« Si un homme renvoie sa femme et en épouse une autre,
il commet un adultère envers la première ;
de même, si une femme renvoie son mari et épouse un autre homme,
elle commet un adultère. » (Mc 10 :11-12).
Par : un prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX)
à l'occasion de son sermon pour le dimanche après l'Ascension, le 8 mai 2016.
SOURCE : The Remnant
Mes chers amis
Les Catholiques (et même notre Divin Sauveur Lui-même) ont traditionnellement utilisé le bateau de pêche de Saint Pierre comme symbole de l'Église Catholique. Je pense plus précisément, cependant, qu’étant donné que l'Église sur terre est aussi appelée l'Église Militante, l'ancienne galère de guerre romaine, appelée « trirème » ( ou trière ) à cause de ses trois rangées de rames superposées qui étaient utilisées pour la propulser pendant la bataille, est un symbole plus approprié . Oui, on peut pêcher à partir de la trirème, mais plus pratiquement, les Catholiques, en particulier les Catholiques confirmés, sont obligés de mener une guerre à partir d’elle, la guerre contre l'erreur, contre l'hérésie, contre la dépravation morale, en un mot, contre l'esprit de ce monde.
Si on porte ce symbole un peu plus loin, sur une trirème romaine, il y avait à peu près deux classes d'équipage : les officiers sur le pont et les rameurs en-dessous, avec un « joueur d’aulos » ( aulos=précurseur du hautbois ) pour coordonner leur rythme et la vitesse des avirons. Si nous imaginons cette Église être une trirème, chacun d'entre vous seraient les rameurs et les femmes et moi seraient les joueurs d’aulos. Les officiers sur le pont au-dessus seraient les Évêques, les Cardinaux et le Pape en tant que capitaine. C’est une analogie presque parfaite sauf que François semble — à la fois symboliquement et effectivement — ne plus être à bord en tant que capitaine de la trirème Romaine. En effet, il est le premier Pape à ne même pas vivre au Vatican mais dans un hôtel voisin.
Maintenant, si vous voulez couler un navire de guerre, il y a trois façons de s'y prendre. Vous pouvez monter des frappes aériennes au-dessus de lui ( hérésies, erreurs, de fausses doctrines ) ; ou vous pouvez l’enfoncer ou l'attaquer à partir de votre propre navire de guerre ( les fausses religions, les églises schismatiques ) ; et enfin, plus récemment, vous pouvez le torpiller sournoisement par en-dessous avec un sous-marin. Les deux premiers types d’attaque atteignent la structure de commandement : le capitaine et ses officiers ; tandis que les attaques sous-marines secrètement menées par le dessous ne ciblent pas les officiers du dessus, mais les marins communs dans la cale qui propulsent le bateau. Et c’est cette dernière tactique — une torpille sous la ligne de flottaison — que, c’est triste à dire, celui qui devrait être le capitaine de la trirème, François, a lancé non pas directement contre la Doctrine de l'Église, mais contre sa composition essentielle et ses engins, à savoir le mariage et la famille.
Franchement, j'avais espéré éviter de parler directement de la dernière Exhortation Apostolique du Pape, Amoris Laetitia, craignant que je pourrais m’avancer dans un champ de mines. À lire, cependant, une partie du nombre croissant d'analyses de ce document, un auteur, en conclusion de sa propre analyse, a dit ce qui suit : « Je crois que chaque Catholique a une obligation solennelle de condamner publiquement cet acte par François car c’est une attaque à la Doctrine Catholique, à la pratique et un affront à la Foi. Je ne suis pas un théologien » écrivait-il « mais je ne vois pas comment faillir à parler et à résister à une telle grave et sérieuse violation publique à la Doctrine sans que ce soit un péché d'omission ».
Je ne crois pas que l'auteur de ces paroles a du tout exagéré la gravité de la catastrophe que François a imposée à l'Église, de fait sur l'ensemble de l'humanité, dont il porte la responsabilité suprême de prendre soin et de protéger. Et donc, en tant que soldat confirmé de Jésus-Christ, pour ne pas mentionner en tant que prêtre, je ne peux pas moi non plus faillir à mon devoir.
En bref, le document du Pape de 264 pages, de 325 paragraphes et de 391 notes de bas de page contient ses pensées et ses directives sur la façon dont l'Église, ses Évêques, ses Prêtres et ses fidèles doivent considérer et accueillir les Catholiques valablement mariés (en effet quel qu’il soit) qui se sont divorcés de leur conjoints, ont tenté un mariage avec un autre et qui vivent maintenant dans ce que le Pape appelle une union « irrégulière » ou une situation « irrégulière » — ce que Notre Seigneur Jésus-Christ appelle plus simplement « adultère », un péché mortel à la fois contre le 6ème et 9ème Commandement.
En parlant de l'adultère, ce mot apparaît vingt-deux fois dans le Nouveau Testament, François l’utilise seulement trois fois dans son Exhortation, tous les trois en référence à l'incident unique dans le Nouveau Testament de la femme ( Marie-Madeleine ) surprise en adultère. Mais l'adultère de cette femme est loin d'être de la même nature d'adultère que notre Seigneur condamne ailleurs, à la fois dans l'Évangile de Saint Matthieu (19 : 3-9) et dans l'Évangile de Saint Marc (10 : 2-12) ; et qui est d'une plus grande gravité car il est plus délibérément choisi que simplement motivé par une passion éphémère ; en raison de sa persistance; et à cause du scandale et de la ruine causés à la famille abandonnée et au bien commun.
De quelle espèce de graves adultères alors notre Seigneur exactement a parlé ? Je cite le passage exact de l'Évangile de Saint-Marc, 10 : 2-12 :
« Quelques Pharisiens s'approchèrent de lui pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent : « Notre loi permet-elle à un homme de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit par cette question : « Quel commandement Moïse vous a-t-il donné ? » Ils dirent : « Moïse a permis à un homme d'écrire une attestation de divorce et de renvoyer sa femme ». Alors Jésus leur dit : « Moïse a écrit ce commandement pour vous parce que vous avez le coeur dur. Mais au commencement, quand Dieu a tout créé, «il les fit homme et femme», dit l'Écriture . «C'est pourquoi, l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être ». Ainsi, ils ne sont plus deux mais un seul être. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ». Quand ils furent dans la maison, les disciples posèrent de nouveau des questions à Jésus à ce propos. Il leur répondit : « Si un homme renvoie sa femme et en épouse une autre, il commet un adultère envers la première ; de même, si une femme renvoie son mari et épouse un autre homme, elle commet un adultère ».
L'adultère de la malheureuse femme est moins mauvais parce que, bien que toujours un péché mortel, il est moins délibéré et plus éphémère. Mais François, tout à fait délibérément, assimile la moindre malice de l'adultère plus fortuit, plus passionnément motivé de la femme à la plus grande malice de l'adultère plus délibéré et de sang-froid du divorce et du remariage dans une tentative apparente de dépeindre la condamnation éternelle par l’Église de cette dernière sorte d'adultère avec la même hypocrisie qui a motivé les Scribes et les Pharisiens à condamner la femme surprise en adultère. Faisant allusion à peine (et seulement une fois) au passage évangélique nous venons de citer, François prend 264 pages pour masquer, pour confondre et, enfin, pour contredire ce que Jésus commande dans ce passage.
En traitant de cet ancien phénomène social apparemment, à savoir le divorce et le remariage, François, encore une fois n’ayant jamais utiliser le mot « adultère », mais en citant précisément ce que Jésus-Christ appelle l'adultère [à savoir le divorce et le remariage], il atténue sa gravité en disant : «le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas, les conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être toujours les mêmes » [ à savoir l'adultère ne doit pas toujours être un péché mortel ]. [AL, par. 300]
Si vous vous demandez quel est exactement le but ultime du Pape François en affirmant tout cela, il le rend plus clair dans plus de verbiage et dans deux notes de bas de page : « Pas davantage en ce qui concerne la discipline sacramentelle, étant donné que le discernement peut reconnaître que dans une situation particulière [ ie la situation elle-même et non pas la loi morale dicte la moralité d'un acte particulier — l'éthique de situation ] il n’y a pas de faute grave . . . Pour comprendre de manière appropriée pourquoi un discernement spécial est possible et nécessaire dans certaines situations dites « irrégulières » [de divorce et de remariage], il y a une question qui doit toujours être prise en compte, de manière qu’on ne pense jamais qu’on veut diminuer les exigences de l’Évangile ». [ simple allusion à nouveau au passage de l'Évangile que j'ai cité ci-dessus ]
Le Pape continue : « L’Église a une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes. Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite “irrégulière” [ dans tout divorce et remariage ] vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante » [qui, jusqu’à ce point de ce document, les a exclus de recevoir la Sainte Communion] .
Ayant ainsi minimisé la gravité du divorce et du remariage ( ce que Jésus appelle l'adultère ) à un péché véniel au pire et revenant à la notion de « discipline sacramentelle », le Pape conclut enfin ( oui, encore une fois dans une note de bas de page ), citant encore un autre document [ Evangelii Gaudium 24 Novembre 2013, 44 et 47 ; AAS 105, 2013, 1038-1040, note 336 ], « L’Eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles. Ces convictions ont aussi des conséquences pastorales que nous sommes appelés à considérer avec prudence et audace. Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile ».
Si je vous ai perdu le long du chemin, permettez-moi de résumer l'essence de ce que François dit dans Amoris Laetitia au sujet de ces Catholiques qui divorcent de leurs conjoints et qui tentent un mariage avec un autre. Si vous doutez de mon évaluation, je vais citer les numéros des paragraphes appropriés et nous vous invitons à lire le document par vous-mêmes :
1) (§301) Pas toutes les situations [parlant de divorce et du remariage] que Jésus appelle l'adultère et que l'Église a toujours et toujours considéré comme un péché mortel le sont nécessairement ;
2) (§§302, 304) Des circonstances et des lacunes de compréhension personnelles peuvent atténuer ou réduire la gravité des situations spécifiques [ ceci est précisément le principe moral faux connu sous « l'éthique de situation », un principe universellement condamné par l'Église dans l'évaluation de la moralité de tout acte humain ] ;
3) (§300, note 336) Le discernement prudent avec l'aide d'un guide moral compétent ( prêtre ou Évêque ) peut ainsi déterminer le cas spécifique d'une union « irrégulière » être seulement véniellement pécheur ou pas du tout péché — voire même vertueux [ ! ] ;
4) (§306, note 351) Ceux qui sont impliqués dans de tels unions « irrégulières » [ traditionnellement considérées par la Sainte Mère Église comme un péché mortel et donc incapables d'approcher la balustrade de communion jusqu'à ce qu'ils aient d'abord abandonné leur adultère et fait une bonne confession — [ ceux-ci, François insiste ] ne doivent pas être détournés de la Sainte Communion comme si cela était une sorte de prix réservé uniquement aux parfaits, mais doivent être encouragés à approcher la Sainte Eucharistie comme le remède pour l’« irrégularité » de leur situation.
Ai-je peut-être négligé certains cas dans l'Écriture Sainte ou dans l'enseignement pérenne de l'Église où l'adultère est considéré comme un simple péché véniel ? Dans l'Évangile de Saint Matthieu [19 :17 - 18] Jésus dit à un jeune homme [ italiques ajoutés ], « si tu veux entrer dans la vie [éternelle], garde les Commandements. Il lui dit : « Lesquels ? » Et Jésus dit : «Tu ne tueras pas, tu ne commettras point d'adultère. . » « De toute évidence, à partir de ce que Jésus dit ici, toute personne qui commet un adultère ( celui qui se divorce et se remarie ) et persiste dans cette situation ne peut pas entrer dans la vie éternelle. Même dans l'épisode discuté ci-dessus de la femme prise en flagrant délit d'adultère et traînée devant Jésus pour une condamnation, Jésus termine en lui disant : «Va et ne pèche plus ». (Jn 8 : 3-11 )
Les Scribes et les Pharisiens voulaient détruire le péché en lapidant la pécheresse. Jésus, cependant, cherche toujours tout simplement à détruire le péché en appliquant la loi morale, lui disant : « Ne pèche plus ». Mais François condamnerait même cela, en disant à §305 : « Un Pasteur ne peut se sentir satisfait en appliquant seulement les lois morales à ceux qui vivent des situations “irrégulières”, comme si elles étaient des pierres qui sont lancées à la vie des personnes ». En effet, François affirme que le simple fait d'encourager le pécheur à obéir à la loi morale — « de ne plus pécher » — n’est pas mieux que de jeter des pierres sur elle.
En effet, le Pape François dit au paragraphe §298 et citant le Pape Jean-Paul II à la note 329 : « Dans ces situations [divorce et le remariage], connaissant et acceptant la possibilité de cohabiter « comme frère et sœur » [à savoir sans intimité sexuelle] que l’Église leur offre, beaucoup soulignent que s’il manque certaines manifestations d’intimité [à savoir l'acte conjugal], la fidélité [dans le second mariage] peut courir des risques et le bien des enfants être compromis ». (Jean Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio, le 22 Novembre 1981, 84 : ? ! AAS 74, 1982, 186). Que dire de la fidélité au premier mariage, en effet, le seul qui existe ? Que dire du bien de ses enfants ?
Mes chers amis, jamais dans l'histoire de l'Église, à partir de sa fondation par Jésus-Christ sur la Croix jusqu'au Pape François, n’y a-t-il eu quelque successeur que ce soit de Saint Pierre qui n’ait jamais imaginé, encore beaucoup moins jamais proclamé possible pour quiconque, Catholique ou autre, de divorcer et de se remarier sans échapper à la condamnation de Jésus-Christ comme étant un adultère. Encore plus grave et en ignorant même les considérations religieuses, les conséquences à un niveau purement naturel de sanctionner une telle possibilité attaque directement la loi naturelle à ses racines. En torpillant la barque — la trirème de Saint-Pierre — de l'Église — il attaque le fondement de la société humaine — le bien commun ; et, par conséquent, il attaque la possibilité de la survie de l'espèce humaine.
À effacer les conséquences de la violation à la fois des lois Divines et naturelles, c’est annuler les lois elles-mêmes. Imaginez commander à un enfant de faire ou de ne pas une action ; et quand il désobéit, de faillir à le corriger ou à le punir. Ne conclura-t-il pas, à juste titre, que votre commandement est vide et sans valeur, et que vous, vous êtes fou ? C'est un génocide universel — c’est le suicide universel. Tel est Amoris Laetitia, l'arrêt de mort de la race humaine, signé et promulgué par le Pape François.
Miserere nostri, Domine, miserere nostri ! Amen.
(Sermon pour le dimanche après l'Ascension, le 8 mai 2016)
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