jeudi 18 février 2016

La rencontre François-Kirill à Cuba
Une affaire incohérente






par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Fatima Network Perspectives
Le 17 février 2016

Alors François et le Patriarche Orthodoxe Russe Kirill ont eu leur réunion à l'aéroport de La Havane. Ils se sont étreints et embrassés à trois reprises sur la joue. François s’est exclamé : « Enfin ! » et « Nous sommes frères ! » Ensuite, ils ont signé une déclaration conjointe pendant que Raul Castro, la brute des meurtres de masse qui les exerce pour son frère meurtrier de masse, regardait avec bienveillance comme s’il était un ange de paix qui avait réuni les deux ensemble.

Et ce fut la fin de cet événement plutôt absurde dans une salle d'attente de l'aéroport de La Havane, sur le terrain soi-disant « neutre» d'une dictature communiste alignée avec le Kremlin et donc avec Kirill, un agent de l'État Russe.


L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

Alors qu'est-ce que la réunion a accompli ? Du point de vue Catholique, beaucoup de rien, ce qui est toujours le résultat de ces rencontres « historiques » post-Vatican II entre les Papes et divers clercs hérétiques et schismatiques. Du point de vue Orthodoxe, cependant, il y a eu un grand gain d’acquis.

Un bref rappel :

Tout d'abord, François a été en mesure de profiter d'un coup de relations publiques et un moment personnel d'épanouissement affectif devant les caméras, exultant qu’« enfin » un Patriarche Orthodoxe Russe avait accepté de rencontrer un Pape et que les deux sont « frères ».

Et alors ? Le schisme Orthodoxe reste, et la déclaration commune a clairement indiqué que, pour autant que le « frère» Kirill et les Orthodoxes Russes sont concernés, il n'y aura jamais une réunification avec Rome sous l'autorité du Pontife Romain. En conséquence, le document rejette l'unité sur la base de ce que dénigrent les Orthodoxes comme « uniate » chez les Églises Catholiques Grecques qui sont en union avec Rome : « Il est clair aujourd'hui que la méthode passé du « uniatisme » comprise comme étant l'union d'une communauté à une autre en se séparant de son Église, n’est pas la façon de rétablir l'unité ». Kirill accepte généreusement, cependant, que les Églises actuelles « uniates » ont « le droit d'exister » — comme s’il avait un mot à dire sur où et comment la seule véritable Église du Christ lui-même s’établit.

Maintenant, comment l'unité de l'Église Orthodoxe avec Rome ne peut jamais être accomplie sans se réunir avec l'Église Catholique ? Bien sûr que ça ne peut pas être. François convient donc, en substance, que le schisme Orthodoxe ne finira jamais. En effet, le seul schisme que le document mentionne est celui entre les factions Orthodoxes en Ukraine en raison de l'annexion de la Crimée : « Nous exprimons l’espoir que le schisme au sein des fidèles orthodoxes d’Ukraine sera surmonté sur le fondement des normes canoniques existantes, que tous les chrétiens orthodoxes d’Ukraine vivront dans la paix et la concorde et que les communautés catholiques du pays y contribueront... »

De façon assez absurde, alors, le Vicaire du Christ exprime l'espoir que le schisme intra-Orthodoxe qui a récemment émergé sera guéri en prétendant qu'il n'y a pas de schisme de mille ans entre l'Église Orthodoxe dans son ensemble et Rome. Voilà pour la prière de Saint Pie X qui demande que Dieu « hâte le jour où les nations de l'Orient retourneront à l'unité Catholique et, unies au Siège Apostolique, après avoir rejeté leurs erreurs, entreront au port du salut éternel ».

Le Patriarche Kirill n’aurait pas pu demander un meilleur résultat alors que l’« œcuménisme » triomphe de nouveau: ceux qui sont séparés de l'unité Catholique demeure exactement là où ils sont et la partie Catholique accepte en substance qu'ils le devraient.

Deuxièmement, pour « la première fois dans l'histoire » un Pape a rencontré un Patriarche de l'Église Orthodoxe Russe. Oui et alors ? Les Papes de post-Vatican II ont rencontré presque régulièrement le Patriarche Orthodoxe œcuménique de Constantinople, actuellement Bartholomée Ier, qui est considéré comme le « Premier parmi ses pairs » dans l'épiscopat Orthodoxe et donc ce qui est le plus proche d'un pape Orthodoxe, même si l'Église Orthodoxe Russe est la plus riche et la plus puissante des 14 branches Orthodoxes en vertu de ses relations symbiotiques avec le Kremlin.

Donc, celui qui a gagné énormément de cette rencontre fut Kirill. Comme George Demacopoulos, le Président Grec-Orthodoxe des Études Chrétiennes Orthodoxes à l'Université Fordham à New York, explique : « Cela n’est pas de la bienveillance. Ce n’est pas un désir retrouvé pour l'unité des Chrétiens. C’est presque entièrement une façon de s’affirmer (Kirill) et d’essayer de se présenter comme le chef de file de l'Orthodoxie ».

Troisièmement, François a encore permis d'être utilisé par Raul Castro et le régime de Castro pour renforcer la crédibilité de leur dictature. L'affirmation selon laquelle Cuba était un territoire « neutre » pour cette « rencontre historique est risible.

Comme l’observe Sandro Magister,

« Il n'y avait rien de neutre ou de libre à ce sujet ... La population carcérale, dans les prisons desquelles les prisonniers politiques abondent, est parmi la plus nombreuse dans le monde », selon les dernières estimations de l'Évêque de Pinar del Rio qui est responsable de leur soin pastoral. D'où ils continuent de fuir par milliers, en traversant l'Amérique centrale vers les États-Unis, sauf s’ils sont arrêtés à la frontière du Nicaragua pro-Castro ». De plus, « lorsque le Pape Jorge Mario Bergoglio est allé à Cuba en septembre dernier, il n’a même pas fait un seul geste de « miséricorde » qu’il sème habituellement partout. Pas un mot pour les milliers de réfugiés engloutis par la mer. Aucune demande de libération des prisonniers politiques. Aucun démonstration de bonté pour leurs mères, leurs épouses, leurs sœurs, arrêtées par dizaines au cours de ces mêmes jours ».

Comme Kirill, les frères Castro n’auraient pas pu demander pour un meilleur résultat de cette réunion.

Enfin, cependant, ce ne sont pas toutes les nouvelles qui sont mauvaises. La déclaration commune contient certaines déclarations remarquablement franches — toutes enterrées par les médias — sur la moralité et les maux de la modernité politique qui, ironie du sort, semblent avoir été le résultat de l'implication de Kirill dans le document :

« La famille est le centre naturel de la vie humaine et de la société.... Elle est un chemin de sainteté, manifestant la fidélité des époux dans leurs relations mutuelles... La famille est fondée sur le mariage, acte d’amour libre et fidèle d’un homme et d’une femme ».

« Nous appelons chacun au respect du droit inaliénable à la vie. Des millions d’enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu ». (cf. Gn 4, 10)

« Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Évangile, pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne ».

« Nous voulons adresser aujourd’hui une parole particulière à la jeunesse chrétienne.... Ne craignez pas d’aller à contre-courant, défendant la vérité divine à laquelle les normes séculières contemporaines sont loin de toujours correspondre ».

« Nous sommes préoccupés par la situation de tant de pays où les chrétiens se heurtent de plus en plus souvent à une restriction de la liberté religieuse, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles. En particulier, nous voyons que la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangère à toute référence à Dieu et à sa vérité, constitue un sérieux danger pour la liberté religieuse. Nous sommes préoccupés par la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire de leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l’idéologie d’un sécularisme si souvent agressif, s’efforcent de les pousser aux marges de la vie publique ».

Si seulement François avait été franc lorsqu’il s’est adressé au Congrès Américain ou aux Nations Unies ou encore lorsque les deux Irlande et les États-Unis étaient sur le point de légaliser l'abomination du « mariage gay» alors qu’il est resté totalement silencieux. Il semble que, dans le but d’obtenir la faveur de cette « rencontre historique », François a convenu d'un document dont la teneur était beaucoup plus forte que ses esquives calculées habituelles face à toute confrontation avec les pouvoirs politiques en place même s’il est tout à fait prêt à dénoncer les péchés des Mafioso, des pollueurs, des riches marchands d’armes, des Catholiques « rigides » et d'autres cibles politiquement sûres.

Là encore, c’est un peu ridicule de signer un document dénonçant la sécularisation de l'État-nation moderne et sa persécution croissante des Chrétiens lors d'une réunion organisée par un dictateur communiste qui se tenait là quand ils l'ont signé.

L'incohérence de toute cette affaire est rien de moins qu’un signe de la désorientation diabolique de notre temps. Pourtant, peut-être, au milieu de tout cela, nous pouvons aussi voir des signes du jour où, inévitablement, le schisme Orthodoxe sera guéri, l’Est et l’Ouest seront réunis à nouveau sous le Pontife Romain, et où le Cœur Immaculé triomphera à travers le monde. Tout ce qui est nécessaire, c’est un Pape qui fera tout simplement la chose la plus simple que Notre-Dame a demandée au lieu de faire des voyages élaborés et des signatures de documents alors que les caméras tournent et que le monde applaudit.

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