Le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi parle à L'Osservatore Romano sur la nouvelle lettre aux évêques concernant les nouveaux mouvements [charismatiques], à être publiée le 14 Juin. |
par Edward Pentin
SOURCE : National Catholic Register
Le 13 juin 2016
Le Cardinal Gerhard Müller a dit vivre une certaine difficulté à suivre le Pape François dans son magisterium « in uscita » (aventure dans le monde) parce qu'il n’est pas toujours facile de garder le rythme de la prophétie, ce qui exige des efforts et un travail acharné.
« Ce qui est important est que tout le peuple de Dieu et tous les éléments de l'Église, peu à peu, chacun à son propre rythme et avec ses propres dons, même avec ses faiblesses, vont dans la bonne direction » a déclaré le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi dans une interview du 9 juin avec l'Osservatore Romano.
Il a ajouté que cela se fait en allant au-delà de ses propres plans et de ses environnements sécuritaires, ce qui nécessite « un peu de travail acharné et d'efforts », de l’« obéissance dialogique » et même en utilisant « de nombreuses fois une méthode dialectique ».
Le Cardinal Allemand parlait au journal du Vatican avant la publication la veille de la publication d'une lettre intitulée Iuvenescit Ecclésia (Rajeunir l'Église) que la CDF a envoyé aux évêques. La lettre traite de la relation entre la hiérarchie et les nouveaux mouvements ecclésiaux (note : i.e. Renouveau Charismatique).
Le Cardinal Müller a dit qu’il est clair que ces deux entités sont « destinées à rajeunir l'Église, sont des dons pour renouveler la vie de la Foi du Peuple de Dieu » et que l'existence de la lettre réfute ceux qui soutiennent que François n'a pas d'amour particulier pour les mouvements.
En outre, dit-il, un Pape « ne peut pas aider mais aimer ce que l'Esprit suscite pour le bénéfice beaucoup d'hommes dont Dieu attend souvent leurs coeurs à leur insu et en faveur de tout le Peuple de Dieu qui sont les premiers bénéficiaires de ce don ».
Il a ajouté que certainement certains de ces dons ont souvent été des « innovations perturbatrices » en besoin de « purification ». Espérons, dit-il, qu’ils ont été « plutôt comme des enfants qui sont venus au monde sans avoir été planifiés. Mais celui qui est vraiment leur père et leur mère aime les enfants une fois qu'ils sont arrivés et pourvoient à eux et plus qu’aux autres ».
Il a ajouté que c'est ce qui permet de concilier les activités des mouvements [… charismatiques], qui ont souvent une forte identité, avec ceux d'un pontificat qui a fait l'abandon de l'autoréférence l'une de ses pierres angulaires.
Le Cardinal Müller a déclaré qu'il était possible de se sortir d'être son propre « centre de gravité » et d’aimer, même avec une identité forte et bien définie, mais ça « doit avoir lieu sans arrogance » et « dans le respect envers ses interlocuteurs » .
Il a dit qu’une « certaine incapacité d'avoir un dialogue sincère est née d'une identité culturelle faible » et, donc, une identité claire donne un goût d'authenticité au dialogue. Il a ajouté que c’est parce que le vrai dialogue commence toujours par un échange de dons entre deux identités. « Sinon, c’est juste une série de monologues, peut-être assaisonnés avec beaucoup de courtoisie ».
Il a dit qu'il est important de sortir de soi-même parce que « la réalité est plus grande que nos pensées, comme a dit souvent le Pape François », mais il a également averti que le contraire d'être autoréférentiel n’est pas de la servilité.
Le Cardinal Müller a ensuite fait allusion à la confusion actuelle de ce pontificat en disant que certains « éléments » dans l'Église « semblent avoir du mal à suivre le magistère « apparent » du Pape François ».
Il a dit : « C’est difficile de garder le rythme de la prophétie » mais que, d'autre part, « ce n’est pas la vitesse du rythme qui compte ».
« Ce qui est important, c’est que tout le Peuple de Dieu et tous les éléments de l'Église, peu à peu, chacun à son propre rythme et avec ses propres dons, même avec ses faiblesses, vont dans la bonne direction » a-t-il dit. « Et cela ne se fait pas efficacement sans un travail acharné et sans efforts, sans l'obéissance dialogique et de, nombreuses fois, d'une manière même dialectique ».
« La vérité de la prophétie ne se développe et manifeste son champ d'application qu’au fil du temps » a-t-il poursuivi, et voilà pourquoi « il est difficile de comprendre tout de suite. » En effet, ça implique souvent un aspect de la « Croix », à la fois pour le « celui qui la porte et pour celui qui la reçoit ».
« En fait, de vraiment « sortir » de nous-mêmes » dit-il, « implique toujours l'effort de laisser derrière ses propres plans et son environnement sécuritaire ».
L'Osservatore Romano a souligné que, néanmoins, « parmi les critiques récurrentes » du Pape François, avec ce nouvel élément, il y a une discontinuité avec ses prédécesseurs.
Mais le Cardinal Müller se distancie aussi de cette critique. « Chaque Pape a ses dons et ses préférences » dit-il. « Je crois que le Pape François est profondément uni à Jean-Paul II et à Benoît XVI dans le désir de tirer le meilleur parti de toutes les nouvelles choses que l'Esprit suscite dans l'Église.
« Le regard du Pape est le regard attentif et affectueux d'un père qui non seulement soutient mais qui corrige aussi, si nécessaire » a-t-il dit. « Et il le fait pour le bien de ses enfants et pour leur bénéfice, surtout. »
Alors, que devraient faire les mouvements […charismatiques] pour éviter de tomber dans la tentation d'enfermer l'Esprit à l'intérieur de schémas introvertis, a demandé L'Osservatore Romano ?
Pour Müller les meilleurs professeurs sont les saints qui, « dans l'histoire de l'Église ont été en mesure de combiner, toujours dans un sens fructueux, la continuité et la nouveauté — la fidélité à la tradition et l'ouverture à ce que Dieu a demandé à nouveau, et ils l'ont fait en se mettant au service de l'Église et au bien authentique de tant de frères et sœurs de leur temps — les aimant et les accompagnant, en cultivant vraiment dans leur cœur un amour toujours plus grand pour le bonne destinée de leurs compagnons de voyage, tout en se reconnaissant aussi franchement leurs erreurs et se laissant corrigés par la vérité et le bien ».
Dans tous les cas, le Préfet a conclu qu’à se mettre au service d'un plan et du plus grand bien est « le meilleur moyen de sortir de la tentation de l'autoréférence et cela est aussi vrai pour ceux de l'Église qui sont appelés à servir dans la hiérarchie que pour les simples fidèles sans exception ».
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