par le Don Pietro Leone
SOURCE : Rorate Caeli
Introduction
Comme on le sait, le contenu de la Foi est immuable et infaillible, et, comme le Premier Concile du Vatican l’a enseigné, il peut se développer à travers les siècles dans sa clarté et la profondeur de son expression. Au cours des dernières années, cependant, nous avons observé comment les doctrines ont été introduites dans le Magistère, doctrines qui ne constituent ni une clarification ni une compréhension plus profonde de la Foi, mais plutôt de nouvelles doctrines : hérétiques dans leur caractère, soit pratiquement soit tendanciellement, selon l’agenda mortel du Modernisme.
Ce que nous voudrions nous demander maintenant à l'égard de ces doctrines, c’est de savoir si elles représentent de simples distorsions ou des falsifications des articles respectifs de la Foi ou si, ensemble avec le Nouveau Rite de la Messe, les Nouveaux Rites de tous les Sacrements, le Nouveau Code de Droit Canonique, le Nouveau Bréviaire, le Nouveau Catéchisme, la Nouvelle Évangélisation, la nouvelle moralité et la spiritualité vécue et prêchée par le clergé et, enfin, la nouvelle discipline relâchée de l'Église (dans les règles des ordres religieux et dans l’habillement du clergé) si ces doctrines forment dans son ensemble une Nouvelle Religion complètement.
Dans notre discussion sur la nouvelle Doctrine matrimoniale du Magistère de l'Église dans notre essai « Family under Attack » ( La famille sous attaque ), nous avons offert une réponse à cette question en termes de Gnose. Le but de cet essai est d'exposer plus en détail cette réponse. L'essai se décompose dans les parties suivantes :
I La Gnose au début des temps ;
II La Gnose dans la cabale pervertie ;
III La Gnose comme étant la Nouvelle Religion.
Postscriptum sur la Gnose dans le monde d'aujourd'hui.
Je tiens à remercier Francesca Romana pour sa gentillesse et ses efforts inlassables dans la traduction de cet essai.
I La Gnose au début des Temps
Le grand théologien Argentin Don Julio Meinvielle a écrit : « À travers toute l'histoire humaine, il y a eu deux façons de base de penser et de vivre : une est Catholique et c’est la Tradition reçue de Dieu, par Adam, Moïse et Jésus-Christ : l'autre est Gnostique et cabalistique qui nourrit l'erreur chez tous les peuples, dans le paganisme et l'apostasie, premièrement dans le Judaïsme et ensuite dans le Christianisme lui-même ».
Le premier de ces grands systèmes de pensée et de vie est alors la Foi Catholique (y compris sa phase de pré-Chrétienne ) et le second est la Gnose. Le premier est la seule vraie Foi et Religion. Le dernier, dans la mesure où il constitue un ensemble cohérent de doctrines et qu’il est généralisé, dans la mesure où, en analyse finale, il est athée et, dans son essence, il est antagoniste à la seule vraie Religion et qui peut être décrit comme une Anti-Religion ou comme l’Anti-Religion par excellence.
Comment devrions-nous définir la Gnose ? Le mot « Gnose » vient du grec et signifie « connaissance ». Comme nous allons le voir plus tard, cette connaissance est considérée comme une forme de connaissance ésotérique dirigée vers l'auto-déification de l'homme.
La Gnose, l'éternelle rivale de la Foi Catholique, s’est manifestée en tout premier chez les hommes par l’événement connu comme le péché originel. Nous avancerons ici en méditant sur cet événement primordial comme il est raconté dans le livre de la Genèse.
« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux sauvages que le Seigneur avait faits. Il demanda à la femme : « Est-ce vrai que Dieu vous a dit : «Vous ne devez manger aucun fruit du jardin » ? » La femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger les fruits du jardin. Mais quant aux fruits de l'arbre qui est au centre du jardin, Dieu nous a dit : «Vous ne devez pas en manger, pas même y toucher, de peur d'en mourir.» » Le serpent répliqua : « Pas du tout, vous ne mourrez pas. Mais Dieu le sait bien : dès que vous en aurez mangé, vous verrez les choses telles qu'elles sont, vous serez comme lui, capables de savoir ce qui est bon ou mauvais. »
La femme vit que les fruits de l'arbre étaient agréables à regarder, qu'ils devaient être bons et qu'ils donnaient envie d'en manger pour acquérir un savoir plus étendu. Elle en prit un et en mangea. Puis elle en donna à son mari, qui était avec elle, et il en mangea, lui aussi. Alors ils se virent tous deux tels qu'ils étaient, ils se rendirent compte qu'ils étaient nus. Ils attachèrent ensemble des feuilles de figuier, et ils s'en firent chacun une sorte de pagne ».
L'événement décrit ici, celui du péché originel, a toujours été compris et enseigné par la Sainte Mère Église en tant que le véritable événement de la part du premier couple humain, Adam et Ève. Ce fut un péché d'orgueil et de désobéissance à Dieu, causée par la séduction du Diable sous la forme d'un serpent : une action qui, dans la mesure où elle a été réalisée par les représentants de l'ensemble de l'humanité, leur a apporté du mal non seulement à eux mais aussi à toute l'humanité. Cet événement constitue en même temps le paradigme de la Gnose.
Tout d'abord, nous observons que la Gnose est basée sur la négation de la Révélation Divine, sur la négation de la Parole de Dieu, à savoir que la mort sera la conséquence de manger du fruit défendu. Pour cette raison, elle peut être décrite comme hérétique même si elle n’est pas hérétique dans son sens typique et formel de nier un Dogme de la Foi.
Passons à l’examen du système de la Gnose à la lumière de la Foi Catholique : d'abord dans sa théologie, puis dans la connaissance qu'elle prétend offrir à l'homme et enfin dans sa moralité.
1) La Théologie Gnostique
La principale caractéristique de la théologie Gnostique est le Monisme. La raison en est simple : si l'homme peut devenir Dieu de par ses propres efforts, l'homme doit partager la nature de Dieu : l'homme et Dieu doivent posséder une même nature différenciée seulement selon le degré et la perfection de cette nature.
La théologie Gnostique est moniste ; la théologie Catholique, en revanche, est dualiste, enseignant que l'homme et Dieu possèdent deux natures différentes : une nature humaine et une nature divine. Ces deux natures ne sont pas différenciées seulement et essentiellement en fonction de leur degré de perfection, mais plutôt dans leur diversité ontologique ( ontologie = théorie de l’être).
Nous voyons en outre que la principale caractéristique de la Gnose, à savoir le Monisme, comprend une autre caractéristique — l’immanence — ( immanence= en philosophie, existence des fins du sujet dans le sujet lui-même ; qualité d'une cause qui agit sur ce dont elle fait partie) car si l'homme et Dieu ont la même nature, s’ils ne sont pas distincts dans leur nature, alors Dieu doit être immanent à l'homme.
En revanche, la philosophie et la théologie Catholique enseignent que Dieu est transcendant ( transcendance= existence des fins du sujet en dehors du sujet lui-même ; caractère d'une cause qui agit sur quelque chose qui est différent d'elle, qui lui est supérieur.) à l'homme et même à tout l'univers : la philosophie enseigne qu'Il est tout à fait au-dessus et au-delà de l'univers : absolument indépendant de celui-ci ; la théologie enseigne la même chose sur la base du Dogme professé dans le Credo que Dieu est le Créateur et le Juge du monde : Lui, qui a créé le monde par un acte parfaitement libre de la volonté et qui est aussi Son Maître et Son Juge, est nécessairement et absolument indépendant de celui-ci.
Une autre caractéristique de la théologie Gnostique est la mutabilité de Dieu. Selon la Gnose, l'homme devient Dieu, de sorte que, dans un certain sens, Dieu lui-même est en train de devenir, ce qui signifie qu’il y a un certain mouvement et une certaine mutabilité en Dieu.
La philosophie Catholique et la théologie d'autre part, enseignent qu'en Dieu il n'y a ni mutabilité, ni mouvement, ni changement, puisque Dieu est l’Être en lui-même, la plénitude de l'Être, l’Acte Pur en qui tout est actualisé.
En conclusion, nous voyons alors trois erreurs dans la théologie Gnostique comme elles furent déjà exprimées dans le livre de la Genèse : le Monisme contrairement au Dualisme ; l'immanence absolue contrairement à la transcendance ; la mutabilité contrairement à l'immutabilité de Dieu, l’Acte Pur.
Nous observons en ce qui concerne le deuxième point que la doctrine de l'immanence absolue de Dieu est logiquement insoutenable. Ceci parce que le concept de Dieu, approfondi par réflexion théologique, est un concept d'un être nécessairement transcendant au monde. Si nous refusons la transcendance de Dieu en postulant qu'Il est uniquement immanent au monde, nous nions effectivement Son existence même. La même chose est vraie pour les autres erreurs théologiques de la Gnose : le Monisme entre Dieu et l'homme et la mutabilité de Dieu.
2) La Connaissance Gnostique
En ce qui concerne le type de connaissances par laquelle la Gnose prétend diviniser l'homme, nous pouvons faire les remarques suivantes :
i) La connaissance à laquelle le passage de la Genèse se réfère est de deux types : le premier type est la connaissance de la façon d'être divinisé, la connaissance d'un moyen pour une fin : c’est-à-dire la connaissance d’une pratique particulière ; le second type de connaissance est la fin proposée à Adam et Eve : c’est-à-dire la connaissance du bien et du mal ;
ii) La connaissance (dans les deux cas) est purement naturelle ;
iii) Elle est détachée de la volonté : elle n’est pas dirigée vers l'exercice de la volonté ou de toute autre action ;
iv) Elle est recherchée pour le plaisir, surtout pour le plaisir sensuel : « La femme vit que les fruits de l'arbre étaient agréables à regarder, qu'ils devaient être bons et qu'ils donnaient envie d'en manger pour acquérir un savoir plus étendu ».
v) Cette connaissance est hermétique : elle n’est pas accessible à tout le monde, mais cachée, en effet volontairement cachée par Dieu, le prétendent-ils, pour Ses propres motifs douteux.
Comparons cette connaissance offerte à nos premiers parents par le Diable avec la connaissance que Dieu a proposée à l'homme par la religion Catholique.
i) La connaissance de Dieu offerte à l'homme par la religion Catholique est aussi de deux types : le premier type est la Foi elle-même qui est un moyen pour atteindre la fin dernière de l'homme au Ciel ; le second type est la vision béatifique qui constitue la fin ultime. La connaissance de Dieu dans les deux cas est la connaissance de la Très Sainte Trinité, une connaissance qui est donc infiniment supérieure à celle offerte à Adam et Ève.
ii) Cette connaissance est une connaissance surnaturelle : une illumination de l'intelligence par la Grâce et la Gloire respectivement ; considérant que, comme nous l'avons déjà dit, la connaissance offerte à Adam et Ève est d'un ordre purement naturel ;
iii) En outre, la connaissance de Dieu est dirigée vers l'exercice de la volonté dans la Charité : afin que chacun effectue chacune de ses actions et mène toute sa vie pour l'amour de Dieu pendant cet exil terrestre et, à sa fin, qu’il se repose et jouisse de Dieu au Ciel ;
iv) Le plaisir n’est pas la raison de la recherche de la connaissance mais il est la conséquence d'avoir agi selon cette connaissance en vivant une vie vertueuse ;
v) Enfin, la connaissance de Dieu dans cette vie, c'est-à-dire la Foi, n’est pas hermétique, ni cachée par Dieu, mais révélée à l'homme, avec la mission de la proclamer au monde entier.
Puis, en conclusion, nous voyons que la connaissance Gnostique n’est rien de plus qu'une ombre pâle, un substitut trompeur, de la vraie connaissance de Dieu : son objet n’est pas la Très Sainte Trinité, son mode n’est pas surnaturel ; elle est dissociée des bonnes œuvres, recherchée pour le plaisir et faussement présentée comme le Vrai Bien.
3) La Moralité Gnostique
Examinons enfin la moralité Gnostique comme elle se manifeste dans le passage de la Genèse, la comparant à la théologie morale Catholique.
i) Nous avons défini la Gnose comme un système d'auto-déification. Comme telle, elle est en opposition au Christianisme qui enseigne que la déification de l'homme vient de Dieu seul ;
ii) Le premier type de déification consiste dans la transformation de l'homme en Dieu en perdant son identité, le dernier type de déification consiste dans sa participation en Dieu tout en gardant son identité ;
iii) Dans le premier type de déification, l’homme se fait Dieu lui-même : « sans Dieu, à la place de Dieu et en dépit de Dieu » ( Saint Maxime le Confesseur en référence au péché originel ) ; dans le second type de déification, l’homme est déifié en s’humiliant devant Dieu ;
iv) Le premier type de déification vient par le biais d’efforts naturels ; dans le second type de déification, elle vient par la Grâce surnaturelle de Dieu ;
v) Le premier type de déification est une forme d'auto-détermination ; dans le second type de déification, c’est une détermination effectuée par Dieu ;
vi) Le premier type de déification origine dans une connaissance naturelle et, comme cela est le cas pour toute connaissance naturelle, elle est maîtrisée et dominée par le sujet et est absorbée en lui ; le second type de déification origine de la connaissance surnaturelle à laquelle l'objet doit se soumettre en sacrifiant son intelligence à la Vérité Absolue ;
vii) Le type de connaissances Gnostiques, comme nous l'avons dit, est dissocié des bonnes œuvres ; le type Catholique de connaissances est dirigé vers elles essentiellement ;
viii) Le premier type de déification est motivé par le plaisir, le second type de déification, par l'amour ;
ix) Le premier type de déification est accessible seulement à une élite, le second type de déification à tous les hommes.
En synthèse, le premier type de déification est caractérisé par l'orgueil et l'égoïsme ; le second type de déification par l'humilité et le sacrifice. En bref, il peut être dit que le Gnosticisme est de l’Égoïsme élevé au rang d'une religion.
Le Gnosticisme permet à l'homme d'être comme Dieu dans un sens, qui est l'exercice de sa volonté libre de faire tout ce qu’il désire, mais au prix de la béatitude éternelle. La Foi Catholique d'autre part, permet à l'homme de devenir semblable à Dieu dans l'exercice de son libre arbitre en harmonie avec l'ordre établi par Dieu : l'ordre de la Vérité et du Bien objectifs, dans le but de connaître et d'aimer Dieu ici sur terre et ensuite au Paradis.
Dans le Jardin d'Éden, il y a deux arbres : l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal et l'Arbre de Vie. Pour manger du premier arbre, l’orgueil est nécessaire ; pour manger du second arbre, le sacrifice est nécessaire. Le premier représente le Gnosticisme, le rival éternel de la Foi Catholique ; le second représente la Foi : car le deuxième arbre est l'arbre de la Croix, dont les fruits sont toutes les grâces et les bénédictions de Dieu ici sur terre et les joies éternelles au Ciel. Pour prendre possession de celles-ci, cependant, il est nécessaire de passer par la souffrance et le sacrifice, en prenant la Croix et en la portant derrière Notre-Seigneur, à qui est donné Honneur et Gloire pour tous les siècles des siècles. Amen.
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