par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Le Centre de Fatima
Le 26 juin 2018
Le Père Bill Peckman, un prêtre diocésain du Missouri, récite la terrible statistique selon laquelle il y aurait 74,3 millions de Catholiques aux Etats-Unis avec plus de « 30 millions qui s'identifient eux-mêmes comme Catholiques ». Parmi les 74 millions qui se considèrent encore Catholiques, « seulement 23 % vont à la Messe de quelque manière ordinaire ». Ce ne serait que 17 millions de Catholiques, sur un total de 104 millions de Catholiques, actuels et anciens, qui s'efforcent d'obéir à la loi fondamentale de l'Église concernant la présence à la Messe lors du Sabbat. |
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Bref, l'image est celle d'une apostasie de masse, à propos de laquelle le Père Peckman conclut que « quelque chose a mal tourné ». Quelque chose ? Face à ce « quelque chose » qui a mal tourné, le Père Peckman écrit : « Certains veulent blâmer Vatican II. C'est une bonne excuse. Cela nous permet de jouer au jeu de « si seulement ».
Juste un moment. Qui a dit quelque chose à propos de Vatican II ? Si le Concile est absolument irréprochable en ce qui a trait à l'effondrement de la Foi et de la discipline qui l'a immédiatement suivi, pourquoi amener cela ? En effet, pourquoi quelqu'un associe-t-il le Concile à l'effondrement ? En mettant de côté la montagne d'autres preuves, la connexion temporelle évidente et immédiate n'est-elle pas la seule raison de soupçonner que le Concile a quelque chose à voir avec cette apostasie massive ?
Les commentateurs qui veulent absoudre le Concile de toute complicité dans l'effondrement ecclésial, mais qui continuent à le soulever de toute façon, sont comme le voisin de la victime d'une invasion meurtrière qui dit à la police : « Certains veulent blâmer Smith juste parce qu'il a été vu près de cette maison la nuit dernière, mais ce serait un prétexte ». Ce à quoi n'importe quel détective raisonnable répondrait : « Smith ? Qui a dit quoi que ce soit à propos de Smith ? Nous devons interroger Smith ».
Le Père Peckman admet ce que nous avons vu depuis que le Concile « a rejeté la plus grande transcendance de la Messe » qui « a eu de graves conséquences », mais ce désastre, dit-il, « n'a pas été appelé par Vatican II ou par l’Instruction Générale du Missel Romain... »
Au contraire, la Constitution liturgique du Concile et l'Instruction Générale étaient à la fois l'œuvre de l'infâme Annibale Bugnini et, après le Concile, de son Consilium, et c'est précisément sous prétexte d'« obéissance au Concile » que le Pape Paul VI approuvait la déconstruction radicale de Bugnini et la vernacularisation du Rite Romain, déclarée le 26 novembre 1969, dans peut-être l'adresse la plus étonnante jamais donnée par un Pontife romain :
« Ce n'est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe. Pour quiconque connaît la beauté, la puissance du latin, son aptitude à exprimer les choses sacrées, ce sera certainement un grand sacrifice de le voir remplacé par la langue courante. Nous perdons la langue des siècles chrétiens, nous devenons comme des intrus et des profanes dans le domaine littéraire de l'expression sacrée. Nous perdrons ainsi en grande partie cette admirable et incomparable richesse artistique et spirituelle qu'est le chant grégorien ».
« Nous avons, certes, raison d'en éprouver du regret et presque du désarroi. Par quoi remplacerons-nous cette langue angélique ? Il s'agit là d'un sacrifice très lourd. Et pourquoi ? Que peut-il y avoir de plus précieux que ces très hautes valeurs de notre Église ? »
Bugnini a été limogé et envoyé en Iran après que Paul VI, de l'aveu même de Bugnini, ait reçu un dossier sur son affiliation Maçonnique ( qu'il a niée ), à la suite de quoi toute la congrégation liturgique de Bugnini a été dissoute. Trop tard, cependant, pour défaire sa véritable destruction du Rite Romain alors que Mgr Klaus Gamber a décrit le résultat avec l'approbation du futur Pape Benoît XVI, qui a écrit la préface en français à la réforme de la liturgie romaine de Gamber, dans laquelle Gamber déclare :
« Le Rite Romain traditionnel, plus de mille ans et jusqu'à maintenant le cœur de l'Église, a été détruit. La véritable destruction de la Messe Traditionnelle, du Rite Romain Traditionnel avec une histoire de plus de mille ans, est la destruction totale de la Foi sur laquelle elle était fondée, une Foi qui avait été la source de notre piété et de notre courage de témoigner du Christ et de son Église ... Beaucoup de Catholiques agonisent sur la question : que peut-on faire de la perte de notre Foi et de notre liturgie ? »
Ignorant le rôle du Concile et du Pape qui a approuvé sa mise en œuvre liturgique désastreuse, le Père Peckman a plutôt mis en cause la « tyrannie du relativisme », « le clergé libéral qui savait mieux » et « les gens qui disent qu'ils sont Catholiques mais sont d’accord avec l’avortement, la contraception artificielle, qui ne vont pas à la Messe et ainsi de suite ». Pourtant, dans le même article, il relie clairement la perte de la Foi à une perte de transcendance dans la liturgie : « Les paroisses feraient bien de commencer au moins à dire la Messe comme l'Église l’entend. Vous seriez surpris de voir combien peu le font. La transcendance a besoin de retrouver sa maison ».
Oui, les paroisses feraient bien « d'au moins commencer à dire la Messe comme l'Église l'entend ». C'est-à-dire l'Église de tous les temps, pas l'Église de Bugnini et du Pape écartelé qui approuva son invention ruineuse et la déchaîna sur les fidèles seulement ensuite pour déplorer que : « La fumée de Satan est entrée dans le Temple de Dieu par quelque fissure : le doute, l'incertitude, la dissension, l'inquiétude, le mécontentement et le conflit sont évidents ... ».
Je dirais au Père Peckman : Ramenez la Messe Traditionnelle Latine à votre paroisse. Puis regardez-la repousser. Les gens sont attirés par la majesté et le sacré, et donc par la Messe qui inculque la Foi qu'elle présente. Mais face aux désillusions et à la banalité dans la liturgie, les gens, ne percevant rien de très important, s'en éloignent et quittent. Car comme l'a dit le Pape Benoît XVI : « Mais si, dans la liturgie, la communion de foi n'apparaît plus, ni l'unité universelle de l'Église et de son histoire, ni le mystère du Christ vivant, où est-ce que l'Église apparaît encore dans sa substance spirituelle ? »
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