Écrit par Hilary White
ex-correspondante à Rome
Le 3 juin 2018
SOURCE : The Remnant
Note du traducteur : Cet article fait suite au premier article sur le même sujet de madame Hilary White intitulé « Une sœur parle : « Cor Orans sonne le glas du Carmel » »
Aujourd'hui, j'ai reçu un document intéressant publié par l'Ordre des Carmes en Europe suite à une rencontre des « Fédérations des Carmélites Déchaussées d'Europe et de la Terre Sainte » à Avila, en février 2009. Un aperçu de la situation actuelle de la vie monastique Carmélitaine après qu'elle ait été complètement « fédérée », ce document dépeint une image déprimante ; mais comme démonstration de ce que les « Fédérations » sont susceptibles d'accomplir une fois que Cor Orans sera mis en œuvre universellement, ça nous sonne dans la tête comme une cloche funèbre.
La rencontre a porté sur les Carmélites missionnaires Thérésiennes, déchaussées, les réformées d'Allemagne, les cinq régions d'Espagne, trois de France, de Grande-Bretagne, d'Irlande, d'Italie, des Pays-Bas, d'Autriche, de Croatie et de la Terre Sainte. [1]. Les rapports de chaque région montraient que de nombreuses dispositions étaient déjà en place : des Fédérations dotées de pouvoirs étendus, y compris des contrôles financiers et des cours de formation combinés, des prêtres « Assistants Religieux » nommés par la Fédération et des monastères et des supérieurs individuels abandonnant leur autorité aux Fédérations. Étant donné que c'était en 2009, il est clair que les plans visant à forcer tous les monastères contemplatifs du monde dans ce moule Européen désastreux étaient bien avancés bien avant que le Pape Benoît XVI n'envisage même de démissionner.
Le rapport montre l'âge moyen des religieuses de 65 à 80 ans dans des « Carmels d'infirmerie », des religieuses dans des maisons de retraite d'État, des communautés entières vivant dans des établissements de soins et la moitié des Carmels sans personne en formation. Les solutions offertes sont également uniformes : bureaucratie entassée, formations communes entre monastères développées par des « psychologues religieux », toujours plus de pouvoirs confiés aux Fédérations. C'est la vie monastique Carmélite fédérée sous le Nouveau Paradigme pleinement appliqué de Vatican II par le Pape François,.
Très peu est dit de tout effort déployé pour accroître l’attrait vocationnel en utilisant Internet ou par le biais de contacts diocésains. Et peut-être le plus parlant de tout, pas un mot n'est offert afin d'appliquer des solutions religieuses systématiques ; personne ne suggère une prière ou un jeûne accru, des campagnes du Rosaire ou des neuvaines dans ce qui doit être l'heure la plus désespérée de l'Ordre du Carmel. Rien n'est dit d'une intensité accrue de dévotion au charisme, d'une étude plus approfondie de la fondatrice ou du retour aux sources, encore moins du renforcement de la gouvernance autonome traditionnelle des Carmélites ou de la reconsidération de la sagesse de « la voie empruntée ». En effet, dans un cas en Espagne, les Sœurs elles-mêmes préconisent d'abandonner complètement l'autonomie traditionnelle Thérésienne.
Le rapport de la Grande-Bretagne note : « 18 Carmels ont fermé au cours des 40 dernières années. Il y a eu deux fusions au cours des dernières années et une autre impliquant trois Carmels est en cours. Deux communautés vivent actuellement ensemble dans un monastère à titre de mesure temporaire ».
Le cas des Pays-Bas est carrément bizarre ; des sœurs si vieilles que même les structures de la Fédération s'effondrent. Un seul Carmel fonctionnel entièrement autonome existe encore aux Pays-Bas et les restes de quatre communautés entières vivent dans un seul foyer tenu par des Frères religieux. Mais dans cette situation, la « solution » entreprise fut un remaniement bureaucratique élaboré, incluant l'approbation de Rome, pour « une structure complètement nouvelle », dont la tâche principale sera, sans aucun doute, de faire des arrangements funéraires et de disposer des livres de la bibliothèque..
L'atmosphère est étrangement résignée — un rapport de la Fédération recommandait simplement « d'oublier les chiffres » — avec de nombreuses félicitations mutuelles sur « l'unité », la création de « liens » et la « construction de la confiance » et le « dialogue » entre les communautés. Le rapport de Belgique — fédéré en 1997, âge moyen 73 avec une sœur en formation pour 11 monastères — déclare laconiquement que leur plus gros problème est le « vieillissement » mais qu’il y a des « solutions possibles » ; ce rapport dit seulement : « Nous voulons continuer sur la voie que nous avons commencée ».
C'est seulement dans le rapport de la Croatie que le problème change brusquement des Soeurs vieillissantes et pas de vocations à trop de vocations avec pas assez de places [2]. C’est également remarquable que c'est seulement dans le rapport Croate que le Christ est directement mentionné.
Fédération de Croatie et de Bosnie-Herzégovine : 82 religieuses dans 5 couvents, avec un âge moyen de 47 ans et onze en formation. Cette aberration diffère des Fédérations d'Europe de l'Ouest à plusieurs égards, notamment qu'elle n'a été fédérée qu'en 2002. Mais les effets des formations fédératrices / formatrices se font déjà sentir : « De nos jours, deux monastères ont des difficultés par manque de vocations ».
Chemin emprunté : Avoir fait une fondation en Albanie ; cependant, cette communauté n'est pas fédérée. Dès le début, notre Association a organisé des cours de formation pour les jeunes Sœurs ainsi que des cours de formation permanente. Chaque année, nous organisons un ou deux séminaires, qui sont également l'occasion de la rencontre du Conseil de l'Association. La durée est de 3 à 4 jours et ça se déroule à chaque fois dans un monastère différent de l'Association. Nous invitons les Sœurs d'autres couvents Carmélites à nos cours de formation : des Soeurs d'Albanie, de Slovénie et de Bulgarie.
Problèmes actuels : En général, dans notre Association, les vocations continuent de croître, mais il y a des différences entre les monastères. De nos jours, deux monastères ont des difficultés à cause d'un manque de vocations.
Solutions possibles : Nous faisons tout ce qui est sous notre contrôle dans le domaine de la promotion vocationnelle, en collaborant ainsi avec le Christ qui appelle par son Esprit.
Ces rapports produits par chaque entité ont été réalisés en réponse à un questionnaire établi pour la rencontre. Tous ne parlent que de réponses bureaucratiques : des « cours de formation » partagés, des réunions de supérieurs, des fusions et des suppressions de maisons et enfin des « maisons de repos » et des maisons entièrement consacrées aux infirmeries. Une histoire d'extinction contrôlée et systématisée.
Date de son établissement : 1980
Nombre de couvents : 14
Nombre de religieuses : 178
Nombre de professes [ ayant prononcé leurs vœux solennels ] : 170
En formation [3] : 8
Àge moyen : 66
Chemin parcouru : depuis 15 ans, elles organisent des cours de formation : continue et de formation initiale, et pour les formateurs. Rencontres pour les Prieures.
Problèmes actuels : sont très vieilles. Certaines Soeurs sont dans des maisons de retraite dirigées par des Franciscains. Différentes sœurs se sont portées volontaires pour aider.
Solutions possibles : deux couvents ont l'intention de fusionner.
Date de l'érection : 1978
Nombre de couvents : 20
Nombre de religieuses : 245
Professes solennelles :
En formation : 9
Âge moyen : entre 64 ans
Chemin parcouru : elles ont travaillé sur la communion et la formation systématique des communautés. Elles ont établi une maison de formation pour de nouvelles vocations et ont tenu un cours intensif d’un mois selon le rapport, donné par les mêmes Sœurs de la Fédération. En 2004, elles ont établi une infirmerie Carmélite pour aider les communautés. Des cours ont été organisés pour accompagner les plus jeunes Sœurs de la Fédération, donnés par un psychologue religieux.
Problèmes actuels : vieillissement des Sœurs et manque de vocations ; Nous ne sommes arrivées à aucune conclusion pratique en matière de fusion-restructuration même si des tentatives ont été faites. L'incorporation de Sœurs d'autres pays sans discernement dans certains cas.
Solutions possibles : nous faisons des recherches.
Date de l'érection : 1993
Nombre de couvents 4
Nombre de religieuses : 60
Professes solennelles :
En formation : aucune
Âge moyen : 71
Ce qui a été fait : il y a eu une suppression et deux couvents ont fusionné
Problèmes actuels : vieillissement des Sœurs et manque de vocations. Nous avons besoin d'aide extérieure.
Date d'érection : 1994
Nombre de couvents : 16
Nombre de religieuses : 229
Professes solennelles :
En formation : 10
Âge moyen : 69
Ce qui a été fait : il y a eu un travail de formation : chaque année, un cours de formation continue et un cours pour les professes récentes. Il y a eu 3 suppressions et 3 fusions. Le travail continuera dans ce domaine, afin de maintenir un équilibre au sein des communautés, basé sur les communautés actuelles et les nouvelles vocations.
Problèmes actuels : Vieillissement des communautés, entraînant l'affaiblissement de la vie sous toutes ses facettes. Ce n'est pas facile d'exprimer la réalité. Un manque de vocations est avec nous comme une réalité dans la vie de tous les jours. De plus, le nombre élevé de Carmels rend difficile le maintien de toutes les présences.
Solutions possibles : Il est tout à fait nécessaire d'assumer le chemin des restructurations, afin de vivre ce qui est essentiel, en oubliant les chiffres. Le défi de grandir dans la confiance et la communion devrait nous amener à dévaloriser l'autonomie célèbre et intouchable parce que, pour une fille de Sainte Thérèse, l'important est de Le chercher et de vivre dans l'obéissance. Un autre de nos défis est de prendre soin des présences ecclésiales. Nous pensons que c'est ainsi que nous conduirons à recréer de l'intérieur le charisme de la Mère Thérèse.
Date de l'érection : 1955
Nombre de couvents : 20 + 1 à l'étranger, Athènes
Nombre de religieuses : 274
Professes solennelles : 268
En formation : 6
Âge moyen : 70,6
Ce qui a été fait : Il y a eu 1 fusion et 6 suppressions. La priorité fédérale est la formation. Il y a eu beaucoup de travail en formation : pour les Prieures, les formatrices et les postulantes/novices. Aussi avec les Soeurs externes.
L'infirmerie du Carmel a été fermée en raison de la difficulté de trouver une Prieure et d'autres membres du personnel. Les Soeurs sont allées dans d'autres Carmels, à l'exception de certaines qui sont allées dans des foyers gériatriques.
Date de l'érection : 1996
Nombre de couvents : 16
Nombre de religieuses : 220
Professes solennelles : 209
En formation : 11
Âge moyen : 65
Problèmes actuels : il existe de grandes différences entre les différents couvents.
Le nombre des vocations a diminué rapidement et le nombre de celles qui sont parties pendant la formation ainsi que pendant les premières années de profession solennelle a augmenté. Néanmoins, il n'y a pas eu de fusion ou de suppression. Dans certains couvents, la vieillesse est une réelle préoccupation.
Solutions possibles : Elles travaillent sur la formation par le biais de cours. Aussi sur la communion entre les communautés. Il y a des réunions du Conseil avec les communautés. Nous sommes prêtes à accepter des Sœurs qui ne peuvent pas être soignées dans leurs propres communautés. Cependant, cela n'a pas été accepté parce qu'elles ne veulent pas être séparées.
Fédération : Pays-Bas
Date de l'érection : 1971
Nombre de couvents : 6
Nombre de religieuses : 73
Professes solennelles : 73
En formation :....
Âge moyen : 81 [ NB, le caractère gras était dans l'original ].
Ce qui a été fait : 13 Carmels Hollandais et un en Islande se sont unis dans une Fédération. Cela a créé une étroite communion depuis le début. Tout le monde a collaboré au processus des fusions et des suppressions.
Problèmes actuels : Un seul Carmel fonctionne de manière totalement autonome aux Pays-Bas. 4 communautés sont hébergées dans un établissement de soins géré par les Frères de l'Immaculée Conception. Un autre Carmel a été renouvelé en 1990. Au Carmel d'origine, une infirmerie a été ajoutée pour les Sœurs qui ont besoin de soins infirmiers ; elle est gérée par des Sœurs Franciscaines.
Avec le temps, l'Assemblée de la Fédération a transféré des tâches au Président de la Fédération, selon les facultés décrites dans les statuts, en particulier en ce qui concerne notre solidarité mutuelle. De plus, au fil des ans, la Congrégation pour les Religieux a confié la responsabilité directement au Conseil de la Fédération. Enfin, les Carmels autonomes ont demandé l'aide de la Fédération afin de protéger leurs intérêts.
En raison de notre âge très avancé aux Pays-Bas, nous avons atteint le moment où une Assemblée générale n'est plus possible. Il nous reste le problème que, dans les communautés, il n'y a pas de Sœurs qui peuvent ou qui veulent être prieures ou des Sœurs au conseil. La structure de la Fédération que nous avons eue jusqu'à maintenant n'est donc plus possible.
Solutions possibles : Le Conseil de la Fédération et l’Assistant Religieux , avec un avocat en Droit Canon de la Conférence des Religieux des Pays-Bas, a travaillé dur sur une structure complètement nouvelle, dans laquelle son premier projet a toujours tenu compte de l'autonomie du Carmel.
Nous avons commencé à partir de trois points :
1) Maintien de l'autonomie formelle des Carmels qui existe encore, mais avec la possibilité de transférer progressivement les tâches au Conseil de la Fédération.
2) Nomination du Conseil d’administration fédéral ou du Conseil fédéral de la Fédération, de préférence nommé par le Supérieur Général. L'équipe sera composée d'un Président et d'un Vice-Président, de membres de l'un des couvents, nommés à des fonctions, et de trois personnes, membres ou non, de l'un des couvents.
3) Un Conseil de surveillance, également nommé périodiquement par le Supérieur Général, qui sera composé de trois membres, dont le Président sera, de préférence, membre d'un Institut religieux, de préférence de l'Ordre des Carmes et nommé à ces fonctions. Ce Conseil se voit comme un organe de surveillance et de conseil qui remplacera plus ou moins l'Assemblée de la Fédération.
En octobre 2008, le Président, l'Assistant Religieux et un avocat étaient à Rome où ils ont expliqué les propositions. Ils ont eu des rencontres avec le Père Général et avec la Congrégation pour les Religieux. Ce sont des réunions ouvertes qui nous ont aidés à clarifier les choses.
Une préoccupation importante était qu'ils nous permettent d'utiliser des laïcs au Conseil Fédéral de la Fédération et au Conseil de surveillance. Nous savions que nous ne nous occupions pas d'une question simple, mais nous pensons que, compte tenu de la situation actuelle, nous n'avons pas beaucoup de choix.
Il est important de continuer à protéger les intérêts de notre Fédération de la manière la plus responsable et la plus prudente possible afin que toutes les Sœurs, même celles qui sont avancées en âge, puissent continuer à vivre leur vie au Carmel.
La permission définitive est arrivée le 25 février.
Compte tenu de cette incroyable image d'un Ordre Carmélitain dans son dernier râle de son agonie, le reste des résumés des discours prononcés lors de la réunion à Avila se lit comme purement surréaliste, nous laissant se demander si l'une de ces personnes est attachée de quelque façon que ce soit à la réalité.
Sœur Enrica Rosanna, représentante de la Congrégation pour les Religieux du Vatican, leur a dit que « les deux grands défis de notre vie contemplative » sont « le défi de la mondialisation et le défi de l'inadéquation ». Elle a mis en garde les religieuses d’amener des vocations de d’autres pays pour garder leurs monastères en vie, laissant entendre ce qui semble maintenant être une obsession particulière de la Congrégation. Cor Orans assumera définitivement ce sujet en 2018 :
Les religieuses ont été exhortées à « rester éveillées pour accueillir l'aube » d'un nouvel avenir brillant :
« Ce sont des moments difficiles et incertains, mais c'est aussi le moment de rester éveillées car la nouvelle aube s'annonce déjà » .
« Notre objectif doit être d'être ouvert sur l'avenir. Nous ne devons pas oublier que nous suivons la tradition de Thérèse de Jésus et dans la tradition de tous ceux qui ont suivi ses pas. C'est une route large qui s'ouvre devant nous. Nous devons être des femmes d'espoir et de foi. Nous devons toujours croire que Dieu est celui qui dirige l'histoire. De cela dérive notre tâche, d'être créatives et, en même temps, fidèles ( fidélité créative ) ».[ italiques dans l'original ].
Bien qu'il ne fasse aucun doute que l'extinction totale imminente de l'Ordre Carmélite en Europe de l'Ouest était au premier plan dans l'esprit des religieuses présentes, il semble que la question n'ait pas été abordée à haute voix par les représentants de la bureaucratie.
Au lieu de cela, Sœur Enrica, après ce commentaire bizarre et énigmatique, a parlé des « problèmes et difficultés que nous pouvons rencontrer » dans le discernement de vocations presque inexistantes, dont « le consumérisme, les moyens modernes de communication, les difficultés à créer une personnalité stable, l'autonomie des jeunes, le besoin d'être toujours soutenu et l'idéologie du subjectivisme ».
Qu'est-ce que ces gens fument ?
Étant donné que c'était à trois ans ou plus de l'abdication de Benoît et de l'installation du Nouveau Paradigme de François / Kasper, on se demande en quoi consistait réellement cette « nouvelle aube ». Peut-être une question utile pour l'une des Sœurs présentes aurait pu être : « Une « nouvelle aube » de quoi, exactement ? » Ce genre de langage codé a été populaire auprès de la faction Progressiste dans l'Église depuis les années 1960, quand on attendait l'installation d'une Église totalement nouvelle. Est-ce que Sr Enrica anticipait en quelque sorte l'accomplissement de ces rêves de l'ère hippie dans les années à venir ?
Il ressort clairement des premiers actes de François qu'il a mis les religieuses conservatrices et traditionalistes en tête de liste de ses priorités. Sa première nomination, pas plus de trois semaines après le Conclave, fut José Rodrigues Carballo, Secrétaire de la Congrégation pour les Religieux et — compte tenu du scandale qui éclata à son départ — le boulet de démolition financier des Frères Mineurs Franciscains. La première tâche que François donna à Carballo fut la démolition des Frères Franciscains de l'Immaculée.
Certes, ce dossier de la rencontre des Carmélites d'Europe est bourré d'indices que Cor Orans était en chemin. Au dernier jour de la rencontre, le « thème du jour » a été offert par le Père Général Luis Arostegui : « Gouvernance : le besoin de changement. Autonomie et Association ; l'autonomie et le Père Général ; d'autres solutions à la gouvernance ».
Le transfert de l'autorité des Supérieurs des monastères individuels aux Fédérations était évidemment dans l'esprit de quelqu'un tout comme le plan que les monastères changent fréquemment de Supérieurs : « L'autonomie essentielle peut échouer en raison des relations au sein de la communauté : les abus de Supérieurs permanents qui décident sur la liberté et les décisions de la communauté », a prévenu le Père Général.
Et il y avait certainement des indices qu'une réorganisation générale des structures de l'autorité était en cours. Une tactique commune des politiciens qui veulent initier des changements est de « poser des questions » plutôt que de faire des suggestions, et Arostegui a posé des questions très suggestives dans ce discours de clôture :
« Qui discerne l'existence ou non d'une autonomie vitale ? Est-ce la communauté ou les personnes choisies ? »
« Y a-t-il des exemples qui fonctionnent bien dans l'Église et qui équilibrent l'autonomie d'une manière qui peut être utile dans ces situations ? »
« À l'époque de Sainte Thérèse, elle était un exemple de quelqu'un d'équilibrée. La stabilité est une raison [ pour l'autonomie ], mais la stabilité est-elle comprise d’une telle manière qu'elle peut obstruer l'esprit de la mission et votre disponibilité à l'Ordre et à l'Église ? »
« L'initiative vaillante et prophétique du Pape Pie XII de créer des Associations et des Fédérations a ouvert la vie contemplative, même si on pensait aussi que cela pouvait nuire au cloître et à l'autonomie. Cette autonomie essentielle peut-elle continuer comme elle est ? »
« Il y a 50 ans, il y avait de la stabilité. Comment concevoir aujourd'hui la relation entre l’autonomie et la Fédération-Association et entre l’autonomie et le Père Général ? »« Pourrait-il y avoir d'autres formes de gouvernance ? »
Suite à l'adresse du Père Général, il y a des remarques des groupes linguistiques, y compris les suivantes :
« Alors que certaines communautés ne veulent pas que leur autonomie soit touchée et ont certaines craintes d'ingérence « externe », d'autres veulent une autonomie plus modérée et flexible qui, sans aller à la Congrégation, aurait une forme juridique, où le Président avec son Conseil peut intervenir dans les cas extrêmes que nous observons aujourd'hui avec douleur, les mains liées. Bien que nous voulions que ces canaux légaux soient établis, il doit rester clair quelles sont les limites du Conseil de la Fédération, afin d'éviter les abus de pouvoir de la part de ceux-ci ».
«... L'absence d'autonomie vitale est également remarquée quand... la même personne reste prieure pendant des années ».
«... Nous avons besoin de critères qui étendent l’article 203 de nos Constitutions et qui clarifient l'autonomie vitale. Nous percevons qu'il y a une pénurie de figures d'autorité. Nous ne voulons pas de nouvelles figures mais plutôt que celles qui existent déjà ( Associations, Présidents de Fédération, Provinciaux... ) soient habilitées de façon légale ( canoniquement ) pour aider les communautés en difficulté, pour la mission de discerner, de conseiller, d’accompagner ».
«... Nous sommes également préoccupés par les communautés qui ne sont pas affiliées aux Fédérations, nous voyons que nous devrions être proches d'elles ».
Peut-être que ce document de synthèse de 2009 peut nous donner une idée de ce à quoi s'attendre de Rome en 2018, maintenant que la faction « Progressiste » au Vatican a pris le dessus et est libre d'agir sans restriction. Ce qui est clair en comparant ce document à celui de Cor Orans, c'est que le mécanisme du Vatican est depuis longtemps en train de forcer une vision uniforme et essentiellement bureaucratique, éminemment autoritaire et légaliste de la vie contemplative sur quiconque échoue suffisamment à y résister. Et avec les statistiques offertes lors de cette réunion, nous pouvons voir clairement où cette route mène.
Tant de Catholiques au cours des 40 dernières années ont supposé que sous les « conservateurs » Jean-Paul II et Benoît XVI, au moins, le Vatican était « à l'écart ». Au moins à Rome, ils comprenaient la terrible menace des révolutionnaires bolchéviques de Vatican II. Mais ce rapport de 2009 montre une image claire d'une Congrégation Romaine déterminée à voir la révolution à son aboutissement inévitable.
[1] Une remarque qui sera peut-être digne d’intérêt pour les lecteurs Traditionalistes est le petit commentaire dans le rapport sur la difficulté d'avoir une observance liturgique entre toutes les nations disparates représentées à la rencontre.
« L’Eucharistie et les Laudes en Espagnol. Le Père Isidore D'Silva a préparé un livret avec la liturgie pour chaque jour. Chaque psaume était dans une langue différente et était préparé par le groupe liturgique correspondant. Cependant, le fait d’avoir le texte devant nous facilitait le suivi de la récitation dans d'autres langues. Le résultat final était que nous pouvions tous nous joindre à la liturgie. Nous étions tous unis dans la louange de l'Esprit qui nous avait amenés ensemble de différentes langues et nations ».
[2] Solution : de nouvelles fondations, la diffusion du charisme Carmélitain dans de nouveaux territoires.
[3] Cela inclut toutes les Sœurs jusqu'à la profession finale, pas seulement les postulantes et les novices.
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