par Christopher A. Ferrara
SOURCE : The Remnant
Le 22 août 2016
Dans son Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François a accusé à merveille, ou plutôt d’une manière infâme, les Catholiques de tradition d'esprit de faire montre d’un « néo-pélagianisme autoréférentiel et prométhéen de ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique justement propre au passé ». |
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L'essence de l'hérésie de Pélage est l'accent mis sur la primauté de l'effort humain dans le salut avec la grâce divine fournissant une simple assistance à ce que l'homme est capable d'accomplir de lui-même comme si sa nature n'avait pas été blessée par le Péché Originel. C’est implicitement Pélagien de réduire ce que l'Église a passé à travers les siècles dans son enseignement et le culte à simplement des « normes déterminées » et à un « certain style catholique », comme si l'ensemble des traditions ecclésiastiques et apostoliques, une œuvre du Saint-Esprit, était simplement le résultat collectif d'un effort humain dont les éléments pourraient être mis au rebut bon gré mal gré en faveur d'un nouvel effort humain et un nouveau « style Catholique ».
Ironie de l'ironie, c’est précisément cette mentalité implicitement pélagienne, qui affirme que l'effort humain par le biais de « réformes » continuelles peut améliorer ce que l'Église a transmis, qui a conduit aux pires crises de la foi et de la discipline que l'Église n'a jamais endurée.
Un parfait exemple est le malheureux Évêque David Zubik du Diocèse de Pittsburgh, qui réfléchit… réfléchit sur ce qu'il faut faire alors que la foi dans son diocèse poursuit sa chute vertigineuse qui a commencé avec le « grand renouveau » néo-pélagien suite à Vatican II, quand pratiquement tous les aspects de la vie de l'Église a subi des réformes désastreuses conçues par des commissions et des comités humains partant du Vatican jusqu’en bas de l’échelle. Le plupart désastreux de tout fut la Nouvelle Messe, le Novus Ordo qui, comme le Cardinal Ratzinger l'a déjà dit, a été imposée à l'Église à partir d’« une tour d'ivoire bureaucratique » — un effort purement humain pour trafiquer une tradition liturgique sacrée développée organiquement pendant des siècles sous l'influence du Saint-Esprit.
Maintenant l’Évêque Zubik doit confronter les résultats de cet effort ruineux néo-pélagien à refaire l'Église par la volonté humaine. Comme le Pittsburgh Tribune-Review le note comme toile de fond dans son interview avec Zubik : « Le nombre de Catholiques actifs dans le Diocèse de Pittsburgh a diminué rapidement dans les récentes décennies, de 914 000 en 1980 à 632 000 en 2015, comme le montrent les chiffres diocésains. Depuis 2000, la fréquentation à la Messe hebdomadaire a diminué de 40 pour cent — avec près de 100 000 fidèles en moins régulièrement ; les inscriptions scolaires dans les écoles Catholiques accueillant les étudiants de 5 à 14 ans a chuté de 50 pour cent ; et le nombre de prêtres actifs a chuté de 338 à 225. En 2025, si les tendances se maintiennent, le diocèse projette qu’il restera seulement 112 prêtres actifs ».
La foi est littéralement en train de mourir sur la montre de Zubik, tout comme c’est dans toute église Novus Ordo, produisant ce que Jean-Paul II a appelé l’« apostasie silencieuse ». Mais est-ce que Zubik reconnaît la nécessité urgente de rétablir le culte traditionnel et la catéchèse — ce « style Catholique du passé » que François trouve si méprisable ? Pas du tout. Absolument pas.
Quelle est donc la solution de Zubik à la crise ? C’en est une précisément néo-pélagienne, appelant à encore plus d'effort humain pour réparer ce que l'effort humain affecté à la « réforme » a déjà détruit. Ainsi il déclare en toute sincérité : « La priorité n ° 1 doit être : 'Nous avons besoin de pratiquer « mieux » notre culte ' ». Vous avez pigé ça ? Nous devons pratiquer notre culte « mieux ». Nous avons besoin de réparer ça — comme un plombier répare une toilette brisée.
Zubik propose également que « nous avons besoin de faire le meilleur travail que nous pouvons pour obtenir non seulement de leaders ordonnés, mais nous devons vraiment ouvrir beaucoup de portes aux dirigeants laïcs de l'église ». Encore plus de néo-Pélagianisme : nous avons besoin de plus de « leaders ordonnés » — Zubik ne les appelle même pas des prêtres — et plus de « responsables laïcs » pour remplacer le sacerdoce qui disparaît. Oui, nous avons besoin de beaucoup plus de leaders parce que les leaders arrangent les choses. Voilà la passe !
Il est hors de question de tout simplement revenir à ce que le Saint-Esprit a légué à l'Église dans sa liturgie sacrée. Il est hors de question de revenir à ce « style Catholique du passé » selon lequel l'Église, tenant compte des avertissements de Notre Seigneur lui-même qui a déclaré au monde il y a 1 962 années avant Vatican II que l'Église Catholique est l'unique arche de salut en dehors de laquelle nul ne peut être sauvé et que « celui qui croit et qui est baptisé sera sauvé ; celui qui ne croit pas sera condamné ». Il est hors de question de fournir une formation sacerdotale traditionnelle, y compris la formation liturgique qui attire de nombreuses vocations dans les rares endroits où c’est encore disponible.
Non non non ! Nous devons avoir plus de « leaders ordonnés », pas des prêtres en soutane qui « sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique justement propre au passé », qui de fait croient encore qu’ils sont radicalement distincts des laïcs en raison de leur ordination et que les prêtres sont nécessaires pour offrir le Saint Sacrifice propitiatoire de la Messe et sauver les âmes des feux de l'enfer.
Qui, alors, sont les véritables « néo-pélagiens autoréférentiels et prométhéens » ? Ils sont ceux qui regardent avec mépris ce que l'Église a fourni dans ses traditions, qui pensent qu'ils peuvent faire mieux avec leurs propres lumières, qui imaginent vainement que c’est l’« l'Esprit » qui leur apporte les dernières instructions pour de nouvelles entreprises qui ne font que prolonger la parade de folie qui a commencé il y a une cinquantaine d'années. Ce sont eux qui sont « inébranlablement fidèles à un certain style catholique justement propre au passé », à un style qui a commencé dans les années 1960 qu'ils appellent « l'Esprit de Vatican II » — pendant qu’ils ignorent les biens intemporels de l'Église qui n'ont jamais failli à donner une grande moisson d'âmes partout où ils sont transmis et où ils sont cultivés.
L'Église est en proie à une forme de néo-Pélagianisme de la part de ceux qui pensent qu'ils peuvent surpasser le Saint-Esprit lui-même avec des projets humains sans fin pour un « renouveau ecclésial ». Dans leur orgueil aveugle et mépris hautain pour les simples fidèles qui se cramponnent à la Foi de leurs pères, ils accusent les autres de précisément ce qu'ils représentent eux-mêmes. Et voilà pourquoi l'Église subit la crise sans précédent dont le Troisième Secret de Fatima nous a avertis.
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