jeudi 22 juin 2017

Monseigneur Bux

Nous sommes en pleine crise de la Foi


Le théologien et ancien consulteur de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi invite le Pape à faire une déclaration de Foi, en prévenant que, à moins que le Pape ne sauvegarde la Doctrine, il ne peut imposer de discipline.


Par : Edward Pentin
Le 21 juin 2017

SOURCE : National Catholic Register





Pour résoudre la crise actuelle dans l'Église sur l'enseignement et l'autorité du Pape, le Pape doit faire une Déclaration de Foi, affirmer ce qui est Catholique et corriger ses propres paroles et actions « ambigües et erronées » qui ont été interprétés de manière non Catholique.

Tel est l’avis de Monseigneur Nicola Bux, théologien respecté et ancien consulteur de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi lors du Pontificat de Benoît XVI.

Dans l'entretien suivant avec le National Catholic Register, Msgr Bux explique que l'Église est en « pleine crise de la Foi » et que les tempêtes de division que l'Église connaît actuellement sont dus à l'apostasie — i.e. l'abandon de la pensée Catholique.

Les commentaires de Mgr Bux viennent suite à des nouvelles selon lesquelles les Quatre Cardinaux des dubia, cherchant à clarifier le discours du Pape sur son Exhortation Amoris Laetitia, lui ont écrit le 25 avril pour lui demander une audience mais ils n'ont pas encore reçu de réponse.

Les Cardinaux se sont déclarés préoccupés par la « grave situation » des Conférences Épiscopales et des Évêques individuels qui offrent des interprétations très différentes du document dont certaines, disent-ils, rompent avec l'enseignement de l'Église. Ils sont particulièrement préoccupés par la confusion profonde que cela a causée, en particulier pour les prêtres.

« Pour beaucoup de Catholiques, il est incroyable que le Pape demande aux Évêques de dialoguer avec ceux qui pensent différemment (c’est-à-dire les Chrétiens non Catholiques], mais ne veut pas en premier lieu faire face aux Cardinaux qui sont ses principaux conseillers » a dit Mgr. Bux.

« Si le Pape ne sauvegarde pas la Doctrine » ajoute-t-il, « il ne peut imposer de discipline ».





Monseigneur Bux, quelles sont les implications de l'« anarchie doctrinale » que les gens voient arriver pour l'Église, les âmes des fidèles et les prêtres ?

« La première implication de l'anarchie doctrinale pour l'Église est la division, causée par l'apostasie qui est l'abandon de la pensée Catholique telle que définie par Saint Vincent de Lérins : « Quod semper, quod ubique, quod ab omnibus creditur » (ce qui a été cru partout, toujours, et par tous). Saint-Irénée de Lyon, qui appelle Jésus-Christ le « Maître de l'Unité », a signalé aux hérétiques que tout le monde professe les mêmes choses, mais que tout le monde ne veut pas dire la même chose. C'est justement le rôle du Magistère fondé sur la Vérité du Christ : à savoir ramener tout le monde à l'unité Catholique ».

« Saint Paul a exhorté les Chrétiens à s'entendre et à parler à l'unanimité. Que dirait-il aujourd'hui ? Lorsque les Cardinaux se taisent ou accusent leurs confrères ; quand des Évêques qui avaient pensé, parlé et écrit — scripta manent ! [ les écrits restent ! ] — de manière Catholique, mais disent le contraire pour quelque raison que ce soit ; lorsque des prêtres contestent la Tradition liturgique de l'Église, l'apostasie est établie, c’est-à-dire le détachement de la pensée Catholique. Paul VI avait prévu que « cette pensée non Catholique au sein du Catholicisme deviendra demain la force la plus forte. Mais cela ne représentera jamais la pensée de l'Église. Un petit troupeau doit rester, quelle que soit sa taille ». (Conversation avec J. Guitton, 9.IX.1977) ».

Quelles sont donc les implications de l'anarchie doctrinale pour les âmes des fidèles et des ecclésiastiques?

« L'Apôtre nous exhorte à être fidèles à la saine et pure Doctrine : celle fondée sur Jésus-Christ et non sur des opinions mondaines (Tite 1 : 7-11; 2 : 1-8). La persévérance dans l'enseignement et l'obéissance à la Doctrine conduit les âmes au salut éternel. L'Église ne peut pas changer la Foi et demander en même temps aux fidèles de rester fidèles. Elle est plutôt intimement obligée d'être orientée vers la Parole de Dieu et vers la Tradition.

Par conséquent, l'Église se souvient du jugement du Seigneur : « Je suis venu dans ce monde pour qu'un jugement ait lieu : pour que les aveugles voient et que ceux qui voient deviennent aveugles ». (Jean 9:39). N'oubliez pas que, lorsque l'on est applaudi par le monde, cela signifie que l'on y appartient. En fait, le monde aime les siens et déteste ceux qui ne lui appartiennent pas (cf. Jean 15:19). Que l'Église Catholique se souvienne toujours qu'elle n'est constituée que de ceux qui se sont convertis au Christ sous la direction du Saint-Esprit ; tous les êtres humains sont ordonnés à l’Église (voir Lumen Gentium 13), mais ils ne font partie d'Elle que lorsqu'ils sont convertis ».

Comment ce problème peut-il être résolu ?

« Le point est celui-ci : quelle idée a le Pape du Ministère Pétrinien tel que décrit dans Lumen Gentium 18 et codifié dans le Droit Canon ? Face à la confusion et à l'apostasie, le Pape doit faire la distinction — comme l'a fait Benoît XVI — entre ce qu'il pense et dit en tant que personne privée, connaisseuse et ce qu'il doit dire en tant que Pape de l'Église Catholique. Pour être clair : le Pape peut exprimer ses idées en tant que personne privée connaisseuse sur des questions discutables qui ne sont pas définies par l'Église, mais il ne peut pas faire des affirmations hérétiques, même en privé. Sinon, ce serait également hérétique.

Je crois que le Pape sait que tout croyant — qui connaît la regula fidei [ la règle de la Foi ] ou le Dogme, qui fournit à chacun le critère de savoir ce qu'est la Foi de l'Église, ce que tout le monde doit croire et qui doit l’écouter — peut voir s'il parle et opère de manière Catholique ou a été contre le Sensus Fidei de l'Église [ le sens de la Foi ]. Même un croyant peut le tenir responsable. Donc, quiconque pense que présenter des doutes [dubia] au Pape n'est pas un signe d'obéissance, n'a pas compris, 50 ans après Vatican II, la relation entre lui [le Pape] et toute l'Église. L'obéissance au Pape dépend uniquement du fait qu'il est lié à la Doctrine Catholique, à la Foi qu'il doit continuellement professer devant l'Église.

Nous sommes en pleine crise de la Foi ! Par conséquent, pour arrêter les divisions en cours, le Pape — comme Paul VI en 1967, face aux théories erronées qui circulaient peu de temps après la conclusion du Concile — devrait faire une Déclaration ou une Profession de Foi, affirmant ce qui est Catholique et corriger ces paroles et ces actes ambigües et erronées — les siennes et ceux des Évêques — qui sont interprétées de manière non Catholique.

Sinon, il serait grotesque que, tout en recherchant l'unité avec les Chrétiens non-Catholiques ou même à s’entendre avec les non-Chrétiens, l'apostasie et la division est encouragée au sein de l'Église Catholique. Pour beaucoup de Catholiques, c’est incroyable que le Pape demande aux Évêques de dialoguer avec ceux qui pensent différemment, mais ne veut pas d'abord faire face aux Cardinaux qui sont ses principaux conseillers. Si le Pape ne sauvegarde pas la Doctrine, il ne peut imposer de discipline. Comme le disait Jean-Paul II, le Pape doit toujours être converti pour pouvoir confirmer ses frères selon les paroles du Christ à Pierre : « Et tu autem conversus, confirma fratres tuos [quand tu sera converti, fortifie tes frères] ».

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