AP Photo / Alessandra Tarantino
Écrit par : Michael Dougherty Brendan
SOURCE : The Week
Le 5 octobre 2015
« C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe;…car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même ». - Saint-Paul 1 Corinthiens 11 : 27-29
« Le lien du mariage Chrétien est si fort que, s’il a atteint sa pleine permanence avec l'utilisation des droits conjugaux, aucun pouvoir sur Terre, pas même le Nôtre, le pouvoir du Vicaire du Christ, peut l'annuler ». — Pape Pie XII, 1946
Dans les trois prochaines semaines, je m’attends bien à ce que la direction de ma propre Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique tombe dans l'apostasie, à la conclusion du Synode sur la Famille qui commence aujourd'hui à Rome. Ceci est le résultat que le Pape François a façonné au cours de la totalité de son pontificat et en particulier avec ses récentes nominations. Un événement comme celui-là — une hérésie promulguée par le Pape et ses Évêques — est considéré par la plupart des Catholiques comme impossible. Mais ils devraient être préparés à cela de toute façon. Ce n’est pas une conférence religieuse ordinaire, mais une à redouter.
Ma prédiction est que, après beaucoup d’arrangements et de machinations par ses dirigeants, le Synode sur la Famille va déclarer que le Saint-Esprit les a conduit à une nouvelle compréhension de la Vérité. Les dirigeants du Synode adopteront la position que, ceux qui vivent dans des seconds mariages, quel que soit le statut de leur premier mariage, doivent être admis à la Sainte Communion. Ceci est communément appelé la « Proposition Kasper » d’après son auteur, le Cardinal allemand Walter Kasper. Le Synode laissera probablement les détails d'une « période pénitentielle de réflexion » de ces âmes à la discrétion des Évêques locaux et des curés. Les principaux Évêques rassureront les critiques qu'en fait aucune Doctrine n’a été changée, seule la discipline l’a été — même si ces avancées ne feront aucun sens lorsque considérées ensemble.
Mais ne vous méprenez pas, le Synode créera le sacrilège de l'Eucharistie comme Saint Paul nous met en garde contre une politique officielle de l'Église Catholique Romaine. Et dans ce processus, le Synode encouragera l'éclatement de plus de mariages.
Certains théologiens vont se féliciter de cela comme étant une rupture radicale. Ils déclareront ce changement de discipline être ce que les critiques ont affirmé tout au long : une rupture dans la Tradition de l'Église, un changement dans la Doctrine. Ils diront que ce glorieux événement prouve que l'Église est non seulement capable de développer ses Doctrines, mais aussi de les faire évoluer vers quelque chose de nouveau même si c’est quelque chose qui contredit la vieille Doctrine. Ceux qui s’étaient fait eux-mêmes des ennemis de l'autorité papale depuis des décennies vont devenir un nouveau type d’ultramontain (*). La papauté qui avait été la gardienne finale de la foi va maintenant devenir un oracle continu distribuant de nouveaux enseignements de l'Évangile que N otre Seigneur et les Apôtres ont manqués.
Les enseignements de l'Église sur la contraception, l'homosexualité, le sexe avant le mariage doivent tous être soumis à cette évolution à la lumière de ce que nous savons sur la façon dont les gens vivent. Comment ils devraient vivre est une question discutable.
Si nous croyons au meilleur reportage sur l'élection de Jorge Bergoglio à la papauté, il le doit au Cardinal Kasper et au groupe progressiste « Saint-Gallen » qui sont des Cardinaux qui ont essayé de gagner « l'acceptation » de la proposition Kasper. Si la proposition ne semble pas claire, permettez-moi d’essayer de la simplifier. Traditionnellement, si quelqu'un vient à la messe après avoir commis un péché mortel, comme peut-être d’avoir manqué délibérément la messe du dimanche de la semaine précédente, il doit s'abstenir de la communion jusqu'à ce qu'il fasse une confession sacramentelle de son péché à un prêtre. En vertu de la proposition de Kasper, un homme qui a laissé tomber sa femme après 20 ans en faveur d’une épouse trophée peut avoir une conversation « pénitentielle » putative avec son prêtre ou son Évêque à ce sujet puis approcher l'autel même s’il vit dans un état où l'Église considérait habituellement que c’était de « l'adultère public ».
François a donné au Cardinal Kasper de nombreuses occasions de prêcher sa solution à d'autres Cardinaux et a salué le travail de Kasper comme étant « de la théologie faite à genoux ». (Une phrase certaine de faire un rire de nombreux séminaristes.) Les décisions personnelles propres de François et la révision des règles du Synode qui a été annoncée le vendredi précédant l’ouverture du Synode suggèrent aussi qu'il est d’accord avec cette proposition. Bien que le Traditionnaliste Cardinal Burke avait traité pendant des années de ces questions spécifiques assis au plus haut Tribunal de l'Église, il n’a pas été invité au Synode du Pape. Au lieu de cela, par nomination spéciale et contre les conventions de limites d'âge, le Cardinal Godfried Danneels, prélat néerlandais qui soutient le mariage homosexuel et possède un dossier chargé sur les abus sexuels dans son diocèse, est invité à prendre la parole.
Ceci est seulement l'un des nombreux exemples. Le Cardinal Baldisseri, qui a été accusé par des prélats de haut rang opposés à la proposition de Kasper de manipuler Synode l'année dernière, non seulement le gère-t-il encore mais il lui a aussi été attribué d’être au comité de rédaction du document final. Le Cardinal John Dew de la Nouvelle-Zélande, qui favorise la proposition Kasper, n'a pas été élu par ses collègues Évêques pour assister au Synode — mais c’est François qui est intervenu pour le mettre sur le comité de rédaction finale. Le Cardinal Donald Wuerl, un homme connu plus pour son acuité politique que pour son esprit doctrinal, est aussi sur le comité de rédaction finale. Il en est ainsi aussi pour l’Archevêque Bruno Forte, dont la paternité à propos d'un passage sur le mariage de même sexe au Synode de l'année dernière est devenue une controverse.
Apparemment, je ne suis pas seul à craindre. Prenez le Cardinal Müller, qui dirige la Congrégation de la Doctrine de la Foi ; il est l'homme responsable d'être le gardien du Pape sur l'orthodoxie. (Vous pouvez peut-être la connaître sous le nom du Saint-Office de l'Inquisition.) Müller a dirigé la Congrégation de la Doctrine de la Foi sous des rumeurs persistantes que sa Congrégation pourrait être dissoute et que ses fonctions seraient dévolues entièrement aux groupements nationaux d'Évêques. Récemment, la Congrégation de la Doctrine de la Foi a été complètement ignorée quand le Pape a publié une réforme unilatérale sur les nullités. Müller est aussi un adversaire persistant et franc de la proposition Kasper. Dans un récent discours, il a abordé la controverse dans les termes les plus frappants possibles :
« Le mariage valide et sacramentel est soit indissoluble ou soit dissoluble. Il n'y a pas une troisième option. Quand on voit entendre parler de dialogue et de ses longs processus, on ne peut pas négliger en réalité une restriction idéologique ou une contraction. L'objectif d'une telle idéologie est d'appliquer au moins un changement dans la pratique même si elle endommage la Vérité et l'Unité de l'Église. [Rorate Caeli]
« Endommager l'Unité de l'Église » est un mot de code pour « schisme ». Il y a eu des indices faisant allusion à des craintes encore pires. L'an dernier, après avoir appris que le Conservateur Australien, le Cardinal George Pell, était considérablement intervenu contre la « manipulation » du Synode, il a commencé à soulager son lot à propos de l'étrangeté de François et il s’est référé à l'histoire des antipapes. Peu après, il a été frappé par une nouvelle vague de fausses accusations au sujet de son traitement des abuseurs d'enfants.
Ignatius Press, un éditeur ( géré par un Jésuite ) qui a essayé d'obtenir un livre recueillant les objections à la proposition Kasper de la part de chaque Cardinal l’année dernière a publié plusieurs livres anticipant le Synode. Un premier, la « Manipulation du Synode » par le journaliste Edward Pentin, raconte les machinations qui ont prévalu l'année dernière. Un autre, « La nouvelle Patrie du Christ — l'Afrique », comprend des textes de Cardinaux Africains éminents appuyant l’orthodoxie et appliquant sa logique à leurs situations propres où ils font face à plus de mariages mixtes entre Musulmans et Chrétiens et même à la polygamie. Et puis il y a le livre du Cardinal Sarah intitulé, de manière appropriée pour un homme d'Église, « Dieu ou Rien ».
Ces livres sont tous bons. Et le livre du Cardinal Sarah, qui est vraiment sous forme d’une longue interview, ressemble presque à un genre de manifeste qui précède une élection à la papauté elle-même. Oh Dieu ! hâtez ce jour ! Mais je crains que ces prélats traitent le symptôme et non la maladie.
Les opposants conservateurs de la proposition Kasper parlent maintenant de l'histoire récente de l'Église comme une « crise ». Ceci est un langage remarquable pour une Église qui a canonisé ou béatifié presque tous les Pontifes de mémoire vivante. Auparavant, on pensait que c’était de l'audace de parler de « confusion » dans l'Église dans les années après le Concile Vatican II, i.e. dans les années 1960. Le langage de la crise est un mot que les Conservateurs empruntent des critiques Traditionalistes de ce Concile et de ses conséquences. Je suis l'un d'eux.
La vérité, si les prélats peuvent l'assumer, est que la perte de la foi Catholique dont nous sommes témoins dans le processus du Synode, était attendue. Lors du Concile Vatican II et après, l'Église elle-même a contribué au pire des spasmes de l'iconoclasme (**) dans l'histoire de la Chrétienté. Le passé devait être détruit. Le Concile a appelé à la révision de toutes les lois qui régissaient les objets matériels du Culte Catholique, à partir des autels aux images allant aux tabernacles et aux fonts baptismaux. Peu de temps après la Messe entière — l'acte central du Culte Catholique — a été réécrite selon une érudition bâclée et idéologiquement motivée.
Les théologiens comme Karl Rahner ont substitué des nouvelles théologies de la Messe qui ont précisément supprimé toute compréhension de celle-ci comme étant un sacrifice propitiatoire. Partout dans le monde, des autels et des balustrades d'autel ont été brisés, des statues et des confessionnaux jetés à la décharge. Thomas Cranmer, un leader de la Réforme Anglaise, doit avoir ri dans sa tombe.
Même un étudiant novice dans les études religieuses peut reconnaître ce qui est arrivé. Si tous les aspects physiques et verbaux du Culte sont changés et que la justification même de l'acte soit modifiée, alors vous ne réformez pas la religion d’un peuple, vous en substituez une nouvelle à la place de l'ancienne.
Cet acte de substitution fait partie de la langue d'écriture de Rahner sur la Messe où il dit que le prêtre « Préside » simplement — ou pire, qu’il est un « Président » — et l'Église devient une « Assemblée ». Et donc, tout naturellement, la plupart des messes dans la plupart des Églises modernes ont exactement l'atmosphère blafarde d'une assemblée d'étudiants de niveau secondaire. L'Église met désormais l’emphase sur les airs de petits saints ( pharisaïsme ou morale moralisatrice ) au lieu de la sainteté, l'acceptation thérapeutique de soi-même au lieu de la sainteté, la « participation » au lieu de la dévotion et l'amour de l'homme où était autrefois l'amour de Dieu. En fin de compte, l'homme se substitue à Dieu lui-même.
La « Nouvelle Messe » du Concile Vatican II, d'une manière hésitante et incomplète, exprime complètement une nouvelle théologie qui est presque à l'opposé du Catholicisme. Au lieu du Christ mourant sur la Croix pour racheter les pécheurs, il meurt sur la Croix parce que la dignité de l'homme exige qu'il le fasse. La reconnaissance de cette dignité suprême de l'homme lors de la Messe n’est pas un sacrifice, mais un rassemblement commémoratif. Et ce rassemblement préfigure l'unité non encore réalisée de tous les hommes et non pas la Fête Céleste. Ainsi, après le moment de la Consécration, au lieu de laisser les Catholiques méditer un moment sur le Mystère de l'Incarnation et sur le Sacrifice du Calvaire, ils se lèvent et se serrent la main nerveusement. Parce que ce n’est pas seulement une nouvelle religion, mais une religion banale.
Les propres écrits de Kasper témoignent d’un concept totalement inhabituel de Dieu lui-même. Dieu ne fait pas le monde dans lequel nous habitons. Au lieu de cela, la réalité est historiquement construite par l'homme et pour l'homme. L'homme découvre la « vérité » par lui-même en s’ouvrant à une expérience de transcendance s’approchant progressivement au cours de l’histoire toujours en avant vers sa réalisation historique ultime. Pour tout son penchant pour Hegel, la théologie de Kasper en vient à une vue libérale spiritualisée de l'histoire. Naturellement, il conclut que les Dogmes de l'Église doivent changer car « le Dogme ne se contente jamais de question théologique une fois pour toutes ».
Certains opposants à la proposition Kasper pensent qu'ils sont confrontés à un plan simplement incohérent pour changer la discipline de l'Église. Ils pensent que c’est une erreur de catégorie, que Kasper et ses alliés ont des choses confuses qui doivent être jugées avec prudence (comme si les laïcs Catholiques doivent s'abstenir de viande le vendredi) avec ceux qui sont une conséquence logique de la Doctrine immuable et des Paroles de l'Écriture (comme la règle que ceux qui sont en état de péché mortel et qui doivent s'abstenir de la Sainte Communion). Mais c’est une question de discipline. Pour Kasper et pour ses confrères, la proposition est une tentative de réaliser plus totalement la nouvelle religion, cette religion qui est exprimée de façon hésitante non seulement dans l'imposition d'une « Nouvelle Messe » d’après le Concile Vatican II, mais aussi dans le rite de la Nouvelle Messe elle-même — la religion qui évolue sans cesse pour accueillir les désirs de l’ homme ( de l'Ouest ).
Vous ne pouvez pas trouver les futurs enseignements moraux de cette religion dans l’Écriture, seulement dans les sondages et les enquêtes d'opinion sur le futur. Elle s’effondre dans un phénoménalisme (***) peu profond. À quoique ce soit où les Chrétiens en arrivent jusqu'à maintenant, c’est l'enseignement moral révélé de l'Église.
De toutes les critiques de Kasper, c’est le Cardinal Müller qui semble comprendre les enjeux. « Dans le cadre des régimes modernistes de développement » a-t-il déclaré lors d'une récente allocution, la « Révélation et les Dogmes de l'Église sont simplement historiquement conditionnés comme des étapes de transition à la fin desquelles se trouve l'auto-divinisation de l'homme. La Révélation dans le Christ et son histoire jusqu'ici ne serait qu'une des étapes préparatoires pour une compréhension de Dieu, du monde et de l'Église dans laquelle l’homme lui-même est sujet et l'objet de la Révélation dans le même temps ».
La compréhension Catholique du mariage comme une union indissoluble, une union créative n’est pas une simple politique. Elle reflète toute l'histoire du salut dans lequel Dieu se révèle comme l'époux fidèle, se lançant parfois à la poursuite de son épouse infidèle : Israël et l'Église elle-même. Quand Israël se tourne vers des dieux et des idoles étranges, les prophètes de Dieu l'appellent une prostituée. Et Dieu l’appelle pour qu'elle revienne vivre avec Lui. Un mariage sacramentel dans ce monde évoque et préfigure l'union de Dieu et de son épouse — l'Église à la fin de des temps.
Voilà pourquoi, même l'Église ne peut pas dissoudre ce lien. Si l'Église est l'épouse de Dieu, elle ne peut plus tolérer une forme d '« adultère légitimé » pas plus qu'elle ne peut imposer l'idolâtrie légitimée. Essayer l’« adultère légitimé », c’est essayer l'idolâtrie légitimée.
Ces Hiérarques se rassemblent, comme les principales autorités de l'Épouse de Christ, et ils parlent avec désinvolture de légitimer l'infidélité. Je voudrais leur poser une question :
Est-ce qu'ils ne craignent pas Dieu ?
* Ultramontain : (Celui, celle) qui soutient et défend les positions traditionnelles de l'Église italienne, le pouvoir absolu, spirituel et temporel du Pape.
** Iconoclasme : Doctrine hérétique des viiieet ixesiècles qui voulait supprimer le culte des images saintes, et mouvement politique qui s'ensuivit, accompagné de persécutions.
*** Phénoménalisme : Doctrine selon laquelle seuls les phénomènes sont objets de connaissance, l'existence des choses en soi étant cependant admise.
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