Rédigé par : Dr Maike Hickson
SOURCE : One Peter Five
Le 4 juin 2018
Il y a quelques jours, l'Archevêque Luis Ladaria, responsable de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ( CDF ), a réitéré l'enseignement infaillible de l'Église sur l'ordination des prêtres dans l'Église Catholique. La déclaration a été suivie de nombreuses spéculations. Par exemple, certaines personnes se demandent si ce texte de Ladaria correspond vraiment aux propres désirs du Pape François. Cette question est d'autant plus urgente que Mgr Kräutler, proche collaborateur du Pape, a proposé il y a deux ans l'ordination des prêtres mariés. Beaucoup de Progressistes dans l'Église proposent l'idée que cette déclaration de Ladaria signifie vraiment une ouverture vers les femmes diacres ordonnées.
Le 29 mai, Mgr Ladaria, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a précisé qu'il n'y avait aucune possibilité d'ordonner des femmes à la prêtrise. Il a cité la Lettre Apostolique de 1994 de Jean-Paul II, Ordinatio Sacerdotalis, et a insisté sur le fait que cette interdiction découle du Magistère Ordinaire Universel infaillible. Le prélat s'est également montré préoccupé par le fait qu'il y a encore des personnes dans l'Église qui proposent de discuter de cette question même si elle a été clairement et définitivement close par le Magistère. Ladaria déclare :
« Il est très préoccupant de voir émerger dans certains pays des voix qui remettent en question le caractère définitif de cette Doctrine. Pour argumenter que ce n'est pas définitif, on fait valoir que ce n'était pas défini ex Cathedra et qu’alors une décision ultérieure d'un futur Pape ou d’un Concile pourrait l'annuler ».
Comme différents sites comme Life Site News l'ont souligné, Ladaria pourrait très bien se référer ici à une déclaration récente faite par un confident papal, le Cardinal Christoph Schönborn, qui laissait entendre que la décision de permettre aux femmes d'accéder au sacerdoce et même à l'épiscopat était possible et pourrait être faite par un futur Concile œcuménique. Parlant en avril à un journal Autrichien, Schönborn avait dit :
« La question de l'ordination [ des femmes ] est une question qui ne peut clairement être clarifiée que par un Concile. Cela ne peut être décidé par un Pape seul. C'est une question trop importante pour qu'on puisse en décider du bureau d'un Pape ».
« Lorsqu'on lui demande s'il parle ici de l'ordination des femmes prêtres, Schönborn répond : « [ Les ordinations ] en tant que diaconesses, femmes prêtres et femmes Évêques ».
Ainsi, Schönborn pourrait très bien avoir été la cause de cette nouvelle déclaration de la CDF. Cependant, le site d'information des Évêques Allemands Katholisch.de se réfère, le 30 mai, à d'autres déclarations récentes qui pourraient aussi avoir été la cause de la réponse du Vatican. Il y a au moins cinq voix différentes nommées dans l'article Allemand qui ont promu l'idée de prêtres féminins. L'une de ces voix était « Voices of Faith » ( dont nous avons rapporté la conférence du 8 mars à Rome ).
En outre, Stefan Kiechle, l'ancien responsable des Jésuites Allemands, en a appelé en avril 2018 pour l'ordination des hommes et des femmes mariés ( sic ). Kiechle a également demandé dans son intervention si la décision de Jean-Paul II dans cette question est vraiment contraignante. Il a explicitement déclaré qu'une telle décision valait le risque de perdre des Catholiques Traditionnels sur cette question. De plus, les Évêques devraient faire les premiers pas dans cette affaire, tout à fait en accord avec le désir du Pape François d'une Église plus « décentralisée ». Kiechle est le rédacteur en chef du journal Jésuite Allemand Stimmen der Zeit dans lequel il a également publié ses récentes déclarations audacieuses.
À côté de ces voix en faveur des femmes prêtres comme mentionné par Katholisch.de, One Peter Five a également rapporté l'intervention d'un moine et prêtre, le Père Anselm Grün, qui a récemment même proposé l'idée d'une femme Pape. Grün avait été publiquement louangé par le Pape François peu de temps avant cette déclaration troublante.
Ce qui nous arrive maintenant en tant qu'information additionnelle importante est une interview donnée en 2016 par Mgr Erwin Kräutler, un partisan de longue date du sacerdoce marié. Sa voix est significative parce qu'il était un collaborateur du Pape sur l'Encyclique papale Laudato si ( il est même appelé un « co-auteur » de ce texte ) ; et parce qu'il travaille toujours étroitement avec le Pape, qui l'a appelé à faire partie de l'équipe préparatoire pour le prochain Synode de l'Amazonie en 2019. En 2016, il a affirmé que l'on pouvait modifier l'enseignement de l'Église concernant le sacerdoce féminin tel qu'il avait été établi par le Pape Jean-Paul II dans sa Lettre Apostolique Ordinatio sacerdotalis de 1994.
Parlant au journal régional Autrichien Tiroler Tageszeitung, Kräutler a dit « à propos de la question du célibat » qu'il est « en faveur de l'idée que tout le monde a le droit de choisir son propre plan de vie » ajoutant : « Mais ça ne se fait pas que la Célébration Eucharistique dépende de la disponibilité d'un homme célibataire ». Lorsqu'on lui demande si les laïcs pourraient si facilement prendre en charge de telles tâches, le prélat répond : « Bien sûr qu'ils le peuvent ». On ne pourrait pas prendre une telle décision dans un jour ou deux,« mais on peut réfléchir sur les conditions d'admission au sacerdoce ».
Revenant à l'idée d'ordonner des femmes au sacerdoce, Kräutler se dit « sceptique » quant à l'ordination sacerdotale des soi-disant « viri probati » ( hommes mariés moralement avérés ). « Alors il y aurait la moitié de l'humanité exclue ! À Xingu [ Rivière ], les deux tiers des communautés sont dirigées par des femmes ».
Une fois de plus, ces propos viennent d'un proche collaborateur du Pape et qui, selon un rapport Allemand, aurait déjà soumis au Pape François un projet qui permettrait l'ordination des hommes mariés dans la région de l’Amazonie.
Le Cardinal Walter Brandmüller, l'un des Quatre Cardinaux des dubia, nous a récemment rappelé que quiconque insiste sur le sujet des femmes prêtres — y compris l'ordination de femmes diacres — « a abandonné les fondements de la Foi Catholique » et « remplit ainsi les critères d'hérésie qui ont pour conséquence l'exclusion de l'Église — l'excommunication ».
Dans cette perspective, il est important de considérer que les forces Progressistes dans l'Église pourraient d'abord faire pression en faveur d'un diaconat féminin, laissant le sacerdoce féminin pour un débat futur. Par exemple, le journal Progressiste Britannique The Tablet a commenté les récentes remarques d’autorité de Ladaria et a souligné que Ladaria lui-même dirige la Commission sur les femmes diacres établie par le Pape François, ajoutant qu’« il y a spéculation à Rome que son intervention [ dans l’Osservatore Romano ] pourrait être une consolidation de l'enseignement sur le sacerdoce avant que les femmes ne soient autorisées à entrer dans le diaconat ».
Bien sûr, cette porte est déjà fermée puisque l'ordination des diacres fait partie du Sacrement de l'Ordre qui ne peut être accordé qu'aux hommes. Le Cardinal Brandmüller l'a clairement dit.
Mais cela ne semble pas troubler le camp Progressiste. Dans sa réponse à la récente déclaration de Ladaria, le groupe de lobbying basé à Washington, Women's Ordination Conference, montre sa déception, mais souligne également leur opinion que le préfet du CDF n'a toutefois pas mentionné explicitement les femmes diacres dans sa déclaration. Le groupe dit ainsi :
« Enfin, nous notons que l'Archevêque Ladaria, qui a été nommé par le Pape François en 2016 pour diriger une Commission d'étude sur la question des femmes diacres, a omis de mentionner ce sujet dans cet article. Comme nous continuons d'attendre des nouvelles de cette Commission, nous espérons que cette omission est significative ».
Les sites d'information des Conférences Épiscopales Allemande et Autrichienne, qui travaillent en étroite collaboration, aboutissent toutes les deux à la même conclusion tout comme les autres sites Progressistes. Katholisch.de se montre surpris de la déclaration de Ladaria, puis ajoute :
« Une chose est cependant frappante : le mot « diaconat » ou « ordination des diacres » n'apparaît pas dans l'intervention de Ladaria. Il n'apparaît pas non plus dans Ordinatio Sacerdotalis [ de Jean-Paul II ]. Certains spéculent donc que le « non » renouvelé à l'ordination sacerdotale des femmes pourrait être une préparation à un « oui » à l'ordination des femmes diacres. Mais pour l'instant, c'est de la spéculation.
Ainsi va l'interprétation de l'aile plus Progressiste dans l'Église actuelle. Une évaluation de la propre attitude conservatrice et des convictions de Ladaria, cependant, met en doute une telle interprétation nouvelle. Il n'est pas probable que Ladaria ait secrètement des intentions Progressistes en matière d'ordination.
Pour l'aile la plus conservatrice de l'Église, la déclaration de Ladaria fut également une surprise et certains furent même étonnés que le Pape François lui ait même laissé publier son texte dans le journal du Vatican, L'Osservatore Romano. C'est frappant, en effet, puisque nous savons tous que François est enclin à des réformes concernant le sujet plus large de l'ordination des prêtres et il s'entoure de gens qui le disent explicitement ( voir Schönborn, Kräutler et le Cardinal Beniamino Stella ).
Mais nous savons aussi que le Pape a un moyen de faire des déclarations à des membres curiaux orthodoxes, seulement pour ensuite les ignorer. On pense ici à la déclaration du Cardinal Gerhard Müller sur la question des divorcés « remariés », qu'il avait publiée en octobre 2013, au début de la Papauté du Pape François. Dans ce texte, le Préfet de la CDF réitérait l'enseignement de l'Église sur la question des divorcés « remariés » et de leur possible accès aux Sacrements et il citait également les paroles claires de son prédécesseur Joseph Ratzinger :
« Si le mariage antérieur de deux fidèles divorcés et remariés était valide, en aucun cas leur nouvelle union ne peut être considérée comme légale et, par conséquent, la réception des Sacrements est intrinsèquement impossible. La conscience de l'individu est liée à cette norme sans exception ».
Ainsi, on peut voir une sorte de parallèle entre les tentatives du Cardinal Müller et de l'Archevêque Ladaria de préserver la Doctrine Catholique irréversible sous le règne du Pape François. Comme nous l'avons vu avec Amoris Laetitia, la tentative du Cardinal Müller a malheureusement échoué ; le Pape l'a simplement ignoré. Seul l’avenir — et peut-être même le proche avenir — dira si la même chose arrivera à l'Archevêque Ladaria et à ses bonnes intentions doctrinales.
Nous pouvons déjà prendre comme indice que le Vatican va maintenant essayer d'ignorer les récentes remarques de Ladaria, surtout quand on regarde le reportage de l'agence de presse officielle du Vatican, Vatican News. Les branches Italiennes, Anglaises et Espagnoles de Vatican News n'ont pas du tout rendu compte de cette déclaration de Ladaria du 30 mai publiée dans L'Osservatore Romano ! Cependant, des rapports en Français et en Allemand sont maintenant publiés sur Vatican News, mais ces deux groupes linguistiques ont une portée et une diffusion assez limitées en raison de la barrière de la langue.
Ainsi, ne dérivons pas dans l'hypothèse que l'intervention de Ladaria nous a donné un espace clair et candide ainsi qu’une certaine protection doctrinale résolue. Nous devons rester vigilants.
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