Ion Mihai Pacepa sur le yacht de Raul Castro à Cuba, 1974.
Photo gracieuseté d'Ion Mihai Pacepa.
SOURCE : Catholic News Agency
Washington D.C., 1 mai 2015 / 03 :34 (CNA) — L’espionnage profondément au cœur de l'Europe. Les secrets au KGB. La défection d'une nation Communiste. Ion Mihai Pacepa a vu sa part d'excitation en servant comme Général pour la police secrète de la Roumanie Communiste avant de fuir aux États-Unis à la fin des années 1970.
Le déserteur du plus haut rang Communiste dans les années 70, il a récemment échangé avec notre site, le Catholic News Agency, du lien entre l'Union Soviétique et la Théologie de la Libération en Amérique latine. Voici quelques extraits de l'interview. Toutes les notes en bas de l’article ont été fournies par Pacepa.
D'une manière générale, pourriez-vous dire que la diffusion de la Théologie de la Libération avait un quelconque lien Soviétique ?
Oui. J'ai appris les détails de l'implication du KGB avec la Théologie de la Libération par le Général soviétique Aleksandr Sakharovsky, conseiller en chef [ services secrets ] de la Roumanie Communiste et qui était mon chef de facto jusqu'en 1956 lorsqu'il est devenu chef du service d'espionnage soviétique PGU1, un poste qu'il a occupé pendant une durée record sans précédent de 15 ans.
Le 26 octobre 1959, Sakharovsky et son nouveau patron, Nikita Khrouchtchev, sont venus en Roumanie pour ce que l'on appellera « Les vacances de six jours de Khrouchtchev ». Il n'a jamais pris de si longues vacances à l'étranger ni non plus son séjour en Roumanie ne fut vraiment des vacances. Khrouchtchev voulait entrer dans l'histoire comme le dirigeant soviétique qui aurait exporté le Communisme vers l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. La Roumanie était le seul pays latin dans le bloc soviétique et Khrouchtchev voulait enrôler ses « leaders latins » dans sa nouvelle guerre de « libération ».
J'ai appris à propos de Sakharovsky par vos écrits, mais je n'ai pas trouvé d'autres informations pertinentes sur lui. Pourquoi ?
Sakharovsky était un reflet soviétique des années intenses de la Guerre Froide quand même pas tous les membres des gouvernements Israélien et Britannique ne connaissaient l'identité des chefs du Mossad et du MI-6. Mais Sakharovsky a joué un rôle extrêmement important dans l'histoire de la Guerre Froide. Il est l'auteur de l'exportation du Communisme à Cuba (1958-1961) ; son maniement néfaste de la Crise de Berlin (1958-1961) a engendré le Mur de Berlin ; sa Crise des missiles de Cuba (1962) a mis le monde au bord de la guerre nucléaire.
La Théologie de la Libération était-elle un mouvement « créé » par la section de Sakharovsky au KGB ou bien était-ce un mouvement existant exacerbé par l'URSS ?
Le mouvement est né dans le KGB et il avait un nom inventé par le KGB : « Théologie de la Libération ». Pendant ces années, le KGB avait un penchant pour des mouvements dits de « libération ». L'Armée de Libération Nationale de Colombie (FARC), créée par le KGB avec l'aide de Fidel Castro ; l'Armée de Libération Nationale de Bolivie, créée par le KGB avec l'aide du Che Guevara ; et l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), créée par le KGB avec l'aide de Yasser Arafat, ne sont que quelques mouvements de « libération » supplémentaires nés à Lubyanka — siège du KGB.
La naissance de la Théologie de la Libération a été l'objectif d'un programme de « Dezinformatsiya » [ désinformation ] du Parti-État de 1960, approuvée par Aleksandr Shelepin, président du KGB, et Aleksey Kirichenko, membre du Politburo, qui coordonnait les politiques internationales du Parti Communiste. Ce programme demandait à ce que le KGB prenne le contrôle secret du Conseil Oecuménique des Églises (COE), basé à Genève, en Suisse, et l'utilise comme couverture pour convertir la Théologie de la Libération en un outil révolutionnaire Sud-Américain. Le COE était la plus grande organisation œcuménique internationale après le Vatican, représentant environ 550 millions de Chrétiens de différentes confessions dans 120 pays.
La naissance d'un nouveau mouvement religieux est un événement historique. Comment ce nouveau mouvement religieux a-t-il été lancé ?
Le KGB a commencé par la construction d'une organisation religieuse internationale intermédiaire appelée la Conférence Chrétienne de la Paix (CCP), dont le siège était à Prague. Sa tâche principale était d’introduire la Théologie de la Libération créée par le KGB dans le monde réel.
La nouvelle Conférence Chrétienne pour la Paix était gérée par le KGB et subordonnée au vénérable Conseil Mondial pour la Paix, une autre création du KGB, fondée en 1949 et dont le siège social était à Prague.
Pendant mes années au sommet de la communauté de renseignement du bloc soviétique, j'ai géré les opérations Roumaines du Conseil Mondial pour la Paix (CMP). C'était du plus pur KGB comme ça peut l’être. La plupart des employés du CMP étaient des officiers secrets du renseignement du Bloc Soviétique. Les deux publications du CMP en français, nommément « Nouvelles Perspectives » et « Courier de la Paix », étaient également gérées par des officiers secrets du KGB et du DIE2 Roumain. Même l'argent pour le budget du CMP venait de Moscou, livré par le KGB sous forme de blanchiment de dollars en espèces pour cacher leur origine soviétique. En 1989, lorsque l'Union Soviétique était sur le point de s'effondrer, le CMP a admis publiquement que 90% de son argent provenait du KGB3.
Comment la Théologie de la Libération a-t-elle commencé ?
Je n'ai pas été impliqué dans la création de la Théologie de la Libération en soi. De Sakharovski, j'ai appris cependant qu'en 1968, la Conférence Chrétienne sur la Paix, créée par le KGB, soutenue par le Conseil Mondial pour la Paix, a pu manipuler un groupe d'Évêques Sud-Américains de gauche en organisant une Conférence des Évêques d'Amérique Latine à Medellin, Colombie. La tâche officielle de la Conférence était de remédier à la pauvreté. Son but non déclaré était de reconnaître un nouveau mouvement religieux encourageant les pauvres à se rebeller contre la « violence institutionnalisée de la pauvreté » et à recommander le nouveau mouvement au Conseil Oecuménique des Églises pour approbation officielle.
La Conférence de Medellin a atteint les deux objectifs. Il a également acheté le nom « Libération Théologie » créé par le KGB.
La Théologie de la Libération avait des chefs de file, certains d'entre eux étaient des figures « pastorales » célèbres, d'autres étaient des intellectuels. Savez-vous s'il y avait une participation du Bloc Soviétique à la promotion de l'image personnelle ou des écrits de ces personnalités ? Un lien spécifique avec les Évêques Sergio Mendes Arceo du Mexique ou Helder Camara du Brésil ? Toute connexion directe possible avec des Théologiens de Libération comme Leonardo Boff, Frei Betto, Henry Camacho ou Gustavo Gutierrez ?
J'ai de bonnes raisons de soupçonner qu'il y avait un lien organique entre le KGB et certains de ces principaux promoteurs de la Théologie de la Libération, mais je n'ai aucune preuve pour le démontrer. Pendant les 15 dernières années de ma vie en Roumanie (1963-1978), j'ai géré l'espionnage scientifique et technologique de ce pays ainsi que les opérations de désinformation visant à améliorer la stature de Ceausescu en Occident.
Je me suis récemment penché sur le livre de Gutiérrez intitulé La Théologie de la Libération : histoire, politique, salut (1971), et j'ai eu l'impression qu'il a été écrit à Lubyanka. Pas étonnant qu'il soit maintenant crédité d'être le fondateur de la Théologie de la Libération. Des sentiments aux faits, cependant, c’est un long chemin.
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Notes de bas de page :
1) Pervoye Glavnoye Upravleniye, ou première direction principale du KGB
2) Departamentul de Informatii Externe, le service de renseignement étranger de la Roumanie.
3) Herbert Romerstein, Mesures actives soviétiques et propagande, Institut Mackenzie No. 17 (Toronto, 1989), pages 14-15, 25-26. WPC Peace Courier, 1989, no. 4, cité par Andrew et Gordievsky, KGB, p. 629.
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