Voyez ici onze principes de destruction
par : Dom Prosper Guéranger OSB, surtout connu sous l'appellation Dom Guéranger, né à Sablé (Sarthe) le 4 avril 1805 et mort à Solesmes le 30 janvier 1875, est un moine bénédictin français, refondateur de l'Abbaye de Solesmes et restaurateur de l’Ordre Bénédictin en France. |
SOURCE 1 : ABBAYE SAINT BENOÎT DE PORT-VALAIS
SOURCE 2 : Rorate Caeli
CREDO LITURGIQUE
Je crois que les rites traditionnels de l’Orient et de l’Occident contiennent en eux-mêmes de nombreux éléments d'origine Apostolique qu’il est impossible de les séparer des éléments ajoutés par la Tradition Écclésiastique post-apostolique. |
Extraits --- Document intégral ici
Premier principe :
Le premier caractère de l'hérésie antiliturgique est la haine de la Tradition dans les formules du culte divin. On ne saurait contester ce caractère spécial dans tous les hérétiques que nous avons nommés, depuis Vigilance jusqu'à Calvin, et la raison en est facile à expliquer.
Tout sectaire voulant introduire une doctrine nouvelle, se trouve infailliblement en présence de la Liturgie, qui est la tradition à sa plus haute puissance, et il ne saurait avoir de repos qu'il n'ait fait taire cette voix, qu'il n'ait déchiré ces pages qui recèlent la foi des siècles passés.
Deuxième principe :
C'est en effet le second principe de la secte antiliturgiste, de remplacer les formules de style ecclésiastique par des lectures de l'Écriture sainte.
Elle y trouve deux avantages : d'abord, celui de faire taire la voix de la Tradition qu'elle craint toujours; ensuite, un moyen de propager et d'appuyer ses dogmes, par voie de négation ou d'affirmation. Par voie de négation, en passant sous silence, au moyen d'un choix adroit, les textes qui expriment la doctrine opposée aux erreurs qu'on veut faire prévaloir; par voie d'affirmation, en mettant en lumière des passages tronqués qui, ne montrant qu'un des côtés de la vérité, cachent l'autre aux yeux du vulgaire.
Troisième principe :
…après avoir expulsé les formules ecclésiastiques et proclamé la nécessité absolue de n'employer que les paroles de l'Écriture dans le service divin, voyant ensuite que l'Écriture ne se plie pas toujours, comme ils le voudraient, à toutes leurs volontés; leur troisième principe, disons-nous, est de fabriquer et d'introduire des formules diverses.
Quatrième principe :
…Ainsi, tous les sectaires, sans exception, commencent par revendiquer les droits de l'antiquité; ils veulent dégager le Christianisme de tout ce que l'erreur et les passions des hommes y ont mêlé de faux et d'indigne de Dieu ; ils ne veulent rien que de primitif, et prétendent reprendre au berceau l'institution chrétienne.
À cet effet, ils élaguent, ils effacent, ils retranchent; tout tombe sous leurs coups, et lorsqu'on s'attend à voir reparaître dans sa première pureté le culte divin, il se trouve qu'on est encombré de formules nouvelles qui ne datent que de la veille, qui sont incontestablement humaines, puisque celui qui les a rédigées vit encore.
Leur affectation à prêcher l'antiquité n'a abouti qu'à les mettre en mesure de battre en brèche tout le passé…
Cinquième principe :
La réforme de la Liturgie étant entreprise par les sectaires dans le même but que la réforme du dogme dont elle est la conséquence, il s'ensuit que, de même que les Protestants se sont séparés de l'unité afin de croire moins, ils se sont trouvés amenés à retrancher dans le culte toutes les cérémonies, toutes les formules qui expriment des mystères.
Ils ont taxé, de superstition, d'idolâtrie, tout ce qui ne leur semblait pas purement rationnel, restreignant ainsi les expressions de la foi, obstruant par le doute et même la négation toutes les voies qui ouvrent sur le monde surnaturel.
Plus de sacramentaux, de bénédictions, d'images, de reliques des saints, de processions, de pèlerinages, etc. Il n'y a plus d'autel, mais simplement une table; plus de sacrifice, comme dans toute religion, mais seulement une cène.
Sixième principe :
La suppression des choses mystérieuses dans la Liturgie protestante devait produire infailliblement l'extinction totale de cet esprit de prière qu'on appelle onction dans le catholicisme.
Un cœur révolté n'a point d'amour.
Septième principe :
Traitant noblement avec Dieu, la Liturgie protestante n'a point besoin d'intermédiaires créés. Elle croirait manquer au respect dû à l'Être souverain, en invoquant l'intercession de la Sainte Vierge, la protection des saints.
Huitième principe :
La réforme liturgique ayant pour une de ses fins principales l'abolition des actes et des formules mystiques, il s'ensuit nécessairement que ses auteurs devaient revendiquer l'usage de la langue vulgaire dans le service divin.
La haine de la langue latine est innée au coeur de tous les ennemis de Rome ; ils voient en elle le lien des Catholiques dans l'Univers, l'arsenal de l'orthodoxie contre toutes les subtilités de l'esprit de secte.
Neuvième principe :
En ôtant de la Liturgie le mystère qui abaisse la raison, le Protestantisme n'avait garde d'oublier la conséquence pratique, savoir l'affranchissement de la fatigue et de la gêne qu'imposent au corps les pratiques de la Liturgie papiste.
D'abord, plus de jeûne, plus d'abstinence; plus de génuflexion dans la prière; pour le ministre du temple, plus d'offices journaliers à accomplir, plus même de prières canoniales à réciter, au nom de l'Église.
Telle est une des formes principales de la grande émancipation protestante : diminuer la somme des prières publiques et particulières.
Dixième principe :
Comme il fallait au Protestantisme une règle pour discerner parmi les institutions papistes celles qui pouvaient être les plus hostiles à son principe, il lui a fallu fouiller dans les fondements de l'édifice catholique, et trouver la pierre fondamentale qui porte tout. Son instinct lui a fait découvrir tout d'abord ce dogme inconciliable avec toute innovation : la puissance papale. Lorsque Luther écrivit sur sa bannière : Haine à Rome et à ses lois, il ne faisait que promulguer une fois de plus le grand principe de toutes les branches de la secte anti-liturgiste. Dès lors, il a fallu abroger en masse le culte et les cérémonies, comme l'idolâtrie de Rome; la langue latine, l'office divin, le calendrier, le bréviaire, toutes abominations de la grande prostituée de Babylone. Le Pontife Romain pèse sur la raison par ses dogmes, sur les sens par ses pratiques rituelles.
Onzième principe :
L'hérésie antiliturgiste, pour établir à jamais son règne, avait besoin de détruire en fait et en principe tout sacerdoce dans le Christianisme; car elle sentait que là où il y a un pontife, il y a un autel, et que là où il y a un autel, il y a un sacrifice, et partant un cérémonial mystérieux.
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