mgr Georg Gänswein, qui sert de secrétaire personnel au « Pape Émérite » Benoît XVI, inexplicablement et très mystérieusement a fourni une nouvelle profondeur et donc un nouvel élan à l'idée nouvelle que le renoncement de Benoît à la papauté a été nuancée par une « compréhension modifiée » de la papauté, selon laquelle Benoît a conservé un aspect « passif » de l’Office pétrinien en donnant son exercice actif à François.

Au cours de la présentation du livre, Gänswein a fait des remarques qui reflètent sûrement la propre compréhension de Benoît de sa situation, y compris la signification précise du texte de la renonciation, soigneusement formulée pour désigner « le ministère de l'Évêque de Rome, successeur de Saint Pierre ». Il est inconcevable que Gänswein aurait simplement offert son propre avis sur la question sans avoir consulté Benoît.


L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

Selon Gänswein, tandis que « il n'y a pas deux Papes » à la suite de la renonciation, il y a néanmoins « une sorte d'état d'exception voulu par le Ciel », selon lequel « le ministère du Pape n’est plus ce qu'il était avant ... » Au contraire, Benoît « l’a profondément et durablement transformé » au point tel qu ' « il n'a pas abandonné la fonction de Pierre [mais] a plutôt innové ce fonction » pour qu'il y ait « de facto un ministère élargi — avec un membre actif [François] et un autre contemplatif membre [Benoît]. »

Antonio Socci note que seulement deux conclusions sont possibles : un non-sens et l'autre d'une importance capitale. La première conclusion, écrit Socci, est que Benoît a créé un « point tournant important qui implique en fait une mutation radicale de la papauté qui est devenue aujourd'hui un organe collégial (ce qui est impossible selon la Doctrine Catholique) ». En effet, c’est impossible et sa seule affirmation même est absurde. Peu importe ce que Benoît pense ce qu'il a fait, aucun Pape n’a le pouvoir de changer la nature d'une fonction établie à perpétuité par Dieu incarné. C'est-à-dire qu’aucun Pape n’a le pouvoir de modifier la constitution divine de l'Église. Il en est de même lorsque Jean-Paul II fit la remarque quand il était sur le point de subir une intervention chirurgicale majeure : « Vous devez me guérir parce qu'il n'y a pas de place pour un Pape Émérite ».

L'autre conclusion, dit Socci, est que « ce discours [par Gänswein] met en lumière la « nullité » de la renonciation par Benoît XVI. » En effet, si le renoncement de Benoît à la papauté était fondée sur sa fausse opinion qu'il resterait un « membre contemplatif » d'un Office pétrinien « élargi » par le biais d'une innovation qu’il a lui-même créé, alors comment la validité de cette renonciation qualifiée ne pourrait-elle pas être remise en question ? Est-ce que ça ne serait pas le cas où Benoît se considère toujours comme le Pape dans un certain sens ? Et si tel est le cas, comment peut-il être dit qu’il ait renoncé à la papauté sans équivoque ?

En effet, comme Gänswein a observé : « Pour cette raison, Benoît XVI n’a renoncé ni à son nom, ni à la soutane blanche. Pour cette raison, l'appellation correcte par laquelle il se réfère à lui-même, encore aujourd'hui, est « Sainteté » ; et pour cette raison, d'ailleurs, il n'a pas pris sa retraite dans un monastère à distance, mais à l'intérieur du Vatican ... »

Je ne propose aucune réponse à la question de savoir comment cette nouveauté absolue affecte le renoncement de Benoît de la papauté. C’est quelque chose que l'histoire devra juger — si, en effet, il y a quoi que ce soit à juger. Je présente seulement une autre question : pourquoi Monseigneur Gänswein met de l’emphase sur ce point maintenant, trois ans dans le pontificat tumultueux du Pape François ? Certes, ces remarques ont été bien étudiées à l'avance. Alors, où veut-il en venir ?

Un indice se trouve dans une référence surprenante de Gänswein relative à la trahison à l'œuvre dans le Conclave de 2005 au cours duquel la soi-disant «mafia St. Gallen » comprenant les Cardinaux infâmes Danneels et Kasper, ont concocté l’élection du Cardinal Bergoglio. Étonnamment, Gänswein fait référence à ce développement comme un simple fait historique en observant que le Conclave de 2005 a impliqué « une lutte dramatique entre le « Sel de la Terre » parti [d'orientation ratzingerienne], tournant autour des Cardinaux López Trujillo, Ruini, Herranz, Rouco Varela et Medina, et le « Groupe de Saint-Gall », tournant autour des Cardinaux Danneels, Martini, Silvestrini et Murphy-O'Connor ... »

Gänswein lie ensuite la lutte au Conclave de deux autres faits révélateurs : tout d'abord, l'homélie du Cardinal Ratzinger à la création du Conclave dans lequel il a dénoncé la « dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et voit comme mesure ultime son propre soi et sa propre volonté. « Deuxièmement, la demande du Pape Benoît XVI, immédiatement après son élection inattendue, que les fidèles prient pour lui qu'il ne « fuie de peur des loups ».

Ceci est vraiment tout à fait remarquable : dans l'ensemble, les remarques de Gänswein suggèrent que la papauté de Benoît a été attaquée par les forces du mal du début à la fin. Il rend cela clair quand il se moque de l'idée que quelque chose d'aussi trivial que « Vatileaks » ait pu forcer Benoît hors de ses fonctions: « Ce scandale était trop petit pour ce genre de chose et quelque chose de beaucoup plus grande importance [a invité] ce pas soigneusement examiné d’une importance historique millénaire que Benoît a pris ».

Faites-en ce que vous voulez. Mais ne sous-estimez pas l'importance des remarques de Gänswein au milieu de ce qui est clairement la papauté la plus troublante dans la mémoire vivante de l'Église : celle du successeur de Benoît dans des circonstances mystérieuses et sans précédent.

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