Les motifs d’agir du menteur peuvent donc varier. Voyons quelques exemples :
- Celui qui fait un faux témoignage dans un procès parce qu’il a été payé pour ce faire : ici c’est l’intérêt.
- Celui qui ment à son voisin qu’il trouve riche à en avoir la nausée : ici c’est l’envie.
- Celui qui emberlificote son beau-frère parce qu’il désire secrètement sa femme : ici, c’est la jalousie, la convoitise.
- Celui qui joue du violon avec les sentiments d’une femme, sentiments qui ne sont pas fondés mais qui reposent ultimement sur une fin sexuelle secrète : ici, c’est une sexualité débridée. Le menteur, ici, fait le beau serpent pour ensorceler afin de mieux mordre sa proie.
Certaines personnes m’ont dit dans le passé : « Bien beau tout ça, mais pourquoi qu’ils s’en sortent toujours, les menteurs ? Et la tête haute à part de ça ? On les voit tous les jours ces menteurs-là avec une telle dignité que ça fait chier. »
C’est vrai, je ne peux le nier. Mais il y a des raisons à ça. La Vie (avec un grand V) est ainsi faite.
« Comment ça, la Vie est ainsi faite ? ». Ma réponse: eh bien, la Vie aime les menteurs et le bon monde… La Vie donne son soleil et déverse sa pluie autant sur les menteurs que sur le bon monde. Pourquoi ? Et bien, la Vie désire, espère que les menteurs se réformeront et deviendront du bon monde. La Vie leur donne du temps afin que leur cœur devienne bon et La remercie du bon soleil et de la pluie qu’ils reçoivent.
Mais les menteurs ne se réforment pas tous dans le temps qui leur a été imparti par la Vie. Ce fameux temps où nous trouvons qu’ils ont toujours l’air de « winners » (gagnants) et qui nous décourage tellement de voir le succès de ces « arnaqueurs ». C’est une tentation pour nous autres, le bon monde, de se décourager, de désespérer et de conclure qu’il n’y a pas de justice. Ça peut même aller jusqu’à mentir nous-mêmes. « Pourquoi pas ? Si ça leur réussit, pourquoi ça nous réussirait pas finalement ? »
Mais qu’arrive-t-il au menteur qui ne se réforme pas et qui développe même le mensonge à répétition ? Réponse : d'abord un menteur ne se tient pas à un seul mensonge. C'est très rare. Ce n'est pas beau à voir leur processus de dégradation. Pas juste pas beau, ça attire la pitié chez ceux qui ont bon cœur.. Ouf ! Cette dernière affirmation est horripilante à lire pour certains qui ont été tant floués dans le passé. Mais il y a des raisons pour dire ça.
Alors qu’en est-il de ce fameux processus de dégradation qui n’est pas beau à voir et qui pourrait attirer la pitié (ouache !… avoir pitié d’un menteur ! Là…là… cé le bout du bout, tu es mieux d’être convaincant parce que tu pars mal en titi !)
Voyons le processus d’installation du mensonge à répétition chez le menteur. Et ça peut être bien malgré lui que la répétition s’installe…
Un petit exemple imaginé :
--- L’épouse (Catherine) : « Tu es rentré tard hier soir ? »--- Le mari (Francis) : « Ah oui, je suis allé à la partie de quilles voir les copains hier soir. » (mensonge : il est sorti avec une fille à l’hôtel. )
--- L’épouse (Catherine) : « Ah ! C‘était agréable ? »
--- Le mari (Francis) : « Ah oui… ça faisait longtemps que je ne les avais vus. » (remarquez ici qu’il commence déjà à s’enfoncer)
Quelque temps plus tard à un soirée organisée par des amis...
--- Un ami de Francis dit à celui-ci tout fort pendant la soirée : « Hé, tu devrais venir jouer aux quilles des fois avec nous autres. Tu aurais du plaisir ».
Catherine a tout entendu, elle bouille, son cœur est chaviré… elle a beaucoup, beaucoup de peine (voilà un des fruits du mensonge qui est toujours présent : la souffrance, la douleur que ça cause chez les mentis )
Mais Catherine est discrète, circonspecte. Elle ne désire pas de crise lors de cette soirée. Elle attend d’être seule avec Francis. Elle écourte toutefois de beaucoup leur présence à la soirée.
Dans l’auto…
--- L’épouse (Catherine) : « Comme ça, tu ne vas pas jouer au quilles à ce que j’ai su à la soirée ? »--- Le mari (Francis) : « Ah ? Je ne te l’avais pas dit ? J’étais allé juste les saluer. Moi, je suis allé ce soir-là jouer au Club de pool… » (Autre mensonge pour couvrir les premiers)
Catherine apprendra quelque temps plus tard que le Club de pool est strictement réservé à ses membres. Aucun passe-droit pour les non membres.
Pensez-vous que Francis se sent bien ? Qu’il a une paix intérieure ce type-là ? Le mensonge a évacué sa paix…
Ce qui a pris la place de cette paix, c’est le stress, l’anxiété, la culpabilité. Et pire que ça… c’est la tension générée de formuler un mensonge l’un par-dessus l’autre pour étouffer des risques que la vérité ne sorte avec le temps.
Mais tôt ou tard, l’accumulation des mensonges qui pèsent de plus en plus sur le menteur l’amènera à se contredire : il ne se souviendra plus exactement de ses premiers mensonges. Autrement dit, les mensonges additionnels qu’il prononcera pour couvrir les premiers viendront tôt ou tard contredire les premiers parce qu’il ne se souvient plus exactement de ce qu’il avait dit…
Être dans cet état, ce n'est pas trop la quiétude intérieure, n’est-ce pas ?
« Oui… mais c’est quoi ta fameuse dégradation ? »
Bien, on va la voir jusqu’au bout. Certains menteurs ne se rendent pas au bout nécessairement de ce processus; parmi ceux-là, certains se réforment en cours de route, d’autres non.
Je vais faire ici image pour mieux expliquer.
Je suis certain que tu connais un fanal Coleman. Tu sais le vieux fanal Coleman avec une pochette en filament qui éclairait fortement ?
Et bien, on a tous une pochette comme ça à l’intérieur de nous qui nous donne la Lumière.
Quand on ment, on effiloche un petit bout de cette pochette. Cette pochette est tellement fragile et délicate que dès qu’on en touche une petite partie, cette petite partie devient tout de suite en cendres.
Par ses mensonges à répétition, le menteur effiloche progressivement sa pochette. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de lumière à un moment donné. Il a perdu alors toute sa Lumière intérieure, sa quiétude intérieure.
Pour faire comprendre davantage et, aussi, appuyer ma démonstration, considérez les personnes suivantes déjà vues à la télévision : ces criminels invétérés qui ont commis plusieurs meurtres et qui sont soit à leur procès, soit interviewés par un journaliste; ils nient malgré l’abondance des preuves, malgré leur culpabilité reconnue par les tribunaux. Ils ont les yeux hagards, froids… Ils n’expriment aucune émotion, n’ont plus d’émotion et les journalistes sont les premiers à le relater ainsi…
Et bien, leur pochette est toute en cendres. Ils n’ont plus de lumière intérieure.
C’est le sort ultime qui attend le menteur à répétition.
Cette triste description de dégradation peut maintenant davantage nous faire comprendre la question/commentaire du début de ce texte :
« Bien beau tout ça, mais pourquoi qu’ils s’en sortent toujours la tête haute ? On les voit tous les jours ces menteurs-là avec une telle dignité que ça fait chier. »
Rendu avancé dans la dégradation, ces gens-là perdent progressivement leurs émotions. Ils n’ont plus de paix. Ils veulent cacher en leur for intérieur leur anxiété. Ils affichent un masque qui n’affiche ni bonheur (ils n’en éprouvent pas ) ni malheur car de moins en moins d’émotions.
Et nous, on voit leur masque qui est super constant, toujours le même. Ce sont des robots et on ne le sait pas.
Il est à remarquer qu’un menteur prend graduellement ses distances lorsqu’il a commencé à mentir ? C’est son jeu pour que son entourage n’arrive pas à percer ainsi ses mystères… Et l’entourage en souffre, « il n’est plus le même » dit-on .
Bon… allez… c'est quoi ton baratin sur la pitié qu'on doit avoir envers eux ?
Imaginons que ton fils soit cocaïnomane… Pas drôle, n’est-ce pas ? L’aimerais-tu quand même ? Ne prendrais-tu pas conseil sur la meilleure manière de l’aider ?
Je suppose que tu répondrais oui à mes questions parce que tu es une vraie bonne personne.
Il me faudrait donc conclure que tu aimes les cocaïnomanes mais que la cocaïne t’horripile.
Pourquoi n’en est-il pas ainsi pour les menteurs ? Détester le mensonge mais aimer les menteurs…
Pauvre démonstration me diras-tu…
Imagine maintenant que tu es dans un camping. Il fait noir, c’est après le souper… Tu as allumé le fanal qui est sur la table à pique-nique.
La famille voisine est complètement dans le noir. Tu apprends d’eux qu’ils n’ont plus d’essence pour faire fonctionner leur fanal.
Toi non plus, tu n’a plus d’essence. Il te reste juste ton fanal qui est bien rempli…
QUESTION : les laisses-tu dans le noir ou tu les invites à ta table à pique-nique ?
Ne devons-nous pas nous aussi inviter ceux qui sont dans le noir comme les menteurs justement ? Il est facile d'aimer ceux qui nous aiment. On en a aucun mérite. Et ne devrions-nous pas laisser celui qui juge parfaitement faire Son Travail, Il juge parfaitement tous les coeurs. Nous, qui sommes-nous pour juger ?
Par ailleurs, si on exclut de notre table tous ceux et celles qui sont troublés en cette période pire que du temps de Sodome et Gomorrhe, on va rester seul, non ?
Les menteurs ont besoin de partager notre fanal parce qu’eux, ils n’en ont plus de Lumière.
Oui, je sais que ces paroles sont difficiles surtout lorsqu'on s'est fait âprement floué. Mais ne tentez pas rien en vous fiant juste sur votre petite volonté humaine. Demandez l'aide de Dieu pour faire sa Volonté dans ces circonstances, vous serez étonnés des résultats. Il va vous montrer comment LUI-MÊME fait pour les aimer.
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