Afin de montrer clairement la manière et l’étendue dans laquelle la prêtrise a été affectée par la crise par laquelle l'Église passe aujourd'hui, il ne sera pas inapproprié de décrire cette crise brièvement. Nous allons le faire en soulignant certains aspects de cette situation tragique.
En premier lieu, nous assistons à des attaques constantes faites à l'intégrité de notre Foi Catholique. Deux puissants moyens ont été utilisés pour corrompre cette Vérité qui a été fidèlement transmise jusqu'à nous. Ce sont : un nouveau catéchisme et la recherche soi-disant théologique qui a été autorisée dans l'enseignement Catholique. Comme résultat de ces deux moyens, les fidèles, les jeunes en particulier, seront ignorants de la vérité Catholique et bientôt une génération de prêtres apparaîtra avec une connaissance falsifiée et erronée à la fois de la philosophie et de la théologie.
Ces deux faits sont indéniables. Tous les nouveaux catéchismes sont plus ou moins inspirés par le Catéchisme Hollandais. La Commission des Cardinaux mise en place par le Pape a condamné dix points clés dans ce catéchisme et, pourtant, le texte n'a jamais été modifié. Ce même catéchisme falsifié a été traduit dans d'autres langues sans aucune modification. Dans quelques cas, les conclusions de la Commission ont été incluses dans le contenu.
Il est donc évident que ce Catéchisme, truffé d'idées modernistes, doit être rejeté à tout prix. À le mettre dans les mains des enfants est un crime réel et une attaque à leur Foi.
Le danger qui réside dans la « recherche théologique » est si apparent. Ces théologiens, ou soi-disant théologiens, se permettent d'enseigner l'hérésie ouvertement. Ils sont ceux qui détruisent la détermination de ceux qui aspirent à la prêtrise et qui, de plus, élaborent les documents présentés aux synodes diocésains ou nationaux. Une grande partie du matériel est en contradiction flagrante avec ce que le Magistère de l'Église a toujours enseigné. Les exemples abondent dans toutes les universités Catholiques.
La subversion est aussi répandue dans la liturgie. Le CNPL en France (Centre National de Pastorale Liturgique), dans sa publication de janvier, reconnaît l'échec de la réforme.
Cependant, elle attire uniquement l'attention sur la diminution évidente de la pratique religieuse et la détresse que la nouvelle liturgie a causé aux fidèles. Mais elle ne touche pas à l'aspect le plus grave, à savoir la perte de la Foi parmi tant de fidèles, incluant les prêtres. Les dogmes essentiels de notre Sainte Religion ne sont plus exprimés avec la même clarté ; la Foi des fidèles n’est plus protégée par le culte. Les erreurs Protestantes se propagent rapidement non seulement chez les fidèles Catholiques mais même parmi les prêtres.
On ne peut pas faire des incursions dans une ancienne et vivante tradition selon une telle manière radicale sans mettre en danger les Dogmes mêmes qui y sont incorporés.
Encore un autre aspect qui est attaqué par ceux dont le but est de détruire l'Église, c’est l'institution et la constitution de l'Église.
La nécessité de l'Église Catholique comme étant la seule arche de salut, hors de laquelle nul ne peut être sauvé, est maintenant interrogé sinon ouvertement nié. Le souci d'« œcuménisme » erroné a ébranlé la vraie nature de l'Église et cela, en retour, a eu des conséquences désastreuses sur les vocations pour le travail missionnaire et sur les objectifs eux-mêmes qui sous-tendent ce travail.
La constitution divine de l’Église telle qu'elle est conçue et voulue par Notre Sauveur est devenue l'objet de subversion. Alors que toute la structure de l'Église a été basée sur l'autorité personnelle des personnes consacrées par les Ordres et donné un mandat de l'autorité compétente, la nouvelle théologie voudrait introduire un système démocratique de collégialité qui est tout à fait à l'encontre de la Volonté de Notre Seigneur. Les nouveaux synodes sont un exemple de la pénétration des idées maçonniques dans l'Église. Chaque question est soumise à un vote ou une élection. L'autorité personnelle a été remplacée par des Conciles.
Des exemples de cela sont si nombreux qu’à en faire la liste serait une tâche sans fin.
De ces faits douloureux, on peut voir comment profonde est cette crise et comment elle a été habilement organisée et dirigée. On peut en effet croire que le maître du système ne peut être que nul autre que Satan lui-même.
Nous allons conclure ce bref aperçu en soulignant le coup de maître réalisé par Satan à savoir d'avoir jeté tout le monde dans la désobéissance et ce, en invoquant l'obéissance. L'exemple le plus typique de ce fait est de l’ « aggiornamento » (note : mise à jour) des Ordres religieux. Par le biais de l'obéissance, les religieux sont amenés à désobéir aux lois mêmes et aux constitutions de leurs fondateurs auxquelles ils se sont engagés à observer quand ils ont fait leurs vœux. Ceci est la cause de la confusion profonde qui s’est répandue dans ces communautés et dans le cœur de l'Église.
Dans ces cas, l'obéissance devrait être refusée catégoriquement. Même l'autorité légitime ne peut pas exiger l'exécution d’actes mauvais ou déshonorants. Personne ne peut nous obliger à transformer nos vœux en simples promesses. Personne ne peut nous forcer à devenir Protestants ou Modernistes.
Les conséquences de cette cécité sont évidentes et tragiques.
Passons maintenant au sujet principal de ce court article : le sacerdoce et le prêtre face à cette crise. Nous devons admettre que le prêtre est au cœur même de cette crise et qu’il en est la plus grande victime parce que tout ce qui touche l'Église affecte avant tout le sacerdoce.
C’est maintenant facile de suivre en détail l'évolution de la notion de sacerdoce et de ses conséquences. On devrait peut-être revenir en arrière d’une trentaine d'années et observer la manière dont les idées subversives du rôle du prêtre et de sa relation avec le monde ont ensuite été infiltrés dans les séminaires. Cependant, nous nous limitons au cours des dix dernières années, celles du Concile et des suites du Concile.
Comme avec tout ce qui a eu lieu pendant cette période, les gens ont basé leur style de pensée sur des idées sur l'évolution du monde pour convaincre les prêtres qu'ils devaient aussi changer leur mode de vie. C’était facile de donner aux prêtres un complexe de se sentir isolés, d'être frustrés, d'être étrangers à la société. C’était nécessaire pour lui de s’impliquer dans le monde, de s'ouvrir à lui. Ce qui était blâmé, c’était son manque de formation, son style inhabituel d’habillement et son style de vie. Le slogan qui a contribué à abaisser le statut du prêtre au niveau du monde ne fut pas difficile à trouver : « Le prêtre est un homme comme tous les autres » à condition qu’il s’habille comme tout le monde, qu’il ait une profession, qu’il soit libre d'exprimer ses préférences politiques et surtout qu’il soit capable de se marier.
Les séminaires n’ont pas eu le choix de s'adapter à ce « nouveau type de prêtre ».
Malheureusement, ces paroles se trouvaient non seulement sur les lèvres des ennemis traditionnels de l'Église, mais même parmi les prêtres et les Évêques.
Les résultats sont rapidement devenus apparents : l'abandon de toute marque distinctive de son rôle, l'exercice d'une profession, le changement dans les pratiques religieuses afin de plaire au monde ; et, après seulement quelques années, la perte de la Foi qui s’est traduite par le fait que des milliers de prêtres sont devenus coupables de parjure à leurs vœux.
Sans aucun doute, c’est la marque la plus triste de ces réformes : la perte de la Foi parmi les prêtres. Parce qu'ils sont fondamentalement LES hommes de Foi. S'ils ne connaissent plus leur propre identité, ils perdent leur propre Foi et, avec elle, leur Foi dans le sacerdoce.
La définition du sacerdoce donnée par Saint Paul et par le Concile de Trente a été radicalement modifiée. Le prêtre n’est plus celui qui monte à l'Autel et offre le Sacrifice de louange à Dieu pour la rémission des péchés. L'ordre d'importance a été inversé. L'objectif principal du prêtre devrait être d’offrir le Sacrifice et l'objectif secondaire est de prêcher l'Évangile, mais la prédication de l'Évangile a pris le pas sur le Sacrifice et les Sacrements. Cela est devenu une fin en soi. Cette grave erreur a des conséquences tragiques. En réalité, le ministère sacerdotal, après avoir perdu son but, deviendra complètement désorienté et les motifs seront recherchés pour être populaire au monde. Ceux-ci comprennent la fausse justice sociale et la fausse liberté qui vont prendre de nouveaux noms comme « le développement », le « progrès » et la « construction du monde ». Nous utilisons ce même langage qui conduit à toutes les révolutions. Le prêtre prend un rôle de premier plan dans le monde —une révolution d’envergure contre les institutions, contre toutes les structures, qu'elles soient politiques, sociales, ecclésiastiques, ou paroissiales ou fondées sur la famille. Plus rien ne demeure. Le communisme n'a jamais trouvé plus efficace que ces prêtres comme agents. Les prêtres ont perdu leur Foi, un bien triste état des choses, si cela est bien le cas, quand on considère que le prêtre est un homme de Foi.
Tout dans ce nouveau concept du prêtre peut être déduit logiquement : l'abandon de l'habit, le désir de prendre un emploi, l'acceptation du mariage comme une possibilité.
De la même manière que le Sacrifice de l'Autel n’est plus l'aspect le plus important de la prêtrise comme sont en jeu aussi tous les autres Sacrements. Le prêtre va maintenant faire appel aux services des laïcs, puisqu’il sera trop occupé avec la politique ou le gouvernement. Le Baptême sera administré par des laïcs ou par des diacres mariés et ils vont distribuer également l'Eucharistie et l’apporteront aux malades. Puisque la Confession demande beaucoup de temps, toute tentative sera faite pour la discréditer et la remplacer par des cérémonies pénitentielles communes. Sur ce point, un effort substantiel a été faite par les Théologiens Modernistes pour obtenir des Conférences Épiscopales des documents semant le doute sur la confession individuelle et approuvant des expériences sur une échelle toujours plus grande. Cela se terminera le jour où les fidèles renonceront complètement à la pratique de la confession individuelle et, avec elle, leur Foi. Puisque le Sacrement de Pénitence est un jugement, il est impossible de juger sans présenter les éléments de preuve. Les absolutions générales peuvent conduire à la contrition pour nos péchés, mais comme telles elles ne sont pas assujettissantes comme telles. Dans tous les pays, des efforts croissants sont faits pour forcer la main aux autorités sur cette question.
Ainsi, peu à peu, on procède à la destruction des Sacrements, ayant commencé avec la destruction de la Messe. Ce résultat est évident puisque le diable est occupé à compter ses gains et à mener des millions d'âmes à la damnation.
La fausse définition de la prêtrise peut être comparée à la fausse définition du mariage : la méthode employée est la même. Au Concile, le Cardinal Suenens avait déjà suggéré de mettre sur un même pied d'égalité l’amour conjugal et la procréation. Après une intervention véhémente du Cardinal Brown, il fut obligé de retirer cette dernière proposition le lendemain, et pourtant il est parvenu à laisser la porte entrouverte et a ainsi impliqué plusieurs Théologiens et Évêques. Nous avons vu cela en relation avec l'Encyclique « Humanae Vitae ». Le danger d’une définition imprécise est manifeste dans ce document. En fait, le but premier du mariage est la procréation et l'amour conjugal est secondaire et auxiliaire à ce premier but. De changer cette relation signifie d’autoriser toutes les pratiques contraires à la sainteté et la stabilité de la famille.
La même chose avec la définition de la Messe. On veut changer la définition de la Messe, que l'on trouve à l'article sept de l'introduction du Novus Ordo, afin d'en arriver au « souper » Protestant. Et, bien que la définition ait été révisée ou au moins modifiée, le texte de l'Ordo établi selon cette fausse définition est demeuré le même. Ceci est une nouvelle preuve de l'importance des définitions exactes lorsqu'elles traitent avec les Doctrines et la Foi de l'Église.
Étant donné que le prêtre a une fausse idée de la prêtrise et croit être un « homme comme les autres », il perd le sens de sa dignité sacerdotale. Il ne devrait pas être surpris si le monde n'a plus de respect pour lui. Le résultat de cette désorientation ne peut que conduire au mépris à la fois de la part des ennemis de l’Église et de la part de ceux qui conservent encore une notion précise de la prêtrise.
Les séminaires, qui ont convenu d’asseoir leur formation de base de leurs séminaristes sur le concept du sacerdoce, ont manqué à leur devoir. Les séminaristes sérieux refusent à juste titre cette formation comme dangereuse tant pour leur Foi et que pour leur morale. Ceux, qui ont accueilli ces réformes et les ont demandées, viennent très rapidement à la conclusion que, en tant que militants, ils auront plus de liberté pour se consacrer la révolution sociale, politique et religieuse en dehors de l'Église. C’est pourquoi les séminaires se vident à un rythme plus lent ou plus rapide, selon chaque pays. Mais la possibilité de créer de véritables séminaires existe parce que les bonnes vocations sont nombreuses.
Ce devrait donc être la principale préoccupation des Évêques et des prêtres conscients du danger dans lequel se trouve l'Église. Le Saint-Esprit habite dans Son Église et est toujours prêt à entrer dans le cœur des hommes, dans le cœur des prêtres en particulier. Puissions-nous réussir alors dans la restauration de centres orthodoxes pour la formation des prêtres —des centres tels que l'Église a toujours travaillé et prié pour cela. Il ne faut pas craindre en ce qui concerne les vocations, la finance ou les enseignants. Dieu donne en abondance à ceux qui croient en Lui et qui Lui restent fidèles !
mercredi 18 mai 2016
Rappelons-nous pourquoi il résistait ... Le prêtre et la crise actuelle dans l’Église
Écrit par Mgr Marcel Lefebvre
Exclusif à The Remnant
Le 1 juin, 1972
Écrit par Mgr Marcel Lefebvre
Exclusif à The Remnant
Le 1 juin, 1972
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