vendredi 8 juin 2018

Le Vatican s’en prend à Humanae Vitae
C’est temps de se défendre



Par : Chris Jackson
Le 5 juin 2018

SOURCE : The Remnant

Le 11 septembre 2017 Edward Pentin a écrit un article pour le National Catholic Register intitulé « Humanae Vitae Comes Under Fire » [ Humanae Vitae est critiqué ]. Dans cet article, il a déclaré que « les développements récents à Rome indiquent qu'une campagne est en cours pour contester l'interdiction de la contraception artificielle ». La preuve inclut la révélation d'une commission secrètement chargée par le Vatican, avec l'approbation du Pape, d’« étudier » Humanae Vitae. La commission a seulement été découverte par l'intermédiaire d'un site web Italien qui a ma main sur un mémorandum classifié du Secrétaire d'État du Vatican qui s'y référait.

Le mémorandum stipule que la commission doit « promouvoir une étude complète et faisant autorité » de l'Encyclique Humanae Vitae pour coïncider avec son cinquantième anniversaire cet été. M. Pentin continue ensuite à donner des observations sur les penchants théologiques des quatre membres de la commission, ce qui est moins qu'encourageant.

M. Pentin écrit :

« Avant sa mort le 6 septembre, le Cardinal Carlo Caffarra avait exprimé en privé de graves inquiétudes au sujet de la commission. Comme d'autres, il pensait que l'ouverture des archives était un stratagème pour obtenir des résultats choisis et les présenter ensuite pour montrer que la commission de Paul VI allait dans le sens d'un relâchement de l'enseignement de l'Église sur la contraception mais que des pressions indues ont été exercées sur le Pape pour réaffirmer la Doctrine ».

« Une autre stratégie attendue par les membres de la commission et d'autres « révisionnistes » est de présenter toute réinterprétation dans le cadre d'un « changement de paradigme » en théologie morale, comme cela a été réalisé avec Amoris Laetitia ( La Joie de l'Amour ) en permettant à certains divorcés/remariés de recevoir la Sainte Communion. L'accent devrait être mis sur une pratique pastorale changeante pour la rendre plus applicable à aujourd'hui — une tactique, disent les critiques, pour modifier et adoucir l'enseignement de l'Église en trouvant des exceptions, tout en insistant que la Doctrine n’est pas changée ».

L’élément déterminant consiste à se souvenir de ce que le Pape François lui-même a dit à propos de Humanae Vitae :

« Enfin, il y a les propres commentaires du Pape François concernant l'enseignement de l'Encyclique. Interrogé en 2014 pour savoir si l'Église devrait revoir la question de la contraception, il a répondu : « Tout dépend de la façon dont le texte de Humanae Vitae est interprété. Paul VI lui-même, vers la fin, a recommandé que les confesseurs montrent beaucoup de gentillesse et d'attention à des situations spécifiques ».

« Il a ajouté qu'il ne s'agit pas de « changer de Doctrine, mais d'aller plus à fond et de veiller à ce que les efforts pastoraux prennent en compte les situations des gens et de ce que les gens peuvent faire » ».

« Le Pape a également salué l'année dernière l'un des plus éminents dissidents de Humanae Vitae, le théologien moral Allemand Bernard Häring. En parlant à des journalistes en février de l'année dernière, François a cité favorablement une histoire mythologique de Paul VI permettant aux religieuses du Congo d'utiliser la contraception dans des cas de violence. Le cas a été historiquement utilisé par les dissidents comme un moyen de contourner l'enseignement de l'Encyclique. Le Pape est également favorable à la vision de l'Église du défunt Jésuite, le Cardinal Carlo Martini, qui s’était fait beaucoup entendre dans son opposition à Humanae Vitae ».

Et ce qui s’ajoutent au sentiment d'intrigue, ce sont les articles récents publiés dans des publications « Catholiques » de gauche attaquant la racine même de l'enseignement moral Catholique contre la contraception artificielle. Le timing de ces articles semble indiquer que l'intelligentsia de gauche prépare la voie en présentant des dissections systématiques de l'enseignement Catholique qui peuvent sans doute être adoptées par la « commission » pour le changer.

Un de ces articles est intitulé « Indéfendable : l’enseignement moral après Humanae Vitae » et il est trouvé dans les pages sordides du magazine « Catholique » de gauche Commonweal. L'article est important car il a été écrit par un intellectuel poids lourd dans les cercles de gauche qui, comme les Modernistes dont parlait Pie X, fait ce qui semble un cas convaincant à la personne peu méfiante, mais en réalité c’est rempli de prémisses erronées et dangereuses. L'auteur, Michael Dummett, « a été professeur de logique de Wykeham à l'Université d'Oxford jusqu'à sa retraite en 1992. Il a enseigné à l'Université de Stanford, l'Université de Princeton, l'Université de Bologne, l'Université du Ghana et l'Université Harvard.

En examinant quelques-uns des supposés arguments « Catholiques » gauchistes contre l'enseignement pérenne de l'Église sur la contraception artificielle, nous saurons à quoi nous attendre cet été. En outre, j'espère qu'un professeur de théologie morale, ou plusieurs, réellement Catholiques, pourront prendre des articles comme ceux-ci et fournir des réfutations solides pour contrer l'assaut de la sophistique que les machines médiatiques de la gauche « Catholique » ont commencé à espérer du rapport de la commission. Car nous devons tous être prêts à contrer cette attaque empoisonnée qui est au coin de la rue.

L’article commence de façon condescendante avec la phrase : « Bien que l'église ait réussi à sortir de sa condamnation de l'usure [ ndt : référence aux accusations d’usure de Luther envers l’Église ], elle a du mal à abandonner un enseignement qui déclare immoral un certain type d'action ». Tout Catholique averti, d'un âge plus avancé, arrêterait immédiatement de lire l'article, identifierait l'auteur comme un bigot anti-Catholique et passerait à autre chose. Malheureusement, il s'agit de l'Église de François en 2018 et les arguments de cet auteur sont très probablement influencés par des prélats de haut rang à Rome, donc je n'ai pas d'autre choix que de vous les présenter.

L'idée que l'Église ( remarquez que l'auteur utilise un petit « é » plus bas ) « a réussi à sortir de » tout enseignement moral, y compris l'usure, est évidemment absurde. Ceci est expliqué brièvement, suffisamment et adéquatement ici --- en anglais.

L'essentiel de l'argument de l'auteur est contenu dans les deux paragraphes suivants :

« Un certain type d'acte, défini par une forme donnée de description, peut être intrinsèquement erroné. Si oui, il ne peut jamais être moralement justifié par un but ultérieur aussi louable soit-il : c'est ce qu'on veut dire en disant que la fin ne justifie pas les moyens. Par exemple, donner à quelqu'un une dose mortelle de poison doit dans tous les cas être erroné : même si le but est de contrecarrer le plan connu de la victime de massacrer toute une famille, ce serait encore mal. Ce serait abuser du principe du double effet que d’en appeler à la fin poursuivie pour justifier un tel meurtre. L'empoisonneur ne pourrait pas argumenter légitimement : « Ce que je faisais était de sauver cette famille du massacre : je ne m'intéressais pas à la mort de ma victime en elle-même ». Le délestage de la bombe atomique sur Nagasaki ne peut pas non plus être justifié par le fait que ce qui a été fait avait pour but de mettre fin à la guerre. Le double effet ne peut être invoqué que lorsque l'acte est en lui-même moralement légitime, même si, dans les circonstances particulières, il aura des effets pervers prévisibles. Rien ne peut être un effet secondaire si c'est le moyen par lequel l'objectif de l'acte est réalisé. L'empoisonneur ne peut prétendre que la mort de sa victime soit un effet secondaire : ce n'est que par la mort de la victime qu'il sauve la famille du massacre. Inversement, un acte qui n'est pas intrinsèquement moralement illégitime peut être mauvais s'il est fait dans un but maléfique. Ainsi donner à quelqu'un une information qu'il n'est pas en soi mal de communiquer pour l'humilier ou l'inciter à faire quelque chose de honteux est un acte immoral par l'intention avec laquelle il a été fait ».

« L'utilisation de la pilule par une femme mariée avec des intentions contraceptives ne tombe dans aucune de ces catégories. Personne ne suppose que c’est intrinsèquement mauvais pour une femme de prendre la pilule, par exemple, dans le but originel de régulariser des périodes irrégulières. Il a été soutenu de manière convaincante que la pilule peut être légitimement prise avec l'intention de la contraception, par exemple, par une religieuse qui se sait en danger de viol. De même, l'intention, de la part d'un couple marié, de réduire la fréquence ou le nombre de grossesses de l'épouse est, comme on l'a déjà noté, reconnue par l'église comme légitime et, dans des circonstances appropriées, louable. Dans la décision de Humanae Vitae, nous avons donc une condamnation considérée comme moralement répréhensible d'un acte qui n'est pas intrinsèquement mauvais, mais qui est considéré comme mauvais quand c’est fait pour une fin particulière, même si cette fin n'est pas mauvaise en soi. C'est incompréhensible comment cela peut être ainsi : il est impossible de penser à un parallèle — du moins, je n'ai pas été capable de penser à un. Quoi qu'on puisse penser du maintien dans l'Encyclique de l'enseignement traditionnel sur les autres méthodes de contraception, l'interdiction de l'usage de la pilule est indéfendable sur la base de la théologie morale telle qu'elle a toujours été comprise auparavant et jette l'enseignement moral de l'église dans la confusion ».

Où commencer ? Il n'y a pas de temps pour couvrir toutes les erreurs dans ces paragraphes, donc je vais me concentrer sur le plus important. L'auteur ne prend pas en considération un aspect critique de ce qui se passe lorsqu'une femme mariée utilise « la pilule ».

L'auteur admet que la pilule était à l'origine destinée à traiter des périodes irrégulières. Dans ce cas, il y a une condition médicale dans laquelle le corps ne fonctionne pas comme prévu. Il est légitime que la science médicale traite la maladie. Dans ce cas, il y a des effets secondaires graves au traitement, en particulier des effets secondaires tels que l'infertilité temporaire, des moyens pour traiter ce trouble qui n'ont pas une telle conséquence doivent être recherchés. Si le trouble des périodes irrégulières ne peut pas être traité d'une autre manière et que ce trouble est suffisamment grave pour qu'il soit traité, alors un effet secondaire d'infertilité temporaire pendant le traitement tomberait précisément dans la catégorie du « double effet ».

Le principe du double effet est lorsqu'un acte bon ou moralement neutre, dans ce cas le traitement d'un trouble médical, provoque involontairement un effet secondaire mauvais ou mal, dans ce cas l'infertilité. Dans ces cas bien sûr, le bien fait par l'acte, doit encore être mis en balance avec l'effet pervers involontaire.

Ce que l'auteur argumente ici, cependant, est complètement différent. L'auteur soutient qu'une femme mariée devrait être moralement autorisée à prendre la pilule sans intention de corriger quelque trouble médical que ce soit, mais dans le but même de se rendre infertile. En d'autres termes, l'auteur argumente que c'est un acte moralement bon de prendre un médicament pour créer intentionnellement un trouble médical dans son propre corps.

L'ironie est que dans le paragraphe précédent, l'auteur parlait juste de la façon dont il serait moralement illégal de donner du poison à quelqu'un qui vous dit qu'il est sur le point d'assassiner une famille. Cependant, dans son monde, il est parfaitement licite de vous administrer du poison sous la forme de la pilule pour empêcher votre corps de fonctionner correctement. Tel est l'esprit de la gauche.

L'auteur manque le point de l'enseignement Catholique sur la question parce qu'il n'a apparemment aucun fondement dans la Loi Naturelle. Au lieu de cela, il plaide pour ce qu'il a précédemment soutenu être contre. À savoir qu'on peut utiliser l'argument « les fins justifient les moyens » pour déterminer la licéité morale. En prenant la pilule dans le scénario de l'auteur, une femme mariée dit que les fins, en l'occurrence s'abstenir d'avoir un enfant pour une raison sérieuse, justifient les moyens, consomment délibérément une substance dans le but exprès de créer un désordre dans son corps. Ce dernier acte est toujours mal et ne peut jamais être justifié en soi. C'est communément appelé « intrinsèquement mauvais ».

Pour donner une analogie, comme les aime l'auteur, ce serait logiquement similaire à une personne qui prend de la morphine ou des analgésiques dans le but exprès de devenir défoncé et qui sont potentiellement dangereux pour la santé contre un but légitime de soulager la douleur associée à de graves blessures, chirurgies, etc. De même, dans le cas du cancer, des traitements rendent parfois le patient stérile. Mais le but du traitement est de traiter le cancer pour éviter la mort, pas pour le stériliser. Se stériliser intentionnellement serait, bien sûr, un péché.

En dernière analyse, on peut voir le savant sophisme présent dans les arguments de ce professeur de logique d'Oxford qui parlait régulièrement à Stanford, à Princeton et à Harvard. Il a tout le prestige de ces bastions de l'anti-Catholicisme sur son CV et c’est imprimé dans des publications dites « Catholiques » comme Commonweal. Et ça ne fait aucun doute, ses arguments seront bien représentés aux quatre membres de la commission Humanae Vitae. Ce sera notre travail, surtout les théologiens moraux et les experts parmi nous, de les critiquer à chaque étape du chemin.

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