Rédigé par : Maike Hickson
SOURCE : One Peter Five
Le 18 janvier 2017
De l'Allemagne, nous viennent maintenant quelques mots inattendus et étonnamment forts. Le journal Catholique national, Die Tagespost, et le même Correspondant de Rome — Guido Horst lui-même — que nous avions, il y a quelques jours, poliment critiqué pour son affirmation que le débat sur Amoris Laetitia est — et devrait être — maintenant terminé et clos.
Pour rendre justice à ce nouvelle et importante déclaration éditoriale du 16 janvier en provenance de l'Allemagne, je présenterai donc une traduction intégrale de la déclaration quelque peu courte mais incisive de Horst concernant la situation actuelle dans l'Église :
Titre de l’éditorial : Un schisme de fait
Par Guido Horst
« Quiconque parcourt aujourd'hui le Vatican et parle avec des ecclésiastiques individuels sur l'élargissement du conflit concernant Amoris Laetitia, rencontre du mutisme ; c'est un mutisme qui peut également — en fonction de la compréhension de l'ecclésiastique individuel en ce qui concerne sa concision théologique et son importance attribuée à la Doctrine — même s'élargir dans un désarroi complet. Avec sa propre déclaration — tel qu'il l'a présentée à la télévision Italienne — selon laquelle certaines ambiguïtés du huitième chapitre du document post-synodal ne sont « pas un danger pour la Foi » et donc une correction par le Pape est impossible en ce moment, le Cardinal Gerhard Müller a probablement pris une décision très conséquente. Il n'y aura pas de réponse de François aux questions, respectivement, quant aux doutes des Quatre Cardinaux. Sinon, le Préfet de la Congrégation pour la Foi n'aurait pas tant parlé sans ambiguïté. Mais les réponses viennent maintenant d'autres directions. L'Église de Malte est une petite église locale à la périphérie de l'Europe, mais l'Archevêque de Malte, Charles Scicluna, est un homme respectable qui, en tant que collaborateur principal de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a joué un rôle décisif lors des scandales d'abus. Quand il — avec l'Évêque de Gozo — instruit maintenant les pasteurs de son petit État insulaire que chaque divorcé remarié peut transiger directement avec ce cher Dieu pour savoir s'il peut aller à la Communion alors cela signifie très clairement que chaque église locale peut maintenant faire ce qu'elle veut. Le sillon devient plus profond. Florence contre Rome, la Pologne contre l'Argentine, Malte contre Milan. C'est ce qu'on appelle un schisme de fait ».
« Le Vatican qui a été jadis capable — par exemple, dans le cas du système Allemand qui conseille les femmes enceintes dans le besoin — et après une longue lutte pour mettre en œuvre une décision consacrée à la clarté du témoin — à l'époque pour [la sainteté de] la vie humaine — n'est maintenant plus capable d'assurer une telle clarté. Le Pape est muet au sujet de la lettre des Cardinaux et refuse ainsi indirectement de donner une déclaration claire selon laquelle les paragraphes controversés d'Amoris Laetitia doivent être lus à la lumière de la proclamation des Papes précédents. C'est aussi une réponse. Et le Préfet de la Congrégation pour la Foi déclare que les débats concernant la clarification papale demandée sont maintenant clos. Rome n'est plus une autorité faisant la clarté mais un observateur tranquille qui surveille silencieusement comment — et pendant — que l'unité de la pastorale de l'Église se brise en morceaux ».
« Comme c'est souvent le cas, cela se fait sur le dos du « petit peuple ». Dans ce cas, il y a les nombreux pasteurs qui devront expliquer aux fidèles — et aussi à ceux qui se tiennent à distance de l'Église — qu’est-ce qui a exactement maintenant changé. La morale, les Sacrements, la pastorale ? La bonne intention du Pape — à savoir que les pécheurs et les faibles ne s'excommunient plus mais reconnaissent maintenant qu'il y a encore une place dans l'Église pour eux — menace donc de se noyer au milieu de la confusion chez les pasteurs et avec une controverse toujours plus venimeuse entre les théologiens et les Évêques. Le Cardinal Carlo Caffarra a raison quand il dit que c'est particulièrement un fardeau pour les prêtres — un fardeau qu'ils ne peuvent pas supporter. Mais, maintenant, ils sont laissés à eux-mêmes ». [mon soulignement]
Nous félicitons chaleureusement Guido Horst pour son témoignage si loyal et sa défense courageuse de la vérité.
Carl Olson, rédacteur en chef de Catholic World Report, critiquait également le Pape François pour avoir causé tant de confusion morale. Olson dit dans un article du 14 janvier :
« La papauté actuelle de la sentimentalité a engendré confusion et conflit. Comme le Cardinal Caffera l'a déclaré dans un entretien récent : « Seul un aveugle peut nier qu'il y ait une grande confusion dans l'Église ». La clarté dont le Cardinal Müller parle si fortement n'est pas seulement manquante, elle semble absente. Il y a des interprétations directement opposées d'Amoris Laetitia : certaines par des prélats « conservateurs » qui se réfèrent aux enseignements perpétuels de l'Église et d'autres par des Évêques progressistes qui ne parlent que d'Amoris Laetitia et qui sont publiés dans le journal du Vatican. L'Exhortation du Pape peut ne pas toujours être claire, mais ses intentions et ses objectifs le sont de plus en plus ».
[mon soulignement]
À la lumière de ces remarques franches et qui remuent écrites par Guido Horst et Carl Olson, il serait intéressant de faire également référence à un article publié aujourd'hui sur le site officiel des Évêques Allemands, Katholisch.de. L'article est écrit par Björn Odendahl et réprimande les Catholiques conservateurs pour leur résistance morale perçue envers Amoris Laetitia en disant avec certitude que leurs paroles « deviennent de plus en plus absurdes ». Il voit même de la « haine » venir de cette direction. (Dans une citation plutôt indirecte, il semble même se référer à l'article de Guido Horst traduit plus haut). L'importance de cet article polémique réside cependant dans son dernier paragraphe :
« Dans un aspect, les conservateurs ont raison : les paroles du Pape ne sont pas toujours assez claires. Il devrait lever une fois de plus sa voix et bientôt mettre fin à ces échanges sans fin qui endommagent l'Église ». [mon soulignement]
Alors que Odendahl — qui, il y a peu de temps, avait fait des remous à cause de ses remarques humiliantes concernant l'opposition de l'Église Africaine à tout laxisme permissif de l'enseignement moral de l'Église — pourrait aussi souhaiter que le Pape François mette fin à la résistance irritante conservatrice. En fait, nous sommes d'accord avec lui sur au moins un aspect essentiel : il revient au Vicaire du Christ sur terre d'élever encore une fois sa voix autoritaire et de clarifier Amoris Laetitia. Ici Odendahl s'accorde effectivement avec les trois Évêques du Kazakhstan qui viennent de faire un éloquent appel public pour exactement la même intention.
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