mercredi 18 janvier 2017

À la lumière de Malte

Questions supplémentaires sur la position de Müller




Rédigé par : Maike Hickson

SOURCE : One Peter Five
Le 16 janvier 2017


Au cours du week-end — et surtout après les nouvelles directives (et libertaires) publiques troublantes des Évêques de Malte concernant la Communion pour les divorcés « remariés » — d'autres questions ont été soulevées au sujet de l'endossement récent et explicite du Cardinal Gerhard Müller du document Amoris Laetitia. Le Cardinal a appelé cette Exhortation Apostolique à la fois « doctrinalement saine » et ne représentant « pas un danger pour la Foi ».

Mais au moins deux voix qui s’objectent nous sont parvenues, l'une de l'Allemagne et l'autre des États-Unis. Tout d'abord, considérons — et je traduis ici l'intégralité du message — ce qu'a écrit poliment l'auteur de livres pro-vie Allemand Mathias von Gersdorff. Le dimanche 15 janvier, il a publié un commentaire intitulé : « Les lignes directrices de Malte concernant la Communion réfutent la déclaration du Cardinal Müller » :

« Pas même une semaine après que le Préfet de la Congrégation pour la Foi, le Cardinal Gerhard Müller, a ouvertement critiqué les Cardinaux auteurs des dubia et qu’il a décrit Amoris Laetitia comme clair et n'étant pas dangereux pour la Foi, les Évêques de Malte publient des lignes directrices qui contredisent complètement Müller sur cette question. Car, la Conférence Épiscopale de Malte interprète Amoris Laetitia d'une manière particulièrement libérale : si un divorcé remarié est d'avis qu'il est en paix avec Dieu, alors il est autorisé à recevoir la Communion. Ainsi, non seulement les divorcés remariés sont admis à la Table du Seigneur, mais, en même temps, la conscience subjective de la personne individuelle est établie comme étant l’autorité décisive. Y a-t-il encore une différence en ce qui concerne le Protestantisme ? L'initiative de Malte montre à quel point l'influence du Cardinal Müller n’est plus grande. Parce que le Cardinal Müller a toujours soutenu qu’Amoris Laetia doit être interprété selon la Tradition, en particulier selon les règles claires de Familiaris Consortio. Dans cette Exhortation Apostolique promulguée par le Pape Jean-Paul II, les divorcés remariés se voient refuser l'accès à la Communion s'ils ne vivent pas dans la continence continue. Les directives des Évêques de Malte pourraient avoir maintenant un impact important et accentuer la crise au sein de l'Église. Parce que, maintenant, il devrait être clair que le Pape François n'a pas de problème avec l'admission de divorcés remariés à la Communion. De même, le Pape ne semble pas inquiet que, dans différentes régions, soient établies des lignes directrices désormais différentes. Cependant, cela ne signifierait rien d'autre que l'enseignement moral traditionnel sur la sexualité n'est plus universellement valide. Peut-on parler avec justesse d'une seule Église ? Dans ce contexte, l'avertissement de l'Évêque auxiliaire Athanasius Schneider — lui-même un partisan résolu des dubia des Cardinaux — contre un schisme à venir est loin d'être une exagération. Il faut considérer que le problème de la Communion pour les divorcés remariés n'est pas du tout « simplement » un problème de discipline. Ce thème touche à trois Sacrements (Eucharistie, Mariage et Pénitence) ainsi qu'à l'enseignement de l'Église sur la Grâce et sur la Christologie (en plus de son enseignement moral, comme nous l'avons déjà mentionné). Si l'initiative de Malte est suivie maintenant (ce qui est à prévoir), nous nous dirigeons vers des temps troubles.

Dans le même ordre d'idées, l'avocat en Droit Canon des États-Unis, le docteur Edward Peters, dit maintenant que « La directive Maltaise fait réponse aux urgences des dubia ». Peters rappelle le rôle du Cardinal Müller lui-même lorsqu'il dit :

« Cette capacité d'Amoris Laetitia à soutenir simultanément des interprétations orthodoxes, sans engagement, et hétérodoxes dans des questions d'importance ecclésiastique la plus grave est exactement pourquoi les dubia des Quatre Cardinaux [sic] ont un besoin si urgent d’être répondus — si ce n’est pas par François lui-même (et personne ne peut forcer la main de François ) du moins par son bras droit, le Cardinal [Gerhard] Muller de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à qui les dubia ont été [sic] aussi adressés (peu semblent l’avoir remarqué ). Bien sûr, les enjeux des dubia ont considérablement monté au cours du week-end, non pas simplement parce que les Évêques Maltais expliquent clairement les abus sacramentels qu'Amoris Laetitia pourrait tolérer dans son cadre, mais par la décision prise — Dieu sait à quel niveau cette décision fut prise — de publier le document Maltais dans L'Ossevatore Romano, « cet instrument créé pour répandre les enseignements du successeur de Pierre ». [mon soulignement]


Le Dr Peters fait ressortir un fait important — à savoir que, avec la publication des lignes directrices Maltaises dans le journal du Vatican, L'Osservatore Romano, le Pape donne son approbation indirecte de cette nouveauté de l'enseignement en ce qui concerne la question des divorcés « remariés ».

Entre-temps, Edward Pentin, le bien informé correspondant de Rome, a publié une mise à jour concernant la critique du 8 janvier du Cardinal Müller sur les dubia des Quatre Cardinaux :

« Mise à jour le 12 janvier 2016 : Un porte-parole du Cardinal Müller a déclaré au site National Catholic Register qu'il [Müller] « parlait de son autorité en tant que Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et n'a été conseillé par personne de le faire ». Pentin a déclaré qu’« une récente interview de Carlos Granados en espagnol intitulée « Informe sobre la esperanza » (Madrid 2016) paraîtra prochainement en anglais et intitulée « The Cardinal Müller Report » (Ignatius ... 2017). Dans ce livre, le troisième chapitre est intitulé « Que pouvons-nous espérer de la famille ? » Ce sera un excellent point de référence concernant les commentaires du Cardinal sur le Sacrement du Mariage.

Ici nous voyons que le Cardinal Müller poursuit sa propre politique de montrer qu'il interprète Amoris Laetitia d'une manière plus traditionnelle. Il n'y a pas si longtemps, j'ai pu publier une revue de livre de ce même livre de 2016 portant sur L’Espérance écrit par le Cardinal Allemand. Lorsqu'on scrute minutieusement le troisième chapitre de ce livre, comme l'a récemment mentionné le porte-parole du Cardinal Müller, on peut voir un aspect important : Müller répète l'enseignement de Familiaris Consortio de 1984 concernant les divorcés et les « remariés » qui sont continuellement tenus de vivre chastement s'ils veulent encore avoir accès aux Sacrements. Voici un extrait de ces aspects, résumés par moi du troisième chapitre sur l'Espérance et la Famille :

« [Le Cardinal Müller] insiste sur le fait que, puisque le devoir de l'Église est de conduire les gens au ciel, elle n'a « jamais l'autorisation de dispenser l'homme d'obéir aux Commandements de Dieu (à cause d'une prétendue attitude compatissante ou bien intentionnée) » ; (p. 194) [mon soulignement]

Il nous rappelle que « le mariage est un don du Seigneur », que Dieu nous aidera avec le Sacrement et Sa Grâce à le vivre, et qu'ainsi Il ne manquera jamais à aucun mariage. « Il [Dieu] nous a promis que Sa Grâce nous aidera. » Et il dit que l'amour conjugal « est un Don de Dieu qui doit être vécu dans l’oubli de soi et préservé quotidiennement comme le plus beau cadeau que l'on puisse avoir dans ses mains ». (p. 180 ; 190-193) ; « Avec Jésus, un amour est possible qui dure toute la vie » (p. 205) [mon soulignement]

« Il affirme que la théorie du genre est l'essence de « l'idée que l'homme peut se créer lui-même » sans le Créateur ; donc c’est le danger que « nous transformions nos propres désirs en idole et nous décidions ce qui est bon et ce qui est mal » (pp. 183-184) ; [mon soulignement]

Il souligne que la « fragmentation de l'homme » et « l'individualisme extrême » est le jumeau des idéologies totalitaires (p. 186)

Il nous appelle à ne pas accepter « les différents « modèles familiaux » que la « société apparemment folle de l'Occident veut nous imposer » et affirme également qu'il n'existe aucun droit humain à faire ce qui est mal ; [mon soulignement]

Il parle des conséquences négatives du contrôle artificiel des naissances sur le Mariage et la Famille — surtout depuis qu'il transforme la sexualité humaine en une simple idée d’autosatisfaction au lieu de voir un « chemin

Il critique la concession de l'Église orthodoxe pour un second mariage parce qu'il ne la voit pas du tout en accord avec les Évangiles — « Quand je considère les Paroles de Jésus sur l'indissolubilité du mariage, je ne vois pas comment cette pratique [orthodoxe chrétienne] [de permettre un second mariage] peut être déduite de la Volonté de Dieu » (p.206) ;

Il insiste sur l'enseignement de Familiaris Consortio concernant les divorcés « remariés » et leur incapacité d'accéder aux Sacrements à moins qu'ils ne pratiquent la chasteté continue ; il dit que ce document « confirme explicitement l'enseignement dogmatique de l'Église sur le mariage » (pp. 208-209) ; [mon soulignement]

Il réaffirme que « la conscience individuelle ne peut être séparée du Magistère de l'Église, tout comme la pratique pastorale ne peut être séparée de la Doctrine de l'Église » (p. 211) [mon soulignement]

Ainsi, alors que le Cardinal Müller présente — en particulier dans le troisième chapitre de son livre sur l'Espérance (qui sera publié en anglais au printemps 2017, selon le père Joseph Fessio, SJ, rédacteur en chef de Ignatius Press) — de nombreuses déclarations belles et utiles ainsi que des réflexions, elles ne porteront vraisemblablement pas de bons fruits tant qu'il ne résistera pas aussi publiquement à ces prélats irréguliers — et même au Pape — qui enseignent et appliquent de façon plus laxiste les lignes directrices concernant les divorcés « remariés » et leur accès possible aux Sacrements qui s'opposent totalement à la Doctrine Traditionnelle de l'Église qui existe depuis longtemps et qui est bien articulée.

Tout compte fait, c'est mon ardente prière maintenant à Notre-Dame et à Notre Seigneur que le bon Cardinal puisse maintenant recevoir les Grâces nécessaires pour une défense directe, publique et forte de l'enseignement non censuré et miséricordieux du Christ — avant qu'il ne soit trop tard pour éviter plus de confusion et de ruine.

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