Par : Chris Jackson
Le 4 juin 2018
SOURCE : The Remnant
L'Agence de Presse Catholique ( CNA ) a rapporté aujourd'hui que le Pape François avait rejeté une proposition d'intercommunion émanant de la Conférence des Évêques Allemands. Cela m'a paru bizarre puisque, en 2015, le Pape François a dit à une femme Luthérienne qui demandait de recevoir la Communion avec son mari Catholique d’« aller de l'avant » guidée par sa propre conscience. Curieux, je lis plus loin.
Il s'avère qu'après un débat intense, le Cardinal Marx, Président Progressiste de la Conférence Épiscopale Allemande, a annoncé en février que la Conférence publierait des directives expliquant que les conjoints Protestants de Catholiques pourraient recevoir la Sainte Communion dans des « cas individuels » et « sous certaines conditions ». Certains Évêques Allemands qui s’y sont opposés ont par la suite demandé au Vatican de clarifier si la question de l'intercommunion pour les conjoints non Catholiques dans les mariages interconfessionnels pouvait être décidée au niveau local, ou si elle avait besoin de l'intervention du Vatican.
Le 3 mai, une rencontre a eu lieu entre les Évêques Allemands en faveur de la proposition de Marx et des responsables du Vatican à Rome. Le 25 mai, le Cardinal Luis Ladaria SJ, actuel responsable de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), a écrit une lettre au Cardinal Marx en réponse à cette rencontre qui a été rendue publique et authentifiée par le Bureau de Presse du Saint-Siège.
Ladaria a donné trois raisons pour lesquelles le Pape François « est arrivé à la conclusion que le document n'est pas assez mûr pour être publié ». J'ai trouvé que l'interprétation de ces raisons était un exercice fascinant de lecture entre les lignes.
La première raison invoquée était que l'admission à la Communion des époux Protestants dans les mariages interconfessionnels « est un sujet qui touche à la Foi de l'Église et a de l'importance pour l'Église Universelle ». Ainsi, le Pape rejette une décision prise au niveau d’une Conférence Épiscopale sur cette question quand l'Église Universelle ( alias le Pape François ) ne s'est pas exprimée ( officiellement ) sur le sujet. Mais cette raison pourrait facilement être résolue par François réglant l'affaire lui-même pour l'Église Universelle.
La seconde raison invoquée est que la question de la Communion est une question en rapport avec la Loi de l’Église. La lettre cite le Canon 844 du Code de Droit Canonique, qui traite de l'accès aux Sacrements de l'Église Catholique. Cette raison est forte, car on sait que François dispose du Droit Canonique quand cela lui convient. Il l'a fait quand il a violé les normes du Jeudi Saint [ ndt : lavement des pieds à des femmes non Catholiques ] à plusieurs reprises. Il a également publié des motu proprios changeant tout le processus des nullités de mariage et pourrait réécrire le Droit Canon demain pour autoriser explicitement ce que le Cardinal Marx demande.
Ainsi donc, la troisième raison est la vraie raison. La troisième raison donnée dans la lettre est que de permettre aux non-Catholiques de recevoir l'Eucharistie, même dans certaines conditions limitées, aurait un impact sur les relations œcuméniques avec d'autres Églises et communautés ecclésiales « qui ne devraient pas être sous-estimées ». Il semble que la seule raison pour laquelle François a refusé à la Conférence des Évêques Allemands de permettre l'intercommunion dans certains cas, c'est à cause des objections des dénominations Protestantes, et peut-être des Orthodoxes, à cette pratique.
Il est amusant de penser que les dirigeants Luthériens en Allemagne voient dans la Communion des conjoints Luthériens de Catholiques une sorte de mécanisme sinistre que le Cardinal Marx veut utiliser pour éloigner ces conjoints du Luthéranisme et les convertir à la Foi Catholique. Peut-être croient-ils que, si les époux Luthériens peuvent recevoir la Communion dans l'Église Catholique, ils commenceront tout simplement à aller aux Messes Catholiques et n'auront plus à se rendre aux services Luthériens pour recevoir la communion. Ainsi, l'une des rares incitations à garder ces conjoints dans leurs églises Luthériennes mourantes rapidement, serait anéantie.
Ainsi, le plan du Cardinal Marx pour permettre l'intercommunion a été déjoué, non pas parce que l'enseignement traditionnel interdisait la Communion aux non-Catholiques et non parce que François soutenait cet enseignement, mais seulement parce que le fait de la permettre pourrait offenser les mêmes non-Catholiques qu’ils essaient désespérément d'apaiser. Charmant, n’est-ce pas ?.
Mais il ne faut pas avoir peur. Au cas où vous pensiez que cette nouvelle est une victoire totale pour le Catholicisme, le Pape François n'est pas vaincu si facilement. L'article de l’Agence de Presse CNA a rapporté :
« Dans sa lettre au Cardinal Marx, Ladaria note que bien qu'il y a des « questions ouvertes » dans certains secteurs de l'Église en ce qui concerne l'interprétation du Canon 844, « les Dicastères compétents du Saint-Siège ont déjà été chargés de clarifier en temps opportun ces questions au niveau de l'Église Universelle ».
Cependant, il a dit qu'il serait laissé aux Évêques diocésains de juger quand il y a un « besoin imminent grave » concernant la réception des Sacrements.
Si vous croyez que François ou les « Dicastères du Saint-Siège » clarifieront quelque chose, encore moins ce problème spécifique, dans un proche avenir, bonne chance. L'astuce est que ni le Pape François ni ses « dicastères » n'ont l'intention de prendre une décision à ce sujet pour l'Église Universelle. S'il est clair que François favorise l'intercommunion pour les conjoints non Catholiques, pour lui d’en faire une règle universelle le permettant inciterait à l'opposition et à la tourmente dans ses relations œcuméniques qu'il considère comme complètement évitables et inutiles pour atteindre le but.
Au lieu de cela, la lettre rappelle simplement aux Évêques diocésains en Allemagne (wink, wink) qu'ils sont chargés de juger quand il y a un « besoin imminent grave » concernant les conjoints non Catholiques recevant la Sainte Communion. En d'autres termes, François refile la patate chaude de cette décision aux Évêques locaux de permettre l'intercommunion, car il serait facile pour Marx ou tout autre Évêque de dire que la nécessité pour les époux non Catholiques de recevoir l'Eucharistie est « grave » et « imminente ». De cette façon, si un dirigeant Luthérien local s’objecte, François peut simplement pointer vers la Loi Canonique, hausser les épaules et dire que ses mains sont liées jusqu'à ce que l'affaire soit officiellement réglée par ses « Dicastères ». Ces Dicastères qui, sans aucun doute, travaillent d’arrache-pied à clarifier cette question pour l'Église Universelle, bien qu'aucune estimation du délai concernant une telle décision ne puisse être actuellement donnée.
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