Le vieux prêtre de la paroisse, bien négligé par ses fidèles depuis longtemps déjà, s'était présenté inopinément chez l'organisatrice d'un bal masqué de son quartier. Elle était très surprise de sa visite. S'il y avait une dame qui était mondaine, c'était bien elle ! Elle avait un doctorat en organisations de soirées les plus lubriques qui soient.
Le bal masqué annuel constituait un peu l'apothéose de ces réceptions toujours bien arrosées et même poudrées... Ça coïncidait toujours avec la soirée de l'Halloween.
« Mais que vient faire le prêtre ici ? » se demanda-t-elle. Il lui dit qu'il avait un reçu un message bien fort, lui qui n'en avait jamais reçu, de Jésus qu'Il serait au Bal Masqué. L'état de paix indicible, qu'il n'avait jamais ressenti de toute sa vie quand Jésus lui communiqua le message, le rendait certain de l'authenticité de ce message.
Jésus lui ajouta une autre demande dans son message : « Va le dire à l'organisatrice ». « C'est pour cela que je suis ici, madame, car je ne cours pas les réceptions, vous le savez bien » ajouta le bon vieux prêtre.
Vous décrire la blancheur de la peau de cette dame à l'écoute de ce prêtre est impossible ! Elle trépignait, elle se grattait, elle faisait semblant de s'occuper de ses plantes qui étaient dans le vestibule... Elle ne savait plus où se mettre, quoi.
L'organisatrice, au départ du prêtre, se sentait vraiment en déconfiture. Son Bal Masqué pourrait en être complètement affecté si le prêtre disait vrai. « Que faire ? Ah ! que faire ? »
Dans son désarroi total qu'elle n'arrivait pas à contrôler, elle sentit l'importance de consulter une de ses meilleures amies pour savoir quoi faire avec cette supposée visite importante. « Bien voyons donc, Jésus au Bal Masqué annuel ! C'est de la foutaise. Le bon vieux prêtre commence à décliner à ce que je vois... » C'était tout ce que son amie lui dit.
On le sait bien qu'un secret, c'est une chose qu'on dit à une personne à la fois ! Cette amie s'empressa de communiquer la visite du prêtre à certaines de ses amies par texto : « Jésus au Bal Masqué, cette année. Ah ! Ah ! Ah ! » En un rien de temps, la nouvelle parcourut toute la ville.
LE BAL MASQUÉ
Oups ! On se rendait rapidement compte que certaines dames réputées pour offrir plus de peau que de vêtements aux invités avaient rallongé leurs costumes cette année. Toujours avec goût, bien entendu, mais la réserve semblait de mise. Est-ce que c'était cette nouvelle du prêtre qui les avait influencées ? Hum... Qui sait ?
Les comportements de danse avaient aussi changé : moins lascifs qu'à l'accoutumée même si la soirée gagnait de l'âge. Les libations de vin étaient plus modérées. Les allers/retours dans les cabinets pour aller priser étaient aussi moins fréquents qu'à l'accoutumée.
On sentait une certaine tension; les invités n'avaient jamais été aussi ouverts à se parler espérant toujours discuter avec quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas.
Les invités étaient futés : ils cherchaient à parler avec un homme qui mesurait environ 6 pieds et qu'ils ne connaîtraient pas. « Si jamais Jésus était à la soirée, c'était le type qu'il fallait rechercher » se disaient-ils personnellement mais sans révéler leur pensée à personne de peur de faire rire d'eux ni leur truc espérant pouvoir être le premier à Lui parler.
À la table des cocktails, il y avait là ce qui semblait être un adolescent masqué qui faisait le service aux invités qui demandaient un verre. Personne n'en faisait de cas croyant que c'était un jeune serviteur employé par l'organisatrice pour les circonstances. À peine lui disait-on merci pour son service. Tout semblait être dû à cette soirée.
Une dame dans la cinquantaine, seule,souffrant d'un cancer dont elle ne savait pas encore s'il était terminal ou non, observa tout à coup le jeune serviteur. Après un bon moment, elle se rendit bien compte qu'il était quasiment comme un « vaut rien » qui n'était là que pour servir sans reconnaissance aucune la plupart du temps. Elle en eut pitié. Elle l'approcha et lui dit : « Je vois bien que peu de personnes ne te remercient pour les services que tu leur rends. Je tiens à te remercier au nom de tous ceux et celles qui ne l'ont pas fait... »
Le jeune homme lui répondit alors avec une voix toute douce au début mais qui augmentait de volume dans un crescendo qui remplit la pièce à la fin si bien que tous les invités le regardaient et l'écoutaient :
« Merci madame pour votre sollicitude. Très peu de personnes, en effet, me remercient. Vous avez été la seule à Me remercier pour l'ingratitude des autres.(Et là, sa voix commença à vibrer partout mais encore pas trop forte). Il en va de cette soirée comme il en va dans la vie personnelle de ces personnes. Tout leur semble dû. (La voix augmente maintenant) Le soleil leur est dû, la lune leur est due, l'air qu'ils respirent leur est dû, l'eau qu'ils boivent leur est due. Ils ne savent plus ce que veut dire le mot « Créateur »; pour cette raison, ils ne se reconnaissent même plus comme des créatures. Tout leur est dû.
« Vous ne cessez pas de parler d'« abus » dans votre société. Mais dites-Moi : qui est le plus abusé ici ?
« Serons-nous obligées, Nous, les Trois Personnes de la Trinité, de tout vous enlever ce qui vient du Créateur pour que vous Le reconnaissiez ? En sommes-Nous rendus là, génération incrédule et perverse ? »
Et il disparut devant les yeux de tous les invités. Certains invités s'agenouillèrent...
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